Dans le chapitre des « loosers magnifiques », de ceux qui ont disparu après l'accomplissement du fameux disque à enregistrer, épuisés par des années d'efforts et de persévérance, voici un classique. Un classique, car reconnu comme tel par les explorateurs du genre, les fouineurs des marchés aux puces, les mordus du Rock 70's.
Pourtant, l'album en question a bénéficié d'un certain succès, peut-être en partie grâce à son parrain.
Ici encore, on a affaire à une bande de jeunots bien précoces ; le guitariste n'ayant que 17 ans lors de l'enregistrement de cet unique opus.
La carrière de Tin House avait démarré sur des chapeaux de roues.
Pas encore sortis de l'école, suite à un concert donné en 1969, lors d'un festival près d'Orlando en Floride (le « Winter's End Festival » organisé par les auteurs de Woodstock), devant 50 000 personnes, le trio cassa la baraque, gagnant l'adhésion du public, il dut faire trois rappels. Et ce en dépit de la présence de Mountain, Allman Brothers Band, des frères Winter et de Joan Baez. Par chance, dans la foule se trouvait Steve Paul, manager de Johnny Winter, qui attrapa au vol le batteur pour lui donner son numéro de téléphone et lui promettre de leur donner un coup de main si jamais ils venaient à passer par New-York. Fort de ce succès inattendu, et devant l'ovation du public, Tin House fut convié à rejouer le lendemain soir, en ouverture du Johnny Winter And. Entre temps, suite à leur prestation au festival, ils furent pris en photo pour le journal Rolling Stones.
Tin House à leurs débuts, avant l'enregistrement de leur disque |
Pas encore sortis de l'école, suite à un concert donné en 1969, lors d'un festival près d'Orlando en Floride (le « Winter's End Festival » organisé par les auteurs de Woodstock), devant 50 000 personnes, le trio cassa la baraque, gagnant l'adhésion du public, il dut faire trois rappels. Et ce en dépit de la présence de Mountain, Allman Brothers Band, des frères Winter et de Joan Baez. Par chance, dans la foule se trouvait Steve Paul, manager de Johnny Winter, qui attrapa au vol le batteur pour lui donner son numéro de téléphone et lui promettre de leur donner un coup de main si jamais ils venaient à passer par New-York. Fort de ce succès inattendu, et devant l'ovation du public, Tin House fut convié à rejouer le lendemain soir, en ouverture du Johnny Winter And. Entre temps, suite à leur prestation au festival, ils furent pris en photo pour le journal Rolling Stones.
Quelques mois plus tard, lorsqu'une démo du groupe - initialement envoyée à Clive Davis (CBS) - arriva entre les mains de Larry Coen (président d'Epic, filiale de CBS), ce dernier, intéressé, et qui avait eu vent de leur exploit au festival, interroga Steve Paul qui, par chance, était dans les parages. Résultat, Steve contacta Mike Logan (le batteur) pour lui proposer de manager le groupe et de leur offrir un contrat d'enregistrement avec Epic Records à New-York. Toutefois, il fallu attendre que Floyd Radford et Jeff Cole terminent leurs études (et les réussissent) pour obtenir l'autorisation de leurs parents.
Pendant l'été 1970, les trois compères furent installé à New-York dans une confortable maison de six chambres (juste à côté de celle de Johnny Winter) près de l'Hudson River, permettant ainsi au jeune groupe d'enregistrer leur premier opus en toute sérénité.
Ce premier opus présente donc un power Trio composé de Floyd Radford, (chanteur, guitariste prodige, versatile et imaginatif, amateur de Wah-wah racée ; entre Clapton, Adrian Gurvitz, Ted Turner, Rick Derringer et Ted Nugent), Mike Logan, (chanteur & batteur Amérindien émérite, de la classe d'un Corky Laing ou un Ginger Baker, l'expérience en moins), et de Jeff Cole, bassiste et chanteur principal. Les voix sont dans un registre proche de celui des frères Gurvitz, pas très loin de Cream, ou de Wishbone Ash.
Tin House délivre avec fougue - propre au jeune âge de ses membres - un Heavy-Blues-rock assez puissant, qui se situerait quelque part entre le British-blues, Cream, Three Man Army, Johnny Winter, avec de temps à autre, quelques légères sensations d' Acid-Rock, ou de Heavy-psyché, façon Blue Cheer (en moins lourd et brutal). En écoutant des titres comme « You've gone too far » et « Endamus Finallamus », voire « Tomorrow » on pourrait également citer Wishbone Ash (des deux 1ers albums).
Cependant, malgré quelques influences qui peuvent transparaître, Tin House a su faire montre d'un certain talent avec des compositions faisant preuve de hardiesse et de non-conformisme.
Même si, parfois, une certaine naïveté ressort, comme par exemple, quand une guitare doublée délivre, entre chaque pont, un chorus trop aigü, au lyrisme trop simple et se retrouve en inadéquation sur le pourtant excellent « Silver Star ». Ou encore, sur la chanson suivante, « Personal Gain », où le chant manque de justesse. Une faute de goût rattrapée par une partie instrumentale qui aurait pu provenir des fameux « Still Alive and Well » et « Saints & Sinners », où le batteur se mue en Keith Moon sous amphétamines.
Même si, parfois, une certaine naïveté ressort, comme par exemple, quand une guitare doublée délivre, entre chaque pont, un chorus trop aigü, au lyrisme trop simple et se retrouve en inadéquation sur le pourtant excellent « Silver Star ». Ou encore, sur la chanson suivante, « Personal Gain », où le chant manque de justesse. Une faute de goût rattrapée par une partie instrumentale qui aurait pu provenir des fameux « Still Alive and Well » et « Saints & Sinners », où le batteur se mue en Keith Moon sous amphétamines.
