A REAL PAIN est le deuxième film
écrit et réalisé par l’acteur Jesse Eisenberg qu’on avait
découvert dans THE SOCIAL NETWORK de David Fincher, le
gars y jouait le rôle de Zukerberg avec un débit de parole à la
mitrailleuse, à côté duquel Eminem passerait pour un proche cousin
de Jean Pierre Darroussin.
Le sujet pourrait paraître plombant, mais
le ton et l’énergie en font un film très plaisant. Deux
cousins, David et Benji, qui viennent de perdre leur grand-mère,
rescapée des camps nazis, décident d’un road trip en Pologne, aux sources familiales
juives. A
Varsovie, ils intègrent un petit groupe de touristes, tous liés par
la Shoah.
Ca commence à toute allure, en mode comédie survoltée. Dès qu’un
type stressé, qui parle vite, fraye dans les rues newyorkaises, on pense à Woody Allen (avec qui Eisenberg a tourné
deux fois). Première scène clé : David inonde la messagerie de Benji en
mode « j’arrive dans 30 mn, rappelles moi ». Quand
David arrive à l’aéroport, Benji y est déjà depuis plusieurs
heures. Car il aime l’atmosphère du lieu. Les multiples messages reçus ? Pas entendus. Il n'avait pas allumé son portable. Hum, bizarre quand on a rendez-vous pour
prendre l’avion…
Benji s’est fait envoyer à l’hôtel de
Varsovie un gros paquet d’herbe (faudra m'expliquer comment y fait... pas pour moi, pour un copain), séance fumette sur le toit qui ravive les souvenirs d’enfance. On les sent très liés, David le
pragmatique, Benji l’hurluberlu, adorable boulet. Mais on perçoit au fil des scènes des
fêlures, un type meurtri, remonté contre une société égoïste,
qui se drape en victime. Benji est sans filtre. Agressif même, quand il reproche au guide de
ne leur faire visiter que des ruines, mais jamais interagir
avec la population locale.
Très belle scène dans le train qui
mène le groupe vers Lublin, logé en première classe. Benji
pète un plomb : ses aïeux juifs, eux, sur le même parcours, étaient entassés dans des wagons à bestiaux. Pour lui, la situation est d'un cynisme intolérable, il quitte le compartiment, suivi par David,
s'installent plus loin, s’endorment, ratent la gare, doivent reprendre un train dans
l’autre sens, donc sans billet, tentent d’échapper au contrôleur en
se cachant… dans les premières classes ! Cette séquence témoigne de la qualité d'écriture, qui mêle le cocasse, l'absurde, l'humour, autant que la gravité sous-jacente du propos, et donc, la réflexion. Lubitsch n'est pas loin.
Gravité accentuée lorsque le guide les
emmène visiter un camp d’extermination, forcément, ça calme. Il prévient que ce genre de pèlerinage peut
remuer les sentiments, les consciences, faire ressurgir un passé familial, chacun y réagit à sa façon. Pour Benji, c’est l’outrance, les moqueries
déplacées ou des crises de larmes. Le soir au restaurant, il invective le groupe, rote bruyamment, boit trop, se réfugie aux
toilettes. Moment très gênant pour les convives autant que pour le spectateur, un silence pesant soudain brisé un air de
piano qui résonne dans l’auberge : c’est Benji, calmé, serein, qui joue. Là encore, le réalisateur joue sur deux registres à la fois.
Ce personnage de Benji est vraiment
intéressant, merveilleusement interprété par Kieran Culkin, qui a
décroché le Golden Globe cette année (frère de Maucauley Culkin,
le gamin de MAMAN J’AI RATÉ L’AVION). Le réalisateur aurait pu s'attribuer ce rôle central et les lauriers qui vont avec, mais a choisi de rester en périphérie. Une humilité rare à Hollywood.
Jesse Eisenberg concentre
son film sur ce voyage initiatique (inspiré de sa propre histoire)
et la relation fusionnelle entre les deux cousins, sans doute au dépend des personnages secondaires, moins caractérisés. Il y a cette belle
quinqua divorcée joué par Jennifer Grey (celle que Patrick Swayze
faisait virevolter dans DIRTY DANCING), qu'on aurait voulu connaitre davantage. Comme Elage, rescapé
du génocide rwandais converti au judaïsme par solidarité !
Autre
jolie scène où les deux cousins retrouvent la maison de leur
grand-mère, déposent des pierres devant l’entrée, rite juif,
mais engueulés par le voisin « virez vos trucs, la vieille qui
habite là va se casser la gueule en sortant ! ».
Eisenberg mêle habilement la comédie et le drame, le cocasse et l'émotion, son film arrive à
être léger et grave quasiment au sein du même plan, ça rappelle aussi un peu Chaplin.
