dimanche 25 mars 2012

LADY LINN - "No Goodbye At All - " (2012) par Luc B.

 
Lady Linn est une chanteuse belge qui sévit depuis plus de 10 ans. Elle grandit dans un univers plutôt rock par ses parents, elle apprend le piano, écoute Michael Jackson, mais elle bifurque quand elle se trouve des affinités avec la musique jazzy des années 40, très joyeuse et rythmée, celle de Anita O’Day, dont elle va étudier très précisément, presque scientifiquement les chansons. Dès 2003 elle sort un mini CD de 5 titres, et deux ans plus tard, elle le complète de deux autres chansons. Le premier disque HE WE GO AGAIN arrive dans les bacs en 2008. Lady Linn propose des chansons jazzy très ancrées dans l’univers des chanteuses soul, doo woop des Andrew’s Sisters, la voix est trainante, parfois grave comme Sarah Vaughan, et un son bien root. Évidemment on pense à Amy Winehouse, et toute cette ribambelle de chanteuse roots qui fleurissent ici et là, comme si le fait de chanter et d’arranger ses titres avec un son jazzy était un gage de qualité, et d’authenticité par rapport au errembi ambiant… Bien souvent les producteurs sont les mêmes, et arrosent le créneau. On pense à la blonde botoxée Lana del Rey, aussi vite célébrée que décriée après une prétendue prestation foirée à la télé. Comment faire le tri, et essayer de faire la part des produits bien marketés, des opportunistes, et des purs et durs ? Il semblerait que Lady Linn soit de la seconde catégorie. Elle chante ainsi parce qu'elle aime ça, et pas parce que cela fait bien...

Les mercenaires qui l’accompagnent, The Magnificient Seven, (Yves Fernandez, Marc De Maeseneer, Frederik Heirman, Sara Meyer, Christian Mendoza, Koen Kimpe en Matthias Standaer) tiennent le trio rythmique (batterie, contrebasse, piano) et les quatre autres sont aux sax, trompette et trombone. Ce jazz swinguant séduit, sa reprise de « I don’t wanna dance » de Eddy Grant a son petit succès, la Lady se fait connaître, gagne des prix. Craingnant sans doute que l'étiquette jazz ne lui colle à la peau, Lady Linn souhaite personnaliser sa musique, être moins dans l’hommage, dans le « à la manière de », et avec le producteur Renaud Letang, elle se rapproche d’un univers pop. Précisons qu'elle écrit toutes ses chansons.

Par rapport au son des premiers enregistrements, ce nouvel album NO GOODBYE AT ALL sonne plus contemporain, le piano bastringue n’est plus de mise, c’est plus… propre. Mais cela reste une musique aux forts relents 60’s, où les mélodies sont clairement mises en avant. Le chant sonne plus pop aussi, sur « Anything for you » on pense un peu à Lily Allen.  D’ailleurs je trouve cette chanson assez agréable, et au bout de deux écoutes, j’étais persuadé de la connaître depuis 10 ans. Signe qu’elle avait été appréciée, intégrée et digérée rapidement !  « Cry baby » débute bien l’album, claquement de doigts pour le tempo, cuivre en avant, et ce beau son profond du baryton. On est plus dans le ton des albums précédent sur cette chanson d’ouverture.  Ensuite, l’auditeur va revisiter des univers différents, les chansons restent cohérentes mais chacune teintée de nuances.  « Good old Sunday blues » va sonner plus folk dans les intonations de la voix, quand  « Love song » sera nettement pop, avec plaqués d’orgue, batterie binaire, bref une chanson plus passe partout, mais avec une petite touche baba mélancolique pas désagréable. Le ton est plus grave sur « Nina », une chanson piano-voix en hommage à Nina Simone. Sur des chansons a priori moins passionnantes, il y aura toujours un  petit passage qui nous fait tendre l’oreille, comme le chorus piano et flute dans « Didn’t known what to say ». Retour au jazz bluesy avec « Always shine », un piano –voix (avec craquements 78 tours ?!), quand l’énergique « First snow » renvoie à la Motown, à Martha and the Vandellas ou Diana Ross.  L’album se conclut sur le titre éponyme, guitare-voix, teintée de musique brésilienne.

Au final, il est certain que le disque ne restera pas un souvenir impérissable, comme dit Rockin’ ca ne révolutionne rien, mais c’est plaisant tout de même ! De toutes façons, si on en cause, c’est que cela nous a plu, et est susceptible de vous plaire. Et puis surtout pour cette chanteuse à la très jolie voix, pour ce groupe qui fait bien sonner l’acoustique, pour cette production dépouillée de tout effet superflu, entre jazzy et pop. Et pour quelques-unes des chansons, réussies. 

Voici le titre "Cry baby" qui ouvre cet album. Dans cette version live, il est pas mal rallongé, avec une longue intro au sax, chorus de batterie, et c'est tant mieux !


Lady Linn "No goodbye at all" 
11 titres - 43 minutes

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