lundi 14 janvier 2019

LE CAS 39 de Christian Alvart (2009) – par Claude Toon



Mignonne Lillith (!?) Pas certain...  (Jodelle ferland)
Ah les sales mômes ! Il y a déjà ceux qui montent à genoux sur la table à manger dominicale au milieu du poulet et des frites chez mamie, en totale liberté, à peine gourmandés par des parents qui ont lu tout Dolto mais n'ont pas tout compris. Mais pire, il y a ceux que Satan ou un autre démon choisit comme réceptacle pour semer une zizanie diabolique dans un monde qui n'en a pourtant pas besoin. Dans certaines familles, je me demande si la frontière n'a pas été franchie, il faudrait se rencarder auprès de l'exorciste du diocèse…
La mode des films mettant en scène des marmots diaboliques date des années 70, même si un site répertorie 61 films sur le sujet des enfants démoniaques, deux films au moins vont marquer le genre : L'exorciste de William Friedkin chroniqué avec amour par Luc (Clic) et le petit Damien dans la Malédiction de Richard Donner en 1976. Il y aura bien sûr des suites de la suite, des nanars pas toujours indispensables. Depuis l'an 2000, le genre est revenu à la mode. Dans la série The Ring, ce sont plutôt des fantômes cradoques victimes de la monstruosité des adultes. Côté exorcisme, nous avons eu Le Dernier exorcisme, réalisé par Daniel Stamm et guère passionnant.
Et avec Le cas 39 le cinéma renoue avec la fillette possédée. Sauf que contrairement à sa copine Linda Blair verdâtre, boursouflée comme un crapaud et vomissant du Chewing-gum fondu au litre, la jeune Jodelle Ferland a un visage d'ange, un minois un peu énigmatique certes, mais rien de bien satanique… À ce sujet, pourquoi le nom de cette enfant-actrice à la carrière bien remplie n'apparaît-il pas sur l'affiche ? Une question de droit sans doute...
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Un peu trop tard et... Lillith était trop cuite...
Emily Jenkins (Renée Zellweger, impeccable) est assistante sociale et croule sous les dossiers d'enfants maltraités ou sur la mauvaise pente à cause de parents irresponsables, parfois les deux. Son chef, Wayne (Adrian Lester) s'en tape et lui rajoute le dossier 39 sur la pile. Sale affaire, celle de Lillith Sullivan (Jodelle Ferland) âgée d'une dizaine d'années et a priori victime de violences de la part de ses parents : Edward et Margaret Sullivan (Callum Keith Rennie et Kerry O'Malley). Constat classique : décrochage scolaire, tristesse, tendances à s'isoler…
Emily rend visite à la famille : maison bien tenue mais un couple have, pâle et défait comme disait Voltaire, et Lillith, un gamine mutique.  Des parents effrayants ou effrayés ? Son service convoque la famille. Lillith confie à Emily, mais à elle seule, que ses parents "veulent l'envoyer en enfer". Confidence sincère ou manipulation de la dévouée Emily ? Sa hiérarchie saturée de dossiers classe sans suite. Emily donne à Lillith son N° de téléphone, au cas où
Inquiète et désabusée, Emily demande un coup de main à un pote flic, Mike (Ian Mac Shane). Le soir même, coup de fil paniqué de Lillith : SOS. Emily appelle Mike et fonce chez les Sullivan. Scène d'apocalypse, Edward et Margaret ont drogué leur fille qui a atterrie dans le four pour être cuite comme la dinde de Thanksgiving !! Emily libère la gosse un peu roussie, tandis que Mike défonce la tête des deux monstres qu'on envoie chez les dingues pour évaluation. Ça s'impose. Non ?
Doug et Emily
Opiniâtre, Emily obtient la garde de la fillette pour lui éviter l'orphelinat. La petite, légèrement brûlée, a déjà un soutien psy de la part de Douglas (Bradley Cooper) qui est aussi le petit ami platonique d'Emily.
Emily retourne à l'ancien domicile de Lillith pour étoffer son trousseau. Inspection des lieux : dans la cave, les Sullivan ont creusé une tombe et la porte de leur chambre est défendue par une volée de verrous ?! Cela dit derrière la porte, le parquet semble avoir été scarifié par un tigre du Bengale. Intriguée, Emily ne sait pas encore que c'est elle qui vient d'entrer en enfer… Gloup !
Le cauchemar pour l'héroïne et son entourage approche ; c'est la règle de ce genre de films.
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Le début du film paraît prometteur et innovant par son absence de référence à la religion chrétienne. Pas de crucifix la tête en bas, d'occultistes qui apportent leurs recettes farfelues pour chasser les démons. Ce film est plutôt un huis-clos, un affrontement vénéneux entre une petite fille modèle, au minois touchant pour l'entourage face à une Emily totalement abandonnée et incomprise. La suite sera plus classique. Et puis prénommer une fille Lillith, c'est tenter le diable 😖 ! Lillith est une déesse du mal dans les légendes hébraïques et mésopotamiennes pour laquelle des succubes (démons féminins) viennent séduire les hommes et les désespérer. Ok, notre Lillith du jour n'a pas l'âge des bagatelles infernales mais elle va laisser sur ses traces d'élève modèle un certain nombre de cadavres "suicidés". Une vraie peste la gosse… Deux types d'appréciations donc : film qui ressasse à sa manière les classiques du genre et où les péripéties se révèlent bougrement téléphonées, ou alors en bon public, on se prend au jeu et on apprécie le rejet d'effets effrayants bidons voire gore.

