Il y a déjà cinq ans, que la plus jolie des bonnes sœurs (dixit Bobo Dylan) a pris sa retraite de la scène et des studios, mais il ne faut pas pour
autant l’oublier.
Une Retraite Bien Méritée
Quand j’écris mes chroniques, c’est toujours en musique. Une compilation
ou un concert choisi un peu au hasard, et hier soir, je suis tombé sur le
dernier concert de Joan Baez à Paris le
13/05/2018 à l’Olympia. Moi qui l’ai vue quatre fois en live
(clic), je voulais rendre un hommage à l'une des rescapées encore vivantes de
Woodstock. Mon premier choix que je voulais chroniquer aurait du être ”Any Day Now“, un double album de 1968composé uniquement de reprises de
Bob Dylan mais je préfère aller au plus
simple avec un bon live qui fut une transition dans sa carrière. Des
modifications vont apparaître, les cheveux long légèrement ondulés que
l’on pouvait voir sur la pochette de l’album ”Honest Lullaby“ en 1979 vont perdre une bonne longueur.
Sur ce live de 1980 on peut l’entendre chanter en français, même
si elle s’était déjà essayée à la langue de
Molière, en 1965 avec ”Pauvre Rutebeuf“ de Léo Ferré sur l’album ”Farewell Angelina“, ”Plaisir d’amour“ en 1961 que lors d'un passage à la télé en 1966 et au
Grand Échiquier en 1973, on trouvera le morceau enregistré
sur un 45 tours et sur une compilation de 1974. Toujours au
Grand Echiquier en 1973 elle reprend ”Parachutiste“ de Maxime-le-Forestier et aussi ”A tous les enfants“ d’après un texte de Boris Vian ainsi
que ”Prendre un enfant par le main“ d’Yves Duteil deux titres que l’on
trouvera sur l’album ”Live Europe 83’“, ”Le Partisan“ d’Anna Marly“ sur l’album ”Come From the Shadows“ en1972, ”Le Déserteur“ de Boris Vian qu’elle chantera
pendant la guerre du Vietnam mais elle ne l’enregistrera que sur l’album
live ci-dessus et ”Le temps des cerises“ ; la chanson communarde de
Jean-Baptiste Clément qu’elle chantait
souvent en public ne sera jamais enregistrée.
Mais pour ce live de 1980 ce n’est que du bon, un
véritable best-of avec tout ce que l’on y attend. Tout commencera
avec ”The Boxer“ la chanson de Paul Simon qu’il interprétait avec son complice Art Garfunkel en 1969. ”Don't Cry For Me Argentina“ Un classique dans ses concerts, elle chantait cette chanson alors
que Madonna n’était encore qu’une adolescente prépubère ! ”Gracias A La Vida“ encore un classique mais la langue ibérique prend le dessus, une
chanson populaire chilienne composée par Violeta Parra cette chanson a été considérée comme l'une des chansons les plus
importantes de la musique de langue espagnole, elle a été décrite
comme un ”hymne humaniste“. ”The Rose” connu pour son interprétation par Bette Midler dans le film du même nom en 1979, Joan Baez la chantera en allemand, pourquoi en allemand, parce que cet
album à été enregistré en France, en Espagne et en
Allemagne.
”Pauvre Ruteboeuf“ de Léo Ferré suivi par ”Le Déserteur“ de Vian pour arriver à son grand
classique ”Diamonds & Rust“, après un beau ”Plaisir d’amour“, ”Cambodia“ un titre qui n’a rien avoir avec celui de
Kim Wilde en 1981. Le titre de la chanteuse blonde retrace l’histoire de l’épouse
d’un pilote de l’armée américaine basé en Thaïlande pendant la
guerre du Vietnam et qui voit son mari disparaître pendant une mission
lors du survol du Cambodge alors que celui de
Joan Baez parle du génocide Khmer en
général.”Soyuz Druzyei“ (cercle d’amis en russe) sur un rythme de marche
typiquement russe, une chanson pacifiste. ”Here's To You“, un des morceaux qui lui donnera une reconnaissance international
avec une musique signé
Ennio Morricone, un concert qui
se termine par ”Blowin’ in the wind“ de son ancien boy-friend
Bob Dylan.
Un très bon album live même si certains diront que ”From Every Stage“ en 1976 était meilleur (je ne dis pas non !) ou
que le "Live Europe '83“ avec le hit ”(For the) Childrenof the Eighties“ était plus
diversifié
avec ses reprises de Bob Marley et
John Lennon… Peu importe, l’artiste
reste la même et son charisme sur un disque crève les enceintes.
L’infatigable pacifiste maintenant en retraite ne demande qu’une
chose, qu’on lui fiche la paix !
