Dans sa première partie, LES AIGLES DE LA RÉPUBLIQUE adopte un ton résolument léger, voire comique, irrévérencieux, avec le bagou du célèbre acteur George Fahmy, héros de la nation, fervent défenseur des valeurs morales, dont évidemment la vie privée n’a pas grand-chose à voir avec ses rôles. Comme lui dit son fils « pourquoi tes p’tites copines ont le même âge que les miennes ? ». La copine Donya est jouée par la délicieuse Lyna Khoudri (rôle peu étoffé) la star par le formidable Fares Fares (un cousin de Miou Miou ?) déjà dans les deux premiers opus.
George
Fahmy sera poliment invité à jouer le rôle du président Al-Sissi dans un
biopic tout à sa grandeur. Comme dirait Don Corleone, c'est une proposition que vous ne pourrez pas refuser... Al-Sissi est aussi rondouillard, dégarni, court sur patte, que Fahmy tape son mètre 90 tout sec. Risible, mais malheureusement très sérieux. Le tournage est contrôlé par le docteur Mansour,
exécuteur des basses œuvres, qu’on n'aimerait pas avoir pour
ennemi, qui intervient pour corriger la moindre intonation d’une
réplique. Situation insupportable pour l’acteur, mais on lui conseille de mettre son insolence et ses convictions en veilleuse. Dans une scène, on lui demande de rejoindre un comité pro-président. Il décline poliment : « Quelle drôle d'idée ! Dans ce pays tout le monde aime notre président, tout le monde est heureux, libre, vit bien et travaille... » Le film montre le rôle du cinéma dans la propagande d’état, l’engrenage de la corruption, la coercition, les aspects peu reluisants des gens de pouvoir, le donnant-donnant. Fahmy ne s’en rend pas compte encore, mais le spectateur voit bien le piège se refermer. Le ministre de l’intérieur accepte d’intervenir pour sortir de taule telle relation de Fahmy, mais en échange du 06 de Rula. La violence qui va éclater dans la seconde partie du film est en fait déjà présente, mais insidieuse, masquée par l’humour et les sarcasmes. Fahmy pense que sa popularité le protège, il ne saisit pas bien l'engrenage dans lequel il a mis les doigts. Mais avait-il le choix ? Ce con entreprend même de draguer la femme du ministre, jouée par la très belle et troublante Zineb Triki, découverte dans LE BUREAU DES LÉGENDES.
Il faut voir LES AIGLES DE LA RÉPUBLIQUE comme une mascarade tragique, sans doute un brin démonstrative par moment. Tarik Saleh qui avait opté pour le refus du spectaculaire dans LA CONSPIRATION DU CAIRE, rendant un film très froid, semble se lâcher en sens inverse, et propose cette fois du spectacle. On objectera le manque d'épaisseur des rôles féminins, quelques intrigues secondaires qui auraient pu être coupées, ou mieux intégrées au récit.
Les deux autres films chroniqués ici : LE CAIRE CONFIDENTIEL ; LA CONSPIRATION DU CAIRE






On les attend, chez nous, les Costa-Gavras, Boisset, ou Chabrol. Idem pour les chanteurs/groupes (Biolay vs Béranger, o tempora o mores!). Il y a pourtant de quoi faire. Hors sujet: on est décidément en pleine régression avec le retour des culottes de peau sur toutes les estrades et celui du service militaire (et pas une voix pour rappeler les délices de la conscription: brimades, humiliations, sévices divers, passages devant la Cour de sûreté de l’état, prison...etc).
RépondreSupprimerEt le fait qu'un gars quasi analphabète, mais qui à deux barrettes rouges cousues à sa veste, peut se permettre de tyranniser tout un groupe d'individus beaucoup plus évolué que lui. Anecdote personnelle : remettant au cause le sens du tempo d'un adjudant qui ne savait pas où était le 'un' dans une mesure, le gars m'a lancé son bâton "Bah vas-y, si tu penses faire mieux !". J'ai évité la cour martiale pour mon insolence, et suis devenu maitre de chorale ! Quant au brassage des cultures et des classes sociales... Je ne me souviens pas avoir croisé des fils de vicomtes, députés ou de Pdg pendant mes classes. J'attends avec impatiente les arguments du va-t-en-guerre Ciotti (et de quelques autres) qui s'était défilé (sic) de son année sous les drapeaux.
