Celui qui a au moins une fois dans sa vie croisé l’arlésienne
n’est soit pas encore né, soit un menteur. Beaucoup vont dire connaitre des
arlésiennes, les habitantes de la ville d’Arles.
L’Arlésienne cette inconnue que l’on ne voit jamais.
Alphonse Daudet - Georges Bizet |
Tout va commencer avec une nouvelle d’Alphonse Daudet en 1866 intégrée dans le recueil «Les Lettres de Mon Moulin» en 1869. Daudet
en tira trois ans plus tard une pièce de théâtre et un livret d'opéra du même nom, en trois actes et cinq tableaux. Ce
sera Georges Bizet qui composera
la musique. Trois ans avant de prendre la direction de Séville et que Don
José ne poignarde Carmen,
Bizet prendra la direction des
Bouches-du-Rhône, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. «L’Arlésienne» : un drame en trois actes créé à Paris en octobre 1872, la
partition a aussi été adaptée en deux suites de
concert pour orchestre symphonique
de quatre mouvements chacune. La partition est découpée en
vingt-sept numéros
dont l’ouverture, seize courts mélodrames de quelques mesures.
L'orchestre est réduit à vingt-six musiciens,
Bizet dirigeant lui même les
huit uniques représentations. Si la musique est plutôt bien accueillie, la
pièce de Daudet est un échec cuisant.
L'Arlésienne par Van Gogh |
Dans le mois qui suit la déroute théâtral d’Alphonse Daudet, Bizet va réadapter sa
partition pour écrire une suite pour orchestre Symphonique. Il développe les effectifs de
l’orchestre en ajoutant notamment un instrument encore tout récent, le
saxophone. Il conçoit sa suite sur le plan d’une symphonie classique en
quatre mouvements et, pour cela, s’éloigne de la chronologie originelle de
l’histoire. La première prestation au Cirque d’Hiver sous la direction de Jules Pasdeloup
est un triomphe populaire et le reste toujours à l’heure actuelle.
En 1879, quatre ans après la mort du compositeur, un de ses amis, Ernest Guiraud, adapte à son tour une nouvelle suite sur des numéros de la musique de
scène, ajoutant également un menuet emprunté au troisième acte de l’opéra de
Georges Bizet «La Jolie Fille de
Perth».
Deux suites pour orchestre en quatre mouvements chacune intègrant beaucoup
de morceaux inspirés de musiques traditionnelles provençales comme dans le
prélude ou la première partie reprend «La Marche des Rois» qui serait une reprise de «La Marche de Turenne» attribuée à Jean-Baptiste Lully. Le
Menuetto et L’adagietto donne dans le mélodrame nocturne.
Le Carillon joué par les cuivres donne une ambiance festive au départ
avant de tomber pour quelques mesures dans un moment triste et dramatique
avant que le premier thème ne reprenne avec un carillon plein
d’espoir. La suite N°2 : La Pastorale, l’Intermezzo,
le Menuetto avec sa flûte et le final la Farandole et le
reprise de «La Marche des Rois» avec un orchestre en canon qui au rythme d’un tambourin finira dans un
fortissimo étourdissant.
JEUX D’ENFANTS
Jeux d'enfants la Toupie |
«Jeux d’Enfants» opus 22 est une suite
de douze pièces pour piano à quatre mains de Georges Bizet Composée en 1871. C’est sans doute parce qu’il savait qu’il allait devenir père dans les mois
suivants qu’il a entrepris d’écrire ces morceaux. En effet, en juillet
1872, naît le petit Jacques, que
Bizet ne connaîtra presque pas
puisqu’il décédera en juin 1875, peu avant le troisième anniversaire
de son fils qui vivait avec sa mère après que cette dernière soit repartie
vivre chez ses parents.
Bizet inspira nombre de
compositeur sur le thème de l’enfance,
Gabriel Fauré avec «Dolly»
pour piano à quatre mains en 1898,
Claude Debussy avec «Children’s Corner» pour piano en 1908 et
Maurice
Ravel avec «Ma Mère l’Oye» pour piano à quatre mains en 1910, puis orchestré. Mais il y
eu aussi un prédécesseur en ce domaine de l’autre côté du Rhin en la
personne de Robert Schumann, auteur des
célèbres «Scènes d’enfants» pour piano en 1838.
