ANGE - Le cimetière des arlequins (1973) - par Pat Slade
1973 sera l’année Ange, celle de la reconnaissance dans le monde du rock
progressif.
Le festival de Reading ou l’absentéisme des journalistes
Après avoir tourné pendant trois ans, jouant entre autres le
premier opéra-rock de
Christian Descamps
”L’épopée du Général Machin“, et sorti les 45 Tours ”Israël“, ”Tout Feu Tout Flamme“, ”Le Soleil Est Trop Vert“, Ange publie en 1972 son premier album : ”Caricatures“.Ainsi commence la longue route du plus ancien groupe de rock
français. Un rock progressif bien à lui avec le son de l’orgue Hammond
deFrancis Decamps
et les textes de Christian Decamps
teintés d’une certaine poésie médiévale. A cette époque les groupes
poussaient comme du chiendent, Alice, Atoll, Dynastie Chrisis
ou Triangle , tous se faisaient une petite place au soleil. Mais le
coté théâtrale et le son du clavier de Francis Décamps
mettra Ange
au dessus du lot.
Après la sortie de ”Caricatures“, le groupe gagne en popularité et part en tournée, il assurera la
première partie de Johnny Hallyday
lors du premier concert de sa tournée
”Johnny Circus“, un concept qui allie rock et numéro de cirque. Malgré l'originalité et
l'ambition du projet, le ”Johnny Circus“ est un relatif échec et un gouffre financier pour Johnny Hallyday. En 1973, le groupe enregistre son second album, ”Le Cimetière des Arlequins“. Pour promouvoir sa sortie, Ange
donnera de nombreux concertset le top adviendra le 26 aout 1973 en Angleterre au festival de
Reading.
Le Reading festival est l'un des plus anciens festivals au monde de
musique populaire qui soit toujours en activité. Même s’il accueille différents styles comme du hard-rock, alternatif,
punk de nos jours, dans les 70’ le rock progressif remplissait les
gradins. Et ce jour d’aout 1973Ange partagea la scène avec
Genesis et
The Spencer Davis Group. Étalée sur
trois jours l’affiche proposait des noms comme
Rory Gallagher,
Magma,
Status Quo et
The Alex Harvey Band. Le festival de
Reading a une longue “tradition” (Si on peut appeler ça une tradition !) de jets de bouteille et d’objets divers sur les groupes de moindre
importance, le public anglais est intransigeant. Et devant les 30 000
personnes présentes ce jour-là, on pouvait penser que le petit groupe
français ne ferait qu’une courte apparition face a la tête d’affiche qui
était Genesis et pourtant ils
fausseront les pronostiques. Ange
fera lever le public et rencontrera un très gros succès au grand dam du
groupe et de son manager puisqu’aucun journaliste français n’était sur
place ce jour-là. Même si ce fut un manque à combler, cela n’empêchera
pas le groupe de continuer sa route.
”Le Cimetière des Arlequins“ est musicalement la suite logique de ”Caricatures“.
Même si la sonorité n’y est pas formidable, les renforts panoramiques
donnent une couleur particulière à ce bel album. Beaucoup de
curiosités, déjà par la reprise de ”Ces Gens-là“ de Jacques Brel qui sera amputé
d’un couplet pour être remplacé par un solo de guitare de
Jean-Michel Brezovar comme
l’expliquera Christian Decamps sur l‘album ”Nous n’avons pas voulu te prendre Frida“. Un titre qui restera dans le répertoire scénique du groupe
puisqu’il sera le dernier morceau joué. ”Aujourd’hui c’est la fête chez l’apprenti sorcier“ Un son un peu gras, un orgue lumineux et des paroles délirante,
tout ce que l’on demande à
Ange ! ”Bivouac (1er partie)“ un morceau bizarre, au refrain tarabiscoté, alambiqué un peut
farfelu mais sinon on reste dans ce coté provinciale très médiéval
dans le reste des paroles. Un bon titre de la fratrie
Decamps. ”L’espionne lesbienne“ sur une musique de Daniel Haas et
des paroles de Christian, on fleurte
avec le scabreux, et les paroles pourraient apparaitre dans un recueil
de Boris Vian. Pour finir la première
face (Eh oui ! Je suis encore au vinyle !) ”Bivouac (final)“ un instrumental de 3 minutes.
Christian Decamps
Face 2 : ”De temps en temps“ Un joli titre des frères Decamps
avec une dernière note qui ”s’envole“ comme si l’ingénieur du son s’était endormi sur sa console et
aurait poussé malencontreusementun curseur tout en accélérant le défilement de la bande. ”La route aux cyprès“ Daniel Haas, pour un second titre, voici un genre de musique que l’on retrouvera
sur son album instrumental ”Couleurs du temps“ cinq ans plus tard. ”Le cimetière des arlequins“ : la pièce maitresse avec ses 8.50 minutes et son atmosphère un peu
sombre. Un début basse et clavier sur des paroles toujours aussi
médiévale et avec une certaine recherche délirante. Un vrai son
progressif de l’époque avec ses crescendos lyriques qui offrent un
final toute en puissance.
Les premiers exemplaires commercialisésde l'album présentent desautocollants et sont accompagnés d’un transfert pour tee-shirt.
La pochette de l'album représente une peinture d'un artiste d'origine
russe, Jacques Wyrs, une illustration
extraite de la série Monuments Stellaires. ”Le cimetière des arlequins“ est un plat constitué de progressif anglais et de populaire français
et la combinaison des deux en fait un album très bon, pour preuve, à sa
sortie il se vendra à plus de 200 000 exemplaires, un bon disque qui
reste un cimetière ou rien n’est à enterrer. même si je préfère l’album
qui suivra ”Au-delà du délire“.
Mmouais. Pour des oreilles vierges, le choc risque d'être rude. Il faudrait se replonger dans l'ambiance du milieu des années 70 où le créneau mystico-rural des frères Deschamps pouvait encore passer, malgré une certaine prétention (cf les "leçons" de poésie de Christian Descamps dans Best.....).
Mmouais. Pour des oreilles vierges, le choc risque d'être rude. Il faudrait se replonger dans l'ambiance du milieu des années 70 où le créneau mystico-rural des frères Deschamps pouvait encore passer, malgré une certaine prétention (cf les "leçons" de poésie de Christian Descamps dans Best.....).
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