Je ne vais pas vous dire ce à quoi j’ai pensé à
l’issue de la dernière scène, au retour à l’aéroport de New
York, où Benji refuse le taxi que lui propose de partager son
cousin. J’ai eu comme une révélation, et en repensant à
plusieurs détails disséminés dans le film (et ce dès les
premières minutes) je pense que j’ai raison… Si c’est la cas,
c’est tout le film qui prend une autre dimension et qui explique
beaucoup de choses. On a affaire à un scénario sacrément bien
troussé, jamais lourdingue malgré le sujet.
Bercé
intégralement par des œuvres de Chopin (un polonais), A REAL PAIN
est un très joli film, sensible et plus profond qu'on ne le croit, à la mise en scène enlevée, rythmée, souvent drôle
(la scène des photos devant le monument), qui doit beaucoup à
l’énergie communicative des acteurs.
Allez zou : coup de coeur de cette nouvelle année cinoche (en attendant le prochain).
NB : vu en avant première, le film ne sortira que le 26 février dans les salles, ce qui laisse le temps de s'organiser, faire garder les gamins, annuler un diner chiant...
- Ah, tu reviens à une chronique plus réduite cette semaine Claude…
J'ai pris un jour de RTT après ton monumental mémoire sur la monumentale
8ème symphonie de Mahler…
- En effet Sonia, 8000 mots je crois… Luc était furieux… Aujourd'hui un
ouvrage inspiré du folklore russe dont je ne pensais jamais parler… et
un chef dont je désespérais de trouver un disque consacré à une œuvre
non commentée à ce jour pour lui rendre hommage !
- Ah oui la troisième symphonie de Tchaïkovski que tu n'aimes pas, la
trouvant un peu creuse par rapport à ses cinq sœurs…
- Comme pour Mahler, à force d'écouter des versions en tout genre, en
voici une qui redonne des couleurs à une symphonie que même son
compositeur trouvait fade…
- Carrément ! Dis Claude, Maurice Abravanel ? avec un tel prénom, M.
Abravanel était-il français ou belge ?
- Absolument pas !!!!! Il était né à Thessalonique quand la Grèce était
sous domination ottomane…
Maurice Abravanel (1974)
Cette chronique conclura le cycle des billets dédiés aux six symphonies
de
Tchaïkovski, et même 7 si on y ajoute la grande fresque à programme, purement
instrumentale et titrée
Manfred. Je rappelle brièvement que les
symphonies
du grand maître russe se répartissent en deux groupes : les
1
à
3
composées entre 1866 et 1875, sympathiques et colorées mais
n'ayant pas révolutionné le genre, et les
symphonies4
à
6
écrites entre 1877 et 1893. Certes, la
4èmesuit de deux ans seulement la
3ème, mais le bond en avant du style héroïque et de la maîtrise d'une
orchestration audacieuse sont évidents. Les deux dernières sont des
chef-d'œuvre, la
6ème
portant le célèbre sous-titre "Pathétique".
Manfred, ouvrage dramatique et épique date de 1885, donc de la seconde
période…
Exception à la règle appliquée au sommaire des chroniques, parlons des
interprètes en premier. Non !
Maurice Abravanel, contrairement à ce que son prénom a laissé supposer à Sonia n'est pas
né à Montreuil ou à Anvers 😊. Il est vrai que ce prénom semble désuet (24
attributions en 2023). Vers 1990, des facétieux utilisaient
le prénom à des fins méprisantes douteuses, "espèce de Maurice" équivalent à "espèce de beauf" ! Sympa pour
Ravel, Maurice Ronet, Maurice
André, Maurice Druon, Maurice
Jarre, et quelques belges... Maurice Maeterlinck auteur de
Pelléas et Mélisande... et ailleurs,
Maurice Gibb des Bee Gees, le groupe pop australien
; ♬ Massachussetts
♬
Massachussetts♬ ♬ Massachussetts
♬ ♬ ♬ ♬ .
Pour revenir au sujet,
Maurice Abravanel
naît en 1903 à Thessalonique, de nos jours deuxième grande ville
grecque, mais sous domination ottomane entre 1430 et 1921…
La double nationalité de Maurice Abravanel
sera
ottomane-américaine.
Il prendra la nationalité américaine en 1943… Ayant rejoint
beaucoup d'artistes et créateurs juifs fuyant aux USA la folie nazie en
Europe occidentale…
De gauche à droite : M. Abravanel, K. Weil, ténor B.
Sullivan
Maurice Abravanel
est un descendant d'une longue lignée de juifs séfarades chassés de
l'Espagne en 1492, date à laquelle le "grand inquisiteur" Tomás de Torquemada, un dominicain fanatique, d'une cruauté sans
borne, oblige à fuir ou à se convertir plus de 300 000 israélites
(une estimation). Un millier au moins montra sur le bûcher,
Torquemada ou Himmler avant l'heure.
