MISSION IMPOSSIBLE 8 : THE FINAL RECKONING de Christopher McQuarrie (2025) par Luc B.
Je m’étais promis d’arrêter,
mais je suis faible.
La saga franchisée par Tom Cruise nous avait
donné de bonnes choses, très bonnes même, avec M:I-3, 4 et 5, le
tiercé gagnant (j’ai un faible pour le 5). Le M:I-6 avait de bons
moments, mais M:I-7 devenait franchement lassant, beaucoup de bruit,
de remplissage mais plus guère de cinéma. Ce n’était que la
première partie d’un diptyque, on s’attendait donc à un M:I-8
THE FINAL RECKONING jouissif, feu d'artifice final.
Promis juré, c’est le dernier, laisse entendre son
producteur et vedette Tom Cruise. Ça se voit, car en gros,
pendant une demi heure quasi inutile, le scénariste et réalisateur Christopher
McQuarrie tente maladroitement de raccrocher les wagons avec le précédent opus, un
résumé bavard lardé d'images tirées du 7. Mieux encore, avec cette
séquence de brainstorming autour de la présidente des Etats Unis (Angela Bassett),
où ses conseillers ont le dossier de Ethan Hunt sous les yeux,
détaillant sa carrière et ses exploits, avec, donc, à l’appui... des extraits de tous le films de la saga ! Depuis Truffaut dans
L’AMOUR EN FUITE (le dernier Doisnel) je n’avais jamais vu ça !
Mais de quels exploits parle-t-on ? Ceux du personnage ou de son interprète à l'écran ? Ceux de Ethan
Hunt ou de Tom
Cruise, pour service rendu à Hollywood ? (quoi qu'on pense du bonhomme, il est un des rares à encore soutenir et produire du cinéma conçu pour les salles) On sent
effectivement que ce film sera le dernier de la série, sauf que…
la scène finale nous dit l’inverse, Ethan et sa nouvelle équipe à Trafalgar Square,
regards entendus, on reste en contact si jamais… Interminables
jeux de regards appuyés, A regarde B qui regarde C, qui regarde A puis B, lequel regarde D puis E, qui regarde A, qui… bref, 5 personnages = 25 champs
contre-champs.
On peut saluer que Tom
Cruise, qui commence à faire son âge, accepte de se
confronter à lui même, 30 ans plus jeune. Pas beaucoup d’acteurs
l’accepteraient. Ca donne la meilleure idée du film. Dans
le premier (De Palma, 1996) y’a cette scène culte de Ethan Hunt
suspendu à un fil dans une salle ultra sécurisée (avec la goutte
de sueur qui tombe) pour pirater un ordi. L’employé
responsable du site s'appelait William Donloe, on le retrouve 30 ans plus tard, expliquant à
Hunt que par sa faute, il a été muté dans une base de la CIA chez
les Inuits ! L’acteur étant le même, bien sûr.
Sinon, ça
raconte quoi ? Soit l’intrigue est très complexe, soit elle
est très mal racontée. J’opte pour la deuxième hypothèse. En
gros, de ce que j’ai compris, y’a une Intelligence Artificielle,
l’Entité, qui a pris le contrôle de l’arsenal nucléaire du
monde. Son coeur (son disque dur?) est planqué dans un sous-marin
russe qui gît au fond de l’océan. Il faut le récupérer, le neutraliser, mais pour ça il faut un virus. Et qui possède le
virus ? Le méchant, Gabriel. Le plan de Ethan Hunt est de livrer
l’Entité au méchant Gabriel (pour de faux) sauf qu’à la
CIA, on croit que c’est pour de vrai.
D’habitude, les films sont
construits comme une grande course poursuite, avec débauche de
cascades. Ce M:I-8 THE FINAL RECKONING se distingue par de longues
apartés dialoguées lourdingues, des crypto-dialogues pour faire genre on est
vachement intelligent, bourrés de termes technico machin chose, qui
tentent à la fois de résumer ce qui précède, et expliciter les
intentions des protagonistes. Résultat : on y pane que
dalle.
