mardi 13 août 2019

ALAN STIVELL: "CHEMIN DE TERRE" (1973) par Pat Slade


Il y a déjà longtemps que je parle de la musique celtique sous toutes ses formes. Pour Alan Stivell, j’avais parlé de son fameux album à l’Olympia de 1972 et je voulais revenir sur sa très nombreuse discographie. Mais quel album prendre ?




Alan Stivell le phare ouest





Oui… quel album prendre ? Au tout début, je voulais me lancer dans la difficulté en prenant la «Symphonie Celtique» sous-titrée «Tir na nOg» (Qui signifie en Gaélique : La terre de l’éternelle jeunesse) de 1979, puis dans la simplicité avec «Reflet» son deuxième album en 1970 et puis j’ai voulu prendre «E Langonned» (A Langonnet, Sa vieille maison de Pierre de Langonnet à Kerlazen Bihan) de 1974, un album que j’aime bien. Et puis en fin de compte, ce sera «Chemin de Terre» son album studio le plus populaire et enregistré juste après son live à l’Olympia et la fin de son époque glabre.

«Chemin de Terre» sera une communion de l’album «Reflet» avec ses racines folk-song celtiques et le live à l’Olympia et sa pop’music, un mixe qui sera l’aboutissement du rock celtique. Il sera enregistré loin de la Bretagne puisque ce sera au château d’Hérouville où le livre d’or des stars qui y ont enregistré vaudrait son pesant de cacahouète auprès des chasseurs d’autographes. 

Son band sera le même qu’avec l’aventure de l’Olympia, Dan Ar Bras et sa guitare, Gabriel Yacoub au Dulcimer et d’autres instruments, René Werneer au violon, Pascal Stive à l’orgue, Marie Yacoub au chœur et le fidèle (et regretté) Michel Santangelli à la batterie.

Sortie en 1973, il est étonnant que son titre change selon les pays. Au Canada et au Royaume-Unis il deviendra «From Celtic Roots» et en Allemagne «Celtic Rock». Cela ne l’empêchera pas de se classer pendant 24 semaines au Top albums et d'occuper la pôle position pendant un mois. Il devient rapidement disque d’or et la revue musicale anglaise Melody Maker le désignera disque de l’année. Les Anglo-saxons aiment la musique du breton, la Babooshka avant-gardiste Kate Bush après avoir entendus le disque par hasard chez son frère est devenue accro à Alan Stivell. Comme dans beaucoup de ses albums, une première partie plutôt traditionnelle avec des airs irlandais, gallois et écossais et une seconde où les chants du terroir breton reprennent le dessus.

«Susy Mac Guire» Un traditionnel irlandais «Siobhàn Ni Dhuibhir» en gaélique qui raconte un chagrin d’amour noyé dans l’alcool (Mais dans lequel ? La Guinness ou le Jameson ?)

«Ian Morrisson Reel». Un Reel est une danse traditionnelle écossaise, mais Stivell va en faire un rock celtique endiablé avec ce morceau qui à l'origine se joue avec un pipe band, Santangelli et sa batterie tape comme un beau diable et Dan Ar Bras place ses solos entre le violon et la cornemuse.

Pascale Stive- René Wermeer- Alan Stivell
«She Moved Through the Fair» (Elle s’est faufilée dans la foire) une jolie ballade médiévale Irlandaise. Arpèges de harpes, bourdon de cornemuse et le chant en font un beau titre.

 «Cân y melinydd» (Chant du meunierUne comptine galloise très folk que les enfants chantent  en dansant dans les chants de poireaux, qui est par ailleurs l’un des symboles gallois (Avec les plumes d’autruche et la jonquille)

«Oidhche mhaith» (Bonne nuit) Un traditionnel écossais que Stivell présente ainsi : «Bonne nuit… les petits, place au adultes»

On ouvre la page bretonne avec «An dro nevez» (Nouvel an dro) Un an-dro est une danse traditionnelle bretonne menée par la bombarde et le violon soutenus par la batterie et la guitare électrique.

«Maro e ma mestrez» (La mort de ma bien-aimée) un gwerz, une complainte bretonne chantée en grande partie à cappella puis rejointe par l’orgue et une guitare dans le lointain. L’histoire ? Un homme accablé de chagrin par la mort de celle qu’il aimait. Peut être un des plus beaux titres de l’album. 

«Brezhoneg 'Raok» (En avant la langue bretonne) sans transition on passe à un rock très électrique écrit par Stivell lui-même. Un sorte de manifeste pour le renouveau de la langue bretonne : «Sans langue bretonne, pas de Bretagne / Sans langue bretonne, ne parlons plus de la Bretagne»

 «An hini a garan» (Celle que j'aime) traditionnel vannetais. Un thème sur l’émigration bretonne ou le narrateur déplore l’exil de celle qu’il aime partie travailler au loin.

«Metig» Le classique dañs fisel, qui apparaissait dans le répertoire des sœurs Goadec et encore une fois, un mélange d’instruments traditionnels et rock.

«Kimiad» (Adieu) une chanson bretonne sur le départ des conscrits, la tristesse de quitter son pays natal pour revêtir l’uniforme. 

Sur la pochette un commentaire : «Quand par mégarde, un Breton oublie sa guitare électrique à la maison, il a toujours la ressource de jouer du biniou, ou de la bombarde. C'est pas plus mal» 

Un bien belle album. Que tous ceux qui partent ou sont partis en Bretagne cet été ont ou ont eu de la chance, car c’est une région de France qui a une culture et une histoire que très peu peuvent lui envier. 

Vakañsoù laouen (Bonne vacance !) 




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