La famille Abravanelémigre en 1909 en Suisse où le célèbre maestro
Ernest Ansermet
l'accueille et la loge.
Darius Milhaud
et
Igor Stravinski
font partie des amis qui séjournent fréquemment à Lausanne chez Ansermet. Maurice
débute des études médicales
avec "dégoût" 😷! Insistant, il obtient de son père le droit de bifurquer
vers la musique. Ernest Ansermet
reconnait ses talents et l'accompagnera pendant sa formation
à Lausanne. Puis, à 19 ans, le jeune Maurice
rejoint Berlin pour étudier la composition et le contrepoint avec
Kurt Weil.
Kurt Weil, en compagnie du dramaturge
Berthold Brecht, réinvente l'opéra populaire et prosélyte tels
L'Opéra de quat'sous
ou
Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny. Les nazis qui commencent leur ascension fulgurante sont furieux… ! En
plus d'écrire de la musique étiquetée de "dégénérée",
Weil milite sincèrement pour un avenir communiste idéal en Europe et contre
l'autoritarisme…
Kurt Weil
et
Berthold Brecht, mais aussi les compositeurs et musiciens juifs et ou opposants
politiques comme
Schoenberg,Hindemith, Korngold,
Bruno Walter,
OttoKlemperer
devront fuir outre Atlantique la peste brune.
Maurice Abravanel
qui dirige en alternance les opéras de Berlin et de Paris quitte aussi l'Allemagne pour l'Australie en 1934. Hitler devenu chancelier plonge déjà son pays dans l'horreur de
la Shoah.
Deux ans plus tard, soutenu par
Bruno Walter
et
Wilhelm Furtwängler, il accède au poste envié de directeur du
Metropolitan Opéra de New-York… Il est le plus jeune chef à accéder à la fosse de l'Opéra légendaire,
il n'a que 33 ans 😊.
Tchaïkovski (1874)
En une petite dizaine de jours, il assure sept représentations de cinq
opéras ! Seule une connaissance parfaite des partitions et du métier de
chef lyrique explique cet exploit. Il doit cependant quitter le poste en
1938 suite à une cabale dont les critiques américains ont le
secret, surtout envers les émigrés allemands… Avoir des amis est utile.
Son mentor
Kurt Weil
a tempéré ses ardeurs marxistes et adopté le mode de vie Yankee à
Broadway. Entre 1941 et 1950,
Maurice Abravanel
dirigera donc des comédies musicales (souvent de qualité dans ce pays très
ouvert culturellement sur le plan musical).
Dans l'État de l'Utah dans lequel les "mormons" ont créé la ville de
Salt Lake city pour exercer
leur religion inspirée d'éléments du christianisme, à travers un dogme
confus et évolutif
(Clic). L'Utah, son lac salé et ses paysages minéraux féériques qui inspireront
Des canyons aux étoiles d'Olivier Messiaen (Clic)
a vu sa capitale
Salt Lake city dépasser les 200 000 habitants en 1940 (sans compter les
habitants des faubourgs). À cette date, la ville mérite désormais de
posséder son orchestre symphonique comme toute métropole US d'importance.
Il portera le nom de "Orchestre symphonique de l'Utah à Salt Lake City" (nom peu imaginatif mais sans ambiguïté 😊). Le premier concert dirigé
par un certain
Hans Henriotrencontre un vif succès
(pas de trace sur le web de ce chef, ce qui ne préjuge en rien sur le
talent de ce maestro oublié). La formation se limite à 52 musiciens sans
contrats officiels. Entre 1946 et 1947, un compositeur de
musique de film et chef à Broadway,
Werner Janssen(Clic)
poursuit l'aventure… En 1947,
Maurice Abravanel
est invité à prendre en main cette valeureuse petite phalange. Il restera
32 ans le patron, jusqu'en 1979 ! Il renomme l'ensemble
Orchestre symphonique de l'Utah, lui donne un vrai statut juridique et surtout le hissera au niveau
artistique des grands orchestres du Nouveau-Monde.
Abravanel
dirigeait un répertoire très large, de
Bach
aux musiciens contemporains. Ses domaines privilégiés : la musique
française (Milhaud
son ami,
Saint-Saëns,
Franck,
Honegger,
Varèse,
Satie…), tous les romantiques bien entendu, et la musique de son temps,
notamment celle de son pays d'adoption : Gershwin,
Gottschalk,
Bloch,
Copland,
MortonGould,
Jérôme Kern,
William Schuman,
Ned Rorem
et
Leonard Bernstein, et des anglais :
Vaughan Williams,
Walton. Une telle diversité est exceptionnelle et se doit d'être
mentionnée…
On sera surpris du relatif oubli infligé à cet homme d'exception.