MARDI : une ombre majestueuse
est passée au-dessus de nos têtes, celle des Shadows, le groupe qui
accompagnait Cliff Richards, mais surtout connu pour leur pop instrumentale, Pat
ne résiste pas au son de la Stratocaster d’Hank Marvin, omniprésente dans ce « The
Shadows greatest hits » qui aligne leurs tubes les plus connus.
MERCREDI : Bruno a mis
tout le monde d’accord avec Thin Lizzy et leur cinquième album « Fighting »
où tous les éléments qui feront le succès de la bande à Phil Lynott (on m’a dit
que je lui ressemblais avec ma tête de Lynott) s'imbriquent, la soul, le groove,
le hard classieux, les twins-guitars, une galette qui va les mener jusqu'à la reconnaissance.
JEUDI : c’est l’œuvre de
sa vie, pas celle de Jean Sébastien Bach (à sable… habile teaser pour Dune…)
mais de Claude, qui brûlait de nous présenter cet « L’Art de la fugue »
par le maestro Hermann Scherchen, dans une
transcription pour petit orchestre du musicologue suisse Roger Vuataz, un
disque hors du commun, iconoclaste pour certains, insurpassable pour notre chroniqueur…
VENDREDI : c’est
l’évènement cinoche de ce premier trimestre, qui marche en salle du feu de
dieu, pourtant Luc s’est enlisé les Pataugas dans ce « Dune 2 » pensum
mystico-machin-chose, mollasson en terme d’action, Denis Villeneuve y peine à rendre
son récit cohérent, crédible, romanesque, dommage, le casting était alléchant.
👉 La semaine prochaine, on va
faire le grand écart entre la voix cristalline de Joan Baez et celle frottée à
l’émeri de George Thorogood, au cinéma ce sera une petite perle allemande de Ilker
Çatak, et Bruno hésite encore entre un groupe à guitares ou un quatuor de
harpes, on le laisse réfléchir.
Un dernier salut à Sylvain
Luc, talentueux et délicat guitariste de jazz, prématurément décédé à 58 ans (quel
gâchis !) qui a tourné dans le monde entier, joué avec les plus grands, souvent
avec Richard Galliano, un virtuose d’une grande discrétion, qui s’intéressait à
tous les styles, des trucs les plus free au bal musette. On connait cette
phrase célèbre, quand on demandait à Jimi Hendrix ce que ça faisait d’être le
plus grand guitariste du monde, il répondait « je ne sais pas, demandez à
Rory Gallagher… ». C’est parce qu’il n’avait pas eu le temps de connaître Sylvain
Luc.
Préambule : 1) je n’ai pas lu les romans de Frank Herbert 2) je n'ai pas vu le premier épisode de cette trilogie
(puisqu’il y aura un n°3). Mais je me suis dit, naïvement, que le gars allait être
assez malin pour ne pas laisser sur le carreau les spectateurs qui avaient
raté le premier train, ou n'avaient pas souhaité monter dedans. Je parle de Denis Villeneuve,
scénariste et réalisateur, qui jouit d’une bonne réputation.
Il a commencé à se faire un nom avec PRISONERS (2013) et
surtout avec le formidable SICARIO (2015). Il se pique ensuite de science-fiction, avec PREMIER CONTACT (2016), BLADE RUNNER 2049
(2017), et donc les deux DUNE. On pourrait ranger Villeneuve dans la famille
des Ridley Scott (celui d’il y a 30 ans) ou des Christopher Nolan (en moins
novateur) voire des James Cameron, du blockbuster intelligent (sic), un
réalisateur capable de gérer des très gros budgets hollywoodiens, attirer des
stars devant sa caméra, en gardant une licence d’auteur et un solide sens
artistique. Bref, pas un bourrin.
Mettons les pieds dans le plat tout de suite : on ne comprend rien à ce qu'on regarde, non pas rapport aux points exposés dans le préambule, mais parce que ce film est
très mal raconté. Quelle horreur ! Pas de ligne directrice, pas d'enjeux dramatiques suffisamment exposés, pas de souffle romanesque,
on est loin des fresques telles que (au hasard) LAWRENCE D’ARABIE, LE GUÉPARD, ou TITANIC, qui
vous prenaient par la main pour vous lâcher trois heures plus tard, repu.
DUNE 2 tourne sur lui-même comme un hamster dans sa cage,
à chaque tour de roue on revoit les mêmes choses. L’intrigue n’avance pas de
manière fluide, Villeneuve ne semble pas savoir organiser son récit, confus,
redondant, avec des scènes dont on ne comprend ni les enjeux ni l'intérêt dans l'intrigue. Il a cette désagréable habitude de commencer une séquence sans la finir.
Exemple avec la scène où Paul Atréides (Timothée
Chalamet, le héros) apprend à dompter les vers géants qui circulent sous le
sable de la planète Arrakis. Scène assez frustrante d'ailleurs, peu lisible, on n'y voit rien, trop de poussière, on ne voit jamais la bestiole en entier... Bref on le voit partir et hop, deux
secondes après Paul est dans les bras de sa dulcinée, Chani (Zendaya). Comment est-il revenu, qu'a-t-il à dire sur son initiation, cette expérience ? On
ne sait pas.
