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mercredi 13 août 2025

Terry REID - R.I.P. - [ 13.11.1949 - 04.08.2025 ], by Bruno



   Pour certains, Terry Reid est l'exemple type du gars qui n'a pas su saisir sa chance. Pour d'autres, quasiment un artiste culte ; un trésor caché qu'ils n'ont de cesse de mentionner en soirée pour "briller", ou simplement pour le plaisir de faire découvrir. Mais pour une large majorité, Terry Reid est un parfait inconnu. Ce qui est certain, c'est qu'il était un grand chanteur qui aurait dû rayonner sur la planète rock. Et même au-delà.

     Terry Reid est né un 13 novembre 1949, à Huntingdon, dans le Crambidgeshire. Très tôt, il s’intéresse au milieu artistique et participe même à des concours jusqu’à ce qu’il découvre le Rock’n’Roll dans lequel il va s’investir totalement. Après un premier groupe amateur qu'il intègre à treize ans en tant que chanteur et guitariste (Les Readbeats), il répond favorablement à l’invitation d'un Peter Jay qui, convaincu de son talent, l’encourage à quitter le circuit scolaire pour intégrer son groupe The Jaywalkers. Ainsi, à seulement quinze ans, il part pour Londres et participe en octobre 1966, à la tournée anglaise de Ike & Tina Turner - à laquelle participent également les Rolling Stones. La même année, il tourne avec les Yardbirds. Et en avril 1967, avec les Jaywalkers, il enregistre son premier 45 tours. Déçu par l’absence de succès, le groupe arrête les frais. Toutefois, Reid s’est déjà fait remarquer, et c’est ainsi que John Burgess (producteur pour EMI), sur les conseils avisés de Graham Nash (alors toujours en Angleterre et dans les Hollies), le prend sous son aile. Burgress, plutôt que de chercher à remonter le groupe ou à en créer un autre, préfère le produire en solo. Terry Reid n'a alors pas encore atteint ses dix-huit ans. Dans la foulée, parait son premier 45 tours sous son nom, "The Band Don't Fit the Glove" et "This Time" (que l'on retrouve en bonus sur la réédition de son premier long-player de 1968). Il chauffe les salles pour The Hollies, les Small Faces, les Yardbirds et même le Jefferson Airplane pour sa tournée anglaise de 1968.


   Sa réputation dans le swinging London prend rapidement de l'ampleur. Son énergie, son investissement et sa voix séduisent tant le public que ses pairs. Ainsi, dès que Steve Winwood s'éclipse, le Spencer Davis Group s'empresse de lui proposer la place vacante. Un peu plus tard, c’est Jimmy Page qui vient le solliciter (après avoir essuyé le refus de Steve Marriott, ou plutôt celui de son manager, peu commode, voire menaçant). Mais lié par contrat avec le producteur Mickie Most (The Animals, Donovan, Lulu, Herman's Hermits, Jeff Beck Group, Suzi Quatro - fondateur avec Peter Grant du label Rak Records), il ne peut accepter. En compensation, Reid lui glisse à l'oreille un nom : Robert Plant. Ainsi que celui de John Bonham (le cousin de son propre batteur). "Non seulement Robert est parfait, mais il faut aussi que tu prennes le batteur. C'est un animal". Ces derniers avaient eu à assurer certaines premières parties de ses concerts (fatalement au sein de Band of Joy). C'est Terry en personne qui fit l'intermédiaire, accompagnant Robert et John aux bureaux de RAK Records.

     En 1968, Reid enregistre son premier 33 tours, où figurent quelques reprises. Un des titres, « Friends », devient un hit. Le disque est intéressant et comporte déjà quelques belles pièces. En l'occurrence, "Tinker Taylor", "Writing of the Wall", "When You Get Home", "Without Expression" aux doux parfums brésiliens, "Sweater" qui pourrait faire la fusion des Small Faces avec Gilberto Gil (musicien qu'il hébergera plus tard) et la cover de "Somethings Gotten Hold of my Heart" et celle de Donovan (la première, d'autres vont suivre) "Season of the Witch". On y découvre un musicien précoce à la voix chaude et sauvage, qui s'éraille lorsqu'il hausse le ton, paraissant fragile, prête à la fêlure et faisant pourtant preuve de puissance. Ce premier essai sort sous le titre de "Bang, bang, you're Terry Reid" ; un clin d’œil à la reprise de Sonny & Cher, "Bang Bang (My baby shot me down)" placée en ouverture pour séduire l'auditeur, bien que cette chanson ne soit pas compatible avec le style développé par Reid.  

    Étrangement, le disque ne sort qu'aux USA. L'Angleterre n'a que les singles à se mettre sous la dent. Cependant, à cause de quelques chansons souffrant d'un manque de maturité et d'une direction musicale incertaine, l'ensemble n'est guère homogène.