L'explication est bien connue. Sa discographie pourtant riche a été gravée
essentiellement pour les labels Vanguard Records et Vox, peu
diffusés en dehors des USA et plutôt producteur de disque de jazz pour
l'un, et disparu en 1978 pour l'autre. Je parlais lors de la
dernière chronique de son intégrale des
symphonies de
Mahler de bon niveau voire plus, juste avant que
Bernstein,
Haitink
et
Kubelik
l'imitent avec des orchestres historiquement plus chevronnés…
Entre 1978 et son décès en 1996,
Abravanel
se consacrera à la formation de jeunes artistes. Il assurera une fin de
carrière comblée d'honneurs. En 1991, le président
Busch père lui remettra la
Médaille nationale des arts
attribuée par le Congrès (équivalent de l'ordre de Commandeur des arts et
des lettres en France.)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Eduard Napravnik
Commentaire de
Tchaïkovski
à propos de sa
3ème symphonie
: "Selon mon impression, cette symphonie ne présente aucune idée bien
trouvée, mais du point de vue de la facture, elle représente un pas en
avant. Je suis surtout satisfait du premier mouvement et des deux
scherzos."
Et bien mon cher
Piotr Illich, j'adhère à votre critique 😊. Elle explique à elle seule qu'il ait
fallu soixante ans pour que je trouve une interprétation pimpante dont la
bonhomie folklorique compensait le fait que, contrairement à ses sœurs,
pas un seul petit thème attachant se tenait prêt à être chantonné dans mon
esprit ou siffloté. J'avais eu la chance de mémoriser pratiquement sans
faille les cinq autres opus. Mystère de l'adhésion par une écoute globale,
même si au début on en oublie les détails essentiels : les motifs
musicaux… Et en rédigeant ce billet, en enchaînant des écoutes répétées,
me voilà faisant mien cet ouvrage mêlant poésie et folklore impétueux, ô
peut-être de manière un soupçon brouillonne, mais enthousiasmante.
Petite originalité, comme la
symphonie N°3
"Rhénane" de
Schumann, la symphonie comporte cinq mouvements. L'audace s'arrête là ?
Non... voir plus loin... L'orchestration est classique : 2 flûtes +
picolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 3 trompettes, 3
trombones + tuba, timbales et cordes (pas de cymbales, bizarre ça chez
Tchaïkovski ?)
La création a lieu le 7 novembre 1875 à Moscou sous la
direction de
Nicolaï Rubinstein. Rebelote à Saint-Pétersbourg en janvier 1876, mais sous
la direction d'un autre chef de renom à l'époque :
Eduard Napravnik, compositeur et maestro un peu oublié de nos jours faute de nous avoir
légué des œuvres marquantes.
[1] -
Introduction et Allegro : Me
voilà avançant à petits pas prudents sur la steppe gelée… La
3ème symphonie
débute baignée dans la même brume argentée que la
1ère… Lumière crépusculaire ou marche funèbre, le compositeur russe n'abuse
que rarement d'effets descriptifs faciles… Il préfère l''expressionnisme,
"Tempo di marcia funebre" a-t-il
inscrit. Oui, bon ok, bien que l'œuvre notée sur la dominante ré majeur
d'esprit allègre,
Tchaïkovski recourt pour l'introduction à un crépusculaire mi mineur. Il lui sera
ainsi plus aisé de nous entraîner des frimas ou de son spleen chronique
vers un désir d'enthousiasme par une simple rupture tonale 😊… La
rythmique est obtenue avec simplicité : des gruppettos
crescendo<>decrescendo
pp aux cordes, déliés et syncopés et qui, dès la mesure 9, alternent avec des motifs
similaires et concertants aux cors, hautbois et clarinettes.
Russie - 1850 - marche dans la neige
[0:50] Les pizzicati annoncent un changement de climat. Progressivement
divers motifs vont se développer gaiement et énergiquement dans une forme
sonate assez libre. On pensera à des variations. La difficulté de
l'interprétation provient sans doute de cette pléthore d'enchaînements.
Legato et pathos sont les ennemis de ce style de partitions richement
orchestrées qui risquent de conduire à l'ennui et au tintamarre… Par
contre un staccato (sans sécheresse) révèlera un flot musical limpide et
entraînant.
[2:26] Fin de l'intro mélancolique, le tempo évolue vers :
allegro "brillante", ce qui indique la volonté de stimuler le développement par une
vivacité fougueuse et dansante. Cette notation du tempo est plus précise
que l'habituel allegro vivace et
suggère l'exaltation attendue chez un
Tchaïkovski
encore jeune ; le contraste avec l'introduction au ton "funèbre" est manifeste. Une permutation de l'ambiance que
Maurice Abravanel
négocie avec élégance, sa battue limitant à 12 minutes le mouvement et non
14 ou 15 chez ses confrères. On ne s'ennuie pas, et cette vélocité
n'affecte en rien la clarté du discours orchestral.
