mardi 27 novembre 2018

JOHN LENNON - "IMAGINE" (1971) - par Pat Slade



Il n’y avait qu’un personnage comme John Lennon pour sortir un album comme «Imagine». Le disque mythique qui va marquer la musique et le 20e siècle.




L’imagination prend le pouvoir  






Quand John Lennon était un jeune musicien au sein des Quarrymen à la fin des années cinquante, pouvait-il imaginer qu’un jour il écrirait l’album qui marquera la musique pendant des décennies ? «Imagine» c’est la galette qui se trouve dans toutes les bonnes discothèques.

Alors que les Beatles finissaient de se déchirer, les quatre musiciens étaient déjà sur des exercices en solo. Harrison et «All Things Must Pass», Ringo Starr avec «Sentimental Journey», McCartney et «McCartney» et enfin John Lennon avec «John Lennon/Plastic Ono Band». De tous ces albums, seul Harrison atteindra le number one des classements. Il faudra attendre 1971 avec «Imagine» pour avoir la perle des albums de John. Quelques différences avec son premier album «John Lennon/Plastic Ono Band» même si ce dernier comprenait de très bons titres comme «Mother», «Working Class Hero», «Love» et «God» et il n’y avait pas encore les insupportables miaulements de Yoko Ono


Mais pour beaucoup, la carrière de John Lennon n’est composée que d’albums mythiques et d’autant de merveilleuses chansons que ces anciens complices des Beatles, comme s'il avait eu le monopole du génie. Pourtant lui aussi fera des ratages pour ne pas dire des foirades. McCartney et Harrison prendront mieux le virage de la reconversion musicale. Lennon, lui, ira plutôt vers le côté médiatique avec ses bed-in et ses campagnes anti-guerre (War is Over if you Want it). Mais au point de vue musique, rien ne sort ! Son premier album ne va pas casser la baraque et sera rejeté par le public et les critiques. Lennon ne laissera pas passer cet affront et va prendre l’auditeur dans le sens du poil et changera son fusil d’épaule avec des mélodies qui devraient faire exploser les charts. Piano omniprésent et voix mise en avant, le tout mis en boite par Phil Spector (Toujours en prison à l’heure actuel). Il va débaucher quelques musiciens du cru comme ses complices : Georges Harrison, Klaus Voormann à la basse ou Alan White qui fut le batteur du groupe Yes. Lennon veut renouer avec un public qu’il a perdu de vue depuis longtemps et agrandir ce dernier pour qu’il puisse faire passer son message. «Imagine» sera le dernier album qu’il enregistrera en Angleterre. Dans sa première édition en 1971, un poster de John jouant sur le piano blanc et une carte postale de lui avec une truie, mais je reviendrai plus tard sur sa signification. L’album commence par «Imagine»un hymne plus utopique que pacifique.
Lennon et Harrison
Elle se classera à la troisième place du classement des «500 plus grandes chansons de tous les temps» par le Rolling Stone Magazine. La chanson qui reste l’une des plus jouée dans le monde, il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne l’entende soit sur les ondes, soit dans un spot de pub ou dans un documentaire télévisé. Pour l’enregistrement, Yoko va décréter que tout, du studio jusqu’au piano, soit repeint en blanc de façon à trouver une certaine pureté au morceau. 47 ans plus tard, que doit-on en penser ? Ode universelle ou rêverie d’un chevelu enfumé ? «Crippled Inside»  : Malgré sa musique dansante et enjouée, des paroles très sombres
. Il commence à régler ses comptes avec Macca. «Jealous Guy» Nous avons tous quelque soit l’artiste ou l’album un morceau préféré et «Jealous Guy» est pour moi le titre d’«Imagine» qui se démarque des autres. Déjà par sa mélodie et par ses paroles. Le morceau sera écrit par Lennon pendant le voyage des Beatles en Inde qui s’appelait «Child of Nature» qui une fois retravaillé prendra le titre définitif de «Jealous Guy».