     En 1969, c’est au tour de Ritchie Blackmore, qui aurait bien aimé le voir prendre la place de Rod Evans, et faire sa demande. Malheureusement, toujours lié à Most par contrat, il ne peut accepter. De plus, sa carrière commence à prendre une sérieuse tournure et il a espoir de pouvoir tracer sa route seul. Quelques mois plus tôt (en 1968), invité par Clapton, il tourne avec Cream et Aretha Franklin, après un déplacement à Londres, juge qu’il n’y a que trois choses qui s'y passent : les Beatles, les Rolling Stones et Terry Reid. Fabuleux compliment qui restera dans les annales, et beau coup de promotion gratuite.

     Enfin, il enregistre son deuxième opus, tout simplement baptisé : « Terry Reid ». C’est un manifeste. Un disque rare, frôlant la perfection, qui a bien des allures d’un Best-Of. Bien qu’oublié de nos jours, il fait partie des incontournables, et pas des moindres, de cette année magique 69, qui en compte pourtant pléthore. Terry y est majestueux, chantant comme si sa vie en dépendait, comme un félin en cage manifestant son incrédulité face à l'injustice des hommes, laissant exploser toute sa rage pour ne pas sombrer dans la folie. Terry laisse vivre son style, là où l'instant présent a plus de valeur que le respect stricto sensu d'une chanson, d'une partition. Chez Terry, bien souvent, il y a une trame, et ensuite tout ce qui se passe autour. Changement sensible ou modéré suivant les humeurs. Ce qu'attestent les témoignages live où il y est rare de retrouver une même et identique interprétation. Terry se laissant souvent porter par l'impulsion de la pièce. C'est aussi la raison pour laquelle il a cette capacité de se réapproprier les chansons d'autrui. Comme ce sublime "Superlungs my Supergirl" qui éclipse totalement l'originale de Donovan.


    Certes, ce disque n’est pas parfait. Il y surnage un léger parfum de production artisanale, qui peut engendrer de la critique de la part de certains. L’ambiance générale est live, avec ce que cela implique. Notamment ici, des instruments parfois placés un chouia en avant (en l’occurrence l’orgue, qui aurait gagné à être plus en retrait et a tempérer les fréquences aiguës), avec la voix et la guitare qui dérapent, ou faillissent, au détour d’une reprise. Mais bon sang, c’est aussi ça le Rock, non ? Une bonne tranche de spontanéité et d’engagement, avec les risques que cela implique.

     Ce disque aurait dû en toute logique propulser Terry Reid sous les feux de la rampe, et lui permettre y rester. Après avoir formé un groupe avec un jeune David Lindley (guitare, slide et violon), Mike Giles (ex-King Crimson) et en gardant Lee Miles à la basse (fidèle lieutenant jusqu'à la fin des années 70), Reid fait une tournée aux USA derrière les Stones pour finir par le festival de l'île de Wight, où la prestation est enregistrée et éditée bien des années plus tard (en 2004) sous le titre « Silver White Light ». Bien que souffrant qu'une captation « festival », on y découvre un musicien bien entouré en pleine maîtrise de son art, avec une musique en mutation perpétuelle, puisant son inspiration autant dans la Soul que le Rock, la country et même la musique brésilienne. Si évidemment l'album éponyme y est majoritairement représenté, Terry glisse quelques titres de son prochain album. Dont le formidable « Dean ». Terry s'y révèle du même feu que Steve Marriott. L'absence d'un album live de cette époque enregistré dans de bonnes conditions est une profonde tristesse.

     Malheureusement, Mickie Most veut le diriger, le restreindre au registre des ballades. Ce que Terry refuse. Il se brouille définitivement avec son manager et s'expatrie en Californie pour échapper à sa pression constante. Il s'y terre pendant près de trois années, juste le temps que le contrat le liant au castrateur Most arrive à échéance.

     Un silence trop long. Les disques suivants, en raison d'un management inexistant, d'une promotion proche du néant et d'une distribution digne d'un import russe ou péruvien, frôleront l'anonymat. Même si "River" (1973) jouira d'un engouement de la part de la presse (encore fallait-il pouvoir le trouver). Néanmoins, même si l'album est généralement bien accueilli par la presse, le public ne suit pas, car c'en était fini du Terry Reid fougueux – à l'exception de « Dean ». Les années de réclusion l'ont rendu plus introverti, ce qui a une nette répercussion sur ses nouvelles compositions. L'influence de Gilberto Gil sur « River » et « Milestones » n'est pas du goût de tous. Cependant, au fil des ans, ce troisième album va être réhabilité, jusqu'à parfois être considéré comme son meilleur.

     Ce n'est que trois années plus tard, en 1976, que sort « Seed Of Memory ». Un album plus californien, plus boisé, plus acoustique encore. Assez proche de Crosby, Stills, Nash & Young ou de James Taylor. Le dernier morceau, le beau « Fooling You » tâte avec classe du smooth jazz. Oublié, l'album connait un regain d'intérêt grâce à Rob Zombie qui y pioche trois morceaux pour son film de 2005, « Devil's Rejects ».


