CAVEMAN ('l'homme des cavernes') film de Carl Gottlieb (1981)

Ce film ayant pour cadre la préhistoire est sorti (aux US) le 17 Avril 1981 soit quelques mois avant "La guerre du feu " de Jean-Jacques Annaud (le 16 Décembre) mais ils n'ont pas grand chose en commun: là où celui d'Annaud  se voulait sérieux  et basé sur des théories scientifiques ( qui donnèrent sujet à controverses)  celui de Carl Gottlieb est tout simplement le prétexte à un grand moment de  loufoquerie, digne d'un presque homonyme de son réalisateur (Marcel Gotlib)...
Ce Carl Gottlieb, né à New York se fit  connaitre comme acteur (MASH, les dents de la mer, Cannonball) et scénariste (les 3 "dents de la mer" notamment ) et ce "Caveman" est son premier et seul long métrage comme réalisateur.

Ringo/Atouk

L'histoire : Atouk, un hommes des cavernes, plutôt  frêle mais malin,  est chassé de son clan par le chef Tonda, une brute épaisse dont il convoite la femelle Lana, très affriolante  dans sa peau de bête qui cache à peine ses courbes (dans la tradition de Raquel Welsh dans "un million d'années avant JC" ) ; il va alors fonder son propre clan au hasard de ses rencontres dont un noir et un asiatique qui passaient par là (!), une jolie blonde (Tala, jouée par  Shelley Long)  et son père aveugle, un chasseur (Dennis Quaid) et quelques autres bras cassés. Dans le rôle de  la brute on trouve l'ex footballeur américain John Matuszak, qui mourra d'overdose en 1989, il apparaîtra dans beaucoup de séries cultes des années 80 (MASH, Matt Houston, Shériff fais moi peur, l'homme qui tombe à pic, Rick Hunter, l'agence tous risques, 2 flics à Miami...) .

Barbara en 1977 dans un film de Corbucci...

Dans le costume (?)  de sa compagne Lana, c'est Barbara Bach, actrice américaine, icône du giallo et du cinéma bis italien dans les années 70 (La tarentule au ventre noir, Je suis vivant, Le continent des hommes- poissons, L’humanoïde, Le grand alligator...), outre ces nanars elle tournera aussi avec Corbucci ou Jacques Deray mais son heure de gloire sera d’être une James Bond girl en 1977 dans "l'espion qui m'aimait " aux cotés (et dans le lit )  de Roger Moore, l'année suivante on peut la voir dans "l'Ouragan vient de Navaronne"  et également en pages centrales de Playboy (Luc, tu penseras à me le rendre)... Une autre des femmes préhistoriques est joué par Liza Blackwell, un temps maîtresse de Miles Davis et égérie de Saint Germain des Prés et qui apparaît dans plusieurs nanars en Italie à cette époque, elle fut imposée sur le  tournage par son amant de l'époque John Matuszak et surjoue  assez grotesquement. Enfin dans la rôle vedette, celui d'Atouk voici l'ex Beatles Ringo Starr, des Fab Four c'est lui qui s'intéresse le plus au cinéma, on le remarque notamment dans "Help" (1965) puis  un an après la séparation des 4 de Liverpool en vedette dans "Blindman, le justicier aveugle" (1971), un des plus hallucinants westerns italiens (lire ma chronique ici), il apparaîtra ensuite dans une dizaine de films. Jouer à demi nus ça rapproche, pour preuve Barbara et Ringo se marieront quelques mois après ce tournage, et pour briller en société sachez que la sœur de Barbara a épousé Joe Walsh des Eagles en 2008...

Mais revenons à nos moutons ou plutôt nos dinosaures, puisque Ringo/Atouk va inventer par hasard, la domestication du feu, la cuisson des aliments, la kiné, le patinage, la drogue, les armes (la catapulte, la  fronde, les armures) et même la musique (ah, voir Ringo jouer de la batterie avec des ossements!!) sans oublier les oeufs au plat, scène délirante où un oeuf de ptérodactyle que ramènent les chasseurs tombent par accident sur un geyser d'eau bouillante...

Et j'allais oublier les dinosaures en plastoc ou carton pâte, clin d'oeil au génial maître des effets spéciaux Ray Harryhausen (1920-2013), avec un tyrannosaure obèse complètement débile qui frotte ses petites pattes avant en salivant en regardant ses proies mais rate à tous les coups, une espèce de gros lézard cornu qui chante sur son rocher comme un loup le soir et comme un coq le matin - là on se demande ce que fumaient  les scénaristes - ou un abominable homme des neiges aux dents de sabre...

De toute façon le scénario y'en a pas trop et on s'en fiche, le rusé Atouk aura sa revanche sur la grosse brute et devient le nouveau chef du clan  au terme d'une bataille de clans improbable et il  choisira finalement  la belle Tala  plutôt que la fourbe Lana .

Cette guerre du feu délirante revue et corrigée par les Monty Python se laisse voir, d'ailleurs ce n’est pas un hasard puisque le film a été financé par un autre Beatles, Georges Harrison, par ailleurs proche des Monty Python (c'est lui qui finança  "La vie de Brian"). Au final malgré les craintes d'avoir affaire à un nanar fauché, il reste un bon divertissement plein d'humour - même si pas toujours très fin - des acteurs qui prennent visiblement du plaisir, une BO signée Lalo Schifrin et une Barbara Bach très sexy. Film toutefois réservé à cinéphile déviant ayant 1 heure 30 à tuer...

ROCKIN-JL