dimanche 13 mars 2011

STEPHANE FURIC LEIBOVICI " JUGENSTIL vol.2 " par Freddiejazz



Stéphane Furic Leibovici
(qui ne maîtrise pas l'option flash de son polaroïd !)
Pudique. Un effleurement. Presque un secret. Ce disque du contrebassiste Stéphane Furic Leibovici n'est pas un disque de jazz au sens strict du terme. Plutôt de la musique de chambre. De la belle ouvrage, en tout cas. Le mystère qui entoure cet enregistrement mérite vraiment une attention particulière. Paru sur le label ESP en 2010, "Jugendstil, vol.2" interdit sans doute toute publicité, tant on est dans la plus stricte intimité. Cela dit, il serait fort dommage de passer à côté. Si vous aimez la musique de chambre, les surprises, les sonorités d'un sax alto, la présence d'une harpe, et d'une contrebasse, et bien ce disque est pour vous. Voilà un disque qui n'est paru dans aucune liste consacrant les plus grandes réussites jazz et musiques improvisées de l'année dernière... La raison en est simple, je crois : Jugenstil s'incarne en un très beau poème, fragile. Comme une de ces lettres d'amour au poète. Que l'on songe à l'Occitanienne s'adressant à Chateaubriand (trouver d'autres exemple...). Bref, une sorte d'objet musical non identifié. Un moment exquis. Loin de toute solennité emphatique.

Lee Konitz, né en 1927

Ce trio est composé de Lee Konitz au sax alto (de mon point de vue, il y est bien plus intéressant que dans son récent live au village Vanguard) et de Chris Cheek au sax ténor. Chez ces musiciens, la conversation se fait douce et amicale. Sur le ton de la confidence. Produit par Jim Black et enregistré à New-York en août 2005, il aura quand même fallu attendre cinq années avant que la galette ne nous parvienne. Le trio se voit en outre augmenter d'une harpe selon les plages (Joy Plaisted sur "A L'île de Fressanges") et d'une flûte (Dan Dorrance). Alors bien sûr, il ne faut pas s'attendre à du swing ou à un jazz bien achalandé qui vous secoue le popotin. Seulement, la musique riche en harmonie est d'une douceur et d'une authenticité peu commune. Et surtout d'une beauté ineffable. L'expérience est vraiment inoubliable.




Les thèmes s'incarnent aussi en des moments d'une étonnante simplicité, où toute méfiance est bannie (les harmonies feutrées sur quasiment tous les thèmes sont à ce titre significatifs, sans que l'on tombe dans l'ennui ou la redite). A noter enfin que toutes les compositions sont du contrebassiste (décidément, très inspiré). Bien entendu, ce disque fait suite à "Jugendstil" (paru sur le même label, il y a quelques années, mais que je n'ai pas encore eu l'occasion d'écouter, hélas). La cohérence entre les thèmes me laisse carrément émerveillé (ainsi, "Phongsaly", plage 8, avec Maria Garcia au céleste et Chris Speed à la clarinette (ce dernier, on l'aura croisé ici et là, comme dans le collectif de Jim Black, AlasNoAxis). Autant dire que les invités sont discrets. La maîtrise technique ne fait bien sûr aucun doute et l'on ne manquera, pour se détendre, de réécouter ce disque aux caractères doux et ensorcelants. Attention, ce disque s'apprivoise, ne se dévoile pas forcément à le première écoute...

PS. Disque digipack sobre mais de toute beauté (trois volets). La qualité sonore est bien sûr irréprochable. L'on trouvera également à l'intérieur du digipack un poème composé par le contrebassiste (composé en français) et des notes sur l'origine du projet, rédigées par Jim Black en personne (en anglais).






1. Odysseus Returns Home 6:06

2. Tomorrow, I Shall Dance for You 3:21
3. A Music of Tranquility 7:05
4. Float West on the Slender Court 4:59
5. A l'Ile de Fressanges 6:44
6. Les mains de Pénélope 6:28
7. Phongsaly 5:59
8. Local Heroes 6:15

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