En invités de marque, on retrouve bien évidemment Rick Derringer au piano sur « 30 weight Blues », mais aussi Edgar Winter à l'orgue sur « You've gone too far », et aux cordes (violons) sur « Lady of the silent opera » (superbe titre, un chouïa onirique avec orchestration symphonique, entre Gun et Cream).
Un blâme pour cette pochette repoussante qui a certainement desservi le combo.
Leslie West fut également enthousiasmé par le groupe et insista lourdement pour qu'il assure la première partie de Mountain pour sa prochaine et imminente tournée de 20 concerts, principalement en Californie. Or, Edgar Winter voulait garder le groupe avec lui, notamment parce qu'il souhaitait avoir Floyd dans son groupe. Steve Paul trancha. Tin House fera la tournée avec Edgar Winter (pour réussir à convaincre Floyd à rejoindre le White Trash ?). Et Floyd resta fidèle à ses amis. A la fin d'une tournée, en 1971, Mike, épuisé, quitta le groupe et s'en fut fini de Tin House.
Floyd rejoignit le Edgar Winter's White Trash et on le retrouve sur le disque du même nom (c'est le premier à droite sur la pochette).
(de G à D) Floyd Radford, Mike Logan et Jeff Cole (photo du 33 tours) |
Que ce serait-il passé si Tin House avait pu partir en tournée avec Mountain ? Est-ce qu'un élargissement de leur public (les tournées en compagnie d'Edgar Winter se cantonnaient alors sur la côte Est) et donc de leur audience aurait incité Mike Logan à rester dans le groupe ? Est-ce qu'en Californie, loin des ambitions d'Edgar Winter, Floyd aurait continué, d'une façon ou d'une autre, avec Tin House ? Nul ne le sait. En tout cas, ce qui est certain c'est que l'intégration de Floyd Radford au sein de l'Edgar Winter's Trash a stoppée nette cette jeune formation en plein essor. Nonobstant un certain succès (leur disque se vendit plus qu' honorablement, leurs concerts gagnaient à chaque fois l'approbation de la foule), Tin House finit dans l'oubli.
Après la parenthèse White Trash, Radford reforma un groupe en 1972, Heaven, sans lendemain.
Pendant des mois, avec sa première épouse à Los Angeles, il ne put manger à sa faim, jusqu'à ce qu'il rencontre une personne de l'équipe technique de Johnny Winter à qui il essaya de revendre une partie de son matériel pour gagner un peu d'argent. Or, Johnny était déjà bien pourvu en équipement, mais était par contre à la recherche d'un guitariste pour l'accompagner en tournée.
Ainsi, pour deux ans, juste après l'enregistrement de « John Dawson III », il rejoignit la nouvelle équipe de la « tornade blanche ». Pour ce dernier, il débuta par la tournée européenne de 1974 (avec des concerts à guichets fermés de Paris, Londres, Francfort, Copenhague, Munich).
Ce fut une opportunité pour Floyd Radford qui se retrouva du jour au lendemain à jouer dans des salles pleines à craquer avec un musicien au zénith de sa gloire, à jouer au-delà des frontières des USA et avec une structure professionnelle. Toutefois, cela acheva Tin House qui, malgré un certain succès, et une exposition de son guitariste, fut vite oublié.
Ce fut une opportunité pour Floyd Radford qui se retrouva du jour au lendemain à jouer dans des salles pleines à craquer avec un musicien au zénith de sa gloire, à jouer au-delà des frontières des USA et avec une structure professionnelle. Toutefois, cela acheva Tin House qui, malgré un certain succès, et une exposition de son guitariste, fut vite oublié.
On retrouve Floyd sur le « Together - Live » d'Edgar Winter's White Trash, et sur le célèbre « Captured Live » de Johnny Winter. Deux disques live faisant partie du lot des plus réputés des 70's.
Johnny Winter (à gauche) avec Floyd Radford |
Après sa courte et fulgurante carrière musicale, Floyd reprit ses études, décrocha une maîtrise en génie électrique, et devint ingénieur chez Lookheed. Parallèlement, il continua à étudier les mathématiques et la physique, et il souhaiterait publier un livre pour tenter d'expliquer certaines de ses théories en la matière.
En 2006, le groupe s'est reformé pour un concert anniversaire à Orlando. D'autres concerts suivirent dans le coin, mais Jeff Cole, installé à New-York, ne pouvant en assurer d'autres, fut remplacé par Jimmie Smith. Puis Tin House se mue en quintet et s'adjoint les services de Robby Course à la guitare et de David Mikael aux claviers. Un disque, « Wind of Past », est réalisé en 2009, bien plus soft mais toujours pourvu de superbes parties de guitare.
Reste ce très bon opus éponyme, une découverte due au professeur Denis Protat, qui qualifie cet album de « must intégral ».
Signalons que le livre « Hard'N'Heavy, 1966-1978, Sonic Attack » (lien-clic) en fait également l'éloge.
Signalons que le livre « Hard'N'Heavy, 1966-1978, Sonic Attack » (lien-clic) en fait également l'éloge.
Passionnant cette saga d'un super groupe avorté dans l'oeuf comme quoi ca ne suffit pas de tomber sur des gens bien placés encore faut il qu'il ssoient bien intentionnés ce qui dans le Business de la musique ets loin d'être évident. J'aime bien le Jézabel avec ses riffs bien dans l'esprit de l'époque et les voix qui vont bien !
RépondreSupprimerExcellent post Comme d'hab !
RépondreSupprimerIl est vrai que j'avais abordé ce band succinctement sur mon blog... Bravo mon Bruno !