Kofi BURBRIDGE (22.09.1961 - 15.02.2019) |
Ce New-Yorkais du Bronx apprend la musique par une formation classique, étudiant le piano et la flûte traversière. A Atlanta, il intègre un premier groupe, Knee-Deep. En 1994, il intègre l'Aquarium Rescue Unit, le Jam-band d'Atlanta où joue son frère, Oteil.
Lorsque Oteil intègre l'Allman Brothers Band, il présente son frère à la famille de ce groupe. Ce qui va déboucher sur une rencontre et une entente avec Derek Trucks qui l'embauche en 1999. Son talent éclate sur le troisième disque du Derek Trucks Band, "Joyful Noise". Sa présence est capitale, se faisant le facteur indispensable pour accéder à d'autres territoires des plus chatoyants. Tant par sa musicalité que par son écriture (il co-signe quatre titres et deux de sa seule main). Mais c'est surtout en concert que son talent éclate comme l'atteste le superbe "Live at Georgia Theatre" (2004). Musicien de valeur et apprécié, on le retrouve sur quelques disques en tant que musicien et/ou de compositeur - dont Susan Tedeschi, Doyle Bramhall II, Mike Mattison, Marcus King Band, Shemekia Copeland, Jimmy Herring -.
Il fait partie intégrante de la fusion du Derek Trucks Band et de Susan Tedeschi, le Tedeschi Trucks Band, où il retrouve son frère Oteil. Hélas, au milieu de tout ce foisonnement de divers talents, ses contributions paraissent plus discrètes. Toutefois, et fort heureusement, en concert, sa présence, tant aux claviers qu'à la flûte traversière, est essentielle. Il y est bien plus sollicité, mettant en valeur des jams mémorables.
Il souffrait de complications cardiaques depuis plusieurs années ; ce qui l'avait obligé à quitter la scène une première fois en 2017, suite à une opération médicale (rupture de l'aorte). Il doit de nouveau arrêter en décembre 2018. Il décède à 57 ans, le 15 février 2019, jour même de la sortie du quatrième disque du Derek Trucks Band, "Let Me Get By", dans lequel il joue encore ; pour la dernière fois.
Au sujet de la première vidéo, il s'agit d'un travail entre Kofi et Layla Zoe de 2010. La texane spécifie qu'elle n'a fait que poser sa voix sur le travail de Kofi, puis qu'elle l'a donné à mixer. C'est le résultat d'un premier travail commun qui devait aboutir à un album. Hélas, cela n'est pas allé plus loin, chacun ayant un planning chargé. Amis depuis une douzaine d'années, Zoe a publié sur le net cette chanson, en hommage.
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J.R. COBB (05.02.1944 - 04.05.2019) |
James Barney "J.R." Cobb Jr, né le 5 février 1944 à Birmingham, Alabama. Son père abandonne la famille peu après avoir emménagé à Jacksonville, Floride. Sa mère se retrouvant seule pour élever ses enfants, les placent à la Baptist Children's Home de la ville. Une leçon de vie que Cobb Junior considère finalement comme une riche expérience, l'armant pour la vie, l'amenant à apprécier et à se satisfaire de ce qu'il a. Et aussi à travailler dur pour l'obtenir.
Soudeur le jour, il intègre un groupe de copains, The Emeralds, qui mue en 1965 en Classic IV. Ce quatuor de soft-rock / Blue-eyed Soul, bientôt précurseur d'un Southern-rock mielleux commence à se faire connaître dès 1966 avec un 45 tours dans les charts. Cependant, il ne prend son envol que l'année suivante avec "Spooky", co-écrit par Cobb, qui caracole à la 3ème place des charts US (chanson qui n'a jamais cessé d'être reprise, jusqu'en 2019 - même Popa Chubby y est allée de sa version ; très bonne d'ailleurs -). Jusqu'en 1969, Classic IV s'installe confortablement sur les ondes, en particulier avec des classiques comme "Stormy" (repris avec succès par Santana en 78) et "Traces". La plupart des succès sont co-écrits par Cobb et Buddy Buie (un auteur-compositeur indépendant, qui a déjà travaillé pour Roy Orbison) mais la gloire rejaillit surtout sur le chanteur, Dennis Yot (le groupe devenant Dennis Yot and The Classic IV). Ce duo de compositeurs travaille souvent main dans la main, passant une partie de la journée ensemble et composant le soir. Et le fruit de leur travail n'est pas exclusivement réservé à Classic IV.
