mercredi 3 janvier 2018

The THING de John CARPENTER (1982)

Affiche originale

     Pour poursuivre la série des films originaux pour les fêtes, des films cultes, familiaux, cette année on se penchera sur The THING.
     Ça, c'est du lourd. Du très lourd. Le chef d’œuvre de John Carpenter. Dans le genre SF-Fantastique qui fout les j'tons, si on ne l'a pas vu, on n'a rien vu. Pour les afficionados du gore, le film pourrait avoir vieilli. Cependant, Carpenter n'a jamais vraiment fait dans le gore. On retrouve bien dans sa filmographie quelques séquences sanguinolentes mais rien qui se complaise dans la débauche d’hémoglobine.

       Pour la petite histoire - toute personnelle - la première fois que j'entendis parler de ce film, ce fut par l'intermédiaire d'un copain, grand amateur de tout ce que les salles obscures pouvaient offrir de séquences d'épouvante. Il racontait à qui voulait bien l'entendre, avec un enthousiasme fébrile, avoir vu un film de dingue, aux effets spéciaux qui ne l'étaient pas moins, et dont l'ambiance et le suspense étaient réellement saisissants. La salle était pratiquement vide ; les spectateurs étaient pétrifiés, personne ne bronchait. De quoi éveiller la curiosité. Maintenant, attention, il faut se remettre dans le contexte. A l'époque, le Home-cinema tel qu'on le connait aujourd'hui n'était même pas une vision du futur - même si Ray Bradbury avait déjà anticipé l'écran plat incrusté dans le mur et ... la télé-réalité - et les magnétoscopes commençaient à peine à devenir relativement abordables. Ainsi, généralement, on visionnait une K7 en famille ou entre copains (et copines) sur un écran cathodique qui atteignait difficilement la moitié de la surface des écrans actuels. Ou sinon, on devait s'habiller (se laver, éventuellement – d'autres préféraient faire l'économie d'eau et se plonger dans la fiole d'eau-de-toilette -), prendre le bus ou la voiture, faire la queue, payer sa place, subir les pubs, avant de pouvoir profiter pleinement de la toile. Aujourd'hui encore, en dépit de toute la technologie accessible à la maison, la télévision ne peut rivaliser avec le visionnage d'un film en salle. Certes, à l'exception de privilégiés, ou simplement de passionnés, possédant carrément une salle de projection. Bref, à l'aube des années 80, stimulés par les œuvres des esprits torturés des Lucio Fulci, Dario Argento, George Romero, Ruggero Deodato, Wes Craven et autres David Cronenberg,  les films du genre jaillissaient de toutes parts (à l'image du débit d'hémoglobine dans certains de leurs films). Il n'y avait que l'embarras du choix. De plus, même les films les plus sanglants avaient une histoire à raconter. Même si cela pouvait parfois être tiré par les cheveux (...). On n'était pas encore vraiment entré dans la période des films gore qui ne cherchent pas à s'embarrasser d'un semblant de logique ou d'un soupçon de synopsis. 
John Carpenter

     De là à dire que l'on était en plein âge d'or, il n'y a qu'un pas que de nombreux critiques n'ont pas hésité à franchir. Le déclarant comme débutant lors de la décennie précédente et commençant son déclin à la fin des années 80. Les festivals dédiés au genre faisaient alors recette, comme celui d'Avoriaz où se bousculaient les avant-premières et le gotha du cinéma Fantastique. Donc, si ce film est parvenu à s'extirper d'un flot de pellicules de SF, de Fantastique et d'épouvante de divers degrés, ce ne peut être le fruit du hasard. 

Cependant, il convient de souligner qu'il fut mal accueilli par une partie de la critique. Ce qui commençait à devenir une attristante habitude pour Carpenter. Outre "Halloween (La nuit des Masques)", vite devenu un maître-étalon et un détonateur pour toute une série de slashers à venir, et "New-York 1997", lui aussi rapidement devenu une référence (et dont le succès permettra à accéder à un budget plus que doublé), ses réalisations souffrent à leur sortie d'un accueil mitigé, voire même plutôt froid, limite condescendant de la part de la presse. Avec pour conséquence de creuser un déficit d'affluence dans les salles obscures. Certains journalistes semblent même prendre même un malin plaisir à casser régulièrement du Carpenter
Malgré tout, et parfois avec un petit décalage, sa filmographie de 1976 à 1995 devint un indéfectible objet de reconnaissance, élevant ses long-métrages au rang de films-cultes, objet de ponctuelles rééditions. Ce sera également un riche terreau pour de nombreux sous-produits, et bien souvent, que ce soit dans des jeux, des clips, des romans, des bandes dessinées et évidemment dans des films, on lui rendra hommage. Comme à un incontournable réalisateur, au mieux à un maître incontesté.