Le peu de scènes d’action sont traitées
par-dessus la jambe. Des vaisseaux énormissimes arrivent on ne sait d’où,
détruisent un truc, ça dure trois plans et on passe à autre chose. Là où James
Cameron dans AVATAR (car on y pense beaucoup…) exposait les enjeux, développait
la séquence, scénarisait la bataille pour permettre au spectateur
de s'y croire, de frissonner, Villeneuve nous laisse de côte. Rien ne nous émeut, on ne s'attache aux personnages, on ne tremble pas pour les héros. Quand la Fremen Shishakl, se retrouve
isolée (sacrifiée ?) face à Feyd (le méchant, Austin Butler) on s'en fout royalement pour la bonne raison qu’on ne sait pas ce qu’elle
fait là.
Autre exemple : Paul et Chani tentent d’abattre une moissonneuse, un gros
engin chargé de récolter l'épice. Séquence calquée sur
celle des dromadaires des glaces dans L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE, j'dis ça, j'dis rien... Villeneuve joue sur les
échelles, la petitesse des deux personnages face au monstre d'acier, c'est visuellement intéressant, bien réalisé, nos héros doivent éviter de se faire écraser mais aussi esquiver des mecs qui leur tirent dessus depuis un hélico. D'un coup la moissonneuse explose, frappée de
loin par un rayon laser (tiré par les autres fremen j’imagine). Donc pourquoi
tout ce cirque si c’était si simple d’abattre le truc ? Tout est comme ça...
L’attaque du dépôt d’épice ? Même traitement, un coup de laser, ça
explose. Les vaisseaux les plus puissants, sur-outillés, tu craques une allumette et boum, dispersés façon puzzle. La grande bataille qui réunit des centaines de
milliers de combattants est expédiée en quatre plans, sans une once de frisson, ni
morceau de bravoure. Idem le duel final entre Paul et Feyd qui aurait du être l'apothéose, et lui aussi expédié en trois coups de canifs.
DUNE 2 alterne maladroitement des scènes d’actions
mal ficelées et des scènes aux dialogues pompeux, prêchi prêcha
ésotérico-philosophico-religieux, ou Paul et Chani
assis en haut d'une dune à contempler l’horizon en philosophant sur le sens de la
vie, en moins drôle que chez les Monty Python. Toutes les deux répliques on a
droit à « c’est la prophétie », « tu es l’élu », « la réponse est dans ton coeur », « Luke, c’est ton destin » (ah non, ça c’est
STAR WARS), débité par des acteurs au regard pénétré, l’air grave, chaque mot est lourd de signification. Le tout pesamment surligné par la partition
tonitruante d’Hans Zimmer, qui évidemment en fait des caisses, nous ne laissant
pas une minute de répit contemplatif, et nous recycle sa chorale antico-ethnique.
Il faut tout de même saluer la photographie, les images du film. Même
si le dispositif est un peu répétitif : silhouette de Paul au premier plan,
cheveux et vêtements au vent (vous vous souvenez de Albator ?) jaugeant le panorama ensablé. Denis Villeneuve
utilise à fond le format scope, alterne gros plans sur visages empreints et immensité
désertique (filmé à Abu Dhabi, la nouvelle Mecque du cinéma, le reste est
tourné en studio à Bucarest). Il y a un combat à la GLADIATOR, dans une arène truffée
de figuration numérique, filmée en quasi monochrome blanc du plus bel effet.
L’entame du film est d’ailleurs très réussie, avec cette caméra qui scrute le
visage de Paul, avant de découvrir les autres protagonistes, une
scène presque muette (les lombrics XXL sont sensibles aux bruits et aux
vibrations), puis au loin ces types qui descendent d’un vaisseau comme en lévitation.
La première demi-heure est alléchante.
J'ai lu que Denis Villeneuve avait relégué la
vieille SF au placard, en avait redéfini l'esthétique, comme en
leurs temps Kubrick et son 2OO1 ou Ridley Scott avec BLADE RUNNER. Euh… faut
pas déconner. DUNE 2 fait son marché un peu partout, surtout chez James Cameron
et son AVATAR, pour son goût de la technologie guerrière, mais aussi sa grandiloquence un peu creuse, y'a l'Arbre de vie chez l'un, l'Eau de vie (sic) chez l'autre. Villeneuve pioche chez George Miller et son MAD MAX FURY ROAD, chez George Lucas et STAR
WARS 1 et 2 (ou 4 et 5, enfin les vieux, quoi !) avec les Tuskens, hommes des sables, on a le fœtus de 2OO1 a toutes les sauces… J’étais critique sur certains aspects d’AVATAR, mais au moins Cameron nous bluffait par ses trouvailles, l’efficacité
de sa mise en scène, son sens du spectacle.