En 1970, Cobb Jr. en a marre et se casse. Il devient musicien de session pour le Studio One, à Doraville (Georgie). Là, il se retrouve souvent à jouer avec des musiciens de The Candymen, le backing band de Roy Orbison, mais aussi avec d'anciens de Classic IV.
Parfois, après des séances purement professionnels, ils jamment. Progressivement des chansons se mettent en place, et finissent par être enregistré. Les bandes vont aux oreilles d'A&R de MCA qui s'empressent de leur proposer un contrat. L'Atlanta Rhythm Section est formée pour l'occasion, avec le renfort de Buddy Buie pour la composition. Dans un premier temps, le groupe se contente d'enregistrer des disques sans effectuer un seul concert. Ce qui lui vaut l’opprobre de la presse. Le sextet finit par partir en tournée avec les amis de Lynyrd Skynyrd et prend goût à la scène. Les albums suivants, "Dog Days" et "Red Tape", s'en trouvent marqués et sont les plus ancrés dans le Southern-rock. La suite est tout autre. La troupe pressée d'écrire un hit, se laisse aller à des humeurs plus douces et pops. Ce qui financièrement parlant lui réussi. Sans prendre de risques, cherchant à rester présents dans les radios, elle reprend même d'anciens tubes de Classic IV.
Cobb finit par quitter la troupe en 1986. Il compose à nouveau pour le groupe mais sans pour autant l'intégrer. Ainsi, sur "Eufaula" (1999), il co-signe pas moins de sept chansons (!) sur onze.
En 1993, il est intronisé au Georgia Music Hall of Fame, et en 1997, l'Alabama Music Hall of Fame lui décerne l'award Music Creator.
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Leon REDBONE (26.08.1949 - 30.05.2019) |
Né Dickran Gobalian le 26 août 1945 à Chypre, Leon Redbone était un homme simple, assez effacé, préférant discourir de musique plutôt que de sa vie privée (demeurée longtemps un secret bien gardée).
Issue de la communauté arménienne chypriote, il débarque au Canada (Ontario) dans les années 60 où il change de nom. Travaillant le jour dans une agence de pub et jouant la nuit, des personnes influentes de l'industrie musicale tels que John Hammond (père), Bob Dylan, Ry Cooder, JJ Cale et Van Dyke Parks tombent sous le charme de sa musique Jazzy, dixieland, parfois folk blues, absolument roots, totalement imperméable à tout ce qui l'entoure, semblant sortir d'une bulle temporelle des années 30 et 40. Cependant, son premier disque ne sort qu'en 1975. Miraculeusement, avec sa musique anti-commerciale et l'album "Double Time", et aussi grâce à ses apparitions à l'émission télévisée Saturday Night Live (à l'époque des John Belushi, Dan Arkroyd et Bill Murray), il pénètre le Top 40 US. Hélas, ne trouvant pas l'utilité de parler de lui-même lors des interviews, les médias s'en désintéressent, et sa subite popularité s'estompe assez rapidement.
Il continue tranquillement et humblement sa carrière, sans jamais courir après la notoriété, sortant des albums quand bon lui semble, participant exceptionnellement à quelques publicité (dont pour Kodak et British Rails). Il refait surface en 1990 avec l'album "Sugar" (avec une meilleure distribution) qui perce en Europe qu'il est amené à visiter, faisant même un Olympia en 1992 immortalisé sur le "Live : The Olympia Theater, Paris.".