   Terry finit la décennie avec un dernier album (en 1978), « Rogues Waves », qui renoue avec des sonorités électriques. Ainsi qu'à nouveau, retrouve le goût de reprendre des chansons pour les faire siennes. Comme avec les deux classiques « Baby I Love You » des Ronettes et « Then I Kissed Her » des Crystals (tous deux composés par Phil Spector, Greenwich et Barry) quasi méconnaissables, dont la teneur soul-rock n'aurait pas dépareillé sur l'album éponyme. En dépit de son apparente sophistication (toute relative), l'album est enregistré live, en deux jours seulement. Peut-être la raison pour laquelle il est le seul (des années 60-70) à n'avoir pas bénéficié d'une juste remasterisation (1). L'album est pourtant magnifique, brassant avec aisance la soul, le rock et le funk. A nouveau, Terry rugit, s'emporte, se laisse captiver, hypnotiser par l'électricité. Pour le final, il transforme la gentille chanson pop des Everly Brothers, « All I Have to do is Dream » en une émouvante ballade acoustique. La magie de Terry.

     « Rogues Waves » aurait dû faire un tabac. Hélas, au moment de sa sortie, Capitol records fusionne avec EMI, mettant alors en stand-by toutes les promotions.

     Lassé, Terry se retire, et se contente, occasionnellement, de travailler en studio pour d'autres (dont Bonnie Raitt et Don Henley). Jusqu'en 1991 où on le fait sortir de sa tanière pour un album assez surproduit, « Driver », où on a de la peine à le reconnaître. Après ce dernier effort, il n'essaye plus d'enregistrer quoi que ce soit, se satisfaisant de pouvoir jouer occasionnellement, généralement devant un public certes restreint, mais conquis d'avance.

     L'homme ne s'estimait pas malheureux ou guignard (sinon pour l'affaire « Rogue Wave »), n'ayant même pas de (ou plus de) rancune particulière envers Mickie Most, qui a pourtant stoppé net l'envol de sa carrière. Non, simplement, modestement, il s'estimait chanceux d'avoir pu sortir des disques, de pouvoir encore jouer devant un public réceptif, que des musiciens reconnus internationalement se rendent à ses concerts où l'invitent à jouer avec eux. [à ce titre on peut mentionner ses amis Robert Plant, Graham Nash et Jackson Brown, ainsi que Keith Richards, Joe Perry, Spike, Bonamassa, Mick Taylor, Jared James Nichols]. Il donna d'ailleurs des concerts jusqu'en 2024, à soixante-quatorze ans (hélas, sa voix avait subi les affres du temps).

     Terry Reid était comme une synthèse de Steve Marriott, de Robert Plant, de Paul Rodgers et de Rod Stewart. Pourtant, malgré un départ fracassant, chargé d'espérance, il n'a pas eu droit au cinquième de leur succès. Loin de là. Cela ne l'a pas empêché d'être heureux. Malheureusement, ses années de cigarettes et d'apéro ont fini par avoir raison de sa santé. Le lundi 4 août 2025, il décède d'un cancer.

     On dit que l'homme a influencé des groupes et artistes divers, dont les plus connus sont Cheap-Trick (en particulier Robin Zander), The Black-Crowes, Aerosmith, et même Keith Richards et Rob Zombie. Même Joe Bonamassa le considérait comme l'un des plus grands.


Terry REID - 13.11.1949 - 04.08.2025


(2) Celle existante date de 1992, en AAD. Pas dit que l'édition CD encore (difficilement) disponible soit aussi bonne que l'originale en vinyle, de 1978.

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Autre article / Terry REID (lien) 👉  " Terry Reid " 1969 (album éponyme) 

mercredi 30 juillet 2025

John Michael "OZZY" OSBOURNE - R.I.P. - 3.12.1948 / 22.07.2025

 


     Les musiciens, les artistes, ne prennent jamais vraiment leur retraite. Jusqu'au bout, tant que leur santé le leur permet, ils continuent, bon an mal an, à se produire, à exercer leur art. Ainsi, combien de musiciens n'ont finalement accepté de se ranger qu'après une grave défaillance sur scène. Pour sa part, Ozzy, sentant sa fin arriver, a puisé dans ses ultimes forces pour un dernier concert. A la maison, là où tout a commencé, à Birmingham. Le 5 juillet dernier, pour une prestation qui aurait pu être triste, en le voyant ainsi ceinturé, engoncé dans cet immense trône rococo, s'il n'y avait pas eu tous ces invités, franchement heureux d'être de la partie, pour rendre un hommage à ce sympathique et auto-proclamé "prince des ténèbres". En dépit d'une inquiétude aliénante à cause d'une fin qu'il craignait/savait être proche, et de sa grande faiblesse, derrière le masque de la maladie, en ce 5 juillet 2025, qui restera probablement longtemps dans les annales, le visage d'Ozzy rayonnait. Pour ce dernier acte, la foule était nombreuse ; plus de 40 000 personnes venant acclamer avec véhémence Black Sabbath et Ozzy lui-même - tandis que, diffusé en streaming, il y aurait eu cinq millions de connexions payantes (1). Lui, dyslexique, insignifiant petit délinquant d'Aston sans avenir, était devenu une célébrité internationale, dont la notoriété dépassait même le cadre de la sphère musicale. Plus célèbre même que ses amis musiciens sans qui il aurait probablement végété à Birmingham, avant de se ranger. Ou de mal finir.