Il y a un très beau casting, dont on profite peu puisque
tout le monde est masqué ou voilé ! Javier Bardem en shemagh, Josh Brolin,
Christopher Walken, Charlotte Rampling en burqa, Austin Butler la
boule à zéro, la très belle Rebecca Ferguson méconnaissable, Léa Seydoux (le temps de se demander ce qu'elle fout là, elle est déjà repartie)
et donc les deux p’tits jeunes Zendaya et Timothée Chalamet. Ce dernier n’ayant
pas un charisme de dingue pour jouer le sauveur de l’Humanité. Plutôt à sa
place dans la première partie, en humble padawan, un peu
moins quand il fait sa mue autoritaire. Il était mince, il était beau, et sentait bon le sable chaud... mon Chalamet !
Les critiques sont dithyrambiques. Oui les belles images sont là, le sable et les filtres jaunes, mais comment peut-on passer de côté de tels soucis narratifs ?DUNE 2 rappelle le NAPOLÉON de
Ridley Scott où on se demandait toutes les cinq minutes "mais qu'est c'qui se passe ?". Denis Villeneuve a voulu trop en faire, trop filmer, se la jouer Peter Jackson et son SEIGNEUR DES ANNEAUX (dont la grandiloquence m'ennuie aussi d'ailleurs) il s’est retrouvé
avec des dizaines d’heures dans lesquelles il devait couper, d’où un récit
elliptique, des éléments qu’il tente
maladroitement de rendre cohérents.
Ca donne envie de revoir la version, pourtant honnie, de David Lynch, qui dans mon souvenir était très kitsch (avec Sting en méchant) mais avait la qualité de concentrer l'histoire sur 2h15 (à défaut de connaître la version de Jodorowky).
- Mais Claude, ce n'est pas l'article que tu devais proposer pour ton
soi-disant départ du blog début 2021…
- Oui mais tu as fondu en larmes et a vendu la mèche sur les réseaux
sociaux : résultats : Facebook et "X" en carafe, plusieurs milliers de
mails ; une manifestation de 30 000 lecteurs entre République et
Nation, un coup de fil du Président (la tuile, une plombe pendu au
téléphone) et même une supplique du pape François… Et voilà je recycle
un papier commencé pour dire "adieu", sur le thème, je cite "l'un des
disques de ma vie"…
- Mais tu n'as jamais arrêté de publier en fait, je ne vois pas de
période sans classique depuis 2011… Un coup de cafard ?
- Franchement Sonia, je ne sais plus, les images ont été créées en
avril 2020… Maggy ne s'en rappelle pas plus… Le Covid ? Mais avec le
télétravail…
- Bof c'est du passé… J'avais mal accusé le coup. C'était gentil de
m'avoir proposé ce demi-poste comme conseillère chez le disquaire de
l'opéra de Paris avec votre ami… Ce n'était pas un hasard si tu
pensais terminer comme tu avais commencé, par une version culte de
l'Art de la Fugue de Bach, ancienne cette fois, de 1949 ! Écoutable ?
- Oui, le son mono est correct. Le chef avant-gardiste et iconoclaste
Hermann Scherchen a exploré avec son ami Vuataz la spiritualité cachée
dans cette œuvre… SI-DÉ-RAL !!!
DECCA 1949-1950
Aucun souvenir d'un motif précis justifiant le retrait définitif du
Deblocnot de votre rédacteur ? D'ailleurs, il ne faut jamais dire "fontaine je ne boirai plus de ton eau". La preuve.
Impossible de terminer sèchement une période de publication hebdomadaire de
neuf années (13 à ce jour) de commentaires et d'analyses d'œuvres classiques
de très haut vol ou plus modestes mais divertissantes ?
Bref, mon choix fut très personnel, celui d'un disque hors du commun, daté
et même iconoclaste pour certains, insurpassable pour d'autres, c'est mon
cas.
J'avais enregistré cette gravure un soir à la radio (France Musique fin des
années 70) lors d'une émission consacrée à "l'art d'Hermann Scherchen". Le disque Decca de 1949 jamais réédité avait totalement
disparu des bacs depuis des décennies.
Ah le temps des magnétophones à bandes où on pouvait copier dans d'assez
bonnes conditions des vinyles ou des concerts et autres diffusions FM. Là :
une bande Revox, la N° 32 😊.
Je ne connaissais l'œuvre que sommairement dans sa version pour clavier.
