Je vais encore me faire violence en parlant de Renaud, un personnage qui ne
m’a jamais interpellé. J’avais déjà fais un portrait du chanteur rebelle
il y a six ans et j’avais parlé de ses trois premiers albums, les seuls
que j’avais à peu près aimés. Alors aujourd’hui je parlerai du second,
celui qui sera le début de son succès.
LE VERLAN ? UN ARGOT DU MOYEN-ÂGE
Pour une meilleure compréhension du texte pour nos lecteurs de
province, cette chronique ne sera pas écrite en argomuche, sinon ils
n'entraveront que dalle à ce que je jacte et à mon histoire… pour
traduire, vous ne comprendriez rien à ce que je dis, je repose donc mon
dictionnaire d’argot écrit par
Auguste Le Breton. Quand j’écris que le
verlan est un langage du moyen-âge, cela ne veut pas dire que c’est un
argot dépassé que l’on parlait dans les banlieues dans les années
80, non ! Le verlan est vraiment un argot d’autre fois, les
formes de permutation en français les plus anciennes remontent au
Moyen-âge et commencera à être utilisées par le peuple à partir du XVIe siècle, cela
veut bien dire que la jeunesse banlieusarde des années 70-80 n’a rien
inventée.
A la Pizza du Marais
Après une première galette «Amoureux de Paname» qui n’atteindra pas des sommets dans les ventes malgré certains
titres qui auront du succès comme «Hexagone», «Société, tu m’auras pas !» et «Camarade Bourgeois», il reste l'un des albums le plus engagés du jeune Renaud de 23 ans qui
commencera à faire des vagues avec un titre appelé «Monsieur Franco» que les producteurs refuseront, qu’à cela ne tienne, il rebaptisera la
chanson «Petite fille des sombres rues». Il abandonne son image de titi parisien pour endosser celle du
loubard sympa.
Son second album qui s’appelle «Laisse Béton» mais aussi «Place de ma Mob» bref, en réalité n’a pas de titre. Une pochette avec
Renaud assis sur une vieille
mobylette pourrie, la photo prise par son frère
David au 18 avenue de Maine dans le
15e arrondissement de Paris. Ce second album sonnera plus
chanson réaliste, des chansons qui racontent la rue ; mais aussi des
titres plutôt comiques. L’histoire de la chanson phare «Laisse Béton» commence alors que
Renaud est invité chez son
producteur François Berheim. Il arrivera
très en retard et Berheim est furieux car
le repas est froid et le chanteur répliquera : «Hé, laisse béton !». Une réplique qui a marqué
François Bernheim qui lui avait
alors rétorqué : «Comment tu as dit, là ?». «J’ai dit : laisse béton. Laisse tomber, quoi... », avait expliqué Renaud avant
que son producteur ne s’exclame : «Ah, ça, c’est un titre de chanson !».En 1975 Renaud passait à la Pizza du Marais et avant de passer sur scène, il eu
l’idée dune chanson, n’ayant pas de papier sous la main, il prit le paquet
de Gitane qu’il avait dans sa poche et en trente minutes «Laisse Béton» naquit. Par-dessus un petit rock-blues un peu country à la
Bob Dylan et hop, 300.000 exemplaires du
45 tours partiront comme des petits pains.
Entouré du guitariste Alain Ledouarin et
du contrebassiste Patrice Caratini (les
accompagnateurs de Maxime le Forestier),
de Joss Baselli à l’accordéon qui jouera
avec les plus grands (Brel,
Barbara,
Ferré, Tachan, Reggiani...) et du meilleurs de nos
harmoniciste Jean-Jacques Milteau,
Renaud va pondre douze titres
parfois tristes, parfois drôles, parfois nostalgiques. «Le Blues de la Porte d'Orléans» Sur un jolie blues il se considère comme l’autonomiste de la Porte
d’Orléans (Quand tu connais l’endroit, tu lui en fais volontiers cadeau !) et puis ses petites phrases humoristiques sont…poilantes
! : «♫♪Je peux pas oublier qu'autrefoisVercingétorix s'est battutout près du métro, Alésia...♪♫». «La Chanson du loubard» Un titre plutôt triste que j’aime beaucoup ou
Renaud joue sur l’image du
loubard titi parisien. «Je suis une bande de jeunes» c’est adieu les copains, «Adieu Minette» c’est la relation entre deux personnes qui ne sont pas du même
monde.
«Les Charognards», encore une superbe chanson avec l’accompagnement à l’accordéon. Une
chanson que Renaud
écrira après avoir assisté à un fait divers rue Pierre Charron dans le
quartier des Champs-Élysées ; un braquage avec une prise d’otage qui se
terminera par la mort d’un braqueur tué par la police. Cette chanson est
un chef-d’œuvre, pourtant la construction de la chanson est très simple
elle consiste à observer et décrire la foule de curieux qui viennent
s’agglutiner autour du fait divers. «Jojo le Démago» Hé oui ! Renaud sait aussi faire du tango ! «Buffalo Débile» Une chanson ou Renaud
casse son image du loubard pur et dur, il se représente comme un looser.
Aurait-il eu du succès s’il avait joué sur l’image du voyou violent ?
«La Boum» Une chanson pour ceux qui ont connu les boums des années 60-70, un
titre marrant qui fleure bon la nostalgie.