     Mais qui, dans les années soixante, aurait parié un penny sur ce pauvre hère à la mine déconfite, attifé comme un clodo ? 

     D'après la légende, certainement pas Terrence "Geezer" Butler qui fut bien surpris de voir ce copain d'enfance sur le palier de la porte de la modeste demeure de ses parents ; planté là, pieds nus (ou mal chaussé), pour répondre à son annonce. C'est-à-dire postuler au poste de chanteur d'un groupe en devenir (des versions annoncent l'inverse - en fait, Butler s'était effectivement pointé en premier, devant la porte de son logement, mais Ozzy n'y était pas)


   Rien ne disposait ce petit gars d'Aston, (vieux quartier historique de Birmingham), a accéder à une notoriété internationale, encore moins à la fortune. Lui qui avait dû quitter le lycée précocement, à 15 ans, dans l'espoir de gagner un modeste pécule et surtout d'aider une famille peinant à joindre les deux bouts. Lui qui, par désespoir et défaitisme, finit par se laisser entraîner dans de petits larcins. Lui qui, n'ayant pas vraiment l'étoffe d'un voleur, finit par écoper de quelques brefs séjours à l'ombre - où il réalise son premier tatouage : le fameux Ozzy sur les phalanges de sa main gauche.

    Peut-être que sans ces déboires, ses parents, connaissant sa passion pour la musique, ne se seraient pas endettés pour offrir à leur cadet un micro et un ampli ; probablement pour le détourner de certaines fréquentations et de la mauvaise pente prise.

     Tony Iommi lui-même n'aurait pas parié sur ce gamin qui fut un instant, l'un de ses souffre-douleurs, jusqu'à ce qu'il voit régulièrement ses prestations en compagnie de Butler. 

     Plus tard, il fut un sujet de moqueries et d'opprobre de la part de critiques qui semblaient jubiler à assassiner ainsi le pauvre Ozzy, et le groupe avec lequel il chantait. Mais cela ne semblait pas l'affecter le moins du monde. Ces mots ne pouvaient entamer la joie qu'il éprouvait d'être au sein de ce groupe. Plus qu'un groupe : une bande de potes. Impossible d'entamer son bonheur à monter sur scène, à s'enivrer de la ferveur d'un public gonflant au fil des mois, des années. En dépit d'une grande timidité, se produire devant un public était vite devenu une source de satisfaction, de plénitude. Moment exclusif où il pouvait librement se défouler, laisser libre cours à sa douce folie, extérioriser des années de frustration.

     Evidemment, Ozzy, c'est une voix. Une voix reconnaissable entre mille. Qu'on aime ou pas, il se singularise par un timbre convenant parfaitement au heavy sombre de Black Sabbath. Plutôt que de s'époumoner, d'abraser ses cordes vocales, de hurler (bark), à la manière d'un Ian Gillan, mister Ozzy se contente de chanter - de temps à autres de déclamer - avec une certaine force, en essayant de coller au tempo et/ou aux riffs imposés par Iommi ou Geezer. Son chant clair, un peu dans des aigües un brin veloutés, jamais perçants, et sa tonalité plaintive, parfois même geignarde, tranchent avec une orchestration s'épanouissant dans les tonalités graves. Il compense ses limites par une implication totale, généralement comme s'il était lui-même le sujet de la chanson, souvent comme s'il était pris aux tripes par les propos. Surtout lorsqu'on évoque la folie, ou tout ce qui en découle... Quant aux sujets ténébreux, il parvient à leur donner de la consistance, de la dramaturgie, toutefois sans tomber dans le pathos. Comme si, naturellement, il gardait un second degré (so british), voire une "pellicule kitch", le mettant à l'écart des pseudos mages et autres farfelus se prenant trop au sérieux. 


   Seulement quelques mois avant la sortie du premier album, Ozzy, tout comme ses amis, tous issus du prolétariat de Birmingham, d'Aston, n'auraient jamais cru qu'il était possible de gagner autant d'argent. Après une enfance et une adolescence quasi miséreuses, avoir soudainement accès à tant de facilités, a de quoi griller bien des fusibles. Et encore, le flux monétaire aurait pu être nettement plus conséquent sans ce manager véreux (ces derniers, dans le genre, étaient assez nombreux à l'époque, voire majoritaires). 

     Malgré une presse peu amène, les succès s'enchaînent, et les ventes s'affolent, croissent pendant trois ans, et cinq albums sont produits. Mais même aux pires moments, soit pour les deux derniers, "Technical Ectasy" et "Never Say Die", son groupe demeure un gros vendeur.

