Depuis 1969, et alors que MOTT THE HOOPLE ne parvient toujours pas à obtenir un large succès, la country est devenue la nouvelle grande préoccupation de l’époque. S’il est admis que le chaos d’Altamont signa la fin du rêve hippie, cette mort est actée musicalement par ce changement pour le moins radical.
Le psychédélisme était une musique révolutionnaire, aventureuse, et ayant pour ambition d’exprimer ce désir de liberté et de changement, qu’illustrait brillamment Kerouac dans les pages de « Sur la route ». La country, elle, était une musique traditionnelle, une musique de pionnier. Pendant des années, les deux cultures étaient bien séparées, les disquaires marquant les disques de Muddy Waters et John Lee Hoocker du sceau de « race record ».
Si le rock est devenu si important, c’est avant tout parce qu’il a su marier deux influences qui exprimaient les mêmes idéaux. La country, comme le folk, n’était rien d’autre qu’un blues de blanc, et ce n’est pas pour rien que la voix rocailleuse de Cash semblait parfois proche des grands bluesmen (écoutez sa version de « Rusty cage » et le « live à San Quentin » si vous en doutez).
En somme, après des années passés à planer sous l’effet du LSD, les groupes de San Francisco atterrissaient et redécouvraient le charme des mélodies rustiques. Berceau du mouvement psyché, la ville devenait désormais le centre de ce retour à la terre.
A l’origine de ce changement, il y’a celui qui fut toujours le guide de ces jeunes freaks, Bob Dylan. Démarré dès 1967, son virage country a d’abord dégoûté le public hippie, qui réévaluera l’album « John Whesley Hardin » après que ses héros creusent le même sillon.
Parmi les chefs d’œuvres ayant converti ces hippies, on trouve le premier album que les ex-AIRPLANE produisirent sous le nom de HOT TUNA, « Workinman’s dead » du DEAD, « Sweartheart of the rodeo » chez les BYRDS, et ce « Wildlife »… Enfin non, pour « Wildlife » ce fut plus compliqué.
Le premier défaut de MOTT THE HOOPLE sera d’abord d’être anglais à une époque où l’Angleterre est bien loin des mélodies campagnardes de l’Amérique. L’Angleterre, c’est encore le hard rock, et les excès progressifs de groupes qui continuent de répondre à un géant psychédélique enterré. « In the court of the crimson king » et « Led Zep I », voilà encore les disques qui définissent la culture musicale anglaise lorsque « Wildlife » sort en 1970.
Dylanien à une époque ou Dylan perdait déjà progressivement son influence, et privé du soutien d’une scène qui s’épanouissait à plusieurs kilomètres, « Wildlife » ne pouvait que confirmer la réputation de groupe maudit que le MOTT commence à se traîner.
Sur plusieurs mélodies, le groupe sonne presque comme THE BAND, qui vient de sortir « Music from the big pink » un peu plus d’un an auparavant. « Wrong side of the river » est d’ailleurs doté d’une mélodie nostalgique que n’aurait pas reniée le groupe de Robbie Robertson. Et je ne parle même pas de ses bluettes, où le clavier se fait plus solennel, soutenant des chœurs qui semblent parfois fouler les terrains balisés par Crosby, Still et Nash.
Pour faire bonne mesure, le groupe ouvre l’album par le
boogie « Whiskey women » avant de botter le cul d’Eddie Cochran sur
un final redéfinissant le rock des pionniers. Comme je l’ai dit précédemment,
le blues et la country ne sont que les deux faces d’une même pièce, et cette
pièce se nomme rock’n’roll.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire