Il y a déjà longtemps que je parle de la musique celtique sous
toutes ses formes. Pour Alan Stivell, j’avais parlé de son fameux album à l’Olympia
de 1972 et je voulais revenir sur sa très nombreuse discographie. Mais quel
album prendre ?
Alan Stivell le phare ouest
Oui… quel
album prendre ? Au tout début, je voulais me lancer dans la difficulté en
prenant la «Symphonie
Celtique» sous-titrée «Tir na nOg» (Qui signifie en Gaélique : La terre de l’éternelle jeunesse)
de 1979, puis dans la simplicité
avec «Reflet»
son deuxième album en 1970 et puis j’ai
voulu prendre «E
Langonned» (A Langonnet, Sa vieille maison de Pierre de Langonnet à
Kerlazen Bihan) de 1974, un album que j’aime bien. Et puis en fin de compte, ce sera «Chemin de Terre»
son album studio le plus populaire et enregistré juste après son live à l’Olympia
et la fin de son époque glabre.
«Chemin de Terre»
sera une communion de l’album «Reflet» avec ses racines folk-song celtiques et
le live à l’Olympia et sa pop’music, un mixe qui sera l’aboutissement du rock
celtique. Il sera enregistré loin de la Bretagne puisque ce sera au château d’Hérouville
où le livre d’or des stars qui y ont enregistré vaudrait son pesant de
cacahouète auprès des chasseurs d’autographes.
Son
band sera le même qu’avec l’aventure de l’Olympia, Dan
Ar Bras et sa guitare, Gabriel Yacoub au Dulcimer et d’autres instruments, René Werneer au violon, Pascal
Stive à l’orgue, Marie Yacoub au chœur et
le fidèle (et regretté) Michel Santangelli à la batterie.
Sortie
en 1973, il est étonnant que son
titre change selon les pays. Au Canada et au Royaume-Unis il deviendra «From Celtic
Roots» et en Allemagne «Celtic Rock». Cela ne l’empêchera pas de se
classer pendant 24 semaines au Top albums et d'occuper la pôle position pendant
un mois. Il devient rapidement disque d’or et la revue musicale anglaise Melody
Maker le désignera disque de l’année. Les Anglo-saxons aiment la musique du breton,
la Babooshka avant-gardiste Kate Bush après
avoir entendus le disque par hasard chez son frère est devenue accro à Alan Stivell.
Comme dans beaucoup de ses albums, une première partie plutôt traditionnelle
avec des airs irlandais, gallois et écossais et une seconde où les chants du
terroir breton reprennent le dessus.
«Susy Mac Guire»
Un traditionnel irlandais «Siobhàn Ni
Dhuibhir» en gaélique qui raconte un chagrin d’amour noyé dans l’alcool (Mais dans lequel ? La Guinness ou le
Jameson ?)
«Ian Morrisson
Reel». Un Reel est une danse traditionnelle écossaise, mais Stivell
va en faire un rock celtique endiablé avec ce morceau qui à l'origine se joue
avec un pipe band, Santangelli et sa batterie
tape comme un beau diable et Dan Ar Bras place ses
solos entre le violon et la cornemuse.
Pascale Stive- René Wermeer- Alan Stivell |
«She Moved Through the Fair» (Elle s’est faufilée
dans la foire) une jolie ballade médiévale Irlandaise. Arpèges de harpes,
bourdon de cornemuse et le chant en font un beau titre.
«Cân y melinydd» (Chant du meunier) Une comptine galloise très folk que
les enfants chantent en dansant dans les
chants de poireaux, qui est par ailleurs l’un des symboles gallois (Avec les plumes d’autruche et
la jonquille)
«Oidhche mhaith» (Bonne nuit) Un traditionnel écossais que Stivell présente ainsi : «Bonne nuit… les petits, place au adultes»
On ouvre
la page bretonne avec «An dro nevez» (Nouvel
an dro) Un an-dro est une danse traditionnelle bretonne
menée par la bombarde et le violon soutenus par la batterie et la guitare
électrique.
«Maro e ma mestrez» (La mort de ma bien-aimée) un gwerz, une complainte bretonne chantée
en grande partie à cappella puis rejointe par l’orgue et une guitare dans le
lointain. L’histoire ? Un homme accablé de chagrin par la mort de celle qu’il
aimait. Peut être un des plus beaux titres de l’album.
«Brezhoneg 'Raok» (En avant la langue bretonne) sans transition on passe à un
rock très électrique écrit par Stivell
lui-même. Un sorte de manifeste pour le renouveau de la langue bretonne : «Sans langue bretonne, pas de Bretagne / Sans langue
bretonne, ne parlons plus de la Bretagne»
«An hini a garan» (Celle que j'aime) traditionnel vannetais. Un thème sur l’émigration
bretonne ou le narrateur déplore l’exil de celle qu’il aime partie travailler
au loin.
«Metig»
Le classique dañs fisel, qui apparaissait
dans le répertoire des sœurs Goadec et encore une fois, un mélange
d’instruments traditionnels et rock.
«Kimiad»
(Adieu) une chanson bretonne sur le
départ des conscrits, la tristesse de quitter son pays natal pour revêtir l’uniforme.
Sur la
pochette un commentaire : «Quand par mégarde, un Breton oublie sa guitare électrique à
la maison, il a toujours la ressource de jouer du biniou, ou de la bombarde.
C'est pas plus mal»
Un bien belle album. Que tous ceux qui partent ou
sont partis en Bretagne cet été ont ou ont eu de la chance, car c’est une région de France
qui a une culture et une histoire que très peu peuvent lui envier.
Vakañsoù laouen (Bonne vacance !)
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