    Hélas, cette abondance et la notoriété brouillent les sens, et tous finissent par plonger dans la dope. Mais si Butler et Iommi parviennent à se ressaisir suffisamment pour assurer séances studios et tournées, il en est tout autre pour Ozzy. Excessif, il ne s'impose aucune limite, perdant rapidement le sens des priorités. Alcoolique et camé, il finit par tout perdre. Son épouse le met à la porte, avec ses affaires. Une douche froide, qui l'incite à s'enfoncer un peu plus dans les excès. Au détriment de la pérennité du groupe qui, pour sauver le vaisseau avant le naufrage, lui signifie qu'en l'état, il n'est plus le bienvenu. Qu'il va être remplacé. Il y avait eu pourtant des avertissements, et quand il quitta lui-même subitement le groupe en 1977 pour divergences musicales (il n'avait pas trop apprécié l'importance - toute relative - des claviers sur "Technical Ectasy"), il fut rapidement remplacé. Mais comme l'enfant qu'il n'a jamais cessé d'être, il revint tranquillement, certain que ses amis n'attendaient que lui. Que jamais ils ne pourraient lui refuser sa place. Pourtant, depuis quelques temps déjà, les liens d'amitié s'effritaient ; il était sur la sellette. Entre son refus catégorique de chanter sur certains morceaux ou d'envisager de dévier un tant soit peu de la direction musicale du groupe, il allait parfois jusqu'à gâcher un concert parce que défoncé ; il n'avait plus toutes ses capacités - et sa mémoire. [ Dont ce jour mémorable où, après avoir sifflé une bouteille de "Night Nurse", un sirop pour la toux connu pour être riche en opiacés (sujet d'un épisode de South Park), il se trompe de chambre d'hôtel, y dort et pionce pendant 24 heures ; alors que le groupe et le staff le cherchent dans toute la ville de Nashville pour le concert du soir. Annulé à la dernière minute pour cause de chanteur volatilisé ]

     Jusqu'à ce jour fatidique du 27 avril 1979, où on lui annonça qu'il ne faisait plus partie du groupe. S'enfonçant alors encore plus dans la déprime, il s'enferma dans une chambre d'hôtel pour ne plus en sortir pendant des mois (sinon dans l'hôtel). Cela aurait dû être sa fin, et on aurait pu ne plus jamais entendre parler de lui, sinon pour l'annonce de son décès - de cause non naturelle. Mais là encore, comme si une bonne étoile ou un ange gardien veillaient sur lui, un autre évènement allait lui permettre, contre toute attente, de s'en sortir grâce à une rencontre déterminante. Celle de miss Sharon Arden, la fille du nouveau manager de Black Sabbath. Sur les consignes de son père, cette dernière était partie le chercher dans l'espoir de le faire réintégrer Black Sabbath - alors que c'est elle-même qui présenta Ronnie James Dio au groupe


   Emue par le dénuement et le désespoir d'Ozzy, le voyant ainsi misérable dans une chambre répugnante au milieu d'immondices constitués de bouteilles d'alcool, de boîtes de pizza et de fast-food vides, elle 
s'investit corps et âme pour l'extirper de sa misère. [ La chanson auto-biographique "Under The Graveyard", sur l'album "Ordinary Man", raconte un peu cette histoire. Le clip ne fait pas mystère de son état de délabrement d'alors et rend un sincère hommage à Sharon ]. C'est quasiment un nouveau conte de fées pour Ozzy le chanceux, qui trouve en Sharon non seulement une terrible femme d'affaires, une manageuse aux crocs et griffes acérés, mais aussi une amante dévouée. Avec qui il se maria (après des mois d'adultère et un divorce) et fonda une famille qui, en dépit des nombreuses frasques du père Ozzy, restera unie jusqu'à la fin de ses jours. Pour bien des raisons, Sharon Arden a été critiquée, notamment par des musiciens qui prétendent avoir été floués sur les droits d'auteurs (dont Bob Daisley et Lee Kerslake qui eurent recours à une action en justice), mais sans elle, il est fort probable qu'Ozzy n'aurait pas fait long feu.

     Soutenu par la main ferme de son épouse, Ozzy va réaliser une carrière solo des plus enviables, parvenant à faire plus que de l'ombre à son ancien groupe - aidé parfois par quelques coups tordus de la mère Sharon, qui ne s'est pas privée de leur mettre des bâtons dans les roues lors de leurs tournées américaines - avec des albums qui, bien que peinant à rivaliser avec n'importe quel album du Sabbath des années 70, sont systématiquement couronnés de succès. Treize albums s'étalant de 1980 à 2022, affichant tous des ventes à faire pâlir de jalousie bon nombre de ses pairs. Ozzy va écouler des millions d'albums, en particulier aux USA où il va accumuler les disques de platine. Actuellement, seul son album de reprises, "Under Cover", est un échec commercial partiel.

