Ecoutez la B.O en lisant le billet
- Après la musique des 7 mercenaires, Claude, tu nous proposes une B.O. de Science-fiction… La musique de Bienvenue à Gattaca de Michael Nyman début mai était superbe. Mais là, voyage dans le cosmos comme dans 2001 Odyssée de l'espace, j’avoue n’avoir pas tout pigé en voyant Interstellar en salle…
- Pour Gattaca, que tu cites, c'était plutôt un thriller qui évoquait les risques de dictature et d’eugénisme offerts par les manipulations génétiques, des naissances provoquées artificiellement pour obtenir des êtres parfaits physiquement et intellectuellement, en principe ! On restait les pieds sur terre.
- T’es un passionné de physique je crois ; tu en penses quoi de
Interstellar question vraisemblance scientifique…
- D’abord une certitude, c’est un très beau film, riche en suspens et en questions sur notre univers… Les scénaristes ont essayé de jongler avec les recherches les plus récentes en astrophysique sans, d’après leurs dires, s’écarter trop de la réalité, des lois connues à ce jour qui régissent ledit cosmos… Heu, ouais, les libertés sont prises dans Interstellar, mais un film de SF n’est pas un documentaire saturé d’équations… Donc, oui, il y a pas quelques spéculations farfelues, mais sans cela où serait le rêve ?
- Tu as raison là-dessus, tu expliques tout le film ?
- Non, juste un résumé du synopsis d'un chef-d'œuvre visuel de près de trois heures et quelques remarques scientifiques sur des détails réalistes ou plus du domaine de l'imaginaire, pas un cours magistral. C’est aussi un billet sur une musique onirique qui convient très bien à cette odyssée astrale, et c’est le prétexte de parler d’un compositeur de B.O. important : Hans Zimmer…
Professeur Toondoc |
J'innove : ce billet en contient trois en un, comme certains produits ménagers. Blague nulle à part, le film Interstellar m'a donné l'idée d'une maquette qui sera sans doute unique dans mes articles pour le blog… Un commentaire sur un film, et sur sa B.O, en général je dissocie. Mais, bonus : ce film me donne l'occasion de me lancer dans la vulgarisation scientifique, par nostalgie d'une lointaine dimension de ma carrière.
Le film Interstellar qui côtoie la physique théorique et l'astrophysique la plus récente est le long métrage idéal, mais beaucoup de ceux qui l'ont vu le savent déjà… Réalité mathématique, fantastique et merveilleux se régalent. J'ai voulu tenter de faire la part des choses. Le style est celui d'un exposé pour lycéen… Cela dit si vos souvenirs des cours sont cauchemardesques, sauter dans l'espace-temps les textes de notre expert, le Professeur Toondoc, et caractères réduits (à cause de la gravité de Newton et de la gravité… du sujet, Comme dirait Sonia, c'est plus fort que moi les jeux de mots).
Hans Zimmer |
Les films de science-fiction spatiale offrent les clés pour s'évader de notre monde tridimensionnel étriqué (ajoutons la dimension "temps" qui s'écoule régulièrement). Il y a ceux très imaginatifs qui font l’impasse totale sur nos connaissances scientifiques actuelles, sur les lois qui régissent notre univers, les étoiles, les planètes, les galaxies, etc. ; exit la physique, la chimie et la biologie. Quelques exemples : du nanar étalon Plan 9 from Outer Space de Ed Wood à la parodie Dark star de John Carpenter tout en passant par la saga de la guerre des étoiles peuplées de créatures fantasques dignes du bestiaire de Jérôme Bosch et où la soucoupe volante déglinguée Faucon Millemium se déplace à n fois la vitesse de la lumière sans que Hans solo et ses compagnons en souffrent le moins du monde. C’est le style heroic fantasy de l’espace…
Il y a les situations mixtes comme
2001 Odyssée de l’espace
qui, dès que le plan le permet essaie de rester fidèle à l’ami
Newton, à ce qu'impose la gravitation et les forces centrifuges
créées par la rotation des astronefs. Les hôtesses de l'espace portent des
chaussures à scratch et le stylo lâché part à la dérive. J'adore le tableau
des consignes pour utiliser "le petit coin". Cela dit la grande station spatiale circulaire, tournoyant sur fond
musical de
Johann Strauss, pourrait se disloquer en miettes du fait qu’elle n’est pas complétement
construite… et subit donc, du fait de sa taille gigantesque, une "force de balourd" colossale…
F=m.R.ω2.sin ωt. Ou alors,
jamais la navette ne pourrait entrer dans l'astroport à l'ouverture
dissociée du barycentre, en un mot jamais au centre de la station. Kubrick
cherchait avec génie à faire un film esthétiquement sans équivalent, il lui
sera beaucoup pardonné, d'autant que dans la deuxième partie, le scénario
bascule volontairement dans une approche métaphysique et fantastique 😊.