Abravanel
souligne maints détails facétieux d'instrumentation, nous voilà entraînés
dans un ballet survolté… Normal chez
Tchaïkovski
le maître du ballet,
le Lac des cygnes
est contemporain de la
symphonie N°3. ! [4:34] le triste
solo du hautbois est-il un écho du motif du ballet tragique ? Mais il y
une foule de trouvailles dans ce mouvement malgré une écriture un peu
rugueuse… Comme quoi…
Est-ce la version effervescente que j'attendais même si elle a cinquante
ans d'âge 😊 ?Oui et, en furetant, j'ai trouvé des
gravures concurrentes….
Casse Noisette en 1900 Ballet impérial
[2] -
À la manière allemande (valse). Allegro modéré et simple
:
Tchaïkovski
est et restera un grand amateur de valses incluses tant dans ses ballets
que ses dernières symphonies. Dans l'article de janvier consacré aux
suites pour deux pianos de
Rachmaninov
et à l'essor de la musique savante russe à l'époque romantique, je
rappelais que
Tchaïkovski
aimait et s'inspirait des styles occidentaux mêlés au folklore de son
pays. La valse occupe ainsi une grande place… Les compositeurs du
groupe des cinq(Clic)
préféreront édifier un répertoire aux accents plus
slaves…
L'intermède inséré entre l'allegro fulgurant et un andante annoncé comme
élégiaque bouscule les conventions et adopte à la fois une forme scherzo
et un rythme de valse à trois temps immédiatement reconnaissable. Sur un
tempo retenu, flûtes, clarinettes et marche pizzicato des cordes élancent
cette danse sereine et légère.
[1:43] le trio accélère un tantinet cette chorégraphie sans en changer
son ton pastoral. [3:11] Reprise du scherzo in extenso.
Tchaïkovski
n'expérimente rien à ce stade, il enchante. [4:30] Scherzo quasiment da
capo… hormis une petite coda frivole.
[3] -
Andante élégiaque : Enfin,
j'apprécie une œuvre musicale que je pensais dédaigner à jamais sans
argument objectif. Retournement de situation qui prouve qu'il existe une
bien étrange alchimie entre une partition, son interprète et l'évolution
de la sensibilité et de nos capacités d'écoute qui s'affinent sur la durée
d'une vie… Réécouter et analyser cette
3ème symphonie
est un exemple parfait. J'ai le même problème avec le prince du violon :
Paganini, sauf les
deux premiers concertos que j'avais chroniqués après la rencontre avec le disque de
Alexander Markov…
(Clic).
J'ai lu que certains musicologues s'interrogeaient sur la genèse mal
connue de cette symphonie sur laquelleTchaïkovski
a échangé peu de correspondance. Elle semble échapper à la cohésion
stylistique de ses sœurs et, la forme en cinq mouvements déconcerte !! Je
comprends la pertinence de ce débat en constatant que l'œuvre me fait
plutôt songer à un
suite symphonique variée telles les quatre que
Tchaïkovski
composera en parallèle des grandes symphonies entre 1877 et
1887. Ô pas des œuvrettes, non, mais de suites pleines de verve à
la manière de
Bach
ou de
Mozart, assez longues, de 4 à 6 mouvements, souvent conclues par un air à
l'ancienne (gavotte).
La richesse mélodique et orchestrale des suites me conduit à évoquer
l'existence d'un catalogue symphonique non pas de
six symphonies
certes assez conformes à la tradition du genre, mais de 11 (Manfred
compris). Notons que la
symphonie "pathétique" s'achève sur un douloureux
adagio !
Tchaïkovski
explorait-il des nouvelles formes hors des sentiers battus hérités des
époques classique et romantique, à la manière d'un
Mahler
deux décennies plus tard ? "...mais du point de vue de la facture, elle représente un pas en
avant" ne disait-il pas à propos de la
3ème
(voir plus haut)… laissant ainsi croire qu'il donne la priorité à
l'architecture de l'œuvre face à la thématique pas toujours très
recherchée dans cette dernière. Quelques suites composites seront
également dérivées des ballets, des best of en somme 😊.
Danses polonaises...
Le bel andante constitue le grand
moment élégiaque de la
3ème symphonie
dont l'orchestration privilégie les pupitres de bois. À ce sujet, une
romance impliquant flûtes, hautbois et basson puis cors débute le mouvement.
Tiens, je lis "andante elegiaco"
au-dessus des portées… L'attribut élégiaque était bien vu 😊
! Cette longue thématique sera interprétée par le basson en alternance avec
le cor, tous les deux soutenus par de nostalgiques pizzicati. Voilà un début
inhabituel,
Tchaïkovski
n'énonce pas implicitement deux thèmes de la traditionnelle sonate.