     Ses frasques participent à sa notoriété et lui offrent une telle publicité opportuniste qu'on peut se demander si, finalement, ce n'était pas qu'un coup de marketing monté de toutes pièces (ou presque). Comme la fameuse histoire de la colombe décapitée d'un coup de dent à la signature du contrat avec la nouvelle maison de disques. En effet, quelle est l'utilité d'un lacher de colombes dans un bureau (bonjour les fientes)? Et comment Sharon s'y serait-elle prise pour rappliquer avec une cage de volatiles sans que cela ne dérange personne ? avec en sus, la présence d'un photographe n'attendant que ça. Ou encore celle de la chauve-souris qui a eu le même sort, cette fois-ci sur scène. C'est certain que c'est une habitude des spectateurs de se présenter avec une bestiole sous sédatif, et d'arriver avec devant la scène. Admettons... Etrangler Sharon sous l'effet conjugué de la drogue et de l'alcool ? Probable. Uriner sur une ruine de fort Alamo ? Certainement puisqu'en représailles, il fut interdit un certain temps de la moindre prestation dans le comté. Sniffer des fourmis ? Vraisemblablement puisque l'information n'a été relayée que bien des années plus tard par les membres de Mötley Crüe qui ne s'en sont toujours pas remis. Sacré Ozzy qui avait débuté très tôt, dès l'école primaire, sa "carrière" de pitre, de farceur. Ce qui lui valu son célébrissime surnom.


   Evidemment, Ozzy n'aurait jamais pu avoir une telle carrière qui a fait de lui un des rockers parmi les plus fortunés, sans l'appui de musiciens d'exception. Outre évidemment Black Sabbath, qui a fortement participé à ériger un nouveau genre, Ozzy a toujours su s'entourer de musiciens aptes à lui apporter quelque chose, lui servant à asseoir ou relancer sa carrière. Par leur prestance scénique et par leur don de compositeur. En particulier le jeune Randy Rhoads, sur les deux premiers disques, qu'il considérait comme un fils et dont le tragique accident fut une profonde blessure jamais totalement cicatrisée. Ainsi que Zakk Wylde, dont une relative ressemblance avec Rhoads incita le couple Osbourne à l'engager. Wylde avec qui il tissa aussi des relations étroites, en en faisant pratiquement un membre de la famille (Ozzy est le parrain de son deuxième fils). Après Iommi, c'est le guitariste avec lequel Ozzy a le plus enregistré (incluant son deuxième plus gros succès avec l'album "No More Tears", quadruple album de platine, plus de 4 millions d'albums écoulés aux USA et plus de sept ans dans les charts), et le plus tourné. 

     On remarquera qu'en dépit de choix discutables de son épouse, qui ont généré parfois consternation et conflits, la plupart des musiciens qui jouèrent avec Ozzy, gardèrent une certaine sympathie envers sa personne. Probablement parce qu'Ozzy garda toujours en lui cette simplicité et une certaine innocence dans les relations, à l'opposé de la rock star hautaine et égocentrique. Peut-être aussi parce que sur scène, il ne muselait pas les musiciens (à condition de rester dans le cadre de la chanson), les laissant s'exprimer (musicalement et physiquement) lors des parties instrumentales. Un spectacle ne se fait pas seul. (par contre, le pauvre claviériste, lui, demeure dans le noir, au mieux à l'écart - à l'exception peut-être d'Adam Wakeman,  fils de son vieil ami, l'ex-Yes Rick Wakeman). Ainsi, pour ce dernier concert du 5 juillet, on a pu voir Jack E. Lee, l'ancien acolyte des années 1983 à 1987, qui n'avait plus revu Ozzy depuis que Sharon lui avait annoncé son licenciement par téléphone. Lee qui, estimant qu'il n'avait pas été crédité pour son travail de compositeur, refusa de travailler sur "Ultimate Sin" tant qu'il n'aurait pas un contrat en bonne due et forme... 😁. Quelques jours avant son décès, Ozzy, souhaitant renouer des relations d'amitié, l'avait contacté.

   


  
En dépit de parenthèses forcées - licenciement de Black Sabbath, diverses cure de désintoxication, maladies -, Ozzy Osbournes est l'un des rares chanteurs de Heavy-metal et/ou hard-rock (Ozzy, lui, préfère simplement l'appellation heavy-rock) à avoir maintenu une popularité quasi constante sur plusieurs décennies, gagnant même en reconnaissance au fil des ans - la reconnaissance tardive de Black Sabbath comme l'un des fondateurs du Heavy-metal, et comme une influence majeure revendiquée par de nombreux groupes n'y sont pas étrangers. Pour ce faire, des albums plus ou moins espacés pour ne pas saturer, et qui ne dévient que légèrement de direction (avec quelques redites récurrentes), quelques hits appuyés par des clips travaillés, des changements de personnel pour maintenir du sang frais, et surtout une constance dans les prestations où Ozzy s'est toujours livré à fond. 

