« Traduction du divin dans
toutes les langues. Le Blues, les disques te font planer » Jim Morrison - La
nuit américaine.
Si parler de THE DOORS, c’est
avant tout parler de Jim Morrison, c’est encore plus vrai pour ce dernier
disque. Alors, beaucoup ont mis en doute la légende telle qu’elle nous fut
racontée, et on se souvient ainsi du jugement sans appel de Manzarek après
avoir vu le biopic d’Oliver Stone : « C’est un tissus de conneries ».
Peut-être, la seule chose
vérifiable étant le parrainage d’Alvin Lee, qui permit au groupe de signer un
contrat. Alvin s’en mordra les doigts quand ses poulains éclipseront Love.
Mais, là encore, le film était exactement dans l’esprit du chanteur. « Ses
indiens ses rêves, et le bebop en blues spinal cosmique, les horreurs
cosmiques ». Le film de Stone restituait cette poésie, le mysticisme d’un
homme qui construisait sa légende en « cherchant un rêve ou vivre ».
Qu’importe s’il a réellement
été possédé par l’esprit d’un indien, depuis le jour où il en croisa un accidenté
sur le bord de la route, ou qu’il ait réellement pensé communier avec les
esprits voodoo lors d’un concert. Si Jim a brulé la chandelle par les deux
bouts, c’est parce qu’il possédait un brasier intérieur qui ne pouvait que
s’étioler au fil des ans.
Dionysos rock testant son
pouvoir de fascination sur une foule consentante, son arrestation pour atteinte
à la pudeur l’a comme assommé, l’obligeant à changer de registre. Si le live à
l’Isle de Wight est si beau, c’est parce que l’apollon provocateurs s’est mué
en prêtre mystique, déclamant ses chansons comme autant de prières solennelles.
La lumière rouge irradiait autour de lui, comme pour accentuer le coté
christique de sa prestation.
Il se voit plus comme un poète
raté, et supporte mal ce statut de rockstar, qui l’empêche d’être reconnu en
tant que poète. Il noie son chagrin dans l’alcool, et Dionysos commence à
ressembler à Demis Roussos.
Alors, forcément, quand le
moment est venu d’enregistrer un autre album, la seule musique capable de
restituer son spleen était le blues. On ne dira jamais assez que THE DOORS
furent aussi un grand groupe de blues, comme le prouve leur prestation au
festival de Vancouver en 1970.
Certain jour, Big Jim est dans
un tel état qu’il effectue ses vocaux allongé dans une baignoire, donnant au
titre cet écho qui semble rappeler le mysticisme des premiers disques. De
mysticisme, il en est encore question sur la boucle hypnotique de « America »
ou sur le final sombre et fascinant de « Riders on the storm ». Les claviers
peuvent alors, ponctuellement, reprendre leur place de maîtres de cérémonie,
mais c’est bien la guitare qui se dévoile véritablement sur ce disque.
Répondant à une voix qui
ressuscite les grandes heures de Muddy Waters, elle forme une union sacrée avec
le chant sur « The wasp » et « Crawling king snake ». Voilà Jim dans le costume
du vieux briscard du Mississippi, chantant son amour de la musique de Chicago
et son hymne graveleux.
Et puis la pop réclame son dû,
que le groupe lui donne de la plus belle façon avec « LA Woman » et « Love her
madly ». Les deux titres déclenchèrent le départ de leur producteur Paul Rothchild, qui refusa
d’enregistrer ses « merdes », prouvant ainsi que l’on peut avoir enregistré
certains des plus grands disques de son temps et dire de grosses âneries.
Qu’importe, le disque est un
triomphe, chacun s’extasiant d’un retour aux sources qui n’est en fait qu’une
façon de boucler la boucle. Quelques jours plus tard, Big Jim est retrouvé mort
dans sa baignoire, vraisemblablement à cause d’une overdose.
Encore aujourd’hui, des
centaines de personnes se pressent sur sa tombe comme sur les lieux d’un grand
pèlerinage. Voici la preuve que celui qui voulait « trouver un rêve ou vivre »
a transformé son rêve en œuvre vénérée. Car ce que l’on salue avant tout
aujourd’hui, c’est la légende qu’il a écrite au fil des albums, et qui trouve
son expression la plus fascinante sur « LA Woman ».
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On écoute la chanson titre de l'album...
Paul Rothchild qualifiant la chanson "LA Woman" de merde... on croit rêver ! Je viens de réécouter l'album "Soft Parade", c'est gratiné, question arrangements. Rothchild était aussi à la production...
RépondreSupprimerUn grand groupe de Blues ? Mmmm... j'sais pas trop ... mais ce fantastique "L.A. Woman" en est effectivement imprégné.
RépondreSupprimerUn grand classique incontournable.
M'enfin! Pas catalogable! Tellement évidemment excellent! Joli article dans Rock'n F sur Strange Days par le biais de sa pochette. Salut à tous!
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