Il y avait déjà longtemps que je voulais parler de mon maitre à penser,
le roi des loufoques : Pierre Dac. Aujourd’hui, florilège de gros
calembours parce que les mots rendent les cris vains.
Sérieux s’abstenir
Y a-t-il à notre époque un héritier du roi des loufoques et du prince de
l’absurde ? Pierre Desproges aurait
pu reprendre sa couronne s’il avait vécu plus longtemps.
Comme il l’écrira : ”Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant.“ alors je réfléchis comment je vais pouvoir parler de ce génie de
l’humour. En premier lieu je vais revenir sur son histoire car il n’a pas
tout le temps été le loufoque que l’on a connu.
André Isaac dit Pierre Dac
André Isaac, né en 1893, est issu d'une modeste famille
juive, le père est boucher et la mère femme au foyer. La profession de son
père aura une grande influence sur lui, car tout au long de sa carrière
d'humoriste Pierre Dac
s'inspirera du louchebem, l’argot des bouchers. Le louchebem, un argot réjouissant qu’avaient inventé les bouchers des halles de La Villette à
Paris, au XIXe siècle pour parler entre eux sans se faire comprendre des
clients qui parfois les emmerdent copieusement.
On remplace la première consonne par un L, cette consonne est placé à la
fin du mot que l’on termine par une sonorité en ”em“ le plus souvent mais aussi en oc, ouche, puche, qué, atte, oque !
C’est un argot comme le javanais ou largonji. Même s’il est un bon
élève, c’est un enfant farceur, ce qui lui vaut d'être renvoyé du lycée
après avoir accroché un hareng saur à la queue de l'habit de son
professeur de maths, ce qui marquera en même temps la fin de ses
études. Blessé deux fois pendant la première guerre mondiale il sera
décoré et cité quatre fois à l’ordre de la nation, mais selon Jacques Pessis
son biographe et légataire universel, tout ne serait qu’un histoire
montée de toutes pièces, une longue suite d’hospitalisations et de
périodes de convalescence pendant presque toute la guerre, le point de
départ étant un accident pendant un exercice de tir en 1914. Sa fiche matricule n’indique aucune blessure de guerre, aucune
citation ni aucune décoration.
Après la Guerre, Pierre Dac vit de
petits métiers à Paris, coursier, chauffeur de taxi, homme-sandwich. Dans les années 20, il devient chansonnier. Après
s’être produit dans de nombreux cabarets, nn 1935, il crée
une émission humoristique de radio, La Course au Trésor, un
jeu qui consistait à ramener dans un minimum de temps une liste de dix
objets insolites
(Cela allait d’une choucroute garnie à une photo de Tino Rossi dédicacé
à la date du jour !), et en anime une autre, La Société des Loufoques, sur Radio
Cité, émission qui remporte un grand succès.
Deux ans après ses débuts à la radio, il fonde le journal ”L'os à moelle“
où il annonce la mise en place d'un Ministère Loufoque. ”L'os à moelle“ réunit une poignée de journalistes et dessinateurs telsqueRoland Moisan, Jean Effel,
Robert Roccaet bien d'autres. Le journal contient ainsi une multitude de
décrets et autres petites annonces tous aussi loufoques les uns par
rapport aux autres. ”A dater de samedi prochain et jusqu’au retour des hirondelles, le
sens unique est institué entre Paris et Pézenas, aussi bien par la
route que par les airs et la voie ferrés. Cette mesure toutefois
ne concerne pas les piétons qui pourront circuler dans les deux
sens, à condition d’avoir les cheveux en brosse et les genoux
pointus. Tout contrevenant sera immédiatement déféré devant les
tribunaux compétents et passible de peine allant de
l’emprisonnement perpétuel à l’amputation de l’oreille
gauche“.
”Monsieur ayant déjà eu des hauts et des bas demande place garçon
d’ascenseur“,
”Échangerions contre puits de pétrole mines au choix : mines
de crayon, mines de rien, mines renfrognées, etc.“
Pierre Dac - Francis Blanche
Au bout de 109 numéros et 400 000 exemplaires à chaque édition, ”L'os à moelle“
cesse de paraître. Lors de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Dac se réfugie à Londres et devient animateur de l'émission ”Les Français parlent aux Français“
diffusée par la BBC (pom, pom, pom, pom !!!!!). Il parodie
des chansons à la mode ”Les gars de la marine“ devient ”les gars de la vermine“ ”Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand“ sur l’air de la cucaracha. A la fin de la guerre, il sera décoré de
la médaille de la résistance française, de la croix de guerre
1939-1945 avec
une citation à l'ordre de l'armée
et il sera chevalier de la légion d’honneur. Il entre dans la
franc-maçonnerie où il sera membre de 1946 à 1952. Après
avoir quitté la loge, il rédigera une parodie de rite
maçonnique :”Grande Loge des Voyous, Rituel du Premier Degré Symbolique“. En 1949, la carrière d'humoriste de Pierre Dac prend un nouveau tournant en rencontrant Francis Blanche.
Ensemble, les deux humoristes écivent de nombreux sketches dont le plus
célèbre est sans doute le ”Le Sâr Rabindranath Duval“ qu'ils joueront après un repas bien arrosé. Le tandem Pierre Dac / Francis Blanche est à l'origine d'une multitude d'émissions radios telles
”L.K.N.O.P.D.A“. ”Les kangourous n'ont pas d'arêtes“, ”Faites Chauffer la colle“, ”Malheur aux Barbus“, ”Le Parti d'en rire“ et
surtout ”Signé Furax“. Il est l'inventeur du Schmilblick, qui ”ne sert absolument à rien et peut donc servir à tout. Il est
rigoureusement intégral !“ Repris par Guy Lux et parodié par
Coluche.
Même s’il paraissait être un joyeux drille, il tentera à quatre
reprises de se suicider.
Depuis son retour en France à la Libération, il souffrait de ne
pas retrouver toutes les amitiés sur lesquelles il comptait, sur ce
plan il n'enchaîne que des déceptions, à l'exception de son amiFrancis Blanche. En 1964 il fait
reparaître L'Os à moelle et en 1965, bien avant
Coluche, il se présente comme candidat
à la présidentielle avec le MOU (Mouvement Ondulatoire Unifié), il désigne Jacques Martin premier
ministre et deux de ses futurs ministres,
Jean Yanne et
René Goscinny. Les discours
grandiloquents seront édités dans l’organe officiel
L’Os à Moelle avec son slogan : ”Les temps sont durs, votez MOU !“.
Tout comme Coluche, sa
candidature gène les hautes sphères de l’état,
Un conseiller du général de Gaulle, en septembre, par téléphone, lui demande de se retirer. Par fidélité pour celui qui fut le chef de la France libre, il accepte en justifiant par la formule : ”Je viens de constater que Jean-Louis Tixier-Vignancour
briguait lui aussi, mais au nom de l'extrême droite, la magistrature
suprême. Il y a donc désormais, dans cette bataille, plus loufoque
que moi. Je n'ai aucune chance et je préfère renoncer“.
Malgré le succès, Pierre Dac est
et restera un homme modeste, presque effacé. Gros fumeur, il meurt sept mois après son complice
Francis Blanche d’un cancer du poumon.
En plus d’une œuvre littéraire bien fournie, il apparaitra aussi au
cinéma (pour l’anecdote en forme de clind’œil, il apparait dans le film
”Allez France !“ de
Robert Dhéry dans une pièce sous un
escalier parlant pour Radio Londres !).
Celui qui disait ”La mort n’est, en définitive, que le résultat d’un défaut
d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir
vivre“ Pierre Dac a repris
Alphonse Allais à sa manière.
Pierre Dac
mon maître…quatre vingt six ! (adapter à votre taille !)
J'ai fait l'erreur d'aller sur wikipedia après avoir lu l'article. Y avait comme un air de déjà vu...
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