mercredi 31 octobre 2012

BLACK SABBATH "Seventh Star"(1986) - par Bruno



     Tiens, demain c'est la Toussaint, et ce soir Halloween. Ben alors j'ai pensé qu'un p'tit Black Sabbath serait p'être approprié ; plutôt qu'une chronique sur Miki Minaj. Quoique... en y réfléchissant bien, quitte à choisir ce qui pourrait le plus inspirer le folklore morbide, des photos de la « Barbie Bitch » (non, je n'insulte personne, ce sont ses propres mots... oui, elle parle aussi) seraient bien plus terrifiantes que le Sab' ; toutes périodes confondues (même les bruitages de « Born Again » digne d'un film d'horreur trash de série B ne feraient guère le poids).


     En 1986, Tony Iommi, le roi du riff sombre et lourd, l'artisan du Triton (a), en a marre de Black Sabbath, et veut passer à autre chose. Après une absence discographique de quatre ans (le précédent disque, « Born Again » réalisé avec Ian Gillan,date 1982), Tony veut passer à autre chose. Pour cela, il forme un groupe neuf, sans Geezer Butler, sans Bill Ward, Vinnie Appice, Ronnie James Dio, Ian Gillan, encore moins Ozzy. Non, rien que du matos neuf. Iommi embauche alors la section 
rythmique de sa future ex-compagne, la jolie Lita Ford (ex-Runaway). C'est donc Dave « the Beast » Spitz à la basse (futur White Lion, Impelliteri, Great White), et Eric Singer à la batterie (futur Badlands, Alice Cooper, The Cult, Brian May, Gilby Clarke, Gary Moore, Kuni, Kiss, Avantasia, Michael Schenker). Plus Geoff Nichols aux claviers que l'on retrouvait déjà sur « Heaven & Hell ».
   Mais la surprise vient du chanteur. En effet, Tony a arrêté son choix sur Glenn Hughes (ex-Trapeze, Deep-Purple et Hughes & Thrall). Choix un peu étonnant dans le sens où, bien que Glenn soit un chanteur éclectique, ayant tâté du Heavy-rock, du Funk-rock plombé, du Blues-rock, du Hard-FM, d'un Rock ouvragé et raffiné, et même de la Blue-eyed Soul, il n'avait jusqu'alors, jamais approché une terre de riffs aussi lourds et ténébreux, et un univers aussi sombre. A noter que Glenn ne joue pas ici une seule note de basse.

     Initialement conçu pour être le back band de la carrière (ou de la parenthèse) solo de Iommi, le groupe sera tout de même rebaptisé..... Black Sabbath. En fait, il y a une polémique autour de cet album ; selon une hypothèse, il s'agissait bel et bien d'un album solo du métallurgiste de Birmingham (ce que semble corroborer les photos de la pochette originale), mais que la maison de disques avait fait pression pour apposer le nom du célèbre quatuor. D'où, probablement, la curieuse et idiote appellation, « Black Sabbath featuring Tony Iommi ».
En tout cas, la marque du Sab' reste incontestablement indélébile. Tony restant fidèle à sa marque de fabrique : des riffs pesants, puissants, graves, distordus, l'utilisation des power-chords, un son épais (a real wall of sound), des soli incisifs (a), le tout joué sur son éternelle Gibson SG Standard pour gaucher (la fameuse « Jaydee », également surnommée « Old Boy »(b)). 

de G à D : Spitz, Hughes, Iommi, Singer et Nichol

     Cependant il s'agit d'un Sabbath mutant. La voix Rock et gorgée de Soul de Hughes tranche et apporte une nouvelle dimension, en incorporant un certain lyrisme, épique et gothique à la fois, et une mélancolie ombrageuse. Une lumière dans ce paysage obombré. Avec des claviers discrets, dont la présence est principalement justifiée pour épaissir le son.
   Après un « In for the Kill » qui déboule telle une charge de chevaliers lourdement parés d'harnois blancs, lances en avant, écus en protection, et leurs destriers flanqués de leur barde, « No Stranger to Love » tranche radicalement avec une atmosphère à la fois éthérée et pesante telle qu'elle peut l'être avant un orage d'été ; des riffs étirés (où l'on sent bien les cordes light et détendues de « Old Boy », l'accordage en Do qui fit école), des claviers (gothiques ?) qui plantent le décor, et un Hughes impérial. Entre slow-Metal-blues-gothique, progressif-stoner, Hard-blues-Heavy. 
 