[2:09] la seconde section est confiée aux cordes. Un ton dramatique et
sinueux caractérise cette nouvelle idée. [4:03] Des traits aux cordes graves
marquent le tempo d'une reprise du long thème initial, de nouveau aux bois.
Le passage exige une nuance appuyée que le maestro
Abravanel
négocie avec précision et pathétisme. [5:25] La reprise du thème initial, en
réalité un leitmotiv, met en jeu tout l'orchestre. Les variations sont
appliquées à l'orchestration plutôt qu'à l'écriture mélodique. Sans
équivoque, voici la meilleure trouvaille de la symphonie que cet
andante. [8:01] Et justement la coda et
ses surprenants trémolos précédant un dernier énoncé du leitmotiv montre que
l'esprit du ballet est bien proche…
[4] -
Scherzo - Allegro vivo :
Tchaïkovski
voyait ses deux scherzos comme les pièces les plus réussies de l'œuvre. La
rupture de ton est insolite avec l'andante romanesque et nostalgique. Le
scherzo recourt à une thématique empreinte de diablerie, une danse de
farfadets. Une fois encore dans l'exposition, hautbois et cors bénéficient
des rôles principaux au sein d'une chorégraphie de cordes… [01:17] Reprise
du scherzo. [01:44] Trio disons... pittoresque avec ses motifs de danse
facétieux et rythmés, et nous aurons une mini coda en conclusion. [03:22]
Scherzo da capo.
[5] -
Final. Allegro con fuoco – tempo di polacca
: Le rondo conclusif, vaguement une sonate, n'apporte aucun thème digne
d'un final d'une grande symphonie. Là est le point faible. Certes le
recours à des motifs de danses dont une
polonaise animent un discours
parfois confus. Face à cette inspiration pâlotte, une vivacité gouailleuse
permet à l'orchestre de déchaîner ses forces si les musiciens bien dirigés
évitent l'éparpillement indéniable de la composition.
Tchaïkovski
développe son mouvement central sous forme d'une fugue, un moment longuet
et peu original mais qui démontre sa maîtrise définitive de
l'écriture.
Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que
conseillée.
Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la
musique…
INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool.
Discographie
Maurice Abravanel
m'a réconcilié avec cette œuvre, chaque mouvement a un charme individuel,
le tout étant globalement agréable à écouter. Les différents épisodes
mieux mémorisés, j'ai, d'une part exhumé des disques oubliés sur mes
étagères et, exploré le catalogue disponible sur YouTube ou Deezer.
Décidément,
Karajan1979 acheté il y a un bail ne m'emballe pas… tempo lent, legato un
peu trop onctueux, la signature du chef autrichien, une exception dans une
intégrale de très haute tenue par ailleurs. Trois idées :
En 1963, le jeune
Lorin Maazel
est en cours de gravure de deux intégrales :
Tchaïkovski
et
Sibelius, les bois et les cuivres de la
Philharmonie de Vienne
folâtrent. Tout cela est un peu raide… mais le ton est slave, le discours
acéré et bigrement volcanique… (Decca – 3/5)
En 1986, le regretté
Mariss Jansons élève le niveau de l'orchestre d'Oslo
au sommet et enregistre pour Chandos des intégrales des
symphonies de
Brahms et de
Tchaïkovski
qui ont fait date, mas ne se sont pas maintenues au catalogue, c'est
fréquent avec ce label formidable. Le marché de l'occasion pallie cet
inconvénient. J'adore cette interprétation contrastée, enflammée et très
lisible et comme toujours chez Chandos, bravo pour la prise de son
d'exception (Chandos – 4/5). Vidéo en complément.
Par son soutien inconditionnel au Président Poutine dans des domaines
contestables, Valery Gergiev
est ostracisé en occident. Oserais-je dire "à juste titre"… Tous ses
contrats (Vienne, Munich, Londres, La Scala, etc…) ont été résiliés… C'est
c**n pour la musique. Votre rédacteur n'alimentera pas une polémique hors
sujet dans le Deblocnot… Côté musique, le maestro a confié au label
LSO de
l'orchestre symphonique de Londres
les trois premières symphonies avec brio en 2012. Curieusement les
tempos sont lents, 48 minutes. On ne peut nier que le chef ossète trouve
la clé de la poésie grâce aux timbres de son bel orchestre british (LSO
– 3/5).
