mardi 7 décembre 2010

ODETTA, ses derniers albums (2000) par Rockin-jl

Odetta (1930-2008), voila bien une artiste majeure de la musique populaire du 20eme siècle quasi inconnue chez nous, alors qu'immense dame chez elle, aux States. Chanteuse, guitariste, songwriter mais aussi militante, surnommée "la voix du mouvement pour les droits civils". Amie de Martin Luther King, elle se sera battu toute sa vie contre le racisme et pour la reconnaissance des droits des afros-américains. Elle rêvait de chanter pour l'investiture de Barak Obama le 20 janvier 2009 mais la crise cardiaque qui l'a emportée le 2 décembre 2008 en a décidé autrement!

(ci contre Odetta en 1970)





Née en Alabama, elle grandit en Californie où elle suit des études musicales tout en faisant des ménages. Dés ses 16 ans, sa guitare et elle deviennent des figures du mouvement folk, elle chante le blues mais aussi du jazz de la country ou des spirituals, elle est le pendant féminin d'un Leadbelly en quelque sorte.
Elle aura influencé musicalement et idéologiquement des Bob Dylan, Joan Bez, Janis Joplin, Bruce Springsteen, Cassandra Wilson, Steve Earle, Madeleine Peyroux pour ne citer que quelques noms d’artistes qui l’ont chantée. Pour la petite histoire la célèbre Liza Blackwell, amante de Miles Davis (entre autres...) et ex-égérie de Saint Germain Des Prés, s’apprêtait à enregistrer un album hommage à Odetta lorsqu’elle décéda à son tour d’une pneumonie en Octobre 2009 à 73 ans. Les 2 femmes avaient sympathisé à Greenwich Village dans les années 60. RIP Liza, nous reparlerons de toi dans ces colonnes je pense.






BLUES EVERYWHERE I GO


Très productive de 1954 à 1970 avec 16 albums, elle n'en fera ensuite que 2 dans les années 87-88 avant cet ultime come back de 3 albums : celui ci de 2000, Lookin' For A Home où elle chante le répertoire de Leadbelly (voir çi dessous) et enfin un de gospel.
Cet album réalisé à 70 ans nous montre une Odetta à la voix sublime - une des voix du siècle assurément - portée par un orchestre Swing-Jazzy-Bluesy du tonnerre où brille le guitariste Jimy Vivino (sur 2 titres elle est accompagnée seulement de Dr John au piano ). Elle y reprend et rend un vibrant hommage aux blues singers des années 20/30, les Bessie Smith, Sippie Wallace, Memphis Minnie, Ma Rainey, Alberta Hunter, Dinah Washington ou Victoria Spivey.
Expressive, voire possédée, la voix Odetta, au fil des titres chante le diable,les noirs exploités, les femmes trompées, les esclaves des champs de coton, l'injustice sociale, le mensonge, mais aussi la joie, l'amour, EN UN MOT: LE BLUES!

15 titres 63:42






LOOKIN' FOR A HOME


Dans cet album enregistré fin 2000, Odetta (1930-2008) revisitait le répertoire du légendaire Leadbelly (1889-1949) ,une de ses influences principales. Cet ultime come back de la divine chanteuse fut une grande réussite, si Blues Everywhere I Go où elle reprenait les blues singers était excellent, celui-ci est encore supérieur. Odetta se réapproprie les standards de Leadbelly , mettant sa fabuleuse voix - qui n'a sans doute jamais été si mature, passionnée habitée - au service des chansons du géant, superbement accompagnée par un band impressionnant de cohésion, avec au fil des titres guitare (toujours Jimmy Vivino) piano, banjo, mandoline, violon et en invités Kim Wilson sur 2 titres à l'harmo, le texan Clarence Gatemouth Brown sur un au violon et le pianiste Henry Butler sur 2.
Dans les notes de pochette, Pete Seeger, compagnon des 2 dans les années folles de Greenwich Village, nous raconte qu'il a entendu Odetta chanter du Leadbelly la première fois vers 1950 et qu'il attendait un tel album depuis, et qu'il est ravi du résultat, le contraire m'eut étonné vu l'excellence atteinte ...


(à Carnegie Hall en 2005)



En détail, on commence par Irene, plus souvent appelée Goodbye Irene, sans doute le titre le plus connu de Leadbelly, en fait, comme souvent dans ces années où les droits d'auteur n'existaient pas, c'est une chanson de 1886 d'un ménestrel nommé Gussie Davis qu'il a adapté. Ce titre fut son plus repris (Sinatra, Dr John, Tom Waits, Jerry Lee Lewis, Johnny Cash, Ry Cooder, Garteful Dead, Pogues, etc).
Ensuite deux blues puis When I Was A Cowboy, formidable morceau country western, qui incite à se lever danser autour du feu de bois, ou du radiateur si vous êtes en appartement, puis un titre plus folk, In The Pines avec Gatemouth Brown au violon.
How long est un superbe blues lent bien accompagné par l'harmonica de Kim Wilson, titre qui fut un hit dans les 40's chanté par le duo Leroy Carr/ Scrapper Blackwell et là encore la paternité du morceau est incertaine, faudrait faire des tests ADN...
Bourgeois Blues est la plus fameuse protest song de Leadbelly dirigée contre Whashington, qualifiée de "Bourgeois Town", blues enlevé avec Kim Wilson à l'harmo, irrésistible !
Alabama Bound est un traditionnel que Leadbelly enregistra avec le Golden Gate Quartet en 1940 et qui fit un beau succès, enchainé de Boll Weevill, chanson apprise de son oncle qui parle de ces insectes qui ruinent les champs de coton, thème souvent utilisé dans le blues, par Charley Patton par exemple (Mississippi Bo Weavill Blues Avril 1910), et qui donne son nom a un très bon groupe blues frenchy " Bo Weavill" .
Nous avons encore Roberta, un blues écrit dans sa jeunesse, suivi de New Orleans qui n'est autre que The House Of The Rising Sun (*), superbe version profonde d'Odetta ; avant 2 work songs Whoa Black Buck et Julie Ann Johnson.
CC Rider parfois appelée Easy Rider, classique multi enregistré, première fois par Ma Rainey en Aout 1924, et à l'origine incertaine.
Enfin, pour finir en beauté, voici Midnight Special, que Creedence Clearwater Revival reprit, chanson que Leadbelly écrivit lors de son séjour à la prison de Sugarland, Texas, qui évoque la ligne San Antonio-Houston et son train que les prisonniers entendaient passer.

(*)
Il est parfois attribué à Leadbelly la paternité de ce titre immortalisée par les Animals, en fait Leadbelly l'a enregistré en 1944 (sous le titre "In New Orleans"), mais n'en est pas l'auteur, elle serait signée d' obscurs musiciens du Kentucky, Bert Martin et Georgia Turner selon Alan Lomax, le célèbre musicologue, et la premier version gravée daterait de 1934.

15 titres 66:20







"House Of The Rising Sun" , en 2005 , si Odetta semble bien fatiguée, sa voix est toujours là et donne le frisson, juste accompagnée d'un piano...

1 commentaire:

  1. SALUT ROCKIN, j'ai acheté LOOKIN FOR A HOME après avoir lu ta critique sur Amazon, excellent excellent; A + Ramone

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