Et puis il y a les films comme
Gravity
ou
Interstellar
où, en coopération avec des physiciens qui sont restés aussi de grands
rêveurs, on approche à travers des images somptueuses la matérialité des
lois souvent incompréhensibles du grand public sans trop écorner la rigueur
mathématique, unique discipline rigoureuse en Relativité et mécanique
quantique. Ah les trous noirs et les trous de ver, ces objets stellaires si
difficiles à visualiser par des images réalistes tant par la science que
dans notre psyché… Et peu importe la véracité…
Après ce petit panorama succinct de la cohabitation entre les aliens, Kubrick, Lukas, Spielberg, Einstein, Newton, Planck et Cie, partons aux confins de l'univers avec nos héros de Interstellar et le duo Nolan – Zimmer.
Anne Hataway & Matthew McConaughey |
Avec
Inception
en 2010 Christopher Nolan nous avait déjà gâtés par un
scénario complexe et trépidant, autant que mystérieux. Je le soupçonne
d'avoir lu la saga des
guerriers de la nuit de
Graham Masterton, créateur d'une milice des rêves qui par magie part
combattre des créatures infernales dans les cauchemars des victimes de
démons.
Dans le film de Nolan, des aventuriers de la méthode des rêves partagés (pure invention) plongent de niveau en niveau dans le psychisme de personnalités influentes pour leur implanter des réalités alternatives ou leur extorquer des informations ; une startup de l'arnaque dans le cortex non sans danger. Génial par son originalité, la qualité de la mise en scène, son casting avec en tête Leonardo di Caprio en grande forme. Une source de discussions sans fin, tard dans la nuit, entre cinéphiles pour échanger sur la conclusion : réalité ou chimère. Plus qu'un thriller fantastique survolté qu'un film de S.F., Inception collectionnera quatre oscars, plus une nomination pour la musique de Hans Zimmer. On ne change pas une équipe qui gagne.
Image artistique du trou noir Gargantua… |
Si Jules Verne avait suivi au XXème siècle les travaux
de Albert Einstein,
Nathan Rosen,
John A. Wheeler, ou encore
Stephen Hawking, il aurait aimé
participer à la rédaction du scénario de
Interstellar. L'écrivain n'avait-il pas envoyé en 1865-1869 vers la Lune, et
depuis la Floride, trois hommes dans un obus dont la conception préfigurait
les capsules Apollo avec un siècle
d'avance. Certes ces trois aventuriers n'auraient pas survécu au coup de
canon propulseur qui les aurait réduits en bouilli ! par contre,
Verne savait qu'il fallait plus d'un an pour refroidir le
gigantesque canon et pas moins… Dommage que pour l'EPR, les autorités aient
été trop pressées.
H.G. Wells imagina la Cavorite,
un matériau faisant écran à la gravitation ; but : ouvrir ou fermer des
panneaux entourant une capsule permettant ainsi de s'échapper à l'attraction
terrestre pour se soumettre à celle de la Lune. Pas idiot, mais pas encore
réalisé (ce ne le sera jamais, rien ne peut faire écran à la force de
gravitation). Son roman Les Premiers Hommes dans la Lune
parut en 1901, et surprise la Lune est peuplée de "sélénites" à la
structure d'insecte… Georges Méliès a-t-il été influencé par ces
lectures lors de la réalisation du premier moyen métrage de l'histoire, en
1902,
Le Voyage dans la lune ? Je ne suis pas le premier à émettre cette hypothèse.
Les mystères du cosmos et s'évader de notre planète sont donc bien des sujet fascinants, anciens et intemporels… Parlons du film du jour puis de sa B.O..