Il y a bien des années, aux débuts des années 90, les fervents gardiens d'un temple, celui dédié aux dieux et demi-dieux du Blues, étaient partis en croisade contre "l'infernale" progression du Rock dans la sacro-sainte musique à laquelle ils vouaient un culte. Comme s'il s'agissait d'un terrible virus qu'il fallait endiguer, avant une totale et irréversible contamination. Avec le danger que les infectés ne mutent en zombies assoiffés de sonorités charnues, ou pire, de hard-rock. Terrible offense pour leurs oreilles raffinées. Des "intégristes", qui auraient voulu que tout reste figé dans le temps. Ceux-là même qui ont fustigé le succès désormais international de John Lee Hooker, Albert Collins et Buddy Guy. Surtout celui de ce dernier, accusé d'être un opportuniste, en répondant à l'attente du public blanc (ce ne serait pas un peu raciste, ça ?), et en abâtardissant son blues avec des ingrédients rock. A croire qu'ils ne l'avaient jamais vu en concert avant son affiliation au label Silvertone. Etonnamment, bien qu'ils aient largement participé à cette transmutation - ou altération, c'est selon -, les Hendrix, Gallagher et Clapton avaient leurs faveurs. Alors lorsqu'en plus, c'étaient des "faces de craie" qui osaient, (sacrilège !), vandaliser les douze mesures, ils sortaient promptement leur plume acérée pour les étriller sans sommation de quelques lignes au vitriol.
Le collectif "Barefoot Servants" en a fait les frais. La presse spécialisée n'a pas pris de gant pour le dézinguer. Mais comment des blancs-becs peuvent avoir l'outrecuidance de barioler ainsi le Blues d'overdrive épineuse, de saturations lourdes et abrasives, de patterns de bûcherons et de chants de gueulards éméchés ? 😡 Pourtant, ce premier essai du collectif est loin de ce qui peut se faire aujourd'hui en matière de Blues musclé, de heavy-blues. Dont certains artistes - ou de groupes - sont aujourd'hui plus facilement admis dans la famille - ou parmi les disciples. Par rapport à la puissance que dégage les Toronzon Cannon et autres Michael Burks, cet album de Barefoot Servants paraît être une réunion de petits joueurs.
C'est en 1993 que quatre bonhommes déjà rompus à la scène et aux studios se réunissent pour partir en tournée et donner leur version décomplexée du Blues ; ou plutôt du Blues-rock. Quatre gars qui, bien que n'ayant jusqu'alors jamais joué ensemble, se retrouvent sur la même longueur d'ondes et parviennent à développer un riche Blues-rock sans se marcher sur les pieds. Tout part de Benjamin Schultz, qui contacte Jon Butcher, qui s'est autant fait remarquer pour ses dons de performer à la guitare que pour une certaine ressemblance avec Jimi Hendrix (plutôt une vague ressemblance, à l'époque où il abordait moustache et foulard dans les cheveux). Tous deux se retrouvent chez Leland Sklar. Déjà un ancien, avec 45 années au compteur, toujours sur la route ou en studio. L'un des bassistes apte à concourir pour monter sur le podium de celui ayant cumulé le plus grand nombre de sessions. Il semble avoir joué de tout, avec tout le monde. Rivalisant probablement à ce titreavec des guitaristes tels que Michael Landau et Steve Lukather. Pour les plus connus, Leland joue sur les albums des L. Cohen, Billy Cobham, L. Cocker, Billy Thorpe, Kim Carnes, Phil Collins, James Taylor, Jackson Browne, Lyle Lovett, R. Springfield, America, Sammy Hagar, Hall & Oates, Don Henley, Hodgson, S. Stills, Polnareff, R. Newman, Garfunkel, The Doors, W. Zevon, Bonnie Raitt, L. Rondstadt, Donovan, Poco, Rod Stewart, N. Diamond, Diana Ross, Crosby, Stills & Nash, R. Coolidge, R. McGuinn, Dona Summer, V. Sanson, Kristofferson, R. Marx, B. Midler, F. Gall, Dolly Parton, Lee Ritenour, et tant d'autres. Sans oublier les incessantes tournées.
Entre les trois, la mayonnaise prend immédiatement, et rapidement des ébauches de morceaux prennent forme. C'est du solide, et on dépêche rapidement en toute hâte un autre monstre touche-à-tout des studios : le batteur Ray Brinker.
Cet album, sorti en 1994, avait fait le bonheur des amateurs de blues-rock assez musclé, mais non stéroïdé, encore moins adipeux. Aujourd'hui, il est perdu dans la masse, mais ceux qui ont mis la main dessus le garde jalousement, le ressortant à l'occasion, ou en parlant parfois avec des étincelles dans les yeux. On peut aisément comprendre que pour les puristes du blues, cet album a tout d'une offense. Seulement, il n'a jamais eu la prétention, loin de là, de se rapprocher d'une tradition quelconque. Si ces musiciens ont bien pour matière première le blues, ce n'est aucunement pour s'enfermer dans des schémas conventionnels mais pour le plaisir de s'égarer sans contrainte dans des territoires adjacents. Ouvrant ainsi de multiples portes d'où s'échappent des parfums capiteux pouvant évoquer les incontournables Hendrix, Stevie Ray Vaughan, Poppys, Paul Butterfield Band, James Gang, ZZ-Top pré-"El Loco", plus rarement Winter, et même du rock sudiste, genre Allman, Eric quincy Tate ou 38 Special.