J'enregistre à tout hasard tellement le présentateur (?) s'envole dans le
dithyrambe… Et hop : le coup de cœur qui arrive tous les dix ans pour un
mélomane passionné. On me réclama des copies. Heureux hasard, vers
1982, Decca réédita chichement en LP pour Noël cette
interprétation mythique, meilleure que l'incunable diffusé. Depuis, on la
trouve dans le domaine public chez divers labels confidentiels.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Gravure de J.S. Bach
La disponibilité permanente de cette gravure depuis l'ère numérique, après
une traversée du désert de 30 ans, ne peut être le fruit du seul hasard,
d'un effet de mode. À l'heure où l'interprétation du millier d'œuvres du
cantor ne s'imagine plus autrement qu'avec des artistes formés au jeu sur
instruments anciens (viole, théorbe, effectifs minimalistes) et au chant
baroque (peu de femmes mais plutôt des contreténors et contraltos, des
maîtrises de garçons), on s'étonnera que les quatre enregistrements pour
orchestre moderne de tailles diverses du maestro
Hermann Scherchen
fassent encore le bonheur des discophiles. Une seule explication :
Bach
atteint dans l'art de la fugue un sommet d'abstraction absolu qui échappe à toutes les obligations en
termes d'instrumentation, l'ouvrage accède à l'intemporalité. Il est vrai
que le clavier semble le choix le plus adéquate, mais pas uniquement.
J'avais déjà détaillé ce phénomène dans mon premier article.
(Clic)
Pour appuyer ce propos, j'avais consacré à l'ingénieur électronicien et
acousticien André Charlin un billet sur ses travaux. J'illustrais
cette chronique de 2021 par l'enregistrement mythique pour trois orgues positifs
de l'œuvre.
(Clic)
par l'ensemble
Wolfgang von Karajan.
Thème structurant les fugues
Il est admis que les cantates ou les passions doivent bénéficier
d'effectifs allégés modernes. Une spirituelle intimité est de mise, à
l'inverse des exécutions avec des centaines de chanteurs ou plus et d'un
orchestre symphonique massif, le régal des londoniens le dimanche au
Royal Albert Hall. L'Art de la fugue est un cahier de fugues, canons, etc. tous composés à partir d'un motif unique intégré 287
fois. A-t-il pour unique vocation de décliner toutes les formes de
contrepoints imaginables pour un seul usage pédagogique, ou constitue-t-il
la compilation testamentaire d'une vie de recherche musicologique pour ne
pas dire mathématique ? Ce monument a priori purement solfégique s'adapte à
toutes les formes d'orchestration…
1H30 ou plus ! Hormis les oratorios tels les
Passions, il n'était pas coutumier au XVIIIème siècle de jouer des
corpus aussi longs en un seul concert. Les études de
Czerny, très bien conçues pour les apprentis pianistes, sont fort ennuyeuses en
concert… Mais l'enchaînement des contrepoints dans l'Art de la fugue recèle un mystère : son écoute en continu, surtout dans la fantasque
orchestration de
Roger Vuataz
conduit l'auditeur à un état second comparable aux effets des exercices
sophrologiques voire du yoga, bref toutes les formes de méditations… Une
musique des sphères. Ça ne marche pas avec tout le monde bien entendu…
Chacun reste réceptif à un ou plusieurs styles musicaux.
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Page 2 de la Fugue I
Bach
commença ce cahier a priori ésotérique sur le plan technique entre
1740 et 1742. De cette période datent
12 fugues et
deux canons. En 1751 sont
ajoutés 2 fugues et
2 canons. Quant à la dernière
fugue à
trois sujets, il n'est pas certain
qu'elle fasse partie de cet ensemble publié en 1751, mais il est
d'usage de l'ajouter en conclusion. Oui, vous comptez bien, 19 pièces et 20
à écouter. Cela reflète nombre d'incertitudes et d'énigmes concernant
l'ordre, une éventuelle répartition par groupes de la version finale que
Bach
envisageait pour l'édition définitive.
Étant mort en 1750, le compositeur n'a jamais pu corriger
complètement les épreuves. Des correcteurs, peut-être ses fils qui avaient
grandi à coup de contrepoint se sont attelés a ce travail… sans doute au
mieux. Je vous épargne toutes les tentatives en deux siècles d'établir un
classement cohérent. Il y a des dizaines de sites plus ou moins
contradictoires sur le sujet.
Le manuscrit de l'Art de la fugue serait-il un travail de musique pure ?
Bach
ne composait jamais pour uniquement "mitonner" un solfège compliqué sans
arrière-pensées intellectuelles ou spirituelles. Il existe des
enregistrements pour tous les instruments (clavecin, piano-forte, piano,
orgue) ou des ensembles tels des quatuors (cordes, flûtes, saxophones, etc.)
et bien entendu l'orchestre et même les voix. Il faut pouvoir jouer les
quatre voix des fugues… point !
La magie de la partition ne peut naître que de la rencontre passionnée
entre la pensée de
Bach
et la vénération d'un ou plusieurs
interprètes pour l'œuvre. Certaines réalisations au clavier même virtuoses
peuvent s'avérer d'un ennui mortel. Même avec un manuscrit vierge de toute
directive instrumentale, sans aucun symbole de nuance (p, f, etc.) et
sans aucun tempo indiqué à la clé (la tonalité est immuablement ré mineur),
il me semble indispensable que les artistes recontextualisent leur lecture
de la partition dans l'espace plus vaste de la foi ardente de
Bach.