Bizet retient cinq pièces de
ses «Jeux d’enfants» et en réalise une orchestration en 1872. Cette
seconde version de l’œuvre est créée en mars 1873 au théâtre de
l’Odéon, sous la direction du jeune chef d’orchestre
Édouard Colonne.
Georges Bizet |
Marche : Deux instruments sont mis en valeur le tambour, dont on entend les
roulements du début à la fin, et la trompette, dont les appels résonnent
souvent au cours de la pièce. Dans le recueil pour piano ce morceau s’intitulait «Trompette et tambour» une pièce qui évoque plutôt des soldats de plomb.
Berceuse : Un seul thème compose cette pièce, repris inlassablement au début par les
violons
pour endormir l’enfant, repris ensuite par l’ensemble de l’orchestre. Le thème de la berceuse réapparaît, mais se transforme et s’efface peu à
peu, avant de résonner une dernière fois à la flûte seule.
Impromptu : Un morceau très court (A peu
près 1 minute), appelé «La Toupie» dans le recueil pour piano, est écrit dans un mouvement rapide et
enlevé.
Le thème est repris plusieurs fois et se termine sur
un accord fortissimo qui met fin aux tournoiements du jouet.
Duo : il correspond à la
pièce «Petit Mari, petite femme» du recueil pour piano. Dans ce morceau, qui fait uniquement intervenir les
cordes, Bizet a voulu suggérer les jeux
enfantins et les premiers émois amoureux. Deux instruments dialoguent et se
répondent : le violon, représentant la femme, et le violoncelle,
représentant le mari.
Galop : Pour le final,
Bizet fait référence à l’une des danses les plus en vogue au XIXe siècle, Le galop, une danse rapide et échevelée. Bizet
nous offre ainsi une conclusion gaie et entraînante, grâce à un thème
énergique énoncé aux violons puis repris par tout l’orchestre.
Georges Bizet, un des grands compositeurs de la période romantique
qui, si il connaîtra un certain succès de son vivant, passera à la
postérité après sa mort… comme beaucoup !
La discographie de «l’Arlésienne» n’est pas comme son personnage, on la retrouve partout et pour toute les
bourses. Mais quel enregistrement choisir ?
Pour «l’Arlésienne» deux versions un peu anciennes : celle d’Igor Markevitch et l’Orchestre Lamoureux en
1959 et celle de
Claudio Abbado avec le London Symphony
Orchestra
chez DG en 1981, mais le choix
est large.
«Jeux d’enfants» : Paavo Järvi et l’Orchestre de
Paris en 2010 chez Virgin couplé avec la «Symphonie en ut» et Symphonie «Roma» ou Souvenirs de Rome. Un joli programme sur
Georges Bizet. Et aussi celle de Bernard Haintink et le
royal Concertgebouw Orchestra en 1986 chez Philips avec la même
affiche mais «La Danse pour Harpe et Orchestre» de Claude Debussy à la place de la
symphonie «Roma», mais là aussi, beaucoup de choix.
Vidéos :
Suite N°1 :
I. Prélude : Allegro deciso - Andantino - Tempo primo // Andante molto // Un poco meno lento
II. Menuetto : Allegro giocoso
III. Adagietto : Adagio
IV. Carillon
Suite N°2 :
I. Pastorale : Andante sostenuto assai / Andantino / Tempo primo
II. Intermezzo : Andante moderato ma con moto / Allegro moderato / Tempo primo
III. Menuetto : Andantino quasi Allegretto
IV. Farandole
Jeux d'enfants par Berard Haitink
1. Marche (Trompette et tambour)
2. Berceuse (La poupée) 2:17
3. Impromptu (La toupie) 5:09
4. Duo (Petit mari, petite femme) 6:12
5. Galop (Le bal) 9:13
I. Prélude : Allegro deciso - Andantino - Tempo primo // Andante molto // Un poco meno lento
II. Menuetto : Allegro giocoso
III. Adagietto : Adagio
IV. Carillon
Suite N°2 :
I. Pastorale : Andante sostenuto assai / Andantino / Tempo primo
II. Intermezzo : Andante moderato ma con moto / Allegro moderato / Tempo primo
III. Menuetto : Andantino quasi Allegretto
IV. Farandole
Jeux d'enfants par Berard Haitink
1. Marche (Trompette et tambour)
2. Berceuse (La poupée) 2:17
3. Impromptu (La toupie) 5:09
4. Duo (Petit mari, petite femme) 6:12
5. Galop (Le bal) 9:13
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