- Tiens M'sieur Claude… 2017
l'année des compositeurs oubliés… 2018 sera-t-elle l'année de l'opéra ? Puisqu'en
huit ans, une seule chronique a été publiée, en 2016, Salomé. M'sieur Pat
avait abordé le sujet de son côté cela dit…
- Je ne suis ni un grand amateur
ni un spécialiste d'opéra Sonia, je tente donc de parler de ceux que j'aime : Tristan
de Wagner en mars et Pelléas et Mélisande aujourd'hui…
- Ça me dit quelque chose
cette légende, des amants maudits au moyen-Âge, un peu comme dans Tristan et
Isolde d'ailleurs…
- Oui, c'est exact. Mais
Debussy étant un franc-tireur, il écrira une œuvre très nouvelle, un chant
psalmodié presque parlé, une musique étrange, un écrin sonore…
- Hum hum. Vous avez
choisi une distribution pas complètement francophone, mais plutôt cosmopolite à
lire la jaquette…
- Oui Sonia, une grande
version homogène et exaltée par la beauté sonore de la philharmonie de Vienne
dirigée par un italien, le pays de l'opéra, même si celui-ci est tout sauf du
bel canto !
Debussy en 1893 |
Maurice Maeterlinck |
Rien
ne prédispose l'œuvre à triompher. Un conflit entre Maurice Maeterlinck et Debussy
éclate. Les deux hommes avaient un accord tacite : Mélisande devait être interprétée par Georgette
Leblanc, la compagne de l'écrivain. (Dis donc Rockin', c'était
la sœur de Maurice Leblanc, le papa
d'Arsène Lupin.) Après audition, Debussy
et Carré imposent une jeune soprano
écossaise, Mary Garden… Maeterlinck est furieux, se croyant
encore en un temps où l'on impose une favorite. La polémique enfle, on parle de
procès et même d'un duel 😄 ! Les copies pour les musiciens sont
bourrées de fautes et illisibles au niveau des altérations (du sabotage
semble-t-il). De plus, les instrumentistes ne sont pas familier des hardiesses
solfégiques de Debussy.
Maeterlinck lui souhaite un bide. Il sera stupidement satisfait, car le public déconcerté réserve un accueil glacial
à cette nouveauté. Lors de la réplique de l'héroïne "je
m'ennuie" avec un accent scottish délicieux, un spectateur crie
"NOUS AUSSI". André Messager qui dirige cette première
ne se démonte pas… Les critiques sont divisés, cela dit, Debussy,
critique lui-même, n'en a cure…
Les
reprises apporteront des partitions soignées et très détaillées et, rapidement,
Pelléas et Mélisande se hissera au rang
des chefs-d'œuvre lyriques les plus joués sur la planète.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Mary Garden est Mélisande en 1902 |
Les
liens familiaux entre les personnages sont complexes et un petit schéma évite
des explications embrouillées :
Dans
un château lugubre, le vieux roi Arkel
n'a guère que sa soi-disant sagesse comme passe-temps (le vice des vieillards
disait Bernanos). Sa fille Geneviève, elle aussi grand-mère, une
femme douce mas geignarde, a eu deux fils issus de deux mariages : Golaud au caractère jaloux,
puis Pelléas, jeune homme
fougueux. Une génération sépare donc les deux demi-frères. Yniold,
né d'un premier mariage de Golaud,
a une dizaine d'année.
Résumé
succinct du drame : Golaud s'est égaré dans la forêt et son cheval
est mort… Il entend les pleurs d'une jeune femme, une adolescente,
prostrée près d'une ancienne fontaine. Il la réconforte, apprend son nom : Mélisande, et lui propose de l'emmener à
l'abri au château. Dans la fontaine, la jeune fille a jeté une couronne ! On ne connaîtra jamais les origines de Mélisande.
Golaud,
veuf et déjà âgé, un homme taciturne, épousera Mélisande. L'énigmatique
demoiselle s'ennuie ferme dans la forteresse délabrée. Elle sympathise avec le
jeune et joyeux Pelléas.
