jeudi 11 septembre 2014

ALAN STIVELL "Olympia 72" (1972) par Pat Slade


Dans la série « Les Belles Galettes (Bretonnes) de Tonton Pat»







La révolution de la Pop Celtique




Le 28 février 1972, un concert unique et à guichet fermé va provoquer une véritable révolution dans la musique celtique.
Alain Cochevelou est un breton né… en Auvergne, mais après quelques mois, toute la famille s’installe dans le XXème arrondissement de Paris. Etudiant en licence d’anglais, en linguistique et en celtique, il étudiera aussi la littérature médiévale galloise et gaélique.
A 5 ans, il commence à apprendre le piano, mais l’instrument ne lui plait pas. Il a surtout des vues sur l’instrument que son père a fabriqué : une harpe celtique. Du rêve de son père, naît sa vocation. Il apprend à en jouer auprès de Denise Méjean, concertiste reconnue qui a été l’élève de Lily Laskine. Dans les années 60, il commence à apprendre la cornemuse (Biniou’ Bras en breton), il intègre le Bagad Bleimor ou il deviendra rapidement penn-sonner (sonneur en chef).
Grâce à quelques 45 tours et trois albums, le lundi 28 février 1972 fera date dans l‘histoire de la musique régional bretonne. C’est dans un Olympia rempli comme un œuf que la symbiose entre la musique progressive, la musique celtique et la pop deviendra une référence dans le domaine.

Un groupe composé du guitariste Quimpérois Dan Ar Braz qui n‘avait déjà plus beaucoup de cheveux, mais avait une barbe bien fournie, de Gabriel Yacoub fondateur du groupe Malicorne, du violoniste Flamand René Werneer, de Pascal Stive au clavier, de Henri Delagarde qui passe facilement du violoncelle à la bombarde, de Gérard Levasseur à la basse qui jouera auprès de Nino Ferrer et de Los Machucambos, de Mikael Klec’h à la flûte et à la bombarde, du percussionniste Serj Parayre qui soutiendra le batteur Michel Santangeli (Qui sera aussi celui de Jacques Higelin et qui jouera aussi avec Iggy Pop) qui sera appelé en urgence par Dan Ar Braz juste avant le concert et devra adapter son jeu ne connaissant pas les morceaux. Le Gwenn ha du flotte dans les travées du music-hall où l’ambiance festive entraîne les 2 500 spectateurs dans la danse.



Après un feu nourri d’applaudissements, les arpèges de «Wind of Keltia» (le vent de Celtie) ramènent un silence quasi-religieux dans la salle. «An Dro» que l’on pourrait traduire par "la ronde" est une danse du pays Vannetais, Un morceau instrumental ou le violon de René Werneer est omniprésent. «The Trees They Grow High»  (Les arbres deviennent hauts) Une chanson folklorique populaire anglaise du 18ème siècle qui fut aussi reprise par Joan Baez en 1961. «An Alarc’h» (Un cygne), une chanson traditionnelle qui est aussi un chant patriotique qui parle du retour d’exil du duc Jean IV pour reconquérir son duché au XIVème siècle. C’est avec ce titre que les cornemuses se déchainent au final. «Ar Durzhunel» (La Tourterelle) un quatuor voix, harpe, violoncelle, guitare tout en douceur. «Telenn Gwad» (Harpe de sang) un chant a cappella sur la révolution Irlandaise enchainé avec «the Foggy Dew» (La Rosée et la Brume), une ballade irlandaise du 19ème siècle qui existe en huit versions différentes mais qui garde toujours une image de la révolte de l’Irlande envers l’Angleterre. Nicole Rieu en 1979 en fera une adaptation «La goutte d’eau». Deuxième partie du concert avec « Pop-Plinn» les guitares électriques rentrent en action avec les bombardes. La danse Plinn est avant tout une danse rapide, Stivell l’a adaptée à son époque. «Tha Mi Sgith» (Tha Mi Sgith’s Mi Lea Fhin) «Je suis fatigué et je suis seul» une vieille chanson Gaélique.
«The Kind of the Fairies» (Ri Na Sideog en Irlandais); Traditionnel très célèbre qui se danse en Reel, la danse traditionnelle Irlandaise ou Ecossaise. Arrive le hit que tous le monde connait «Tri Martolod», l’histoire de trois marins qui se retrouvent à Terre-Neuve. Alan Stivell en a fait une version courte alors que le texte d’origine atteint 15 couplets. Et un groupe de crétin qui font du rap et que je ne nommerai pas vont massacrer le morceau. «Kost Ar C’Hoad» (Du Côté du Bois) une gavotte d’origine Vannetaise et après les applaudissements sur l’air des lampions du public, une flute irlandaise se fait entendre et au bout de 0,57 secondes Alan Stivell entame la « Suite Sudarmoricaine» :  «E pardon Spezed  e oan bet…» . Une chanson paillarde bretonne (Pardon Speied en breton : le pardon de Spezet). L’histoire d’un jeune homme qui se rend au pardon de Spezet, il rencontre une jeune fille et attrape la vérole :