Notre disque chroniqué répond-il à cette exigence ? Pour moi oui,
l'aventure humaine et musicale de deux musiciens partageant une amitié, une
passion absolue pour cette partition, et une quête interprétative affectant
plusieurs décennies !
Hermann Scherchen
Bach, le compositeur génial et mystique de la première moitié du XVIIIème
siècle.
Roger Vuataz
: un musicologue et organiste féru de science, de philosophie et de
théologie.
Hermann Scherchen
: un maestro aux mêmes passions. Je parlais plus haut de rencontre
passionnée, et en voici une miraculeuse ; trois hommes, soucieux chacun
à leur époque de spiritualité associée à la science musicologique. Les deux
musiciens du XXème siècle travailleront à une adaptation
instrumentale et métaphysique de l'Art de la fugue de Bach. Évoquons en premier la personnalité atypique du maestro
Hermann Scherchen, sans doute la clé de voute spirituelle du projet.
Hermann Scherchen
Quand on parle de directeurs d'orchestre marquants dans
l'Allemagne-Autriche du début du XXème siècle, on pense en
priorité à
Furtwängler,
Klemperer,
Böhm,
Karajan. Les trois premiers sont nés vers la fin du XIXème siècle, et
tous ont appris leur métier lors des derniers feux (éblouissants) du
romantisme tardif et de la tonalité classique grâce à un
Richard Strauss
ou un
Gustav Mahler
; mais hormis
Klemperer, ils resteront un peu distants du modernisme naissant : notamment celui de
la seconde école de Vienne établie par
Schoenberg. De toute façon l'anathème lancée par les nazis sur ce courant, comme sur
les œuvres de compositeurs juifs, mettra un frein vers 1932 à cette
belle expérience novatrice. Ah les riches heures des théories de
Goebbels sur la "musique dégénérée".
Après la guerre, ces maestros au tempérament autoritaire ont assuré la
pérennité du patrimoine musical de la grande tradition germano-autrichienne.
Un choix personnel d'une carrière "traditionnelle" pendant l'explosion d'une
ère avant-gardiste caractérisée par l'émergence de modes d'écriture
nouveaux : la polyrythmie, l'atonalité, le dodécaphonisme et le
sérialisme, le style minimaliste-répétitif… Quoique l'on doit à
Herr von Karajan
mettant sa célébrité et sa
philharmonie de Berlin
au service de la publication en 1973 d'une intégrale en quatre LPs de
l'œuvre orchestrale de l'école de Vienne ! (Clic)
Ces vedettes des podiums et quelques autres ont néanmoins joué
Bartok,
Stravinski,
Prokofiev,
Hindemith. Un autre maestro de même talent et
de la même génération est quasiment oublié :
Hermann Scherchen
(1891-1966). Son caractère indépendant et exigeant, son attrait
affiché pour le communisme, des tempos parfois singuliers dans ses
interprétations et une discographie majoritairement gravée pour le label
éphémère Westminster Records (1949-1965), n'ont pas contribué
à la reconnaissance posthume qu'on lui devrait.
Originaire d'un milieu modeste d'aubergiste berlinois, le jeune
Hermann
ne suivra pas la voie des conservatoires prussiens. Malgré les aléas d'un
parcours d'autodidacte, il joue en virtuose de l'alto en concert dès l'âge
de seize ans, y compris comme remplaçant occasionnel à la
Philharmonie de Berlin
(période
Arthur Nikisch). Hermann
rencontre
Schoenberg
en 1911 qui cherche un assistant pour créer
Le pierrot Lunaire, œuvre charnière chantée en sprechgesang (déclamation) et dont
l'orchestration préfigure l'atonalité, le sérialisme, etc.
Entre 1914 et 1918, il connaît les prisons de
Riga comme civil étranger (la
Lettonie est alliée à la Russie).
Scherchen
avait été nommé chef de l'orchestre symphonique de la ville un mois avant 😫 !!! Quatre ans plus tard il relance sa
carrière à la fois classique mais fortement active au service de la musique
de son temps. La liste des créations qu'il assure en témoigne : L'Histoire du soldat
d'Igor Stravinsky, les Trois fragments du
Wozzeck
d'Alban Berg, le
Concerto à la mémoire d'un ange du même Berg, de nombreuses œuvres de
Paul Hindemith… Et plus tard en 1954,
Déserts
de son ami
Edgar Varèse
au TCE avec l'Orchestre de la RTF et Pierre Henry,un scandale phénoménal avec un chahut rappelant l'émeute lors de la
création du Sacre du printemps en 1913 😂 (YouTube).