Golaud
n'est pas aveugle et maltraite son épouse, lui reprochant d'en pincer pour son
demi-frère ; d'autant que celle-ci a perdu son alliance près du rivage lors
d'une rencontre avec Pelléas… La haine entre les deux hommes est
inévitable.
Un
soir, en utilisant son gamin Yniold perché sur ses épaules pour espionner
dans une chambre (scène terrible), les jeunes gens sont surpris ensemble. Yniold, otage des rivalités entre adultes, nie y voir un jeu de séduction. Face au danger, Pelléas et Mélisande se rencontrent pour
une dernière fois dans le parc. Ils s'avouent leurs amours réciproques. Golaud
les surprend et tue Pelléas. Lors du dernier acte d'une seule
scène, Mélisande
se meurt d'avoir mis au monde une fillette avant terme. Golaud la supplie d'avouer de
qui est le père, mais Mélisande meurt en emportant son secret.
Jean Perrier est Pelléas en 1902 |
Mélisande tente
d'échapper au destin qui l'asservit aux hommes. La couronne jetée ? Sans aucun
doute le rejet un mariage arrangé avec un roi brutal et vieillissant qu'elle a
fui. Arkel
radote une philosophie désuète, "Je ne me suis
jamais mis en travers d'un destin", Geneviève vit dans le passé et
accepte, enchaînée à la rigueur de son éducation, les strictes règles
médiévales ; Golaud,
chevalier et donc guerrier dans l'âme, impose son dictat en prince qui a tous
les droits. Trois personnages qui symbolisent l'univers ténébreux du château et
l'impossibilité de vivre l'amour ou le bonheur sans entrave. La
grisaille ronge leurs psychés. On parlera même de renoncement pour les deux ancêtres.
Golaud,
de par la rigidité des mœurs de l'époque, soufre d'un conflit intérieur, d'une
frustration qui le mènera à la jalousie envers l'insouciance juvénile de Pelléas.
Sans compter le sentiment d'être bafoué comme époux. Deux motifs pour
l'entraîner à la violence incontrôlée… Mélisande et Pelleas ne rêvent que de lumière
et d'autonomie. Ils espèrent trouver le soleil à travers une relation amoureuse
hélas impossible et contraire aux usages. Le petit Yniold aussi cherche la lumière, celle des plaisirs simples de l'enfance, un gosse captif d'un père qu'il évite.
Debussy jouera avec habileté sur cette opposition entre
les ténèbres et les lumières intérieures. Les scènes graves et conflictuelles
sont toutes vécues dans des lieux obscurs : la forêt inextricable, les pièces
humides du château, les souterrains dans lesquels s'ouvrent les oubliettes. Les
jeunes amis (amants ?) se côtoient à l'extérieur, dans le parc, près de la mer ou d'une
fontaine, la magie apaisante de l'eau. L'eau symbolisée par le flot des cheveux
dorés de Mélisande,
chevelure virevoltante qui contribue à animer une scène amoureuse. Résumons en
quelques mots : Maeterlinck et Debussy fustigent les souffrances liées à
toutes les raisons d'état, la soumission obligatoire des femmes au patriarcat,
l'hypocrisie des règles sociales parfois encore appliquées jusqu'à l'absurde
comme le droit de tuer au nom de l'honneur. (Le texte se révèle militant et
moderniste, même si le style littéraire un tantinet emphatique accuse son âge. Depuis 120 ans, la réplique "Je vais dire quelque chose à quelqu’un" fait ricaner, certes 😄.)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Mélisande : d'origine
américaine, Maria Ewing fit ses débuts
en Europe à la Scala dans le rôle de Mélisande. La chanteuse possède une tessiture
très large, de soprano à Mezzo. Longiligne et d'une beauté énigmatique, la diva
interprétera le rôle si difficile de Salomé de R. Strauss
en terminant la danse des sept voiles comme le souhaitait Oscar Wilde… dans le
plus simple appareil ! Elle sera aussi une vaillante Carmen. Un atout supplémentaire
: son élocution française est parfaite.