Et au contraire de ce qu'annonçaient ses détracteurs, Barefoot Servants ne se perd pas dans une débauche de décibels. Evidemment, Ben et Jon se font parfois plaisir en laissant ruer leurs six-cordes, faisant chanter une wah-wah ou vibrer une chaude overdrive. Néanmoins, sans jamais violenter les amplis. A la même époque, Larry McCray et Eric Gales pouvaient déjà aller plus loin. Encore plus Gary Moore qui, en dépit de tous ses efforts, trahissait des années passées au service d'un heavy-rock blindé. Et puis, maintes fois un dobro est mis à contribution pour quelques pièces vaguement roots. A commencer par "Jealous Man", certes un peu foutraque, qui débute l'album. Sur le bref "Whisky Man" et sur "Better Off Dead" ; mais là, il est vrai que c'est rapidement et sérieusement bousculé par une charge de grattes en furie. Et puis, il y a l'envoûtant "Bound For Glory", proche des ballades prisées par les groupes de rock sudiste, tout en acoustique, à l'exception de traînés de slide tantôt incandescentes, tantôt langoureuses. Autre ballade, ou plutôt un slow aux racines bluesy, le superbe "Drinking Again", avec un Butcher à la fois véhément et émotif. Et pour finir avec les pièces "calmes", "Blackbird" qui par bien des aspects est une habile fusion à peine déguisée du "Blue Red Jean" du little Ol' band from Texas et de "Since I've Been Loving You" de... de qui déjà ? Quant à la reprise du "It Hurts Me Too", elle a dû en faire grincer des dents, avec la rythmique appuyée et la slide particulièrement graisseuse (celle d'Elmore ne l'était-elle pas ?). En comparaison, celle de Foghat et de ZZ-Top paraissent être des versions light, quasi acoustiques.
Bon, sinon, effectivement, il y a pas mal de trucs qui pétaradent suffisamment pour heurter les esgourdes des allergiques à la disto, à la fuzz et au phaser - avec quelques soli de Butcher pas piqués des hannetons. Comme "Love's Made a Fool", une bonne cartouche taquinant le heavy-rock 70's (entre et le ZZ-Top de "Rhythmeen"). "Red Handed" aussi, avec une rythmique funky, Leland qui joue à Greg Ridley, Butcher qui se râcle les cordes vocales, et des chorus qui ravivent le ZZ-Top de "Tres Hombres". "Box of Miracles", qui grimpa tout de même à la dixième place des charts, conjugue couleurs heavy-blues et cadence de southern-rock pour une équipée sur de longues et rectilignes routes ensoleillées où basse, slide et wah-wah s'unissent pour conter une ode à la vie. "Muscle Car" ose braquer le shuffle cher à Vaughan pour lui donner une connotation plus heavy et le cingler d'éclairs hendrixiens.
L'album eut un certain retentissement. Un exploit à une époque où la niche "rock" était squattée par le grunge. Mais c'était aussi le moment où, grâce à la comète "Vaughan", le Blues avait le vent en poupe, devenait même mainstream - au grand dam des mêmes "gardiens du Temple" -, et, pour certains, osait s'affubler alors sans a priori d'attributs plus "rock" dans l'optique de flatter un "public blanc". Cependant, Barefoot Servants n'est pas à proprement parler un groupe de blues-rock. Ce serait plutôt une fusion de heavy-blues et de rock sudiste, avec une touche de heavy-rock "old school" (1) ; la proportion "blues" étant majoritaire. Malgré le succès qui venait frapper à leur porte, les membres de la formation, appelés à d'autres engagements, n'ont pu prolonger et pérenniser leur projet. Dommage. Toutefois, jamais vraiment séparés, ils remettent le couvert dix ans plus tard, avec un double album : "Barefoot Servants 2". Cependant, bien qu'indéniablement intéressant, la flamme qui animait ce premier jet de l'an 1994, n'y est plus. Nettement plus reposé et acoustique, le groupe y est méconnaissable. D'ailleurs, lorsqu'on parle de Barefoot Servants, c'est bien à ce premier album que l'on fait référence.
(1) "Old School"... quelle nauséabonde appellation aux relents d'effluves commerciales... Même si, heureusement, le cachet péjoratif est parfois estompé par une marque de respect, voire de qualité, grâce à une vague - un tsunami - de jeunes gens revendiquant fièrement leur attachement à une certaine musique, s'impliquant pour la pérenniser.