Au pardon de Spezet, j’avais été
Une jeune fille, j’avais trouvé
Dans un grand champ, nous avons couché
La grande vérole, j’ai attrapé
A l’hôpital, j’ai été envoyé
Sur une grande table, j’ai été placé
Et ma grosse queue a été coupée
Par la fenêtre, a été jetée
Un énorme chien-loup est passé
Et ma grosse queue, Il a mangé
Et le chien-loup est mort
Au pardon de Spezet, j’avais été
Une jeune fille, j’avais trouvé.

Les premier albums du concert sortent dès le mois de mai 1972, il faudra attendre septembre pour le voir commercialisé sur une grande échelle. 1 500 000 exemplaires seront vendus en un an pour rapidement atteindre les deux millions. A l’heure actuel avec les multiples rééditions (Au moins deux fois en vinyle avec des pochettes différentes plus l’éditions CD) je ne peux pas dire combien il en a été vendus, mais ce doit être important.

En février 2012, pour fêter le 40 éme anniversaire du concert de 1972, un concert sera organisé dans la mythique salle. Alan Stivell accompagné de 11 musiciens va redonner pratiquement l’intégrale du concert de 1972 plus des titres qui vont retracer toute sa carrière. Des anciens, on ne retrouvera que Dan Ar Braz et René Werneer. Pour finir, il invitera Nolwenn Leroy avec qui il chantera (Avec le public) le «Bro Gozh Ma Zadou» (Vieux pays de mes pères) l’hymne breton (Qui est aussi l‘hymne du pays de Galles).
Soixante dix ans depuis janvier, le barde est toujours sur les routes du monde entier.

Cher lecteur, emichans’po plijadur o lenn an dra-se  (J’espère que tu auras du plaisir à lire cela)


2 commentaires:

  1. Merci pour cette belle chronique qui ravive moults souvenirs! Le concert de 2012 en dvd est aussi une petite merveille et quelle joie de revoir ce bon vieux Rene Werneer à peine changé! Nolwenn Leroy fort décriée chez les bretons est certes agaçante et elle l'est encore une fois ici, mais il faut avouer que son duo avec Stivell sur Brian Boru est remarquable, mais pourquoi "ma doué"! fait elle autant de manières?
    Je savais que la "suite sudarmoricaine" était une paillarde mais je ne connaissais pas le texte! effectivement ! et encore une fois merci Pat Slade, un vrai régal.

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    1. "Olympia 72" reste une icône du rock celtique pour avoir fait connaitre une musique inconnus du grand publics. Pour ce qui est de Nolwenn Leroy, même si sont album "Bretonne" est de très bonne qualité et que sa voix est magnifique, il est vrai que son atitude sur scène est agaçante, mais qu'elle soit si décrié auprès des bretons ( surtout du coté de Saint Renan sa ville d'origine que j'aime beaucoup) je doute,. Elle a fait un renouveau du chant breton dans l'hexagone avec plus d'un million d'album vendus, double disque de diamant derrière Adèle, rien à voir les imbèciles de Manau !

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