Pelléas : les fans de
cet opéra sont très sensibles à la qualité de la diction, la ligne de chant
debussyste mi parlée mi chantée faisant apprécier les distributions francophonee
(avec de belles voix, bien entendu). François Le Roux,
né en 1955, partage avec Jacques Jansen
(1913-2002) le titre de meilleur Pelléas du XXème siècle. Point
commun aux deux hommes : chanter comme baryton martin, soit une voix oscillant
entre ténor et baryton. En début de carrière François
Le Roux chantera Pelléas, un rôle de ténor nécessitant une voix
juvénile, presque innocente, puis plus tard, à partir de 1997, il a interprété Golaud.
Son répertoire est très vaste, de Monteverdi à l'opéra contemporain.
François Le Roux |
Arkel : encore un
français en la personne de Jean-Philippe
Courtis né en 1951. Une basse assez légère qui rajeunit le rôle
d'un roi octogénaire. Là encore une carrière éclectique à développer lors d'un
autre article.
Geneviève : Christa Ludwig ! DG et Abbado ne se refusent rien en confiant ce petit
rôle de mamie à l'une des plus belles voix de Mezzo du XXème siècle.
Cette grande dame a 63 ans lors de l'enregistrement. En fin de carrière, la légère
fatigue de la voix apporte un réalisme bouleversant dans ce rôle. À mon sens
l'interprète mahlérienne la plus fascinante avec Katleen
Ferrier, notamment le Chant de la Terre avec Otto Klemperer. Encore une élocution
limpide et pas de chevrotements que suscite le rôle.
Yniold : la difficulté
de la distribution : un enfant. Confié le rôle à un jeune soliste d'une chorale
haut de gamme est tentant. C'est rarement une réussite car la scène où son père
lui fait espionner les activités nocturnes de Mélisande demande "du
coffre". On préfère souvent recourir à une soprano. Aux difficultés
lyriques s'ajoutent celles du gabarit. Au disque, le problème ne se pose pas et
c'est Patrizia Pace, soprano dans
la vingtaine à la voix séraphique mais puissante que choisira Abbado. J'avais mentionné la prouesse d'une
jeune soprano française, Amel Brahim-Djelloul,
adorable petite chanteuse déguisée en garçonnet et qui avait bluffé le TCE
perchée sur les épaules de Laurent Naouri.
Relire la chronique consacrée à cette chanteuse dans un programme de chants
traditionnels arabo-andalous (Clic).
Deux
autres petits rôles : un berger chanté par Jean-Philippe
Courtis (c'est assez fréquent de faire chanter cette figuration
par l'interprète de Arkel) et un médecin, ici la basse Rudolf Mazzola.
Et
puis l'Orchestre Philarmonique de Vienne sonne comme jamais (pléonasme). La partition
orchestrale toute en demi-teinte de Debussy, cristalline et élégiaque, est
merveilleusement mise en valeur par le chef et les ingénieurs du son, sans
jamais couvrir les voix.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
José van Dam |
Comme
tout opéra, commenter scène par scène n'aurait qu'un pseudo intérêt
intellectualisant… Debussy
voulait entendre jouer Pelléas
et Mélisande en continu, sans pause. Il acceptera d'ajouter une
petite introduction et quelques intermèdes orchestraux pour d'évidents
problèmes de logistique lors des changements de décors.
À
ce propos, l'orchestration, par ses riches sonorités et son effectif imposant, tourne le dos à celle un peu immuable du romantisme
traditionnel, surtout au
niveau des percussions métalliques (on ne trouve pas de grosse caisse ou de tambour, tout
n'est que légèreté) :
3
flûtes (+ piccolo), 2 hautbois + cor anglais, 2 clarinettes, 3 bassons, 4 cors
en fa, 3 trompettes en fa, 3 trombones, 1 tuba, 3 timbales, cymbales, triangle,
glockenspiel, cloche, 2 harpes et les cordes. Même en 1902, en France, cette
luxuriance n'est pas encore en usage, à l'opposé de ce que l'on peut entendre
dans les poèmes symphoniques de Richard Strauss
outre-Rhin. L'orchestre, contrairement aux effets recherchés par Wagner, ne monte jamais vraiment le ton,
pas de tutti ou de climax apocalyptiques comme dans le Ring.
Écoutons
quelques passages clés pour cerner les qualités exceptionnelles de cet
enregistrement.