   « Seventh Star » et « In Memory... » sont plus ou moins dans une veine identique, tandis que « Heart like a Wheel » enfonce le clou avec un Hard-blues binaire, primaire, typique, si ce n'est que les accords du prêtre noir gardent une consonance sulfureuse. « Turn to Stone » est dans la continuité du titre d'ouverture - avec une particulièrement batterie déchaînée. « Danger Zone » et « Angry Heart » sont des purs Classic-Rock. Les soli de Iommi, boostés par une épaisse wah-wah, sont à la fois possédés et empreints d'un lyrisme sulfureux.


     Mention spéciale à Eric Singer, qui, de par son jeu et sa maîtrise adéquate, se révèle être un socle indestructible soutenant cette cathédrale sombre de « Métal-lourd et bluesy en fusion ».
     En raison de la santé défaillante de Glenn Hughes (on a parfois mentionné une sombre histoire de bagarre et d'un mauvais coup, toutefois à l'époque on parlait plutôt d'une addiction à des produits illicites qui faillit mettre un terme définitif à sa carrière), ainsi que son refus de chanter des anciens titres du Sabb', (comme N.I.B.), car trop morbides à son goût, la collaboration sera abrégée dès leur première tournée. Ce qui ne les empêchera pas de collaborer à nouveau, car les deux hommes restèrent amis.


     Le chanteur Jeff Fenholt (Joshua, Driver, Geezer Butler Band, Graig Golby) a participé aux premières démos. Cependant, la musique qu'il interprétait n'étant pas en accord avec sa foi, il quitta le groupe (Joshua était un groupe de Rock/Heavy-Metal chrétien). Il aurait participé à l'ébauche de quelques compositions, toutefois il n'est pas mentionné dans les crédits de l'album. 

     Bien que pas toujours totalement apprécié (jamais renié pour autant) par les aficionados du Sab', cet album est parfois considéré par d'autres, comme l'une des réalisations les plus réussies de Tony Iommi. Assez court avec 35 minutes (avec peu ou sans pause entre les titres), mais intense et jamais lassant.
     Quelque peu iconoclaste parmi la discographie du groupe de Birmingham, ce « Seventh Star » n'en demeure pas moins l'un de leurs meilleurs disques, si ce n'est le meilleur (avis totalement subjectif et certainement sujet à débat).
Hughes & Iommi (2004 ?)

     Deux albums en découlèrent, cette fois-ci sous la seule appellation « Iommi » : « The 1996 Dep Sessions » et « Fused ». Deux ouvrages bien plus brutaux que « Seventh Star », qui semblent parfois vouloir concurrencer les jeunes loups de la scène Heavy-Metal d'alors, sur leur propre terrain. Histoire de remettre les pendules à l'heure : « le seul maître du gros lourd, pesant et destructeur, c'est moi : Tony Iommi».
Le premier, comme son nom de baptême l'indique, correspond à des sessions de 1996, mais n'est édité qu'en 2004 (avec certaines pistes de batterie réenregistrées . Les quatre premières pièces sont de premier choix avec un « Gone » menaçant, un « Don't You Tell Me » qui donne irrésistiblement envie de monter le chant et d'entamer le refrain avec Glenn (« Don't ! You ! Tell Me! You don't know ! Don't...yyyaaahh» hé ! Ho! On se calme !), et les deux ballades Heavy, « From Another World » et « Don't Drag the River » (cette dernière plus dans le style Hughes). La suite est plus commune.
« Fused » est nettement plus Metôl. Bien stoner parfois même. Plus « Sabbathien ». Encore une fois, Hughes fait un travail remarquable, n'hésitant à explorer des registres qu'il n'avait vraiment abordés jusqu'alors, prenant même des intonations à la croisée d'Alice Cooper et de Ronnie James Dio. Une production énorme, et une dynamique à ébranler un destroyer.
Néanmoins, ces deux productions n'égalent pas "Seventh Star".

     Quelque peu iconoclaste parmi la discographie du groupe de Birmingham, ce « Seventh Star » n'en demeure pas moins l'un de leurs meilleurs disques, si ce n'est le meilleur (avis totalement subjectif et certainement sujet à débat).