«Germaine» Après le tango, voici une petite java ou
Renaud nous parle dune de ses
histoires d’amours, une chanson entrainante, une chanson «à chanter» bras
dessus bras dessous comme à une fête de la bière avec un accent titi
parisien poussé à l’extrême. «Mélusine» Petite chanson très courte, un bouche-trou à la manière de
Boby Lapointe. «La Bande à Lucien» Renaud nous parle d’une
chose qui lui tient le plus à cœur l’amitié. Avec ce titre on retrouve
toujours ce petit coté nostalgique. L’amitié que l’on pourra retrouver
dans «Manu» sur l’album «Le retour de Gérard Lambert» en 1981.
«Laisse Béton» Du bon Renaud qui s’écoulera
à 475.000 exemplaires, mais je ne suivrai sa discographie que jusqu’à «Marche à l’Ombre» en 1980
trouvant qu’ensuite il tombera dans le commercial. Mais, à ses débuts, je
trouvais le personnage intéressant. Bah ! Je dirais quand même
qu’avec
Renaud, les loubards sont sympas !
Ah, lui, comme sapeur de l'esprit national, il se pose un peu là ! "Hexagone", pamphlet anti-France ou "Mon beauf", caricature de l'ennemi à abattre : l'homme blanc hétérosexuel d'un certain âge, fatalement "raciste" et symbole du "patriarcat" (je rappelle juste comme ça, en passant, qu'en cas de divorce, la garde est accordée à la mère dans la quasi totalité des cas). Un "woke" avant l'heure, en somme. Le "loubard" est un déguisement, le gars étant comme la plupart des "artistes", issu de la petite bourgeoisie (on n'est plus au temps de Piaf). Le reste est à l'avenant : mitterrandolâtre, pro-Union Européenne pour de biens mauvaises raisons (si tant est qu'il y en ait de bonnes)... Après la période "rebelle à la société" vint le succès commercial, petite bifurcation vers la démagogie régionaliste (les ch'tis, la Belle-de-Mai) avant la traversée du désert et le "retour de l'enfer". Comme Téléphone, c'est pour les lycéens. Curieux que des "gens de goût" s'y soient laissé prendre.
Issue de la petite bourgeoisie ? Son père était prof et sa mère était mère au foyer issue d'une famille de mineur de fond, franchement je ne vois pas la petite bourgeoisie la dedans ! Si il ya une critique sur Renaud en début de carrière avec "Hexagone" et sur son image, alors pourquoi ne pas critiquer Léo ferré et son image d'anarchiste né à Monaco ? Jean Ferrat qui ne cachait pas ses sympathies communiste dans ses textes ? Je dirais même qu'Exagone" est la petite soeur de "Ma France" de Ferrat !
Père professeur mais aussi traducteur et auteur de romans policiers. Mère au foyer mais aussi secrétaire. Ce n'est certes pas Neuilly mais pas le lumpenprolétariat non plus... Il est vrai que sur Léo Ferré, il y aurait beaucoup à dire (Ferrat, je connais moins) mais je n'ai jamais dis le contraire. Bien à vous.
Bon billet ! au rayon des tubes , il ne faut pas oublier "Adieu minette" qui succéda à "laisse béton " dans les Hits Parades et qui réalisa un joli succès durant l'été 1978 !
Renaud commençait à devenir une vedette populaire squattant les plateaux télé et les magazines sans pour autant se renier : un grand monsieur qui avait déjà tout compris !
Ah, lui, comme sapeur de l'esprit national, il se pose un peu là ! "Hexagone", pamphlet anti-France ou "Mon beauf", caricature de l'ennemi à abattre : l'homme blanc hétérosexuel d'un certain âge, fatalement "raciste" et symbole du "patriarcat" (je rappelle juste comme ça, en passant, qu'en cas de divorce, la garde est accordée à la mère dans la quasi totalité des cas). Un "woke" avant l'heure, en somme. Le "loubard" est un déguisement, le gars étant comme la plupart des "artistes", issu de la petite bourgeoisie (on n'est plus au temps de Piaf). Le reste est à l'avenant : mitterrandolâtre, pro-Union Européenne pour de biens mauvaises raisons (si tant est qu'il y en ait de bonnes)... Après la période "rebelle à la société" vint le succès commercial, petite bifurcation vers la démagogie régionaliste (les ch'tis, la Belle-de-Mai) avant la traversée du désert et le "retour de l'enfer". Comme Téléphone, c'est pour les lycéens. Curieux que des "gens de goût" s'y soient laissé prendre.
RépondreSupprimerIssue de la petite bourgeoisie ? Son père était prof et sa mère était mère au foyer issue d'une famille de mineur de fond, franchement je ne vois pas la petite bourgeoisie la dedans ! Si il ya une critique sur Renaud en début de carrière avec "Hexagone" et sur son image, alors pourquoi ne pas critiquer Léo ferré et son image d'anarchiste né à Monaco ? Jean Ferrat qui ne cachait pas ses sympathies communiste dans ses textes ? Je dirais même qu'Exagone" est la petite soeur de "Ma France" de Ferrat !
RépondreSupprimerPère professeur mais aussi traducteur et auteur de romans policiers. Mère au foyer mais aussi secrétaire. Ce n'est certes pas Neuilly mais pas le lumpenprolétariat non plus... Il est vrai que sur Léo Ferré, il y aurait beaucoup à dire (Ferrat, je connais moins) mais je n'ai jamais dis le contraire.
SupprimerBien à vous.
Bon billet ! au rayon des tubes , il ne faut pas oublier "Adieu minette" qui succéda à "laisse béton " dans les Hits Parades et qui réalisa un joli succès durant l'été 1978 !
RépondreSupprimerRenaud commençait à devenir une vedette populaire squattant les plateaux télé et les magazines sans pour autant se renier : un grand monsieur qui avait déjà tout compris !