L'arrivée d'Hitler au pouvoir l'oblige à quitter l'Allemagne
pour la Belgique puis la Suisse quand l'Europe est envahie… Il rejette
résolument l'idéologie nauséabonde nazie. De plus, son engagement à
promouvoir la musique moderne l'inscrirait d'emblée sur l'index des
défenseurs de l'art "dégénéré". Etant très proche des "juifs" Schoenberget Berg… (35 compositeurs allemands, majoritairement juifs, mourront dans les
camps.)
Il dirigera jusqu'à l'invasion de l'Europe en nomade.
Scherchen
ne s'attachera jamais à une formation ou à un opéra comme directeur officiel
par amour de la liberté artistique. Exceptions : l'orchestre de la Radio de Beromünster
de Zurich entre 1944 et
1950 et une présence assidue auprès de l'Orchestre symphonique de Vienne
avec lequel il réalisera l'essentielle de sa discographie pour
Westminster.
Après la folie nazie on lui avait proposé la direction de la
Philharmonie de Berlin, de l'Opéra de Berlin ou encore de l'orchestre du
Gewandhaus de Leipzig. Des postes pour lesquels tout maestro ambitieux vendrait sa mère, il les
refusera tous !!! On peut s'en étonner… Il préférera séjourner en Suisse,
enregistrer à Vienne et mettre le pied à l'étrier de la nouvelle génération
:
Bruno Maderna,
Pierre Boulez,
Boris Blacher,
Norman Del Mar,
Iannis Xenakis
ou
Luigi Dallapiccola…
La discographie disponible de
Hermann Scherchen
est abondante mais disparate.
Haendel
(un
Messie
d'anthologie), de nombreux
Bach
dont une
passion selon Saint-Matthieu
de 4H – comme le
Messie
- qui restitue la tragédie et le sacrifice (pas un oratorio anglican
extatique à la mode
Klemperer
malgré des chanteurs géniaux), des
Mahler… On aimera la ferveur ou on détestera des tempos volontairement statiques
destinés à laisser chaque note s'épanouir et imprégner notre imaginaire… Une
chronique spéciale est à envisager… DG a racheté le fond
Wesminster mais les rééditions sont parcimonieuses…
Roger Vuataz et… un chaton
Roger Vuataz
Né en 1898 à Genève, ville où il nous quittera en 1988,
Roger Vuataz
cumulait un nombre hors du commun de talents musicaux : organiste mais
jouant aussi de la flûte, de l’alto et de la clarinette, chef de chœur, chef
d’orchestre, carillonneur à la cathédrale de St-Pierre de Genève 😊,
critique musical, professeur au Conservatoire supérieur de Genève, directeur
musical du Studio de Radio-Genève et musicologue…
En tant que compositeur,
Roger Vuataz
nous a légué environ 130 œuvres qui ont quasiment toutes bénéficiées d'un
enregistrement. Il existe 13 albums disponibles via le site du musicien. À
noter que les œuvres symphoniques ont été captées avec l'Orchestre de la Suisse Romande (Clic). Pour ce faire une idée :
(Youtube)
Dans cet article, concentrons-nous sur la collaboration entre
Roger Vuataz, l'homme-orchestre, et
Hermann Scherchen.
Avant leur rencontre en 1935, en dehors des claviers, l'Art de la fugue
avait déjà une vie symphonique, celle de l'orchestration de
Wolfgang Graeser.
Wolfgang Graeser naquit à Zurich en 1906 et toucha un peu à
tout : violon, peinture, physique, maths, orientalisme, etc. L'adolescent
déniche chez un bouquiniste un exemplaire de
l'Art de la Fugue. Subjugué par les symétries structurelles qu'il y rencontre, il consacrera
sa vie à analyser sous un angle mathématique (sa passion extra-musicale) la
partition, en ne négligeant pas son impact émotionnel sur un auditeur. Il
conçoit ainsi une orchestration monumentale qui devait avoir un air de
famille avec les transcriptions des années 30 de
Stokowski(Clic). L'instrumentation de
Graeser
pour grand orchestre à cordes et orgue en option est publiée et jouée dans
l'église Saint-Thomas de Leipzig le 26
juin 1927. C'est une première pour l'œuvre de
Bach
orchestrée et un triomphe grâce au chef
Karl Straub, lui aussi fasciné par l'ouvrage.
Plus triste : le jeune
Wolfgang, de nature dépressive, se suicide en 1927 à seulement 21 ans. À ma
connaissance, il n'existe qu'un enregistrement moderne de sa transcription,
celui de
Karl Münchinger
de 1965 à Stuttgart pour DECCA…
(Clic). On ne trouve sur le web que cette minuscule photo du jeune compositeur au
regard triste…
Hermann Scherchen
estime-t-il cette orchestration encore trop conforme au style romantique,
pauvre en couleurs ? Il suggère à
Roger Vuataz
d'écrire une nouvelle orchestration inspirée de la registration des orgues.