RépondreSupprimerAllez, on va jouer les anciens combattants. Je suis parti en août 80 (la "8") où il y avait beaucoup d'étudiants, ce qui nous a permis de faire bloc face notamment à deux abrutis commandos (à deux barrettes comme tu le dis) d'à peine 20 ans qui nous détestaient et qui n'avaient qu'une idée en tête, nous provoquer pour amener un geste de défense qui leur aurait permis de nous taper dessus. En mai 81, j'étais donc dans une caserne et je pense qu'on n'est pas passé loin du putsch. Je piste toutes les éventuelles études sur le sujet depuis des années, mais rien. Secret Défense. Hernu (accessoirement recruté par les services secrets de l'Est, bulgares, je crois) a dû faire ce qu'il fallait pour amadouer les militaires. Lors d'une présidentielle, la tradition voulait que le nouvel élu fasse cadeau d'un mois aux appelés. Mitterrand ne l'a pas fait: le personnage m'était déjà fortement suspect (Intérieur pendant l'Algérie, le gag de l'Observatoire...etc), ça n'a fait que confirmer. Je ne me plains pas trop: j'ai un copain qui est parti dans les chars à Mourmelon et qui en a vraiment bavé.
RépondreSupprimerQuant à moi, l'un des rares avantages d'être né plus tard (1975, exempté en 1995)...
RépondreSupprimerHé ho, les gars, n'oubliez pas qu'on "ne peut pas être végétarien dans un monde de carnivores"... Et rien de tel qu'une "bonne" (sic) guerre pour relancer la déesse Economie...
Rompez, les bleubites ... Je devais aller apprendre à guerroyer au début des 80's. Comme j'avais déjà sombré dans le tabagisme et l'alcoolisme, j'avais rien à apprendre dans les casernes, et j'ai réussi à esquiver cette corvée (exempté).
RépondreSupprimerLe film égyptien le plus récent que j'ai vu, c'est Gare centrale de Chahine. A moins que Le Caire nid d'espions et Astérix mission Cléopâtre ça compte, je suis pas très calé en cinéma des pyramides.
Sinon, pour parler d'autre chose, après avoir vu cité Warren Zanes quelque part (sur le film sur Springsten ?), j'ai ressorti mes vieux vinyles des Del Fuegos dont Zanes était le guitariste. J'ai les quatre premiers, je sais pas s'ils en ont beaucoup sorti ensuite. Ben, ça a plutôt bien traversé les décennies, surtout les deux premiers, avec mention particulière pour le second, "Boston, Mass". On peut pas dire que le Net francophone grouille d'articles sur eux. Vous connaissez ?
Évidemment que je connais les Del Fuegos. Je dois avoir 3 vinyles (je ne sors plus trop les 33t des étagères, un peu inaccessibles) et j'avais racheté en CD Smoking in the fields, peut--être leur meilleur, Stand up et un Best of. C'est râpeux à souhait.
SupprimerSi le Best of c'est celui des Slash years, il reprend en intégralité les deux premiers 33T. On a donc les mêmes disques ...
SupprimerRâpeux, oui. Etonné de voir que ça recueille tes suffrages, parce qu'à mon avis les Del Fuegos c'est sous forte influence de qui tu n'aimes pas, période Darkness ... -The river.
Ceci étant, "Dreams of you" sur "Smoking in the fields" (leur disque rhythm'n'blues avec arrivée des cuivres) est un immense titre et "News from nowhere" sur "Stand up" c'est un des meilleurs (le meilleur ?) riff des sombres 80's ...
Oui, c'est bien The Slash Years. Influence Springsteen....mmouais, ça se discute... J'avais été branché là-dessus par mon copain Momo d'Issoudun, émérite collectionneur érudit (qui a formé les goûts musicaux des Zéro de Conduite / Blankass, également d'Issoudun, que je voyais chez lui) avec tous ces groupes des années 80 (Rank and File, The Beatfarmers, Jason and the Scorchers...etc, plus des groupes australiens plus ou moins confidentiels...)
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RépondreSupprimerDel Fuegos, of course. Mais, très, très difficile à dénicher. Un certain buzz dans les 80's, avec Lone Justice, Violent Femme et The DEL Lords. Beat Farmers, aussi. À mon sens, plus sympa. Jason & The Scorchers est au dessus du lot. C'était une forme de revival de la Country.
J'étais certain que quelqu'un du blog avait déjà fait un papier sur Del Fuegos, mais non... Je ne pense pas que le groupe à réussi à passer la tempête des 90's.
PS : À l'appel (que j'avais fait reporté), ils m'avaient fait miroiter "monts et merveilles", d'autant j'avais explicitement demandé à partir dans un truc intense - plutôt transpirer et en ch..r que faire des gardes (où j'me serais forcément endormi) -, et puis... paf !! Ou plutôt "crash" : sévère accident de voiture moins de trois semaines avant le départ. ITT de plusieurs mois et... finalement... révision du dossier 😁 ils ne m'ont plus voulu 🙄 Zut !!!
DEL Lords , Beat Farmers et bien sûr Jason and the Sorchers (à mon avis les meilleurs) j'ai tout ca mais Del Fuegos jamais pu mettre la main dessus! Les premier(s Rank and File avec un certain Alejandro Escovedo qui sortira par la suite en solo une série de pépites qui reste unique.
RépondreSupprimerBon je vais aussi rajouter mon grain de sel en ce qui concerne la calamité qu'autrefois on appelait service national ! (mon c...l) pour ma part en 1973 objecteur de conscience et à l'époque la prison était jamais loin et je suis passé tout près! Même si la vie arrondi les angles à plus de 70 berges je demeure farouchement anti militariste et je ne suispas prêt à accepter qu'on utilise mes deux petits fils d'une vingtaine d'années comme chair à canon! en fait rien ne change ce sera toujours les memes gros c....qui
enverront des nuées de gamins à l'abattoir .
Bon mais continuons à parler culture sur ce Blog le reste me déprime!
"Faut pas désespérer des imbéciles on peut toujours en faire des militaires" Pierre Desproges
RépondreSupprimerEn vrac ...
RépondreSupprimerZéro de conduite, le Clash en version maternelle, no comment, et le frangin Blankass qui a continué, bof ...
Les groupes australiens, je vois ce que c'est, les Hoodoo Gurus, les Celibate Rifles, Died Pretty, voire Birthday Party le 1er groupe de Nick Cave, plus toute la descendance des Saints avec les projets parallèles de Chris Bailey ou Ed Kueper, tout ça sous forte influence du Detroit sound des Stooges et MC5. j'ai quelques disques de ces zozos, c'est du brutal ...
Beat Farmers, connais pas. Rank & File, Jason & the Scorchers, j'ai un disque de chaque (donc pas loin de l'intégrale, ils ont pas fait long feu il me semble). c'est cette mouvance que la presse "spécialisée" appelait au choix cow punk ou alt country.
Vous oubliez quand même ceux qui pour moi surnageaient du lot, Lone Justice avec la sublime Maria McKee (You gotta sin to get saved, un de ses disques solo est une merveille absolue), la demi-soeur de Bryan McLean, celui qui écrivait dans le Love d'Arthur Lee les morceaux des Beatles avec des cuivres (alone again or).
Sur discogs, on trouve la disco des Del Fuegos (en vinyle en bon état) à des prix très raisonnables (10-15 euros frais de port compris).
pour la disco complète de Jason and the scorchers Lester il te faudra encore en acquérir une dizaine .....quoique tous ne valent pas le coup! Pour Rank and File c'est plus facile ils n'en ont sorti que trois ! Les premiers Alejandro Escovedo (j'insiste!) ex Rank and File sont nettement plus intéressants!
RépondreSupprimerJe dois reconnaître que j'ai assez vite décroché, certain sont retombés avec le soufflé de la hype, et apparemment d'autres ont continué. Rétrospectivement, je pense pas que cette scène soit absolument essentielle et remplie de chefs-d'œuvre. Avec des moyens limités pour acheter du disque, j'ai vite préféré un vieux Stones, Zep, Byrds, ... que le prochain Jason ...
SupprimerBeuh ? On a pô oublié Lone Justice... 😮 J'le mentionne (là, au dessus, paragraphe 392, alinéa 25). Et si Philou se manifestait, il en ferait de même ✊🏼 Luc aussi, mais il récupère (il s'est couché après 21 h. 45, il est crevé... ). J'aimais bien Lone Justice; cependant, malheureusement (à mon sens), leurs deux disques n'étaient pas à la hauteur de leurs prestations scéniques. Par contre, je ne me suis jamais penché sur la carrière solo de McKee.
RépondreSupprimerOui, tu as raison, la scène "Cow punk" ou "alternative country" 👍🏼
Sorry, je me suis mal exprimé, j'avais vu cité Lone Justice, mais comme il était surtout question des autres, j'ai réagi par rapport à Rank & File et Jason & the Scorchers ...
SupprimerPour Jason, on peut sans problème faire l'impasse sur "Still standing" et "Reckless Country Soul" de 1982 dont la plupart des titres seront repris plus tard, dans une version plus affûtée.
RépondreSupprimerExact, les disques de Lone Justice ont été très décevants. Maria McKee, j'en ai un, bof.....
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