Avec le film intégral restauré en fin d'article
En littérature au point de vue de l’humour Pierre Dac reste ma référence,
en BD c’est Gotlib mais en cinéma Jacques Tati est sur le haut du
panier.
M. Hulot et les congés payés
Depuis 1936
les français partent se revigorer en vacances. Dans les années 50,
seulement 20% des ouvriers allaient à la mer contre 32% des employés.
L’hôtel était la solution la plus courante pour se loger mais aussi la
plus coûteuse. Pourtant la mer n’est pas le lieu de prédilection où les
français profitent de leurs vacances, la campagne (surtout en Auvergne) est l’endroit ou ils iront s’entasser à 49%. La côte d’azur est
encore un endroit inaccessible pour ceux aux revenus modestes, uniquement 31% de la population descendent sur la région
PACA. Pour se déplacer, c’est la même chose. 19% partent en voiture
contre 67% en train. Et avec tout cela Jacques Tati
comprendra que l’on peut en faire un film.

Un synopsis simple, les vacances d’un homme en solitaire dans un endroit
en bord de mer et toute une galerie de personnages plus ou moins
loufoques. Tous vont se croiser au détour de cette courte période de
repos. Il est impossible de parler de tous les gags du film, tout est dans
le visuel. Dès la première scène, sur le quai d’une gare, un haut parleur
fatigué et au babillage incompréhensible donne des indications de
l’arrivée d’un train. Entre annonce et contre ordre, les voyageurs
changent de quai plusieurs fois. M. Hulot, lui, est parti en voiture, un
modèle Voiturette André Lombard de type 3 (VAL 3)
de la marque
Salmson, véhicule qui fume comme un pompier, roule à la vitesse d’un
escargot et monte les côtes comme
Lance Armstrong sans EPO.
Qui est M. Hulot ? Un lunaire, un homme qui vient d’une autre planète, une
silhouette qui n’appartient qu’a lui, sa pipe, son chapeau, ses
pantalons trop courts… Hulot est, sans aucune méchanceté, le grain de
sable qui se glisse dans la petite société bourgeoise des années
cinquante.
C’est un poète qui s’ignore tout en étant une catastrophe ambulante. Une fois arrivé à l’Hôtel de la Plage à Saint-Marc-sur-Mer (proche de Saint Nazaire), les gags visuels vont s’accumuler. Entre Hulot qui craint pour que la guimauve ne tombe pas au sol, un couple de personnes retraitées constamment en promenade, le mari ayant l’air de s’ennuyer profondément, le garçon du restaurant complètement dépassé par les maladresses de Hulot. Maladresses qui auront le don d’irriter le petit monde cosmopolite de l’hôtel. Entre un commandant de la guerre 14-18, un jeune homme politisé, un homme d’affaire toujours pendu au téléphone, une dame anglaise qui se révèle être une des rares à apprécier les frasques d'Hulot. Il n’y a pas que des petits gags,
C’est un poète qui s’ignore tout en étant une catastrophe ambulante. Une fois arrivé à l’Hôtel de la Plage à Saint-Marc-sur-Mer (proche de Saint Nazaire), les gags visuels vont s’accumuler. Entre Hulot qui craint pour que la guimauve ne tombe pas au sol, un couple de personnes retraitées constamment en promenade, le mari ayant l’air de s’ennuyer profondément, le garçon du restaurant complètement dépassé par les maladresses de Hulot. Maladresses qui auront le don d’irriter le petit monde cosmopolite de l’hôtel. Entre un commandant de la guerre 14-18, un jeune homme politisé, un homme d’affaire toujours pendu au téléphone, une dame anglaise qui se révèle être une des rares à apprécier les frasques d'Hulot. Il n’y a pas que des petits gags,

Celui du cimetière est particulièrement drôle. Hulot parti faire une virée
en voiture est victime d'une crevaison ! La capote tombe et se
retrouve dans un cimetière au moment d’un enterrement. Il utilise la colle
sécotine
pour réparer et la chambre à air en est recouverte... Des feuilles vont venir se
coller dessus. Un employé de pompes funèbres passe avec une couronne de
fleur et lui prend la roue en croyant à une autre couronne mortuaire qui se
dégonflera sur la pierre tombale. Et pour finir il se retrouve parmi les
gens qui lui présenteront les condoléances. Il y a aussi une mémorable
partie de tennis ou il va épuiser ses adversaires avec un service pas très
académique à la grande joie de la dame anglaise et de la jeune demoiselle.
Après excursions, bal masqués, un feu d’artifice qu’il fera partir
involontairement (Jacques Tati se brulera accidentellement
la main) et maintes péripéties, ce sera l’heure de se dire au revoir et uniquement
deux personnes lui serreront la main : la dame anglaise et le vieux retraité
à qui Hulot a égayé ses vacances.
On remarquera l’importance que
Jacques Tati portait au transport dans son
premier film ”Jour de Fête“. Avec un rôle de facteur, le vélo s'imposait, Ici circule le train, le
bus et l’automobile, dans ”Mon Oncle“ le vélosolex et, plus tard, dans ”Trafic“ la voiture ou plutôt les voitures de plus en plus disponibles pour tous
envahissent l'histoire, devenant plus que des figurants.
Les gags ne sont pas uniquement visuels, ils sont aussi sonores, comme
le battement de la porte qui donne sur la cuisine de l’hôtel. Les
dialogues sont minimalistes, Hulot ayant souvent sa pipe dans la bouche
(et même quand il ne l’a pas) parle très peu. La musique est très
présente. Un film tendre sans vedette. Après un premier film ”Jour de Fête“ en 1949, il crée le personnage de M. Hulot qui ira de film en
film jusqu’à ”Trafic“ en 1971. ”Les Vacances de Mr Hulot“ À sa sortie, le film est un succès en France, au Royaume-Uni et aux
États-Unis. La mise en scène de Tati
est d’une maitrise absolue. Le corps, bien entendu, puisque chaque geste
de Hulot s’apparente à une chorégraphie.
Jacques Tati et seulement six films en une vie... mais qui incarneront le renouveau du burlesque français.
Bande annonce puis film complet
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