       A la base, l'histoire est on ne peut plus simple. Il y a des dizaines de milliers de siècles, un vaisseau extra-terrestre s'écrase sur Terre. Lorsque de nos jours, le bâtiment est découvert en Antarctique, des hommes libèrent des glaces un être capable d'assimiler l'apparence de tout être organique, menaçant alors la survie de l'espèce humaine. 

     L'histoire est inspirée d'une nouvelle de John W. Campbell (1), "Who goes there ?", parue initialement en 1938 (rééditée dans un recueil en 1948). Si cette courte histoire avait déjà fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 1951 de Christian Nyby (2) et d'Howard Hawks (une influence de Carpenter) et d'un épisode d'une série télévisée ("The Heat Monster", 17ème épisode de "Voyage to the Bottom of the Sea", en 1967), contrairement à ce qu'il a souvent été écrit, c'est bien sur l'oeuvre originale que repose la réalisation de Carpenter
En 1981, Alan Dean Foster a repris la nouvelle pour la réécrire et l'étoffer (3) ; la couverture du livre mentionne bien les noms de A.D. Foster et de John W. Campbell. Ainsi que celui de Bill Lancaster (4), scénariste du film. Étonnamment, le livre est paru avant, ou pratiquement en même temps que le film.
Il était aussi convenu que Carpenter s'était également inspiré de "L'Invasion des profanateurs de sépultures" ("Invasion of body snatchers"), le classique de Don Siegel (avec Kevin McCarthy qui deviendra une figure récurrente des films fantastiques, généralement malmenée, et de la télévision), où l'on retrouve le concept d'invasion extra-terrestre par "copie organique".
Par ailleurs, la nouvelle elle-même de John W. Campbell doit beaucoup à "At The Mountains of Madness" (Les Montagnes Hallucinées) de H.P. Lovecraft, paru deux ans plus tôt. D'ailleurs l'admiration de Carpenter pour l'écrivain de Providence n'est pas un secret.


       Le cadre est idéal pour créer une atmosphère angoissante, de solitude mortelle, de désespérance. Le spectateur est perdu au milieu de ces falaises, de ces montagnes enneigées dont les pics abrupts transpercent les glaciers pour s'unir avec un ciel blanc laiteux. Ces monts et ces falaises ternes et escarpés, murs infranchissables, sont la seule touche de couleur, dans cet incommensurable désert de glace. Ici, l'homme n'est rien. Sans le réconfort de sa technologie, de sa bétonisation à outrance, de son vacarme incessant, l'homme moderne est un intrus impuissant. L'Antarctique est un no man's land. Impossible d'y survivre seul, sans logistique. Pas une once de nourriture, même pas une pointe d'herbe épineuse à brouter. Le continent possède bien la plus grande réserve d'eau douce, mais tout est gelé. 

     Un lieu qui force les personnages à rester confinés dans leur camp. Ce qui donne une atmosphère étriquée, presque claustrophobe, un décor fait de pièces généralement exiguës, où l'on doit se frôler dans les couloirs. Un espace restreint qui oblige le rapprochement avec les compagnons de travail ... et la Chose. 