Vade retro satanas
Peut-on classer Le cas 39 dans la série des nanars ? Oui par la légèreté du scénario au développement qui manque de suspens. Mais pas tout à fait car les deux actrices portent le film avec brio.
Jodelle Ferland est âgée de 11 ans lors du tournage en 2007. L'actrice canadienne a déjà une filmographie importante depuis ses quatre ans. Elle assure le rôle en one-child-show de Jeliza-Rose dans Tideland de Terry Gilliam sorti en 2005. Un film complètement déjanté de l'ancien Monty Python dans lequel, à la manière d'Alice au pays des merveilles, une mouflette voyage en s'amusant dans ses rêves loufoques et glauques tout en surveillant de loin son père mort d'une overdose en train de se momifier (figuration de Jeff Bridges). L'année suivante, un large public la découvre dans le double rôle de Sharon / Alessa Gillespie dans Silent Hill, un film pour ados adapté d'un jeu vidéo et gorgé d'effets numériques dégueux. On retrouve dans Le cas 39 son talent pour incarner une diablotine alternant mimiques enjôleuses et regards menaçants. Christian Alvart nous épargne les transformations grotesques qui sont fréquemment l'apanage du style.
Renée Zellweger prête sa bouille de femme généreuse tentant d'offrir à des gosses ce qu'elle-même, Emily, n'a pas connu dans sa jeunesse. L'actrice ne conserve de la personnalité de Bridget Jones que la douce naïveté, elle saura se faire tigresse le moment venu. Le film ne porte aucune histoire sentimentale cucul et hors sujet. L'image est belle, la photographie soignée.
Pas un chef-d'œuvre, mais un bon moment pour les amateurs de séries B qui aiment les histoires sataniques filmées à la manière d'un conte de Grimm, comprendre sans excès dans l'horreur, le recours ennuyeux aux scènes flippantes dans le noir absolu, etc. À noter que les bonus proposent une fin alternative.




3 commentaires:

  1. Cette chronique manque de détails... La petite au four : thermostat combien ?

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    1. Cuite à cœur, le démon saignant, à éviter... Thermostat 5/6, 12' par kilo. Aromate conseillé : harpagophytum (également appelé griffes du diable), c'est bon pour les articulations.

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  2. Hello mon Glaude...le film "Esther" est assez flippant dans le style "marmot diabolique"...
    signé Le Philou...

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