     Une popularité qui prit une nouvelle ampleur, lorsque le couple Osbourne, blessé dans leur amour propre lorsque le festival Lollapalooza (créé par Perry Farrell de Jane's Addiction) leur refuse catégoriquement toute participation, monte le Ozzfest. Un festival dédié au Heavy-metal et consorts qui, à la suite d'un succès retentissant, va devenir itinérant jusqu'à traverser l'Atlantique pour la première fois en 2001. La présence de "jeunes" groupes attire ainsi une foule qui découvre - ou redécouvre - Ozzy

     Maligne, la mère Sharon qui ne compte pas réduire un train de vie luxueux, a la bonne idée de faire participer la petite famille à un show de télé-réalité : "The Osbourne". Un truc douteux d'une vingtaine de minutes, peu reluisant pour un Ozzy visiblement diminué, ayant du mal à aligner deux mots (sans une grossièreté) et deux pas sans vaciller, qui dura tout de même quatre saisons pour un total de 52 épisodes. Une émission qui déplait généralement à ses proches, ses pairs musiciens et son public. Néanmoins, elle a le mérite de faire connaître Ozzy à un large public, qui découvre alors que ce "prince des Ténèbres" n'a rien d'effrayant. Qu'il serait même plutôt sympathique, et surtout, foncièrement humain. Mais Ozzy avait déjà été placé devant une caméra des années auparavant. Dès 1986, avec "Trick or Treat" où il joue le rôle d'un révérend poursuivant une croisade contre les méfaits du Rock, la musique du diable, sur la jeunesse. Dans "Little Nicky" (1999), jouant son propre rôle, il sauve le monde en dévorant un ponte de l'Enfer transformé en chauve-souris.

     Malgré ses défauts, ses limites, ses bévues, Ozzy Osbourne a gagné la sympathie de bien des gens, même celle de ceux pas spécialement sensibles à sa musique. Pour une fois, il semblerait qu'aucun journal, qu'aucun média, n'ait fait l'impasse sur sa disparition. Et de nombreux hommages surgissent de toute part. Jusqu'à cet orchestre classique, à la gare de Birmingham, qui, le 23 juillet, a rejoué "Black Sabbath". 

     Qui, dans les années soixante, aurait parié un penny sur ce pauvre hère à la mine déconfite, attifé comme un clodo ? Cet homme qui a été honoré de divers prix (dont le "Living Legend" du Classic Rock'n'Roll of Honour Awards, un Grammy Award, prix "Godlike Genius" du NME Awards de Londres, un pour ses mémoires), intronisé au Rock and Roll Hall of Fame (avec Black Sabbath), qui a collectionné disques d'argent, d'or et de platine, et a son étoile sur le "Hollywood Walk of Fame" de Los Angeles et une seconde sur le "Walk of Stars" de Birmingham.

     Aujourd'hui, ce mercredi 30 juillet 2025, mister John Michael Osbournes est enterré à la maison, à Birmingham. Après une cérémonie privée, un cortège funèbre public doit traverser le centre ville, Aston ; là, où tout a commencé. Evidemment, le cortège passera par le pont et le banc dédiés au groupe Black Sabbath, déjà envahis de fleurs et de divers messages et objets laissés en hommage. Les boulevards, avenues et rues sont déjà noirs de monde. Une belle revanche, mister John Michael "Ozzy" Osbournes.


(1) A ce jour, ce serait le concert caritatif le plus rentable.


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💥 Articles / Black Sabbath (liens) : 👉   "Seventh Star" (1986)  👉 Sabbath Bloody Sabbath " (1973)  👉  " The Eternal Idol " (1987)

💥 Articles / Ozzy Osbournes (liens) : 👉 " Down to Earth " (2001) 👉 " God Bless Ozzy Osbourne " DVD (2012) 👉 " Scream " (2010)

lundi 28 juillet 2025

R.I.P. – Le maestro Roger NORRINGTON nous a quittés à 91 ans – Hommage par Claude Toon


- Il y a beaucoup de décès cette année Claude dans monde classique : Alfred Brendel le pianiste, John Nelson le maestro, d'autres moins connus…

- Oui, heureusement des artistes aux grands âges, John Norrington était de la génération de Nikolaus Harnoncourt et comme lui avait révolutionné l'interprétation de la musique baroque, classique et romantique par à un retour à des effectifs réduits d'instruments d'époque…

- Tu avais consacré une chronique commentant la deuxième symphonie de Beethoven sous sa direction…

- Exact, voici quelques repères sur l'homme et surtout de nombreux bijoux musicaux extraits de son immense discographie.


Roger Norrington en 1968
 

Nikolaus Harnoncourt (Clic) avait vu le jour en 1929 à Berlin. Je lui avais rendu hommage lors de sa disparition en 2016. Son alter ego anglais Roger Norrington naît en 1934 à Oxford. En Angleterre, aimer la musique est une affaire sérieuse. Il étudie au Royal College of Music situé dans le quartier de Kensington (Londres). Son professeur de direction ne sera rien d'autre que Sir Adrian Boult (1889-1983), l'un des chefs les plus renommés de la perfide Albion, abordant tous les genres de musiques et défendant bec et ongles la musique de son pays. Ce maître avait une grande affinité avec le disque, il y a trois chroniques concernant ses enregistrements. Il transmettra cette passion à son élève