La Chose, une entité venue d'outre-espace. Découverte dans la glace par une troupe de Norvégiens, dont la base se situe à une heure de vol, elle a été libérée de sa prison de glace et contre toute attente elle est revenue à la vie. Elle est en colère, farouchement belliqueuse et sans aucune pitié. Elle doit survivre et son premier et seul obstacle est l'homme.
Nombreux sont ceux qui penseront immédiatement à une copie d' "Alien, le 8ème passager", tant on y retrouve d'éléments communs (le confinement, l'impossibilité de s'échapper, l'entité extra-terrestre sans pitié, inconnue et terriblement difficile à tuer), mais rappelons que la source littéraire remonte à 1938.
Il n'a pas l'air clair, celui-là

       Dans ce genre d'histoires, on cultive ainsi la peur de la perte de son humanité, ou le fait de ne plus être maître de ses actes. Ou bien que ses proches, des personnes auprès desquelles on peut trouver aide et réconfort, des personnes vers lesquelles on se retourne pour solliciter un soutien indéfectible, ne soient plus ce qu'elles sont supposées être. Qu'elles soient désormais une source de danger. L'ennemi à éradiquer. C'est la crainte de se retrouver seul, sans appui. Seul face au monde. 
Il y a aussi la hantise de la souffrance. (Mourir oui, mais alors sous anesthésie générale)
Evidemment, il y a également la crainte de l'inconnu.

      La première version de la Chose qu'il nous ait été donné de voir, est un chien. Un Malamute fuyant deux Norvégiens qui, à bord d'un hélicoptère, tentent de l'abattre. Le canidé court se réfugier dans le camp américain. Et qui se méfierait d'un chien affectueux, ne réclamant que caresses et attention ?
Or, c'est un cheval de Troie. Evidemment, aucun américain ne comprend les avertissements des norvégiens survivants, et les Américains, se croyant agressés par des fous, les descendent. Enfin, un seul, car le premier s'est fini tout seul, en laissant échapper une grenade dans la précipitation.
Une fois que l'on a permis à l'indicible monstre, au prédateur ultime, d'entrer, il n'y a plus aucun endroit où l'on soit à l'abri. Désormais, les choix sont réduits. Fuir et aller à la rencontre d'une mort certaine, ou se donner la mort afin d'éviter la terreur et la souffrance. Ou alors, dans un instinct de survie, dans une rage toute animale, tenter d'affronter l'horreur souveraine. Une horreur dont on ne sait jamais sous quelle forme elle va ne manifester. Mais ont-ils seulement le choix ? Car comme le mettront rapidement en avant quelques personnages clefs, ne pas l'affronter, ne pas essayer de l'éradiquer, c'est mettre en péril l'avenir de l'humanité. (pas bien ça). Là, rien de bien nouveau. C'est même récurrent dans les histoires de SF et de Fantastique où des personnages doivent se surpasser, surmonter leurs peurs, dont celle de la mort, et donc de pouvoir aller jusqu'au sacrifice d'eux-même.

       La chose est un être métamorphe pouvant donc imiter à la perfection n'importe quelle créature organique. De plus, même meurtrie, démembrée, ou partiellement brûlée, elle demeure un danger car ses cellules sont pratiquement autonomes. Un membre amputé peut encore essayer d'adapter sa forme pour prendre la fuite ou attaquer. 


       Alors que dans les annales du fantastique et de l'épouvante, les êtres possédés ont systématiquement des signes de reconnaissance, ici, il n'y en a plus. En fait, si, mais rien de flagrant. Les réalisateurs lâcheront bien plus tard, que les yeux des êtres clonés ne brillent plus. Un détail bien difficilement perceptible. Surtout sur le petit écran. 
La seule réelle difficulté pour la Chose pour effectuer ses duplications, sont le temps nécessaire à une copie complète, et bien sûr la discrétion pour infiltrer sournoisement l'équipe. Sans omettre de faire disparaître les preuves de l'assimilation, comme des vêtements en lambeaux et quelques épaisses éclaboussures de sang.
     En fait, elle procède comme pour une partie d'échec. Elle avance ses pions en cachant son jeu, sa stratégie. Après une première erreur commise avec une attaque frontale, celle du chenil sous sa forme de Malamute, elle révise sa stratégie et passe à la sournoiserie. La bestiole n'avait pas prévu, ou suspecté l'efficacité des lance-flammes. Cependant, dans une partie d'échecs, dans les premières phases de jeu, on peut inciter son adversaire, par une ouverture feinte, à dévoiler sa manière de penser, de jouer, afin d'élaborer une stratégie.  Les premières images du personnage central, McReady, interprété par Kurt Russell, le montrant jouant aux échecs contre un ordinateur (seule présence féminine du film, avec la voix d'Adrienne Barbeau, alors madame Carpenter), scène presque incongrue, ne sont pas innocentes. D'ailleurs, alors qu'il est persuadé de jouer un coup décisif, il se retrouve "échec et mat" ...

     Le film se transforme alors rapidement en un huis-clos où tout le monde se suspecte mutuellement. Il y a non seulement l'angoisse d'être confronté directement à l'abomination, mais en plus la crainte d'être mortellement agressé par une personne que l'on croyait amie. Il n'y a plus d'échappatoire. Naturellement, dans cette ambiance de tension extrême, les petites querelles et les ressentiments rejaillissent.
"Personne ne fait plus confiance à personne" lâchera McReady dans un souffle au bord des larmes.
"Si ça se trouve, la Chose n'a pas conscience d'être la Chose. Elle pense être humaine ...".
Paranoïa.

     Pour aller crescendo dans l'angoisse et la crainte, la première partie se déroule de jour. Jusqu'au retour du camp Norvégien et l'autopsie d'une carcasse difforme, ou des membres s'entremêlent sans logique, et surtout marquée par une saisissante face bicéphale. Comme deux visages, perclus d'une terreur et d'une tristesse ineffable, qui, dans un effort titanesque, tentent de se séparer l'un de l'autre.
A partir de cette séquence, on plonge dans une une nuit noire, sans lune et sans étoile. La crainte du noir, de la perte de vision. Par la suite, se greffe une tempête, et tous les sens, déjà passablement éprouvés, sont troublés. Affolés même. Le silence est rompu et les bruits sont étouffés par les bourrasques, tandis qu'à l'extérieur, la visibilité est désormais nulle. Sans compter la chute de température.

       John Carpenter parvient à imposer une atmosphère glaciale dès le générique. Bien avant les premières images révélant la Chose. Par le décor donc, dont la solitude écrase toute velléité de quoi que ce soit de joyeux. On ne verra aucune séquence d'une personne esquissant la moindre plaisanterie ou feindre la moindre joie. Même lorsque les belligérants sont dans une salle de jeux où l'on joue aux cartes, au billard et à divers jeux d'arcanes, l'ambiance est morose. Déjà, à la base, dans cet enfer blanc, glacial et silencieux, il n'y a pas de place pour la gaieté. Aucune place à l'humour ici.
Et puis derrière, il y a cette musique qui s'annonce la première fois par ... Boom-boom ! ... Boom-boom ! ... Deux notes de basse synthétique résonnant comme une implacable percussion dans une caverne sans fond, comme un pouls cardiaque en passe de succomber au froid mortel. Des synthés mortuaires et polaires imposent au subconscient une atmosphère de désolation et d'affliction. 

       La musique d'Ennio Morricone a une importance cruciale. Pourtant loin de s'aligner sur ses grands succès qui pouvaient presque supplanter le film par leur seule force évocatrice, ici, elle est d'une sobriété exemplaire (à la demande de Carpenter). Elle serait presque subliminale. Et plutôt que de jouer simplement sur de brusques et faciles effets sonores stridents pour faire sursauter le spectateur et irriter ses oreilles, il s'emploie à créer une atmosphère à la fois grave et glaciale, mais aussi nimbée d'une intense tristesse, d'un profond accablement. 

Toutes proportions gardées, on pourrait le comparer à l'Adagio for String de Samuel Barber ; c'est un lent et insidieux crescendo vers une mélancolie meurtrissante. Ainsi, lorsque McReady et le docteur Copper (Richard Dysart) découvrent le camp Norvégien ravagé, la séquence musicale insinue plus l'incompréhension et le doute, que la simple terreur. Elle évolue en différentes étapes de progression. Le premier palier s'opère lorsque, parmi les restes évidents d'affrontements déments et sanglants, ils ne découvrent qu'un seul corps : celui d'un homme assis, au visage figé par la terreur et la folie, un rasoir droit ("coupe-choux") dont il s'est servit pour se trancher les veines et la gorge, fixé par le gel dans une main. Gelé, tout comme le flot de sang s'écoulant de ses poignées. Suit la découverte d'un énorme bloc de glace évidée. Nouveau palier, et la musique ne laisse aucun doute sur ce qu'il y avait à l'intérieur. Et enfin, pour point culminant, la découverte d'une masse sans forme définie, à demi calcinée, qui insinue perplexité, perte de repère, et doute dans l'esprit des deux témoins. Le sol commence à se dérober et l'on pénètre involontairement dans un univers cauchemardesque où la beauté n'est plus qu'un lointain souvenir. Place à l'affliction et au chagrin.
Interrogé au sujet de ces compositions, Ennio Morricone déclarera que parmi tout ce qu'il avait composé pour ce film, il a été finalement retenu ce qui sonnait le plus proche de Carpenter.