Mises à part deux ou trois petites scènes, comme au début la
libération de Paris, l’ancienne complice de Gabriel passée du bon
côté de la force, avec utilisation furtive des fameux masques en latex (marqueur de la série, vite expédié) les deux climax
sont la séquence du sous-marin et celle du biplan. C’est peu. La
scène du sous-marin, fallait oser ! Le mec descend dans les
abîmes glacées de l’arctique, en combinaison, mais en remonte en
maillot de bain, sans bouteille d’oxygène ! J’avoue qu’à
l’intérieur du sous-marin, c’est bien foutu, Ethan Hunt progresse comme dans une lessiveuse entre des missiles nucléaires qui
s’entrechoquent. Le seul souci, c’est que c’est
interminable.
Christopher McQuarrie réussit un exploit : on se
fait chier pendant les scènes d’action ! Montage ultra
découpé, aucune idée de mise en scène, des inserts répétés
quinze fois pour bien nous faire comprendre l’enjeu (les multiples
plans sur la clé-virus au cou de Gabriel), et quasiment aucun
humour. A côté Bergman c’est du
Tex Avery. Et puis faut arrêter de filmer le Cruise sprinter comme Usain Bolt, on y a droit quatre fois par épisode. Erreur de raccord ou gag involontaire, Hunt rattrape en courant un avion qui décolle !
McQuarrie filme en scope, mais on a l’impression qu’il
n’y a aucun plan d’ensemble, tellement le montage est haché. Du
champ contre-champ à toutes les sauces. Dans la poursuite (interminable aussi) en biplan, on voit un barrage immense. Impressionnant décor qui reste à l’écran une grosse demie seconde. Pourquoi filmer des décors naturels pour ne pas les montrer ? Le truc de
McQuarrie : quand un engin file vers l’avant, il le
filme en travelling arrière, pour décupler l’effet de vitesse.
Waouh ! Ca c’est de la mise en scène coco !
Palme de l'horreur visuelle à cette scène dans le caisson, où Hunt communique avec l’Entité. Qui lui
débite ses plans pour détruire le monde, comme quoi une IA peut être complètement conne et n'avoir jamais vu de James Bond. Parmi les partenaires de Hunt, il y a Paris, jouée par Pom Klementieff, une frenchy comme son nom l'indique, qui parle en français dans le film. Personnage sous exploité, dommage. A l'inverse, Grace la pickpocket passe de second à premier rôle féminin, Hayley Atwell est bien jolie, mais sa prestation totalement anecdotique. On regrette Rebecca Ferguson et Vanessa Kirby, d'une autre trempe. Simon Pegg prend du galon aussi, mais joue les utilités. Car les autres on s'en fout, regardez l'affiche, c'est Tom, sa gueule, et pis c'est tout.
Y’a
trop de choses qui ne collent pas, toutes les cinq minutes on se
demande : mais pourquoi ? mais comment ? A l'origine les deux films devaient être tournés simultanément et sortir à quelques mois d'intervalle. Sauf que ça ne s'est pas passé comme prévu, il fallait vite fabriquer un truc qui soit une suite sans en être une, le 7 s'étant planté au box office. C'est tout simplement un film qui n'a pas été pensé. Je ne comprend pas comment personne, dans le processus de production, ne s'est pas rendu compte que le projet allait dans le mur. Ce n’est pas
parce que c’est du divertissement, du grand guignol, de la baston
XXL, que ça doit être n’importe quoi.
Tout est énorme et invraisemblable dans INDIANA JONES (je cite celui ci parce que
la fin en Afrique rappelle furieusement la scène inaugurale des
AVENTURIERS) mais tout est clair, on participe au récit, aux péripéties. Parce que derrière la caméra y'avait un réalisateur qui connaissait le boulot.
Bref, c’est pas bon, redondant et beaucoup trop
long. Ca arrive à tout le monde de se tromper, mais qui est con, c’est que ça a coûté 400 millions ! Et si ça se plante, ils vont être obligés d'en refaire un pour renflouer les caisses.
J'ai vraiment vu que le premier, celui de De Palma et j'ai pensé oh, encore un James Bourne Jason Bond etc ... J'avais vu sur canal la 1ère partie de dead reckoning et j'avais rien compris à cette histoire ... J'ai jamais été fan de la série tv, et je me suis toujours demandé, mis à part démontrer toute la testostérone qu'il exsude, ce que Cruise, capable d'être un grand acteur (Magnolia, sans doute sa meilleure prestation), foutait avec ses cascades ubuesques dans ces histoires. La soixantaine atteinte, avait-il besoin de se prendre pour Belmondo pour remplir les salles ?
Il en fait des tonnes, dans "Magnolia"... Quant à ce film, y'a rien à comprendre puisqu'on sait à l'avance que Tom (et l'Amérique, l'Amérique...) sauveront le monde, pour le bien de l'Humanité (pas le journal...). Une femme (vraiment) noire (pas beige clair comme l'imposture Obama) Présidente, ils sont loin du compte... Anecdote : dans ma salle, dans ma rangée mais de l'autre côté de l'allée, une femme la bonne cinquantaine, "vivait" littéralement le film, insultant les méchants ("Tête de con !" à Kitridge) ou applaudissant (doucement) lorsque Tom reprenait le dessus... Y'a vraiment des chtarbé(e)s...
Je me flatte de n'avoir jamais vu un seul de ces Mission impossible (pas plus que de Star wars, d'ailleurs). Le prochain, vu l'âge de Cruise, ce sera Miction impossible: moins de cascades (à tous les sens du terme), mais sujet qui parlera à beaucoup.
Le 4 et 5 valent le détour, au cinoche bien sûr, mais faut aimer ce genre de trucs. Quand c'est bien fait, c'est divertissant. Pour Miction Impossible, Cruise ne sera-t-il pas au bout du rouleau ? (dans le 4, ça devrait te faire plaisir, Tom Cruise porte un tee-shirt "Born in the USA" de qui tu sais, juste après avoir fait sauter la moitié du Kremlin)
Exact, j'avais noté ce "clin d'œil" symbolique, sans doute pas anodin et fortuit... La Russie n'a beau plus être communiste depuis un bail, il semble rester des antagonismes... Moi je préfère "Pulp Miction"...
J'ai vraiment vu que le premier, celui de De Palma et j'ai pensé oh, encore un James Bourne Jason Bond etc ... J'avais vu sur canal la 1ère partie de dead reckoning et j'avais rien compris à cette histoire ...
RépondreSupprimerJ'ai jamais été fan de la série tv, et je me suis toujours demandé, mis à part démontrer toute la testostérone qu'il exsude, ce que Cruise, capable d'être un grand acteur (Magnolia, sans doute sa meilleure prestation), foutait avec ses cascades ubuesques dans ces histoires. La soixantaine atteinte, avait-il besoin de se prendre pour Belmondo pour remplir les salles ?
"avait-il besoin de se prendre pour Belmondo pour remplir les salles". Oui, pour remplir les caisses ! (comme Belmondo...)
SupprimerIl en fait des tonnes, dans "Magnolia"... Quant à ce film, y'a rien à comprendre puisqu'on sait à l'avance que Tom (et l'Amérique, l'Amérique...) sauveront le monde, pour le bien de l'Humanité (pas le journal...). Une femme (vraiment) noire (pas beige clair comme l'imposture Obama) Présidente, ils sont loin du compte... Anecdote : dans ma salle, dans ma rangée mais de l'autre côté de l'allée, une femme la bonne cinquantaine, "vivait" littéralement le film, insultant les méchants ("Tête de con !" à Kitridge) ou applaudissant (doucement) lorsque Tom reprenait le dessus... Y'a vraiment des chtarbé(e)s...
RépondreSupprimerD'un autre côté, Kitridge est une vraie tête de con !
SupprimerJe me flatte de n'avoir jamais vu un seul de ces Mission impossible (pas plus que de Star wars, d'ailleurs). Le prochain, vu l'âge de Cruise, ce sera Miction impossible: moins de cascades (à tous les sens du terme), mais sujet qui parlera à beaucoup.
RépondreSupprimerLe 4 et 5 valent le détour, au cinoche bien sûr, mais faut aimer ce genre de trucs. Quand c'est bien fait, c'est divertissant. Pour Miction Impossible, Cruise ne sera-t-il pas au bout du rouleau ? (dans le 4, ça devrait te faire plaisir, Tom Cruise porte un tee-shirt "Born in the USA" de qui tu sais, juste après avoir fait sauter la moitié du Kremlin)
SupprimerExact, j'avais noté ce "clin d'œil" symbolique, sans doute pas anodin et fortuit... La Russie n'a beau plus être communiste depuis un bail, il semble rester des antagonismes...
SupprimerMoi je préfère "Pulp Miction"...