jeudi 1 février 2018

CHAW, film sud coréen de Shin Jung-Won (2009)


Le cinéma sud coréen nous a habitués depuis quelques années à des thrillers violents et durs, plutôt réussis si on aime le genre, citons "Memories of murder" (2003), "J'ai rencontré le diable" (2010) qui ferait  presque passer "Le silence des agneaux" pour un Disney, "Old boy" (2003), "The chaser" (2008), "Public enemy" (2002)... Dans un autre genre le western revu et corrigé "Le bon la brute et le cinglé" (2008) valait aussi le déplacement, ainsi que le monstre, cousin aquatique d'Alien, de "The Host" (2006). Pourtant le film de monstres est un genre peu abordé dans ce cinéma et c'est à cela que le réalisateur de Shin Jung-Won a voulu remédier : "j'ai voulu faire un film comme un Hollywood B Movie". 

Ce sera donc un sanglier géant, "Chaw" n'est pas son nom mais signifie "piège" dans le langage de la province de Chungcheong. Alors remake sauce soja du "Razorback" australien (1984)  de Russel Mulcahy ("Highlander") et sa superbe photographie des paysages de l'outback ? Forcément on y pense, ainsi qu'aux "Dents de la mer", à "Jurassic park", au "Pacte des loups", ou d'autres mais le traitement est typiquement asiatique, on pensera aussi au délirant film chinois "Million dollar crocodile" (2012 - à voir ici)

Le pitch est assez basique dans ce genre de films. Un animal, d'ordinaire peu dangereux pour l'homme, grossit plus que de raison et prend gout à dévorer de la chair fraîche... Ici c'est donc un sanglier dont on apprendra au passage qu'il est le fruit de manipulations génétiques des japonais durant la guerre. Avec un message écolo derrière : à cause de l'urbanisation grandissante et la restriction de son habitat naturel il se rapproche des villages, commence par profaner des tombes pour se nourrir avant de passer à la chasse à l'homme. Autre grand  classique, les intérêts économiques en jeu et le maire qui refuse de fermer les vergers en pleine récolte et d'affoler la population et les investisseurs de ce village tranquille dont les slogans sont "le village sans crimes" et "le village zéro délinquance".
Ce qui peut surprendre le spectateur occidental peu habitué c'est le jeu des acteurs qui ont tendance à en faire des tonnes et aussi le fait que quasi tous les protagonistes sont à un moment ou un autre ridiculisés. Pas de super héros à la Rambo là dedans, même le soi disant grand chasseur de fauves sera un des premiers à se faire occire... Ce ton de comédie  permanent désamorce  l'aspect horrifique, avec au final peu de scènes gore, même si le monstre - en animatronic et quelques images de synthèse - n'est pas trop mal fichu. Nous avons droit aussi à une vision de la société rurale du pays et à une galerie de portraits de personnages plus ou moins utiles et loufoques : le flic muté  de Séoul suite à excès de zèle venu avec sa femme enceinte et sa mère cinglée/ une demi sorcière timbrée qui habite les bois/ le vieux chasseur expérimenté et le jeune qui se la joue/ les flics qui ne sont vraiment pas des flèches voire même idiots ("le dernier au commissariat a perdu") (c'est assez récurrent, voir par exemple "Memories of murder") / l’étudiant en zoologie qui surjoue à donf et fini plâtré jusqu'au cou à force de se faire  emboutir par la bête...

la bêbête..
Au début, quand des cadavres déchiquetés sont retrouvés, on pense à un serial-killer mais très vite la piste animalière s'impose, une battue organisée et un très  gros sanglier abattu et présenté en grandes pompes à la presse. Mais l'amateur expérimenté de ce genre de films sait que ce n'est pas le bon, il reste en effet une heure de film à tirer... De fait, c'est une femelle et le mâle, encore plus imposant n'est pas très jouasse de la trouver en train de  rôtir sur le barbecue organisé pour fêter ça... Ce qui va nous valoir un beau morceau de bravoure quand il s'invite, dévastant tout et embrochant au passage quelques convives. Une virée punitive dans les montagnes est organisée avec  2 chasseurs, 2 flics et la compagne de l’étudiant dans le plâtre  qui veut filmer ça ; la lutte finale interviendra dans une usine abandonnée, comme dans "Razorback" d'ailleurs. Et un classique en clin d’œil final : le plan sur un marcassin qui a survécu, laissant augurer une potentielle suite.

Que penser de tout ça? Et bien que pour un film trouvé à 1 € chez un soldeur (on le trouve parfois aussi sous le titre "Féroces") j'ai passé un bon moment, même si côté film de sanglier, c'est nettement en dessous de "Razorback", et moins bon que "The Host" côté film d'épouvante coréen. Et qu'il est bon de temps en temps de se frotter à d'autres cultures cinématographiques. Bon c'est pas le tout, je me ferais bien un petit rôti de sanglier moi, venez je vous invite...

ROCKIN-JL


3 commentaires:

  1. Question culinaire : avec un bestiau pareil, on mange à combien sur un cuissot ?

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  2. Cela dépend des convives ... Si c'est Rockin' - proche d'un antique "village qui résistait encore à l'envahisseur" - un demi-cuissot suffira. Un quart ou un tiers lorsqu'il n'est pas en forme.

    Mais ... ce razorback coréen, il y a le poil vert, non ?

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    1. non non Bruno il n'est pas vert! et rien à manger, le bestiau est dynamité à la fin; dans Razorback il était haché menu dans une fabrique de croquettes pour chien ; gaspillage!

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