Parallèlement à cette formation de maestro solide, Roger Norrington apprend le violon. Mais c'est comme Ténor qu'il débutera sa carrière. Comme son confrère germanique et quelques années plus tard, son benjamin d'une dizaine d'années british, John Eliot-Gardiner, il s'intéresse au retour de l'usage des instruments des époques passées (flûtes en bois, cors sans pistons, cordes avec boyaux), initiative destinée à redonner au répertoire classique symphonique, les couleurs acidulées et légères historiques et surtout, en réduisant les effectifs orchestraux hérités du romantismes, obtenant ainsi une belle fluidité et transparence dans le flot musical…

Roger Norrington interprétera toute sa vie, soit avec les grands orchestres planétaires modernes, soit avec des ensembles créés dans le style ancien. En 1978, il fonde l'ensemble London Classical Players qu'il dirige jusqu'en 1997. Ses captations avec cet orchestre sont innombrables. Nous allons écouter divers bijoux de la discographie. En 1997, il est nommé à la direction de la Camerata Academica de Salzbourg qu'il fait évoluer vers le jeu "à l'ancienne "et dirige jusqu'en 2007. Il conduit régulièrement l'Orchestre du Siècle des Lumières.

De 2011 à 2016, il est chef principal de l’Orchestre de chambre de Zurich, et, à partir de 2012, accepte à 78 ans d'assumer le poste de premier chef invité de l'Orchestre de chambre de Paris (source Wikipédia) et pour tenter d'être exhaustif, il a la responsabilité entre 1998 et 2011 de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart (SWR).

 

En 1990, un cancer cérébral lui est diagnostiqué. Il subit deux lourdes interventions et les médecins ne lui cachent pas que son espérance de survie est très limitée. "Ils me donnaient un an, un an et demi". Sa vision devenue déficiente, il doit apprendre les partitions par cœur… À ces médecins pessimistes (surement très compétents), le destin donnera tort ; Roger Norrington survivra 35 ans avec une existence créative pour le moins active. Un miracle ?


Roger Norrington cherchera à révolutionner l'esprit des interprétations des grandes œuvres des époques classiques et romantiques : moins nécessairement les modernes bien entendu. Interprète novateur de Beethoven ou de Berlioz, il disait : "Nous voulions montrer que Berlioz et Tchaïkovski ne sont ni épais, ni dégoulinants, ni tapageurs, mais romantiques. C'est-à-dire sincères et enflammés". Ses deux intégrales des symphonies de Beethoven, l'une "d'époque" avec le London Classical Players l'autre avec l'orchestre de la SWR jouant sur instruments modernes procèdent de la même approche ciselée et ardente. Une vidéo filmée en live l'avant-dernière année de sa carrière, en 2020, montre parfaitement l'application de ces options. Nous sommes dans la salle du Glasgow Royal Concert Hall, la disposition du Royal Scottish National Orchestra, bel orchestre écossais, voit un groupe modeste des cordes entouré par un demi-cercle des bois, cuivres à pistons, contrebasse et la paire de timbales. L'ensemble sonne aéré, chaque bois n'a pas son rôle étouffé par la masse des cordes comme on l'entendait à Berlin à l'époque Karajan. Toute comparaison serait stupide : d'un coté un jeu concertant et fougueux, de l'autre un romantisme imposant … Deux visions exemplaires, et il y en a beaucoup d'autres dans ce répertoire.

Roger Norrington aimait les tempi vifs animant ses exécutions (exemple la 87ème de Haydn) et recourait le moins possible au legato et rubato sirupeux…

 

Assez parlé. Voici un programme reflétant au mieux l'art de Norrington. Un lien permet de consulter les œuvres dont la plupart ont été commentées dans le blog. Les chefs retenus pour ces chroniques sont mentionnés.


   Haydn : Symphonie parisienne N°87 (ClicAntal Dorati)

   Ouvertures romantiques :

o   Weber : Oberon

o   Mendelssohn : The Hebrides, Op. 26 (Grotte de Fingal) (Clic Claudio Abbado)

o   Berlioz : Les Francs-Juges, Op. 3

o   Schumann : Genoveva, Op. 81 (ClicLeonard Bernstein)

o   Schubert : Rosamunde, Op. 26, D. 797:

o   Wagner : Le vaisseau fantôme (ClicOtto Klemperer)

   Schumann : Symphonie N° 3 "Rhénane" et N° 4 (Clic & Clic – par Wolfgang Sawallisch (3) et George Szell (4).

   Concert de Glasgow de 2020 : Prélude à l'après-midi d'un Faune de Debussy (Clic - Mravinky vs Bernstein) et Symphonie N°3 "héroïque" de Beethoven. (ClicGustavo Dudamel)


Écoute au casque ou avec des enceintes additionnelles plus que conseillée.

Le son des PC, sauf exception, est vraiment une injure à la musique…


INFO : Pour les vidéos ci-dessous, sous réserve d'une écoute directement sur la page web de la chronique… la lecture a lieu en continu sans publicité 😃 Cool.