Murphy et Cooper songeurs… |
Interstellar
s'inspire d'un mythe de SF déjà souvent exploité, l'apocalypse climatique en
cours, lentement mais surement, l'inexorable chemin vers l'extinction de la
vie terrestre. En
2067, la terre est devenue quasi inhabitable car desséchée par la
folie destructrice de l'homme et des régimes politiques corrompus. Une
expédition devra chercher une autre planète, un havre de paix colonisable,
expédition dans le plus grand secret. Sujet classique, mais
Christopher Nolan innove par des trouvailles scénaristiques nourries
des découvertes récentes en astrophysique, par un récit sans héros de
pacotille, et par une mise en scène et un travail artistique sur les décors
d'une qualité héritée de
2001
ou des
Alien(s) de Rydley Scott.
Joseph Cooper (Matthew McConaughey), ancien pilote, et sa jeune fille Murphy survivent dans un ranch
cerné par la désertification. Lors d'une tempête inhabituelle, un flot
d'ondes gravitationnelles venu du cosmos "trace" un schéma dans la poussière
sur le sol de la chambre de la gosse !!! Graphisme identifié comme étant du
code binaire. Dis
Murphy
! tu ne passes jamais le balai ? ?
À la décharge de la petite, le middle-west est ravagé sans cesse par des tempêtes de poussières qui ruinent aussi les récoltes. En fait, toute la Terre est dévastée par la famine…
La science et l'imaginaire : L'existence de telles ondes, hypothèse prévue par la Relativité, ne seront enfin détectées qu'en 2014-2015, peu après le tournage du film. Un exploit couronné par le Prix Nobel 2017 pour Rainer Weiss, Barry C. Barish et Kip Thorne qui a été le conseiller scientifique du film, donc pas un comique troupier même si le personnage semble pittoresque. Un premier bon point pour Nolan, Sonia ; même si personne ne sait, d'une part comment créer artificiellement des ondes gravitationnelles et d'autre part les détecter dans son salon pour échanger des SMS. Les détecteurs occupent des km2. Mais dans ce film, ça nous change des signaux radio. Les ondes repérées par le trio de savants provenaient de la collision entre deux énormes trous noirs situés à 1 milliard d'années-lumière, deux objets titanesques et cannibales de l'espace 😊 (30 fois la masse du Soleil chacun, donc pas un petit phénomène domestique).
En haut : Gargantua imaginé par Thorne En bas, l'image obtenue par l'expérience |
Une fois décodé, le message indique les coordonnées géodésiques d'un centre secret de la NASA dirigé par le Pr John Brand (Michael Caine) qui surveille depuis 48 ans un colossal trou de ver dans la région de Saturne (Hommage à Kubrick et son monolithe ?). Il ne peut pas être d'origine naturel en regard de sa taille !!! Encore un point pour Nolan qui fait intervenir comme dans les suites de 2001 d'Arthur C. Clark une entité extraterrestre à haut niveau d'évolution pour rendre plausible son scénario en contournant nos connaissances actuelles sur ces "passages".
La science et l'imaginaire
:
L'existence des trous de ver est discutée depuis l'énoncé du postulat
du "pont d'Einstein-Rosen" proposé en 1935 par
Albert Einstein et Nathan Rosen, une spéculation
mathématique qui spécifie la possibilité de "portes" entre des univers
différents. Imaginez un multi univers tel un agglomérat de bulles de
savon, un univers par bulle mais pas de communication entre elles a
priori. Les physiciens John A. Wheeler puis
Stephen Hawking - que le public connait bien car ayant vécu
cinquante ans sur un fauteuil roulant, déformé par l'épouvantable
maladie de Charcot – confirme la forte probabilité d'un tel "tunnel". Le
principe de l'intrication quantique – peu importe les détails - viendra
au secours de Wheeler pour en préciser ses dimensions. Une idée
de Leonard Susskind de Princeton a permis de calculer lesdites
dimensions : 10-43 cm de diamètre et durée de vie de 10-47 seconde. Oui Sonia, tu peux écarquiller les yeux face à cette giclée de
zéros, même avec ta taille de guêpe ça ne passe pas ! D'où la nécessité
pour Kip Thorne et Nolan d'intégrer une hypothétique
histoire d'E.T. pour l'agrandir, astucieux. Wheeler précise
qu'essayer de manipuler ce chas d'aiguille le détruit dans
l'instant.
Ahhh, quand je pars là-dedans… en 1988 Kip Thorne démontrait
avec ses collègues Michael S. Morris et
Ulvi Yurtsever en bossant sur les équations d'Einstein qu'une
solution décrivant un trou de ver traversable, permettant de voyager
dans le temps n'était pas qu'une Utopie. Carl Sagan reprendra
ce résultat pour son roman Contact mis en en scène au ciné par
Robert Zemeckis en 1997 avec Jodie Foster et
Matthew Mc Conaughey décidément un abonné aux facéties
de l'espace-temps.