Introduction - Acte 1-
Scène 1
(Golaud
et Mélisande)
: les ténèbres et la mélancolie omniprésentes dans l'œuvre guident les
premières mesures notées "Très modéré". Violoncelles, contrebasses
et bassons symbolisent les bruissements de la sombre forêt dans laquelle erre Golaud,
perdu, un motif très articulé. Debussy
ajoute la notation "très expressif". La mélodie est au diapason du
climat médiéval et crépusculaire de l'ouvrage mais rejette toute monotonie. Une
brume qui se doit mouvante et rapidement éclairée par le jeu pp des bois. On
retrouve le mystère et les teintes mordorées qui feront miroiter l'expressionisme de La Mer
en 1905. Dans cet enregistrement, on attend absolument tout ! Même les roulements
de timbales notés ppp. En une minute,
nous touchons à l'essence du style musical surprenant de la partition : une
musique qui sert d'écrin au drame, souligne ou plutôt accentue le sens des répliques,
des émotions, des chagrins. On ne distingue pas nettement de thème ou de
leitmotiv. Le concept n'est pas exempt de maladresses comme les trilles de
cuivres sur le mot "sanglier", un effet un peu facile… [7:50]
J'anticipe…
Dale Duesing And Maria Ewing à San Francisco en 1979 |
Après
ces considérations, attachons-nous à la fraîcheur de la voix de Maria Ewing. Un aigu limpide et fort, fort
car Mélisande, même maltraitée, représente justement une jeune fille combative qui a
peur de fuir la brutalité masculine d'un roi inconnu pour une autre prison que
représente ce prince déjà "âgé" comme elle croit bon de le préciser
sans gêne à Golaud [7:02]. Une première scène où
les ressorts dramatiques sont déjà énoncés : le désir d'un amour guidé par la
liberté des sentiments et non par l'obéissance au machisme institutionnel et le
rejets des conventions. Maria Ewing
incarne l'antithèse d'une Mélisande femme-enfant, juvénile mais cash.
José van Dam campe un Golaud
fier de sa noblesse, presque
sentimental lors de la rencontre avec l'adolescente terrifiée. Le chanteur
montre avec vaillance la violence qui sommeille en lui lors de son récit de la chasse
qui a mal tournée, un échec banal vécu pourtant comme un affront à son rang. Il cisèle toute la complexité et les contradictions du personnage : le velours et
l'acier le plus froid. Sa voix se durcit farouchement dès que Mélisande
semble retenir ses confidences. Voici une Mélisande et un Golaud d'exception…
[9:34] La scène 1 est suivie d'un intermède de
couleur brumeuse : de longues phrases aux cordes, l'appel lointain des cors, le
portrait de la forêt et de la mer qui cernent le château de Allemonde comme un étouffoir. [9:59] Le balancement du phrasé des
cordes pensé par Debussy fait vraiment songer
aux "murmures
de la forêt" du Siegfried
de Wagner, tout comme la rythmique martiale
de la conclusion de l'intermède [11:42] nous renvoie au début du sacrifice de Brunehilde
dans le Crépuscule des Dieux. Debussy n’était pas sorti indemne de voyage à Bayreuth ou d'une lecture des partitions…
Doris Soffel (Geneviève) et Wolfgang Schöne (Arkel) (2012) |
[18:13]
Pelléas
fait son entrée, embarrassé par un dilemme : une seconde lettre qui lui annonce
qu'un ami est aux portes de la mort, ce qui sous-entend un voyage sans doute
long. Arkel
ne l'entend pas de cette oreille, le père de Pelléas (hors distribution) est alité
dans le château. Arkel
fait la morale une fois de plus à son petit-fils qui doit
privilégier la cellule familiale avant l'amitié… Après cette leçon d'autorité,
il sort tandis que Mélisande arrive [19:45] accompagnée par une
sensuelle mélopée des violons… (Intermède entre les scènes 2 et 3.)
