16 mars 1999, le printemps commençait à pointer le bout de son nez, la
température était douce et agréable et dans un Bercy plein comme un œuf la
chaleur était des plus intense.
UN BERCY CHAUD COMME LA BREIZH
Il y a une chose que l’on peut voir partout et n’importe où, que ce soit
dans des matchs de football ou de rugby, dans les manifestations sur le pavé
parisien, dans les concerts de tout acabit, qu’ils soient folk, prog voire
même hard, on a pu aussi le voir sur l’Everest, cette chose c’est le
Gwenn ha du, le drapeau de la Bretagne. Et le soir du 16 mars
1999, à la veille de la saint Patrick, les bretons vont envahir Paris
pour emboucaner les oreilles des parisiens à grands coups de bombardes et de
cornemuses. (Pour l’anecdote le drapeau breton le plus ancien s’appelle le Kroaz du
(Croix Noire) qui servait surtout dans la marine et qui est un drapeau
blanc avec une croix noire).
Alan Stivell
C’est en 1993 que la musique celtique s’installera
annuellement à Paris à l’occasion de la Saint-Patrick pour
sensibiliser les médias nationaux à l'importance du festival Interceltique
de Lorient. Des Arènes de Lutèce qui dès les années 50 ont accueilli les festivités de la
Saint-Yves le 19 mai, le saint patron des avocats et des Bretons en exil,
au mythique concert de l’Olympia avec
Alan Stivell en 1972, du
quartier des Halles en passant par la Villette, le Cirque d’hiver et le
Zenith, les joueurs de biniou vont maintenant envahir Bercy. Pourquoi un
«S» à Bretagne ?
Dan Ar Braz est très attaché à
cette petite lettre qui rend la Bretagne «Plurielle et vivante». Ce
sera un concert exceptionnel qui se voudra le témoignage musical d'une
Bretagne à l’enracinement fort. Une affiche exceptionnelle, un spectacle de
musiques entremêlées avec des invités surprise. Un hommage dédié aux paysans
bretons qui ont réussi à transmettre la langue, les danses et les musiques
bretonnes, mais aussi aux militants des années difficiles de l'après guerre
qui ont permis l'explosion musicale des années 70.
Gilles Servat - Dan Ar Braz
Le soir du 16 mars 1999, la marée bretonne qui déferlera à Bercy
ne sera pas noire, pour éviter la fournaise de la salle parisienne, le
concert sera retransmis à Quimper sur écran géant. De 19h00 à 0h00, les
rythmes celtiques se sont conjugués au pluriel. Les six musiciens d'Armens ont ouvert le bal entraînant
immédiatement le public sur les chemins du rock made in Breizh. Ce
sera ensuite le tour de Gilles Servat, le
vieux gascon ardent défenseur de la culture bretonne qui viendra chanter
trois titres, il ne chantera pas «LaBlanche Hermine» mais il fera une version de « Dir Ha Tan» (Fer et feu) syncopée, à la différence de celle de
Tri Yann.
Tri Yann
Alan Stivell, le père du renouveau de la
musique celtique, entre en scène et joue «Brian Boru» tiré de son album du même nom. L’histoire de la figure guerrière
mythique qui tentera l’unification de l’Irlande au XIe siècle. Suivie par
«La Suite Sudarmoricaine» avec un public qui reprend en chœur le refrain «♫♪ la la la la le no♪♫».
Un concert de musique celtique sans
Tri Yann, ce n’est pas un concert, même
si ces derniers sont de Nantes, une ville où l’on ne parle pas breton. Des
mots que Jean-Louis Jossic dira dans une
de leurs chansons «La découverte ou l’ignorance» sur l’album du même nom : «Le breton est-il ma langue maternelle?Non, je suis né à Nantes où l'on ne le parle pas.Suis-je même Breton ?Vraiment, je le croismais de pure racequ'en sais-je et qu'importe?» …et puis on s’en fiche !!! Quand les
trois Jean sont sur scène, tu peux
t’attendre à un moment de folie. Ils commenceront par le classique «Si Mort à Mors». Ensuite, entrée en scène de deux couples de danseurs en tenue
traditionnelle qui vont entamer un ballet de haute voltige sur les
chants et la musique du groupe. Et quand ils lanceront «La Jument de Michao» Bercy exultera. Et le final sera grandiose quand
Jossic exhortera les 18.000 personnes à
chanter.
La deuxième partie commencera avec l’Héritage des Celtes. Le bagad Kemper et CarlosNuñes le plus galicien des bretons sous la direction de Dan Ar Braz vont entamer «L’airesde Pontevedra» le morceau qui me servira pour rentrer à la mairie le jour de mon
mariage (Il y a longtemps !!). «Left in Peace» un morceau tout en douceur qui finira en apothéose avec l’arrivée des
guest star. Karen Matheson la chanteuse écossaise et la galloise ÉlaineMorgan entame le titre puis arrive Michael Jones suivi peut après de son compère Jean-Jacques Goldman (Mais si voyons !! Souvenez-vous, l’ancien guitariste du groupe
Taï Phong !) Avec une guitare (Qu’il ne se servira que pour placer quelques notes en solo sur le
final !) et un papier avec les paroles dans la main (Qu’il ne connaissait pas à première vue !). A chaque fois que j’écoute ce titre quand le bagad Kemper
attaque le final, j’ai toujours les poils au garde à vous ! Retour
d’Alan Stivell avec son ancien complice Dan Ar Braz pour une version de «Pop Plinn» comme sur le live à l’Olympia de 1972. Le barde enchainera ensuite par «Brezhoneg ‘Raok» un titre de 1973 sur l’album «Chemin de Terre» que j’avais chroniqué
(clic). «Gouel Hollvedel» (Fête Universelle) qui apparait sur l’album «La Symphonie Celtique : Tir na nOg» en 1979. Alan Stivell et Elaine Morgan
se partagent le micro pour un des hits de l’Héritage des
Celtes «Borders of Salt» chanté en gaélique et en breton avec Ronan Le bars au uilleann pipes solo et repris ensuite par l’ensemble du bagad Kemper, un moment très fort.
Une partie des artistes seront présents pour reprendre les grands
hymnes bretons comme «AnAlarc’h» chanté par Gilles Servat et
Tri Yann alors que dans le public les
Gwenn Ha Du flottent au vent sur cet air anti-français. Et comme
ont ne pouvaient pas les oublier, les trois jeunes marins arrivent sur
les arpèges de la harpe d’Alan Stivell.
Un «Tri Martolod» chanté par un public conquis (Ils l’étaient déjà depuis longtemps !) Et pour que la fête soit complète et parfaite, le public commencera à
chanter les premiers arpèges de «GreenLands» le thème générique de l'Héritage des Celtes ensuite exhorté par Dan Ar Bras et Alan Stivell à la cornemuse écossaise. De ce concert sortira un double CD, en video VHS puis en CD et
connaitra un bon succès commercial. L’intégrale du concert se trouve sur
YouTube avec le lien ci-dessous.
Ah oui ! Je ne vous ai pas dit… ? J’y étais !!! 😉 Le toon était à celui de Alan Stivell à Bobino en 1972... Oui
mais là j'tais encore un peu gamin 😂 Cela dit, il s'en rappelle,
c'est cool côté cervelle !!!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire