mardi 30 avril 2024

FRANÇOIS BERANGER - «Joue pas avec mes nerfs» (1979) par Pat Slade


Il y a déjà longtemps que je voulais parler de François Béranger, un chanteur hors du commun, son succès ne viendra d'une certaine catégorie de fans.




UN LIBERTAIRE DANS L’ÂME

Né en 1937 d’un père tourneur et militant syndicaliste qui, pendant la guerre, après l'armistice et la démobilisation, dirigera un centre de jeunesse et participera activement à la Résistance. A la Libération il sera élu député à l’Assemblée Nationale

François Béranger est considéré aux yeux de beaucoup comme un clone de Félix Leclerc franchouillard, alors qu’il est beaucoup plus que ça. Ses textes sont poétiques, très revanchards voire  libertaires. Il abandonnera ses études à 16 ans pour entrer dans le monde du travail et fera ses premières armes chez Renault à Boulogne-Billancourt, usine mythique qu’il quittera une année plus tard pour s’engager dans une troupe de théâtre amateur itinérante pendant quatre ans. Après avoir été appelé pendant la guerre d’Algérie, il travaillera à l’O.R.T.F comme régisseur et réalisateur avant de se lancer dans la chanson. Il se fait connaître au début des années 1970 lors du renouveau de la chanson française imprégnée de folk, portée par des thèmes contestataires. Une époque ou la chanson française était porteuse de poésie militante avec Catherine Ribeiro, Mama Béa ou Joan-Pau Verdier.    

François Béranger chantait, disons... pour certaines de ses chansons, un Renaud avant l’heure mais on peut aussi y retrouver une inspiration venue de Thiéfaine ou Couture par son coté rock et de Léo Ferré ou Henri Tachan par son coté engagé comme dans ”Allemagne sœur blafarde“ sur l’album ”Da Capo“. Certaines de ses chansons comme ”Tranche de Vie“, ”L’alternative“ ou ”Participe Présent“ vont le conduite à être catalogué dans le registre des voix militantes de cette époque. Il participe à la musique du film ”L’An 01“ de Gébé et Jacques Doillon, un film qui narre un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme, un film ou apparaissait la plupart de l’équipe de Charlie Hebdo (Choron, Cavanna, Cabu) mais aussi de jeunes acteur(trice)s débutant(e)s comme Daniel Auteuil, Josiane Balasko, Christian Clavier, Coluche et d’autres personnalités de tout bord comme Gotlib, Patrice leconte, Stan Lee ou des musiciens comme  Jacques Higelin et Béranger lui-même qui fera une apparition.

"Tranche de vie"
50 ans de carrière, douze albums et toujours la même question :”Lequel prendre ?“ Le premier ”Tranche de Vie“ ? Le plus militant ”L’alternative“ ? Le dernier ”Dure-mère“ ? Je jetterai mon dévolue sur ”Joue pas avec mes nerfs“ , ”Joue pas avec mes nerfs“ avec ses ballades longues et nostalgiques comme ”Chanson Marrantes“, sa biguine anticolonialiste ”Mamadou m’a dit“, l’anti-flic ”Je ne veux plus le savoir“, le très rock et toujours aussi engagé ”Joue pas avec mes nerfs“, la jolie et triste chanson a la façon d’un Aristide Bruant en voix-piano ”Pour ma grand-mère“. L’autobiographique et rock avec un superbe solo de guitare en final ”Tout ces milliers de kilomètres“, ”A force” la sœur jumelle de ”Je ne veux plus le savoir“ pars son rejet de l’autorité policière.    

François nous quittera en aout 2003 à 66 ans (trop tôt) mais il ne sera pas oublié, une compilation hommage sera enregistré en 2007 avec des reprises chanté par Tryo, Thiéfaine, Yves Jamait, Jeanne Cherhal, Sanseverino et beaucoup d’autres.


François Béranger, un chanteur atypique comme on en trouvera plus. Pour apprendre à connaitre son univers et rentrer dans son monde, ”Joue pas avec mes nerfs“ est l’album parfait.


- Ah, j'avais prévu trois titres mais c'est le vieux Toon qui relit ma prose et place les vidéos… Faut le faire en code HTML, pas trop mon truc… Ben du coup il a mis une playlist de l'album dispo sur YouTube… 7 titres…

- Merci mon p'ti Pat de signaler mon humble participation quoique la formulation "le vieux Toon"... sniff ! 😉

3 commentaires:

  1. Shuffle Master.30/4/24 08:46

    Pour moi, ce serait plutôt Le Monde bouge avec Magouille Blues, que je faisais étudier en classe, avec retour sur le contexte, identification des candidats...etc. Et je n'ai même pas les palmes académiques, alors que Sheila a la Légion d'honneur pour L'école est finie. Mais dans quel monde vivons nous? Dans celui où un retraité quasi indigent est obligé, pour pouvoir manger à sa faim, de donner une forme présentable au galimatias d'un gommeux.

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  2. Ils ne sont pas nombreux les artistes à chanter le prolétariat aussi bien que François Béranger.
    Surtout que Michel Buhler est parti trop tôt en novembre 2022 laissant la relais à Eric Frasiak. (dans un registre un peu différent les sales majestés continuent d'entretenir la flamme)
    Je ne peux que conseiller l'indispensable coffret 3cd + dvd "Le vrai changement c'est quand ?" divisé en thématiques amour, poésie, révolte.

    Natacha

    Ton nom est déjà un voyage

    A quoi bon dépenser nos sous

    A partir et pour où

    A partir

    J'aime mieux les rivages ombreux

    De notre grand lit aux draps bleus

    Où l'on découvre des merveilles

    Natacha

    Ton ventre est une plaine à blé

    Où le Lion court après la Vierge

    Dans le soleil de Juillet

    Et la plaine

    Quand elle finit c'est pour venir

    Caresser des montagnes douces

    Où je cueille des fruits délectables



    Natacha après les monts après les plaines

    On arrive dans un pays

    Où les mots ne peuvent plus rien dire

    Un pays

    Où je crois voir ton visage

    Avec ta bouche qui s'entrouvre

    Avec tes yeux qui cherchent l'ombre

    Natacha

    L'air que je respire est le tien

    Je me baigne dans les grands flots

    De tes cheveux abandonnés

    Nos navires

    Selon le temps selon la mer

    Vont calmement ou bien se brisent

    Mais c'est toujours pour le plaisir



    Natacha

    En toi je fais de longs voyages

    Les plus beaux les plus délectables

    Il me semblait que toi aussi

    Tu t'en vas

    Tu t'en vas faire le tour du monde

    Le vrai cette fois avec des trains

    Des Boings, des machs des turbines

    Natacha

    Je crois bien que tu reviendras

    Non pas que je sois prétentieux

    Mais nos voyages c'était bien mieux

    A partir

    J'aime mieux les rivages ombreux

    De notre grand lit aux draps bleus

    Où l'on découvrait des merveilles

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  3. "Le changement, c'est maintenant !" disait l'autre ***** (j'allais dire "tanche" mais ignorant le sens... profond de ce mot, je me suis rendu compte qu'il était vilain et non approprié...) et on n'en a pas vu l'ombre d'un poil de cul... :-)

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