J’ai toujours aimé les femmes qui chantaient des chansons réalistes,
Paris et qui avaient des voix sortant du commun. J’avais déjà évoqué Fréhel,
Juliette Gréco et Cora Vaucaire et, tout comme Barbara, Monique Morelli est une
femme que j’aimais. Une voix, du talent et une amie des poètes.
DE BÉTHUNE A MONTMARTRE
J’ai
rarement eu des coups de cœur pour des artistes, tout le monde sait que j’ai toujours
adoré Barbara mais ils ne savent pas que j’avais une profonde admiration pour Monique
Morelli
et cela depuis que je suis tout môme. En 1972,
la télévision française (l’ORTF)
diffusera une mini série de six épisodes «Mandrin». L’histoire du célèbre contrebandier
qui mourra sur la roue. Le feuilleton avec en rôle titre Pierre Fabre qui avait à ses cotés un personnage féminin avec
des yeux clairs et qui jouait le rôle de La Carline (La Carline est une plante dérivée du chardon nda) et cette femme
n’était d’autre que Monique Morelli qui de surcroît chantait la
chanson du générique et sa voix un peu grave au vibrato impeccable me
marqua.
Ce
n’est que quelques années plus tard après m'être passionné pour Brel, Brassens, Ferré et Barbara que
j’approfondirais mon écoute et ma connaissance de Monique Morelli. C’était une voix qui à su
chanter Paris et la butte tout comme Catherine Sauvage,
Mick Micheyl ou Jacqueline
Danno.
Lino Léonardi - Monique Morelli |
Elle forme un duo avec son
mari, l'accordéoniste et compositeur Lino Léonardi,
qui écrira la plupart de ses musiques. Mais Lino
Léonardi, en plus d’avoir mis en musique des poèmes de François Villon, Louis Aragon
ou Pierre Mac Orlan pour sa femme, écrira des
musiques de films comme «Le cinéma de papa» de Claude
Berri ou «Pile
ou Face» de Robert Enrico. Il
lui adaptera des mélodies sur mesure pour ses adaptations des poètes comme «Maintenant que
la jeunesse» ou «Un air d'octobre» d’Aragon.
avec G.Brassens et P.Mac Orlan |
Au début des années 70, elle dirige le «Temps perdus» à
Saint-Germain-des-Prés qui plus tard, à son grand désespoir, sera racheté par des
promoteurs pour en faire un restaurant. Elle déplore la disparition de tous les
petits cabarets où elle se produisit : «Que
reste-t-il aux jeunes chanteurs, aujourd’hui, pour se faire entendre ?».
Monique
Morelli n’est pas une militante, mais elle est solidaire de
certaines causes, elle se bat pour la paix, contre la guerre et l’armée : «Un jour peut-être, les poètes trouveront les mots
qui empêcheront les guerres».
Monique Morelli ne fait pas que chanter, elle se produira également au
théâtre et au cinéma. Elle joue dans «Valmy», sous la
direction du cinéaste Abel Gance. En 1972, elle interprète le rôle de La Carline, dans «Mandrin», un teléfilm en plusieurs
épisodes, de Philippe Fourastié. En 1973, elle joue dans le film d'Anna Karina, «Vivre ensemble».
Elle sera nommée Officier des Arts
et Lettres. Elle sera plusieurs fois, distinguée par le prix de l'Académie
Charles-Cros ainsi que celui de l'Académie du disque. Monique Morelli
a un sens profond de la diction poétique, une voix et une présence dramatique
d'une immense sincérité, emportant l'émotion. Chantant drapée dans une vaste
étole rouge, elle est un monument de la culture
chansonnière et poétique française, dominée par ses interprétations des poèmes
de Louis Aragon et de Pierre Mac Orlan entre autre. Vingt sept ans après sa
disparition, sa présence
tragique et populaire ne s'efface pas. Sa voix reste comme le témoignage
ineffaçable d'un riche tempérament.
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