       Comme tout bon films de fantastique, celui-ci a son lot de scènes cultes. Pour ne pas trop en dévoiler, citons celle de la réanimation du géologue. Ce dernier est en fait un clone de la Chose qui, dans sa perfection de duplication, a aussi logiquement copié sa déficience cardiaque. Lors d'une rude bousculade le géologue succombe à un arrêt cardiaque. Le docteur Copper s'empresse de le faire revenir à l'aide d'un défibrillateur. Sous les maints chocs électriques, la Chose, sous l'effet de l'involontaire agression, répond instinctivement par une attaque fatale. Soudainement, le thorax s'ouvre en une bouche béante hérissée de dents surdimensionnées et tranche les bras du docteur. McReady réagit et flambe l'abomination. Celle-ci, alors que son corps flambe, cachée par les flammes, elle étire son cou jusqu'à la rupture. De la tête détachée, et à l'envers, six pattes insectoïdes et deux longues protubérances en guise d'yeux se forment pour faire une nouvelle entité indépendante. Consternation et effroi. Les transformations de la Chose, dans la précipitation sont parfois hasardeuses. Dans l'empressement, l'urgence, c'est souvent une masse protéiforme, en changement perpétuel, d'où émerge parfois le souvenir d'anciennes répliques.

       Pour compléter l'horreur, Carpenter impose en guise de boisson alcoolisée, notamment pour McReadydu J.B. Un whisky qui n'en a que l’appellation, de l'alcool frelaté, un tord boyau infâme, de l'alcool à brûler. C'est probablement l'habitude d'être confronté quotidiennement à cette horreur qui a dû forger le courage de McReady pour affronter la chose. Des séquences probablement nécessaires mais difficilement soutenable ! Que fait la censure ??


       Pourtant, comme dans la plupart de ses films, souvent à cause d'un budget restreint, les erreurs ne manquent pas. Un œil critique, attentif aux petits détails, ne manquera pas de relever une multitude de maladresses et d'aberrations. A commencer par l'accoutrement de certains personnages au début du film qui n'est guère adapté à une sortie à l'extérieur, même de courte durée, en Antarctique. Même si en été, et au bord de mer, les maximales peuvent atteindre, actuellement, les 15 degrés. Or, c'est sensé se dérouler durant l'hiver. (Les scènes tournées en extérieur ont été réalisé au Canada).
Il y a aussi le shérif, (interprété par Donald Moffat, l'androïde de l' "Âge de Cristal") qui trouve plus judicieux de briser une vitre (qui n'a d'ailleurs pas l'air très solide) plutôt que d'ouvrir une porte pour flinguer le Norvégien. Pas de double-vitrage ? 
Pas un seul sas ou même d'épaisses portes doublées par un joint pour réduire les pertes de chaleur.
Et puis, que fait donc Gary - responsable de la sécurité ? - avec une arme de poing et une ceinture à cartouchière ? Par crainte d'une attaque de masse de manchots enragés amateurs de chair humaine ?
Ou encore McReady qui part en hélico rejoindre la base suédoise en blouson de cuir élimé et avec son couvre-chef porte-bonheur de Mexicain. Alors qu'en plus on annonce une tempête qui s'approche rapidement. Guère frileux, le gaillard.
Et puis, qu'elle est à l'origine l'utilité des lance-flammes ? Au pôle Sud ? On peut supposer qu'ils auraient leur utilité pour empêcher des canalisation de geler en cas de très grand froid, sachant que normalement, les canalisations d'eau sont protégées et à l'intérieur. A moins que cela soit pour faire fondre la glace qui se déposerait sur les engins de transports. Probable. Il y a des modèles différents, pour certains visiblement alimentés au propane. Cependant, celui de Childs est bien un équipement militaire.
Et puis ses armes-à-feu ? Serait-ce une base militaire déguisée ?
Les Norvégiens sont apparemment également bien équipé en fusil, mais eux ont l'excuse de la proximité d'Américains.
Mais qu'importe. J'adore ce film.