Avec son dernier disque, "Long Way from Home", sorti en 2016, qui est l'exhumation d'une session pour la radio en 1972, Leon Redbone confirme qu'il n'a jamais fait de concessions, que pendant quarante ans il est resté fidèle à son amour pour la musique des années 20 à 40 (voire au-delà puisqu'il reprit "Polly Wolly Doodle". Une chanson que l'on estime créée en 1840 - publiée pour la première fois en 1880 -). Un descendant des minstrels shows (sans le grimage) ressuscitant le Blues, le Jazz et la Country du début du siècle dernier, et témoignant de son affection pour le dixieland. Toujours avec des allures désinvoltes, faussement blasées, à la physionomie entre Zappa et Groucho Marx. Un personnage attachant, inébranlable, honnête avec lui-même.
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Gary DUNCAN (4.09.1946 - 29.06.2019) |
Gary Duncan, né Gary Ray Grubb le 9 septembre 1946 à San Diego, Californie, restera indéfectiblement lié au Quicksilver Messenger Service.
Dès les débuts des années soixante, il s'immerge dans la scène Garage Rock. Il rejoint The Brogues, groupe éphémère, influencé par la scène musicale Anglaise, en particulier par les Animals. Le groupe obtient un succès régional grâce à un premier 45 tours. La chanson "(I Ain't No) Miracle Worker" parvient à traverser les années, grâce à la célèbre compilation Nuggets. A la dissolution du groupe en 1965, il répond avec le batteur et ami, Greg Elmore, à la demande de John Cippolina qui cherche à monter un groupe de Rock. Ce groupe, c'est le Quicksilver Messenger Service. Un des chefs de file de la scène de San Fancisco, à qui l'on va attribuer la paternité de l'Acid Rock et du Rock psychédélique. Comme bien d'autres groupes de l'époque, Californiens ou non, la formation vit en communauté, partageant tout, sans se soucier du lendemain. Gary Duncan forme avec John Cippolina un duo de guitaristes infatigables et bavards, partant dans d'assez longues improvisations sur scène. Manie immortalisée dès le deuxième disque enregistré live, "Happy Trails", qui reste leur disque le plus connu (parfois le seul).
Lorsque le groupe éclate en 1971, avec le support de Greg Elmore et de Dino Valente (guitariste et chanteur), il continue l'aventure jusqu'en 1978.
Il relance seul le Quicksilver avec un album en 1986, "Peace by Piece". Tout en restant à l'écart du music-system, il continue à sortir des disques sous l'appellation tronquée Quicksilver, tout en stipulant "Gary Duncan" sur le haut des pochettes d'album. Désormais, il mène une carrière pépère, préférant la scène plutôt que les studios avec seulement six album de 1986 à 2011. Avec l'aide de David Freiberg (bassiste et chanteur) pour quelques chansons sur les deux premiers. Il reprend plus sérieusement la route à partir de 2006, et ne la quittera plus vraiment jusqu'à son décès.
Gary Duncan décède le 29 juin 2019 à Woodland, des suites de complications dues à une mauvaise chute.
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Johnny CLEGG (7.06.1953 - 16.07.2019) |
Jonathan Clegg voit le jour le 31 octobre 1953, à Bacup (Angleterre). Sa mère (une Lituanienne) est chanteuse de Jazz, et son père militaire. L'armée les expédie au Zimbabwe (appelé à l'époque Rodhésie du Sud). Le couple ne tient pas et divorce. Sa mère se remarie en Afrique-du-Sud, à Johannesbourg, avec un journaliste luttant contre le régime ségrégationniste des Afrikaners. Son beau-père l'initie à la musique Africaine, tandis que le gardien de l'immeuble où ils résident, le prenant en sympathie, lui inculque des rudiments à la guitare et l'amène avec lui dans des lieux où normalement les blancs ne sont pas acceptés. Johnny se trouve une nouvelle famille et s'immerge dans la culture endémique. Il apprend la musique et les danses des zoulous, mais aussi son histoire et sa langue.