     En 2010, une version Deluxe avec deux CD a été éditée. Encore une fois, c'est du foutage de gueule ; une manière de faire cracher de l'oseille au fan (à l'aficionado). En effet, le second disque est un concert de 1986 (le 2 juin, à l'Hammersmith Odeon, Londres) , certes, mais sans Glenn Hughes, avec Ray Gillen (que l'on retrouve sur le second CD de la version Deluxe de « Eternal Idol », édité aussi en 2010). Et avec juste deux titres de « Seventh Star ».

"Old Boy"

(a) Iommi s'était, à l'âge de 17 ans (en 1965), sectionné deux doigts dans l'usine dans laquelle il travaillait suite à un changement occasionnel et inopiné de poste), alors qu'il devait partir en tournée en Europe avec son groupe d'alors, The Birth & the Bee. Le directeur de l'usine, navré par l'accident, vient s'enquérir de sa santé. Le voyant plonger progressivement dans la déprime, il encouragea Tony à reprendre la guitare. Pour cela, il lui offrit une cassette de Django Reindhart en lui expliquant que ce dernier ne jouait qu'avec deux doigts.
Tony reprit confiance et persévéra. Il se confectionna deux prothèses afin de pouvoir tout de même utiliser ses doigts amputés, et remplace les cordes de sa Fender Stratocaster par un faible tirant, et utilise des cordes de banjo pour le Mi aiguë et le Si (car à l'époque les tirants extra-light n'existaient pas). Son majeur et son annulaire ayant perdu leur sensibilité, Tony appuie très fort sur les cordes. Cet handicap mineur le forcera à adapter son jeu (certains accords lui sont dorénavant très difficiles d'accès, voire impossibles à jouer) et qui en conséquence l'entraînera à créer un nouveau son qui fera école, et qui servira de terreau pour le Heavy-Metal et le Stoner.

(b) Tony Iommi est associé à la Gibson SG qu'il utilise depuis l'enregistrement du premier opus éponyme. Obligé de se rabattre sur la Gibson parce qu'il avait esquinté sa Stratocaster lors des répétitions, dès lors, à part en de très très rares occasions, il n'utilisera plus que des modèles à la physionomie « SG ». A ses débuts, il possède une SG Junior et une Special pour gaucher. Sa toute première était une gratte pour droitier montée à l'envers, avant d'en racheter un modèle de gaucher... à un droitier. Plus tard, Gibson lui fabrique des modèles sur mesure, ainsi que Patrick Eggle.
Son modèle préféré, est une Jaydee fabriqué par John Diggins, que Tony appelle affectueusement « Old Boy ». Le corps de cette pelle semble être passé dans un four à céramique. En effet, le luthier, pris par le temps, avait dû la livrer la veille d'un concert alors que le vernis n'était pas encore sec. Les différences de températures et d'hydrométrie (Le Sab' partait pour les USA) firent le reste. Le chevalet est Schaller muni de pontets aux réglages pointus (comme pour un vibrato Floyd-Rose). Les micros sont deux mini-humbucker : un John Birch Hyperflux et côté manche, et un fait main par John Diggins en position chevalet (les aimants sont un alliage cobalt-acier). Le micro-chevalet n'a pas de potentiomètre de tonalité.

Side One
  1. In for the Kill - 3:48
  2. No Stranger to Love - 4:28
  3. Turn to Stone - 3:28
  4. Sphinx (the Guardian) - 1:12
  5. Seventh Star - 5:20
Side Two
  1. Danger Zone - 4:23
  2. Heart Like a Wheel - 6:35
  3. Angry Heart - 3:06
  4. In Memory... - 2:35

Version single avec avec ajouts de chœurs pour une diffusion radio plus aisée.

4 commentaires:

  1. Génial ! Je viens d'apprendre plein de choses (Le but du Déblocnot'), rien que le coup des cordes de banjo, même si tu n'es pas un spécialiste de la gratte, tu imagine bien le truc ( enfin du moins moi !^^).Happy Halloween !

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    1. Joyeux Halloween !
      Y muchas gracias.

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  2. je n'ai qu'un seul album de Black Sabbath....celui là...le meilleur, attention tous aux abris.

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  3. Retrouvez toute l'histoire de Black Sabbath dans "Les Chroniques du sabbat Noir", le site francophone de référence à ce groupe de légende...

    > http://www.black-sabbath.fr

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