       John Carpenter considère "The Thing" comme le premier volet de sa Trilogie de l’Apocalypse. Le second étant "Prince of Darkness" (avec la participation d'un vieux fan, Alice Cooper), et le sublime "L'antre de la Folie" (avec Sam Neil). Une trilogie où il n'y a pas de fin heureuse. Bien au contraire, elle laisse envisager la possible et proche fin de l'humanité.



(1) John W. Campbell est 
considéré comme l'un des précurseurs de la SF moderne. Les fameuses trois lois de la robotique sont à l'origine de sa plume, et non de celle d'Isaac Asimov.
(2) Christian Nyby est plus célèbre pour son travail pour la télévision, avec notamment les séries "Bonanza", "Rawhide", "Galatica", "Perry Manson".
(3) Allen Dean Foster est un spécialiste de la novélisation de films de SF et affiliés "horreur". Il s'est déjà illustré avec ceux de "Dark Star" (1er long métrage de Carpenter), "Alien", "Le Trou Noir", "Star Wars", "Le Choc des Titans" ainsi que divers épisodes de Star Trek. De ce dernier, il participe au scénario de la première copie pour le cinéma. Toujours en activité, on lui doit les novélisations des Aliens, "Starman" (de Carpenter), "Pale Rider", "Les Chroniques de Riddick", "Terminator Salvation", de la série des "Transformers".
(4) Bill Lancaster qui a débuté comme acteur, pour suivre l'exemple de son père, Burt Lancaster.






Affiche de la version française.
La nouvelle présentation des DVD semble ne pas avoir vu le film.

6 commentaires:

  1. Ah 1982… Je me revois aller voir ce film à sa sortie avec ma chérie qui n'avait que 24 ans et plantait ses ongles dans mon bras :o). Bien flippant et glaçant (logique en antarctique).
    Un préquel a été tourné il y a quelques années avec une certaine fidélité pour assurer un enchaînement logique jusqu'à l'évasion du chien… Évidemment, de gros moyens numériques à la clé pour les "petits soucis" vécus dans la base des norvégiens… Sympa mais forcément moins surprenant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, Claude, le prequel est pas mal. Pour une fois.

      Supprimer
  2. je suis retombé dessus à la télé il y a peu, bien entamé (le film, pas moi...), c'est vraiment excellent. Tu dis pas "gore"... hum... un peu quand même, mais dans un bon esprit !! La tête du type avec les grosses pattes qui lui poussent, c'est atroce ! Etant phobique des araignées, c'est une scène que je ne regarde que d'un œil !

    Les mecs ont des flingues et des fusils... à mon sens par ce que Carpenter est fan de western, il en transmet l'esprit dans beaucoup de ses films, des westerns modernes... Généralement des gens en huis-clos, encerclés par l'ennemi. Comme dans son film fétiche "Rio Bravo". Et puis un bon coup de chevrotine, bah, ça fait plus de sang à l'écran qu'un coup de canif... c'est plus classieux !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait ok avec toi Lucio! Faut voir Vampires dans lequel James Woods( putain James Woods!!) défouraille à qui mieux-mieux!!

      Supprimer
    2. La tête-insectoïde est une scène culte qui a le don de mettre tout le monde mal à l'aise. C'est un viol. Par contre, au sujet du "gore", non pas vraiment. Si forcément, il y a quelques éclaboussures, il n'y a aucune complaisance. Outre les mutations, certes peu ragoutantes ( ... ), la caméra ne s'attarde jamais sur les blessures et, finalement, les jets d'hémoglobines sont rares. Et plutôt discrets par rapport aux blessures occasionnées.
      (et personnellement, généralement je n'apprécie pas le cinéma gore, à l'exception de quelques films de zombies. A mon sens, lorsque ça rime avec excès, ça perd toute saveur ... )

      Supprimer
    3. Et bonne année à tous.

      Supprimer