Le musicologue en écrira trois, similaires dans le choix des groupes
instrumentaux mais d'effectifs différents. Il existe trois pour le casting
:
A. 31 musiciens :
B. 24 musiciens (pour les petites salles)
C. 42 musiciens (grandes salles)
Groupe I : Cordes. (4 · 3 · 3 · 2 · 1) Groupe II : Cordes. (2 · 2 · 2 · 1 · 1) Groupe III : Solo-Quatuor à cordes
Groupe IV : 1 Flûte, 1 hautbois,
1 Cor anglais, 2 Bassons +
Clavecin ad libitum.
Groupe I : Cordes. (3 · 2 · 2 · 1 · 1) Groupe II : Cordes. (1 · 1 · 1 · 1 · 1) Groupe III : Solo-Quatuor à cordes
Groupe IV : 1 Flûte, 1 hautbois,
1 Cor anglais, 2 Bassons +
Clavecin ad libitum.
Groupe I : Cordes. (6 · 5 · 4 · 3 · 2) Groupe II : Cordes. (4 · 3 · 2 · 2 · 1) Groupe III : Solo-Quatuor à cordes
Groupe IV : 1 Flûte, 1 hautbois,
1 Cor anglais, 2 Bassons +
Clavecin ad libitum.
Hermann Scherchen
semble recourir en 1949
à l'effectif de 24 musiciens tout comme Vuataz
dans sa propre réalisation à Bruxelles en 1963. Suivant les fugues, pour rompre tout risque de monotonie dans les
timbres, il répartit ces groupes de la manière suivantes :
1.Contrepoint 1 : Fugue simple (Groupes des cordes)
2.Contrepoint 2 : Fugue simple (Groupes des cordes)
3.Contrepoint 3 : Fugue simple (Groupes des cordes)
4.Contrepoint 4 : Fugue simple (Groupes des cordes)
5.Contrepoint 5 : Fugue simple
6.Contrepoint 6 : Fugue en diminution (en style français)
7.Contrepoint 7 : Fugue en augmentation et diminution
8.Contrepoint 8 : Fugue à trois voix
9.Contrepoint 9 : Fugue à la douzième
10.Contrepoint 10 : Fugue à la dixième
11.Contrepoint 11 : Fugue à quatre voix
12.Canon à l'octave (Groupe des bois seuls)
13.Canon à la dixième en contrepoint à la tierce (Groupes des cordes)
14.Canon à la douzième en contrepoint à la quinte (Groupes des cordes)
15.Canon par augmentation en mouvement inverse
16.Contrepoint 16a : Fugue en miroir
17.Contrepoint 16b : Fugue en miroir
18.Contrepoint 18a : Fugue en miroir
19.Contrepoint 18b : Fugue en miroir
20.Contrepoint 19 inachevée : Fugue avec trois sujets
Aucune analyse subjective cette semaine. Je ressens à l'écoute depuis 45
ans un climat onirique et nostalgique, surement un effet de l'unique
tonalité de ré mineur utilisée, reflet d'un mysticisme plutôt austère (Bruckner
affectionnait cette tonalité). Petit détail : je ne reviens pas sur les
mystères ésotériques qui entourent le fait que la fugue 19, très longue,
ne soit pas achevée, laissant la dernière page à demi vierge.
Bach
presque mourant n'aurait-il pas eu le temps de terminer ou de dicter la
conclusion. Généralement, on stoppe net l'interprétation.
Marco Angius
Vers 1965,
Hermann Scherchen
rédigera sa propre version qui donnera lieu à trois enregistrements (Vienne,
Toronto et enfin Lugano). L'orchestration se révèle encore plus enjolivée
avec la présence de cuivres. Par exemple les fugues 1 & 3 sont jouées
par les vents. Personnellement, je préfère la pureté du dispositif
instrumental de
Vuataz. Scherchen
joue la dernière note telle un point d'orgue. Est-ce une porte qui se
referme sur l'éternité ?
Le live de Toronto a ses fans, le son est vraiment mauvais. Je ne le
recommande pas en première écoute. Il existe une vidéo de la répétition à
titre documentaire.
Avec la cavalcade sympathique mais frénétique d'un
Goebel
sur instruments anciens, on pourrait croire que les baroqueux ont
définitivement balayé ces orchestrations influencées par le crépuscule du
romantisme, au bénéfice d'une virtuosité
instrumentale. Pas complètement, l'orchestre
di Padova e del Veneto
et son chef
Marco Angius
ont relevé le défi en 2015 en enregistrant l'orchestration de
Scherchen. Un petit choral (playlist 21) a été ajouté. La prise de son est, on s'en
doute, d'une clarté qui nous pince le cœur en songeant aux techniques
limitées disponibles en 1949. Une splendeur.