vendredi 26 avril 2024

NOUS, LES LEROY de Florent Bernard (2024) par Luc B.

 

NOUS, LES LEROY est la première réalisation de FloBer (à ne pas confondre avec l’autre, Gustave) de son vrai nom Florent Bernard. Son film a plutôt (très) bonne presse, c’est une comédie qui effectivement fait rire, mais on nuancera tout de même le jugement.

Florent Bernard est avant tout un auteur, scénariste et dialoguiste jusque-là cantonné à la télévision, Youtube, podcast, on a vu son nom aux génériques de « Bloqués » (avec Orelsan), « La Flamme » (Jonathan Cohen), et récemment co-scénariste du film VERMINES de Sébastien Vaniček (que je n’ai pas été voir, y’a des araignées partout…). On retrouve sur l’écran pas mal de participations d’humoristes ou youtubeurs.  

Le point de départ rappelle un peu ON SOURIT POUR LA PHOTO de François Uzan, où un père de famille avait le projet de reprendre des photos de vacances 25 ans après, road trip nostalgique pour renforcer la cohésion de sa famille. C’est aussi l’idée de Christophe Leroy quand sa femme lui annonce souhaiter le quitter. Embarquer épouse et enfants dans un antique 4x4 Range Rover pour refaire le parcours sentimental de leur couple, revivre « les moments clés ». Évidemment, tout ne se passera pas comme prévu…

Le départ est un peu laborieux, la mise en situation bancale, d’autant que les acteurs ne semblent pas à leur aise. A croire que le film a été tourné dans l’ordre chronologique, que les acteurs ont dû trouver leurs marques. On a salué ici ou là la fibre comique de Charlotte Gainsbourg. Disons qu’elle peut faire rire si on lui donne des trucs drôles à jouer, mais elle ne fait pas le poids face à un José Garcia, plus à l’aise dans la déconnade, son débit, sa gestuelle. Et puis dans ce film tout semble un peu cheap à l’image, on y reviendra.

Mais une fois la mécanique lancée, une fois que le film trouve son rythme, les aventures des Leroy réservent de bons moments. D'abord avec une halte dans le premier appart que le couple a habité, aujourd’hui occupé par un fou furieux qui manie le marteau vengeur, ou plus tard la scène avec le caricaturiste à l’égo démesuré.

NOUS, LES LEROY ressemble à une succession de sketchs, comme celui dans le bus (les vibrations du véhicule font-elles vraiment bander les mecs ?!). La longue séquence au restaurant est véritablement réussie, avec ce gérant très gênant (Adrien Ménielle, auteur de bédé, de web séries) accroc au karaoké et aux blagues qui tombent à plat. Grande prestation de José Garcia sur un titre de Sardou.

C’est le plus du film : les seconds rôles. Outre le restaurateur, il y a le bon copain Claude, gentil mais un peu con, joué par Lyes Salem, qui vante les mérites du divorce car il peut boire une bière à minuit et demi sans qu’on le fasse chier ! Et puis on a Luis Rego en papy philosophe, ou cette femme qui ruine sa boite de vitesse, pensant qu’elle conduisait une automatique.

Le film me parait mieux écrit qu’il n’est réalisé. Florent Bernard est aussi monteur, on sent qu’il sait gérer un tempo, il y a du rythme dans le montage des répliques, ce qui permet notamment aux scènes de Charlotte Gainsbourg d’être drôles. Car sinon, elle joue exactement comme d’habitude, sans réelle expression. Le problème vient de la mise en scène pure, platounette, qui reste au niveau d’un téléfilm lambda, champ contre-champ classique, cadres composés à la va-vite.

On s’attache au personnage de Christophe Leroy, qui tente même pitoyablement de sauver son couple, qui ne tient qu’avec la présence des enfants encore dans le foyer. L'équilibre d'un couple tient-il aussi grâce aux enfants ? Telle est la question. Le portrait des deux grands ados est assez juste, on aurait pu creuser un peu plus le mal être de leur fille, qui semble posé là, parce qu'il fallait que tout le monde soit intérieurement malheureux.

Ce film, parfois touchant, mêle différents registres d’humour, flirtant avec l’absurde parfois (trop peu), le grivois, la comédie de situation. C’est un premier film sympathique, on sent que le réalisateur se cherche encore, souhaitons-lui de se trouver ! 

couleur  -  1h31  -  format 1:1.85  

 

7 commentaires:

  1. Shuffle Master.26/4/24 08:25

    Je ne peux qu'abonder sur Charlotte Gainsbourg. Le scénario (retour aux sources, aux happy days...etc) semble quand même un peu usé. Il sort tellement de films que je n'ai pas vu celui-là passer.

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  2. je fais une allergie (et c'est la seule, faut pas que je me plaigne!!!) à la famille Gainsbourg ; père , femme et fille ! oui même le père ! désolé !!!!!

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    1. Shuffle Master.26/4/24 11:08

      Eh bien, là, on va être d'accord (aussi et surtout pour le père). Pour l'instant, on a pu échapper à la troisième génération. Mais ne crions pas victoire trop vite.

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  3. Je crois que même dans un état de désœuvrement avancé, je n'irai pas voir ce genre de... films (?). Idem que M. Guillet mais pour Charlotte uniquement. Je vais plutôt opter pour "Back to black". C'est certainement une m.... mais je vais quand même vérifier.

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    1. Vous nous direz ce que vous en avez pensé, les critiques sont désastreuses ! Visiblement, récit cornaqué par la famille, donc très édulcorée. Par contre je recommande le documentaire "Amy" de Asif Kapadia, bourré (sic) d'images assez terrifiantes sur ce que la pauvre a vécu.

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    2. J'en sors. Oui, c'est ça. Mais bon, ça se laisse voir. Je trouve que l'actrice a un peu la gueule de Florence Foresti (quand elle était un peu plus jeune). Je prend note pour le docu.

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  4. Ouais, ça donne pas envie, le film du youtubeur (dont j'ignorais l'existence) ... Heureusement qu'il se prénommait pas Robert ou Gérard, au moins ça aurait été drôle ...

    La fille de ... dans une comédie, j'ai du mal à l'envisager, elle a pas trop l'habitude de ce registre. Ceci dit, j'ai rien contre elle ou sa famille ...

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