«It’s So Hard» Un Hard rock Blues ou Lennon parle de ses difficultés envers la vie, un peut comme s'il réalisait la vision utopique d’«Imagine». «I Don't Wanna Be a Soldier, Mama» (Je ne veux pas être un soldat maman) ; le titre résume toute la chanson. Elle ne contient que 25 mots différents, très similaire à «I Want You» sur l’album des Beatles «Abbey Road». «Gimme Some Truth» : Lennon sans la contestation ne serait pas Lennon. Il y exprime sa frustration face aux politiciens trompeurs, à l’hypocrisie et au chauvinisme. Des sentiments qui à l’époque étaient très répandus alors que de nombreuses personnes participaient à des mouvements de protestation contre leurs gouvernements.

«Oh My Love» Une chanson pour Yoko… bien sûr ! Arrive le titre qui va créer quelques remous «How Do You Sleep ?» Lennon va tailler un costard à McCartney plutôt violent. Des paroles très meurtrières. Au début de l’histoire, c’est à la suite du succès de l’action de Macca visant à dissoudre les Beatles en tant que société civile. Cette décision faisait suite à la publication des remarques diffamatoires de Lennon sur les Beatles dans une interview du magazine Rolling Stone en décembre 1970, et McCartney et son épouse Linda. A la sortie de l’album «Ram» Lennon se sentit attaqué par McCartney. Il répondit par des phrases assassines : «Those freaks was right when they said you was dead» (Ces ragots qui disaient que tu étais mort étaient vrais), «The only thing you done was yesterday, And since you're gone you're just another day» (La seule chose que tu aies faite est Yesterday, Et depuis que tu es parti, tu n'es plus qu'un souvenir) et plein d’autres joyeusetés du même genre comme : «The sound you make is muzak to my ears» (Le son que tu produis est de la musique d'ascenseur à mes oreilles). Et pour enfoncer le clou, la pochette de l’album de McCartney «Ram» le représentait saisissant un bélier par les cornes, John insérera une carte postale dans son album avec une photo de lui dans la même position avec une truie qu’il tient par les oreilles.

«How ?» Une belle chanson où John parle de l’amour et du fait qu’il n’a pas eu d'enfant. «Oh Yoko !» Il fallait bien qu’il termine par un titre pour sa muse japonaise (La muse m’habite ! J’adore les contrepèteries !!!), Lennon y jouera de l’harmonica pour la première fois depuis «Rocky Raccoon» des Beatles et aussi la dernière sur un enregistrement. Comme «Jealous Guy», il l’écrira en Inde en 1968.
«Dans de nombreux pays du monde et j’en ai visité près de 125, vous pouvez entendre «Imagine» presque aussi souvent que l’hymne national». C’est ainsi que s’exprimait l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter. Le single ressortira peu après la mort de Lennon et restera classé n°1 pendant trois semaines, il ne sera délogé que par… Lennon lui-même avec «Woman». En 2002 le Guiness World Records organise une enquête auprès des anglais pour connaître quels sont leurs singles préférés, «Imagine» termine second derrière «Bohémian Rhapsody» de Queen.

Le seul hommage que l’on peut lui rendre c’est de poser le disque sur sa platine et de ce laisser emporter. Néanmoins «Imagine» reste un album d’anthologie. Lennon souhaitait laisser derrière lui un message de fraternité universelle, je pense que c’est chose faite  même si le pacifiste n’était pas si cool que ça.   




2 commentaires:

  1. Hélas, dorénavant, la chanson "Imagine" sera liée (pour moi) aux attentats contre Charlie Hebdo. C'est sans doute ça le destin d'une chanson, s'accrocher à un souvenir. Et dans ce cas, un très mauvais souvenir. La manif à Paris, où je suis allé défiler, et filmer quelques images, et j'avais fait un petit montage de trois minutes, avec en bande sonore la chanson de Lennon. J'imagine (sic) qu'il aurait été heureux de ça, le John, quand une chanson arrive à traverser et à capter l'air du temps.

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  2. "Jealous Guy."... quelle chanson ! Un piano aussi beau que celui de Roy Bittan du E Street band... C’est du Lennon ou du Springteen ?!!!

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