Bonne nouvelle : Sonia pourrait ainsi partir faire de shopping à
l'autre bout de la Voie Lactée ! Problème : Sonia pourrait d'après
certains chercheurs y laisser des plumes dans sa structure "atomique"
et le Blog et les potes auraient vieilli de 50 à 10 000 ans.
Reconversion comme callgirl chez les aliens à envisager !
😊
J'adore le merveilleux à la fois en physique théorique et au cinoche
SF.
Suivant la capacité du Pr Brand à résoudre une équation énigmatique, il serait possible de transférer à travers ce trou de ver une partie de l'humanité (plan A) ou des ovules fécondés congelés (plan B). La résolution de l'équation permettrait de manipuler la gravitation et favoriserait le plan A plus rapide et… disons plus humaniste. Pour résoudre le problème, il est nécessaire d'obtenir des données à propos d'un trou noir proche de la sortie dudit trou de ver… Les expéditions précédentes des astronautes Miller, Mann (Matt Damon) et Edmunds et neuf autres ont fourni des espoirs à propos de quelques planètes potentiellement habitables qui portent leurs noms. Cooper et le Dr Emilia Brand (Anne Hathaway, hyper sexy avec ses cheveux courts) acceptent de partir explorer cette région prometteuse aux confins du cosmos, les astronautes Romilly (David Gyasi) et Doyle (Wess Bentrey) complètent l'équipage. Ils ne sont pas au parfum à propos du monstrueux trou noir nommé Gargantua. Un voyage dangereux, pour le moins. Le vaisseau Endurance mettra deux ans à atteindre Saturne avant de se lancer dans la gueule du trou de ver… Les passagers étant en hibernation, une idée commune avec 2001.
Sur la planète Miller, heu… Il y a comme une vague qui… |
La science et l'imaginaire
:
Le vaisseau est en rotation pour créer une gravité artificielle, Ok.
Par contre faire hiberner un être humain sur une période aussi longue ne
connaît pas encore de solution. On imagine suppléer toutes les fonctions
organiques par une tuyauterie démente qui rappelle le coma artificiel du
COVID ; les astronautes n'y survivraient pas… À suivre… dans un lointain
futur.
Hormis quelques phénomènes étranges et un max de secousses, l'équipage traverse le trou de ver et découvre le système stellaire organisé autour du trou noir Gargantua (vestige invisible d'une étoile effondrée sur elle-même qui dévore la matière et même la lumière, d'où son nom. Il n'est indirectement visible que par l'anneau des particules en fusion qui vont se faire avaler…). Une planète nommée Miller sera explorée en premier. Astre insolite, des collines rocheuses bordent une immense mer peu profonde mais pourtant balayée par des déferlantes de plus d'un kilomètre de haut !!! Bigre ! Romilly les attendra dans le vaisseau situé à l'abri du champ gravitationnel de Gargantua… Par contre, sur cette planète Miller, pour chaque heure passée par Cooper et son équipe, Romilly vieillit de 7 ans dans le vaisseau Endurance. Évidement, il y aura des pépins, des pannes, une vague scélérate et des retards et Cooper ne retrouvera le vaisseau qu'après 23 ans dans l'unité temporelle d'Endurance… Doyle y a laissé la vie sur une planète qui ne pourra accueillir aucun humain, elle est déjà sans vie… Romilly commençait à trouver le temps long, 23 ans… Tout ça pour rien, Miller est inhabitable à moins d'aimer le surf extrême 😊.
La science et l'imaginaire : cet épisode est un grand moment de cinéma, le suspens, l'action, les vagues gigantesques plus vraies que nature, un florilège de couleurs bleutées et argentées. L'image de Gargantua imaginée avec l'aide de Kip Thorne enrichit merveilleusement cette épopée de tous les dangers. Cela dit, pas plus que le trou noir, nos héros ne verraient rien du disque d'accrétion de particules et de gaz pétris, tellement compressées et surchauffées par Gargantua, qu'aucune vision de cet anneau dans le spectre visible est possible. (Thorne a été contesté par des confrères pour cela, ô sans acrimonie) En outre quand lumière et matière plongent dans le glouton trou noir, seuls des rayons X à "hyper très haute" énergie sont émis et grilleraient en cendres fines la ravissante Emilia et ses compagnons. Ouiinn !
