mardi 8 avril 2025

LENE LOVICH - ”Stateless“ (1978) - par Pat Slade

 

La scène new wave des années 80 a donné naissance à une multitude de personnages hauts en couleur, des artistes qui, non seulement embrassaient l'originalité, mais s'en délectaient.
 

 
APATRIDE



Lene Lovich reste  l'incarnation de la new-wave. Souvent oubliée et sous-estimée, Elle n'est peut-être pas la musicienne la plus prolifique de sa génération, mais elle a certainement eu un impact durable sur notre culture. Née Lili-Marlene Premilovich d'une mère britannique et d'un père serbo-américain, elle passe sa petite enfance à Détroit avant de s’installer à l’âge de treize ans à Hull (j’éviterais les jeux de mots faciles !) dans le Yorkshire de l'Est en Angleterre avec sa mère et ses trois frères et sœurs.

En 1968, elle s'installe à Londres pour suivre des études d'art. Elle étudie la sculpture et la peinture, avec un penchant particulier pour le surréalisme. Elle est aussi attirée par l’art et le théâtre, elle apprend le saxophone et se produit dans le métro londonien et danse dans les cabarets de la ville. Elle monte sur scène avec diverses troupes de théâtre marginal. Elle fait une tournée en Italie avec un groupe de soul antillais et joue du saxophone pour plusieurs formations. Elle écrit des paroles pour Cerrone, la star française du disco. Elle enregistre même des cris pour des films d'horreur, il est difficile de trouver un artiste au CV plus éclectique. 

Elle a commencé à se faire connaître du grand public à la fin des années 70. À cette époque, elle avait sorti quelques enregistrements au succès limité. En 1978 elle enregistre ”I Think We're Alone Now“ une reprise de Tommy James and the Shondells de 1967, mais pour sortir un single, il faudra une face B et ce sera le fameux ”Lucky Number“ mais il sortira en face A. Ce fut un succès, se classant dans le top 3 du classement des singles britanniques. Suite au succès de son single, elle sort Stateless son premier album. ”Stateless“ c’est la famille Adams avec un synthétiseur. Des interprétations résolument gothiques de la new wave, avec ses basses sombres et vibrantes et des notes synthétiques lumineuses. Il met également en valeur le chant extraordinairement unique de Lene Lovich. Elle jappe et glapit tout au long de chaque morceau, se laissant aller à toutes les affectations possibles avec un plaisir évident. Son interprétation décalée, combinée aux nuances vaguement balkaniques de l'album dans son ensemble en fait une écoute unique.

Lene Lovich affiche aussi un look genre poupée russe gothique matinée homeless avec une coiffure en forme de papillon avec des tresses où la couleur noir prédomine l’ensemble. Elle a été classée punk par certains après sa collaboration avec Nina Hagen, cette dernière fera une adaptation en allemand de ”Lucky Number“ sous le titre de ”Wir leben immer... noch“ que l’on peut trouver sur l’album ”Unbehagen“ en 1979. Elles participeront a beaucoup de projets en commun, notamment dans un film et dans un titre en duo en faveur de la cause animale.

Elle n’a enregistré à ce jour que cinq albums, le premier ”Stateless“ restant le plus connu. Lene Lovich c’est une new wave épurée et non de la punk agressive comme on pourrait le croire. Si Nina Hagen avait une grande sœur artistique américaine, elle s’appellerait Lene Lovich.     



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