Geneviève, Pelléas puis Mélisande
qui entre. On parle de la pluie et du beau temps au sens propre du terme. Mélisande
trouve les jardins bien sombres, une extériorisation de sa morosité, Geneviève
évoque le temps qui s'écoule avec monotonie. Cachez votre joie mesdames… En deux répliques, livret et
musique se conjuguent pour rappeler que l'on s'ennuie ferme au château. Seul
Pelléas apporte un peu de gaité et d'évasion en observant un bateau d'où parvient un chant
joyeux de marins (chœur hors scène). Le crépuscule se dessine et Geneviève va partir voir Yniold
et invite Pelléas
à soutenir Mélisande pour descendre le chemin escarpé vers
le château. Mélisande
comprend que Pelléas
risque de partir assister son ami avant son trépas. Surprise ? Déçue
? Inquiète ? Mélisande réplique pour conclure
l'acte 1 "Oh
!... Pourquoi partez-vous ?". La tragédie des amours interdits
peut commencer. François Le Roux est un Pelléas
idéal : une voix de ténor au timbre viril, un jeune chevalier fougueux qui a
une décision à prendre mais ne "consulte" son grand-père que par
bienséance. La cause du renoncement au voyage ne s'appellera pas "convention",
mais Mélisande
! [28:05] Lors de la scène 1 de l'acte 2 qui suit, le drame à venir connaîtra un
prélude heureux et tendre par une première approche amoureuse entre Pelléas et
Mélisande
devisant sur la grève. Debussy
offrira alors des reflets chatoyants à sa musique en opposition avec la noirceur
de celle de l'acte 1.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
La
discographie est pléthorique. Les bonnes gravures se distinguent par la
nécessité de la part des chanteurs d'apporter une élocution parfaite du
français. Debussy voulait que le texte
soit totalement intelligible, d'où le principe du parler-chanter et une
certaine discrétion de l'orchestre. On ne sera donc pas étonné de trouver dans
les enregistrements marquants des réalisations francophones même anciennes.
En
1942, en pleine Occupation, Roger Desormières réalise la première
intégrale en studio. La distribution est totalement francophone : Jacques Jansen (27 ans à l'époque)
interprète un Pelléas
plein d'innocence et de générosité. Irène Joachim
en Mélisande
traduit à merveille la dualité de son personnage, entre trouble de
l'adolescente et mélancolie amère de ne pouvoir accéder au statut de la femme
libérée. Henry-Bertrand Etcheverry
est un Golaud
plutôt humain, sans doute trop lors des accès de colère. Paul
Cabanel (la cinquantaine) campe un Arkel qui n'est pas un vieillard
podagre. La Geneviève
de Germaine Cernay répond aux exigences du
rôle de grand-mère effacée comme l'exigeait Debussy
en notant "simplement et sans nuances
". Hélas, malgré un effort évident des techniciens de l'époque, le son 78t
est très limité en bande passante. Bouleversant, historique, culte, mais
collector (EMI – 5/6).
L'invention
du microsillon apporte de nouvelles interprétations de grand intérêt. Dans ma
sélection, j'avoue un faible pour celle de Jean Fournet
de 1956 en mono. Camille Maurane
n'a rien à envier à Jacques Jansen et Janine Micheau nous offre une belle Mélisande.
Des disques qui sont des étapes vers l'internationalisation des plateaux que la
stéréophonie va provoquer. (Divers
labels – 6/6)
Dans
les nombreuses versions en stéréo (Ansermet
pour Decca avec Camille Maurane, Baudo, que sais-je, des dizaines), le fan de Debussy qu'était Herbert
von Karajan se devait d'apporter sa pierre à l'édifice. À la
sortie de son second enregistrement en 1978,
on apprécia les timbres enchanteurs de la Philharmonie de
Berlin. José van Dam
est déjà un grand Golaud. Richard Stilwell
(Pelléas)
a une voix de baryton. Sa conception épique se heurte par moment à son accent
yankee. Frederica von Stade imagine
en Mélisande
une jeune femme déjà adulte plutôt que la gamine ballotée dans cet univers étouffant.
Là encore, la performance vocale souffre de défauts de prononciation.
La couleur de l'orchestre est magique certes, mais à mon sens un peu en retrait
par rapport aux voix. Même à un niveau d'écoute confortable sur du matériel
audiophile, certains instruments sont masqués… (EMI – 5/6)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire