vendredi 12 septembre 2025

EN BOUCLE de Junta Yamaguchi (réal 2023 - sortie 2025) par Luc B.


Comme son titre français l’indique, le film repose sur le principe de la boucle temporelle. Comme le voyage dans le temps, et on s’en rapproche, c’est un thème qui a été utilisé pas mal de fois dans la SF. On pense à EDGE OF TOMORROW avec Tom Cruise, DÉJÀ VU de Tony Scott, COMME UN LUNDI de Ryō Takebayashi, MICKEY 17 de Bong Joon-ho, en littérature, je vous avais parlé du roman REPLAY de Ken Grimwood. Et évidemment, le plus célèbre, UN JOUR SANS FIN de Harold Ramis.

Comme son titre français l’indique, le film repose sur le principe de la boucle temporelle. Comme le voyage dans le temps, et on s’en rapproche, c’est un thème qui a été utilisé pas mal de fois dans la SF. On pense à EDGE OF TOMORROW avec Tom CruiseDÉJÀ VU de Tony ScottCOMME UN LUNDI de Ryō TakebayashiMICKEY 17 de Bong Joon-ho, en littérature, je vous avais parlé du roman REPLAY de Ken Grimwood. Et évidemment, le plus célèbre, UN JOUR SANS FIN de Harold Ramis.

Comme son titre français l’indique, le film repose sur le principe de la boucle temporelle. Comme le voyage dans le temps, et on s’en rapproche, c’est un thème qui a été utilisé pas mal de fois dans la SF. On pense à EDGE OF TOMORROW avec Tom CruiseDÉJÀ VU de Tony ScottCOMME UN LUNDI de Ryō TakebayashiMICKEY 17 de Bong Joon-ho, en littérature, je vous avais parlé du roman REPLAY de Ken Grimwood. Et évidemment, le plus célèbre, UN JOUR SANS FIN de Harold Ramis.

😜 Bon, okay, fin du gag…

Le japonais Junta Yamaguchi reprend le principe, et parvient à le renouveler. D’abord parce que la boucle du film n’est pas une journée, comme pour le pauvre Bill Murray, mais deux minutes. Dès qu’il est 13h58, le temps recule à 13h56. Et parce que, cette fois, tous les protagonistes du film sont victimes de ce dérèglement temporel.

L’action se situe, de nos jours, dans une charmante auberge logée au bord d’une rivière. Le réalisateur présente rapidement tous les protagonistes. Parmi les clients, un écrivain en panne inspiration, un type rigide qui exige de prendre un bain, deux amis qui déjeunent. Et la directrice, les cuisiniers, les employés. Parmi eux, la jeune Mikoto, qui fait une pause le long de la rivière, puis monte nettoyer une chambre avec un collègue. Deux minutes plus tard, elle monte nettoyer la même chambre avec le même collègue. Bizarre. Impression de déjà vu s’amuse-t-elle, le collègue confirme. Deux minutes plus tard, re-belote. Là, y’a un problème…

Des hurlements proviennent de la cuisine. Une autre employée affolée raconte que la bouteille de saké qu’elle avait mise à réchauffer, se retrouve dans le placard, froide. Puis l’écrivain se plaint de sans cesse devoir réécrire son texte, qui s’efface, alors qu’il doit rendre sa copie le soir même. L’autre client supplie de pouvoir sortir de son bain, dans lequel il replonge inexorablement, et les deux amis attablés en ont marre de manger à l’infini le même bol de riz. A chaque boucle, chacun reprend sa place et son occupation initiale.

Si on passe le court prologue de mise en situation, et l’épilogue, il reste en gros 80 minutes. Donc, quarante boucles de deux minutes. On va voir quarante fois Mikoto quitter le bord de la rivière pour monter dans les étages… Sachant que chaque boucle est un plan séquence, visiblement filmé avec une petite caméra légère, qui suit les personnages dans leurs déambulations frénétiques. Car le rythme du film est survolté, vaudevillesque, les protagonistes n’ayant que deux minutes pour essayer de contrer la situation.

EN BOUCLE est une comédie au jeu d’acteur outrancier, chaque mimique ou intonation est exagérée. C’est souvent drôle, à prendre au trente sixième degré, mais répétitif. Si vous vous souvenez de la série SAN KU KAÏ, c’est à peu près le même niveau de jeu. Le réalisateur se moque ouvertement du comportement de ses contemporains. On est, soit dans l’exercice de style revendiqué, soit dans le nanar absolu. Si les boucles sont en plan séquence, cela signifie que les actions sont filmées en temps réel. Donc comment expliquer des scènes sans neige, peu de neige, ou beaucoup de neige ? Erreurs grossières de raccord, ou défilement du temps en deux tempo ?   

Chaque boucle propose de nouvelles situations, développe les mini-intrigues. Les protagonistes étant forcément moteur de l’action. Ainsi se développe une jolie romance entre Mikoto et un jeune cuisinier, et à chaque fois un rendez-vous amoureux différent, mais toujours contrarié. Chacun essaie de profiter au mieux de la situation, comme l’écrivain qui se jette d’un étage, juste pour vérifier si au moment de la mort on voit vraiment une lumière blanche au bout du tunnel !

Là où le scénario patine, il me semble, c’est qu’on ne quitte jamais ce décor. On reste en vase clos, l’exercice devient redondant, forcément, les mêmes péripéties se répètent, comme le hamster dans sa roue. On aurait aimé un Quentin Dupieux pour apporter de la folie. Une piste est intéressante : qui parmi les personnages est responsable de ce dérèglement temporel ? Il y avait matière à un who done it rigolo, mais cette piste n’est pas exploitée. Si Mikoto est pointée du doigt, la morale de l’histoire serait que chaque protagoniste ayant souhaité à un moment pouvoir revenir en arrière, soit un peu responsable. C’est un peu léger.

Mais Junta Yamaguchi* donne, malheureusement, une explication rationnelle à son scénario, un épilogue complètement con, même Michel Gondry n’aurait pas osé sombrer dans un tel kitsch.

Alors que penser d’un tel ovni ? Une idée de départ réjouissante, joyeuse déclinaison d’une situation scénaristique connue. Mais le cinéaste s’en contente, ne cherche pas à approfondir, manque de nuances, il ne mise que sur le rythme, qui paradoxalement s’essouffle au bout d’un moment.


couleur - 1h25 – format 1:1.85

* le premier film de Yamaguchi, DEUX MINUTES PLUS TARD, exploitait déjà l'accident temporel et l'idée du plan séquence à la Birdman.  

5 commentaires:

  1. Shuffle Master.12/9/25 20:08

    Le film se passant visiblement en hiver, cette circonstance va me permettre un jeu de mots particulièrement désolant. La nippone (Mikoto) à la rivière se caille.

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    1. Ca sonne comme une contrepèterie, mais je n'ai pas trouvé...

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    2. Pont...rivière...Kwaï...?

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  2. Ah ouais, bien vu Juan. Jeu de mots cinématographique, honte à moi d'être passé à côté. Je pensais à un truc du genre "la Chine se soulève à la vue des nippons".

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