En 1969 il se lie d'amitié avec un jardinier, Sipho Mchunu, par ailleurs musicien et chanteur. Tous deux s'associent et commencent à élaborer un nouveau domaine musical, et réalisent des disques de 1976 à 1985. Une provocation pour les défenseurs de l'apartheid, obligeant le groupe à jouer de malice avec la police. Ce qui n'empêche pas Johnny de donner des cours d'ethnologie en faculté jusqu'en 1982. Ses disques se fient des frontières, traversant les mers de l'Atlantique à la Manche, et récoltant le succès. Mais c'est surtout le Savuka, créé après le départ de Sipho, en 1985, qu'il conquiert la planète avec son subtile mélange de Pop, de folk, de Rock et bien sûr de musique Zoulou. Ses concerts, ainsi que des clips vidéos profitant de MTV, mettent en lumière la culture zoulous ; des danses ethniques à la musique. La fusion avec la musique Pop et Rock en facilitant l'accès. Cette World-music fait l'unanimité et rencontre un succès mondial. Cette l'occasion pour Clegg et la troupe Zavuka, dans une action absolument pacifiste et un désir d'unifier les peuples, de braquer les projecteurs sur la situation politique de l'Afrique-du-Sud. En particulier sur l'apartheid.
La troupe crée d'ailleurs un hymne en hommage à Nelson Mandela - alors en prison depuis 1964 -, "Asimbonanga". Hélas, ces années de célébrité sont entachées de drames. Son ami David Webster, anthropologiste engagé dans la lutte contre l'apartheid, est assassiné en 1989. En 1992, c'est son vieux compère du Savuka, Dudu Zulu, qui perd la vie en 1992 (lors d'une rivalité entre deux groupes zoulous).
Injustement, Clegg et sa troupe reçoivent un refus à leur demande de participation du concert-événement donné à Wembley en 1988, pour commémorer le 70ème anniversaire de Mandela. Un comble. Ils sont par contre reçu à bras ouvert par Amnesty International pour les tournées "Human Rights Now !".
Après l'énorme succès des années 80, la décennie suivante est un lent et progressif retour vers une relative confidentialité.
Celui que l'on appelait le zoulou-blanc, né Jonathan Clegg, celui qui avait initié le grand-public à la world music, celui qui a œuvré pacifiquement contre l'apartheid, est décédé des suites d'un cancer déclaré en 2015. Le 16 juillet 2019, cet homme généreux, fidèle à ses convictions, a perdu une longue bataille contre la maladie.
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Larry JUNSTROM (22.06.1949 - 6.10.2019) |
Il avait commencé par le saxophone et la clarinette avant de se tourner vers la guitare après la découverte des Beatles. Une guitare, une Silvertone, qu'il va essayer de transformer en basse, finalement plus attiré par le jeu et le son de cet instrument. Il fonde un premier groupe, After Five, se contentant alors que de jouer des reprises. Afin de gagner un peu d'argent, il joue dans plusieurs petites formations sans avenir.
Plus tard, il lie connaissance avec Ronnie Van Zant (à la suite d'un petit accident en Buggy) ; il prête son ampli basse au groupe qu'il intègre dès le départ du premier bassiste, lors de la période de My Back Yard.
En 1968, il enregistre premier 45 tours, "Need All My Freinds" - "Michelle", à Sheffield (Alabama) au studio Quinvy, alors que le groupe de Jacksonville se nommait One Percent. Un premier et timide effort discographique qui ne sort que deux ans plus tard, en 1970, sous l’appellation de groupe, Lynard Skynard. Junstrom fut également réprimandé (brimé ?) pour ses cheveux longs par l'authentique Leonard Skinnerd. Découragé, il quitte la formation quelques mois plus tard, avant les fameuses premières sessions au studio Muscle Shoals ; celles exhumées après le tragique crash d'avion.
Toujours en contact avec la famille Van Zant, courant 1976, il rejoint le groupe du petit frère, Donnie. D'abord en tant que chauffeur et de technicien guitares pour la scène. Puis, en 1977, en tant que bassiste pendant les sessions du premier album de .38 Special, où il n'enregistre qu'un titre, "Fly Away". Désormais, pour le meilleur et pour le pire, il reste fidèle au groupe jusqu'à son départ en 2014, à la suite de quelques complications de santé nécessitant une opération de la main.
Bassiste apprécié et reconnu dans la communauté du Southern-rock, il composait peu, avec seulement deux co-écritures ("Can't Keep a Good Man Down" et "Stone Cold Believer").
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(lien) ☛ Premier volet - R.I.P. 2019
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