Quelques années après le tournage, des astrophysiciens en "redressant"
le rayonnement reçu par des radiotélescopes et en utilisant un
ordinateur maousse costaud nous ont offert la première image
"colorisée" d'un trou noir ! La similitude avec l'image du film est
bluffante.
Une entorse de taille à la physique laisse perplexe, le rapport
1H/7ans implique à la surface de la planète (qui doit tourner à une
vitesse folle autour de Gargantua pour ne pas y sombrer) un
coefficient gravitationnel non pas de 1,3 comme indiqué (70 -> 100
kg pour moi, j'ai les jambes qui fatiguent), mais d'une valeur si
élevée qu'Emilia serait transformée en un nano magma de
neutrons et autres particules la réduisant à la taille d'un pois
chiche voire moins !!! La pauvre : compressée et grillée, quel métier
! Là est l'invraisemblance scientifique la plus flagrante du film,
mais cette séquence est tellement captivante et belle que l'on s'en
fiche un peu. Mais j'avais dit que j'apporterai un petit air de
Science et Avenir dans mon billet, c'est chose faite… Il y a plein de
forums sur cette affaire. Inutile de dire que mon propos est
simplifié…
Frisquet sur Mann |
Après ces péripéties palpitantes, j'avoue déplorer que le film bascule
dans le style Blockbuster. Pour nos conquistadors du cosmos, un choix
s'impose faute de carburant suffisant : explorer
Mann plus proche ou
Edmunds plus prometteuse ? le
Dr Emilia Brand préconise la seconde ; motif : elle est amoureuse
du gars Edmunds ! jusque-là le film évitait les blagues de corps de
garde et les batailles stellaires. Cooper impose le choix
Mann, un astre gelé qui pue l'ammoniac mais où, sous la surface, existerait
une mer propice au développement de la vie. C'est ce que prétend le
Pr Mann (Matt Damon) après
avoir été extrait de son caisson d'hibernation où il végète depuis un
quart de siècle… Hélas, la planète n'est pas vraiment l'Eden attendu.
Je ne spoile pas tout le film. Le climat entre les explorateurs épuisés
devient délétère, et là est le point faible : d'un film bien construit et
rigoureux sur bien des points techniques, le scénario s'épaissit, la mise
en scène accélère, on ne suit plus très bien, Hollywood est de retour…
avec ses conflits, ses mensonges, ses trahisons, et même une baston de
saloon sur un glacier…
Cooper tentera de pénétrer dans
Gargantua et…
Nous vivrons une rencontre déchirante et savante entre Cooper et
Murphy devenue trentenaire (Jessica Chastain), je ne vous dis ni quand, ni pourquoi, ni comment… Na !
Il y aura un happy end. Ça j'aime bien…
Ce film qui m'a passionné, comme tout éternel étudiant, a divisé la critique en "Chef-d'œuvre absolu" et "nanar de luxe", toujours ces excès détestables. Certes contrairement à 2001, la narration devient un chouia confuse dans la dernière partie. Le prêchiprêcha d'Emilia sur l'amour vs la science s'éternise, même s'il a sa raison d'être plus tard. Emilia en pince pour Edmunds, pourquoi pas, point barre ; heu, il a vieilli de 25 ans au moins, déception en vue ! (Un peu de roman à l'eau de rose imposé par la production ? possible). Un Director's cut sera peut-être un jour disponible. Ne boudons pas notre plaisir par des points de détails, Interstellar s'impose comme l'un des grands films de SF aventureux et pédagogiques du genre.
La science et l'imaginaire : de l'eau liquide sur un astre gelé ? Oui, sous la surface de
Europe, l'un des gros satellites de Jupiter et grâce à
l'influence des marées dues justement à Jupiter.
Europe possède un océan d'eau salée de 100 km sous sa banquise.
Plus d'eau que sur la Terre.
Un trou noir conserve-t-il et peut-il renvoyer des informations ?
Stephen Hawking et ses concurrents phosphorent depuis cinquante
ans sur le sujet. Oui ou non, chacun de ces cerveaux à son idée qui
deviendra pertinente quand la Relativité et la mécanique quantique
auront fusionné dans une théorie unifiée ; vous voyez le genre. Perso,
je n'entrave plus rien à ce stade. Kip Thorne, encore lui, a émis
l'hypothèse que des ondes gravitationnelles seraient porteuses desdites
informations, on ne sait pas trop lesquelles hormis sur le parquet de la
chambre de la gamine… Comme aurait chanté Trenet à propos des
noix,
Qu'y a-t-il à l'intérieur d'un trou noir ? Personne n'en sait rien à
part qu'aucune loi de la physique n'a un sens déterministe.
~~~~~~~~~~~~~~~
Kip Thorne conseille Jessica Chastain pour écrire des équations crédibles |
Waouh ! Au départ, mon intention était de présenter le compositeur de
B.O.
Hans Zimmer à travers l'écoute de la musique écrite pour
Interstellar. Christopher Nolan & Kip Thorne
(Clic)
avaient comblé ma passion pour les films de SF de qualité, je me suis
ainsi laissé entraîner dans la rédaction d'un commentaire détaillé ; ô
sans résister, je l'avoue, et j'en suis un peu surpris. Tiens, Sonia ne
l'est pas ! Et "cerise sur le gâteau", j'adore la Bande-originale qui
appartient à ces musiques pouvant s'écouter sans le support visuel, une
simple affaire de goût, bien entendu…
Hans Zimmer ne se voit attribuer qu'un entrefilet en fin d'article. Je devrais
récidiver pour une autre de ses partitions, elles ne manquent pas. Le
compositeur d'origine allemande mais naturalisé américain étant l'auteur
de près de 200 B.O., il y aura du grain à moudre.
Hans Zimmer est un autodidacte de génie. Sans formation académique, ayant eu des
liens avec des rockeurs et à l'évidence bénéficiant d'une culture
classique très vaste, ses compositions sont très variées… La
reconnaissance débute dans les années 80 et il connaît une ascension
fulgurante qui l'amène à être nominé aux Oscars trois années de suite
(deux films la 3ème année) :
La Femme du pasteur
(1996) de Penny Marshall puis pour
Pour le pire et pour le meilleur
(1997) de James L. Brooks et enfin pour le dessin animé de
DreamWorks
Le Prince d'Égypte (1998) ainsi que pour
La Ligne rouge
(1998) de Terrence Malick. Que des œuvres marquantes. Il
recevra la statuette en 1995 pour
le Roi lion et pour
Dune
en 2021.
Un lien étroit existe entre Christopher Nolan et Hans Zimmer qui a signé cinq B.O. pour le réalisateur, de Batman Begins en 2005 à Dunkerque en 2017. Nolan désire tout sauf une musique pour film de bataille spatiale dans laquelle domine des thèmes martiaux, envahissants et braillards comme c'est souvent le cas pour nombre de blockbuster, il y en a ici, mais très peu. Zimmer composera sans disposer du scénario mais d'une liste de "situations" rédigée par Nolan. Le compositeur relève le défi et propose une partition d'une trentaine de thématiques qui s'accorde avec l'esprit des plans sans s'imposer en tant que tel. En tant que mélomane, je trouve le résultat excellent. Une grande liberté dans le choix des styles utilisés caractérise cette B.O. de 2H20. D'esprit contemporain, on y sentira cependant des influences des motifs énigmatiques des minimalistes-répétitifs comme Steve Reich ou Nymann mais aussi des envolées expansives qui me font penser à Richard Strauss de la Symphonie Alpestre. Dans le film, il y a aussi des silences pour les plans hors des vaisseaux, dans le vide. Sans atmosphère, le bruit ne se transmet pas donc inutile d'ajouter des bruits de ferraille ou d'explosion, lors des amarrages par exemples. Superbe et même sensuelle. Orchestre symphonique, traitement électronique, orgue, Zimmer fait feu de tout bois dans cette féerie de timbres…
Playlist :
1. Dreaming of the Crash 2. Cornfield Chase 3. Dust 4. Day One 5. Stay 6. Message from Home 7. The Wormhole 8. Mountains 9. Afraid of Time 10. A Place Among the Stars
|
11. Running Out 12. I'm Going Home 13. Coward 14. Detach 15. S.T.A.Y 16. Where We're Going 17. First Step 18. Flying Drone 19. Atmospheric Entry 20. No Need to Come Back |
21. Imperfect Lock 22. No Time for Caution 23. What Happens Now? 24. Who's They? 25. Murphy 26. Organ Variation 27. Tick-Tock 28. Day One (Original Demo) 29. Day One Dark 30. Do Not Go Gentle Into That Good Night
31.
Hans Zimmer-Interstellar
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire