Son avant dernière scène, son avant
dernier album, l’avant dernier tour de chant qui ressemblera au jeu de la
roulette russe.
La tournée suicide
Avec Bruno Coquatrix |
L’Olympia
est le music-hall parisien le plus populaire. Bruno Coquatrix
qui en était le directeur, le rachète en 1954
et la salle rencontre de nouveau un franc succès, mais, selon les
propriétaires, ils ont toujours frôlé la catastrophe, mais ils avaient toujours
un avantage : des amis. Et en 1961,
l’Olympia est au bord de la faillite. Un soir, Bruno
Coquatrix téléphone à son amie Edith Piaf
déjà gravement malade à l’époque. «Si je chantais,
j’irais mieux» confie-t-elle. Elle enchaînera trois mois de concerts
dans la salle en se produisant jusqu’à deux fois par soirée, en cédant les
recettes, elle sauve la mythique salle du désastre. Mais elle ne fût pas la
seul à sauver l’Olympia car Jacques Tati lui
succédera en présentant «Jour de fête», un spectacle avec certaines
scènes de son film en partie colorisé et en y mêlant des acrobaties et des
sketches bien réels. Grâce aux prouesses de ces deux artistes l’Olympia pourra
se sortir de ce mauvais pas.
Avec Marguerite Monnot |
Mais Edith
Piaf sera quand même pour une grande partie la
responsable du sauvetage du music-hall en péril. Il existait déjà un album en
public de la môme Piaf, un 25cm enregistré en 1955 ou l’on pouvait retrouver «La
goualante du pauvre Jean» et «Padam Padam», mais celui du tour de chant enregistré le soir du 29 décembre 1961 sera sûrement le meilleur enregistrement en public qu’elle a pu faire
à l’Olympia.
Sur les neuf
titres que comporte l’album, la musique de huit chansons sera composée par Charles Dumont hormis le dernier par Marguerite Monnot décédée deux mois auparavant.
Marguerite
Monnot
et Edith Piaf seront le premier
tandem d’auteur-compositeur féminin dans l’histoire de la chanson. Des titres
comme «Mon Légionnaire», «La vie en rose» et «L’Hymne à l’amour» seront les succès incontournable de Piaf dans son répertoire. Elle aura deux
succès internationaux avec «La goualante du
pauvre Jean» qui sera numéro 1 au Etats-Unis et qui sera repris par Dean Martin et «Milord»
sur des paroles de Georges Moustaki. Marguerite Monnot
composera 32 titres pour la môme dont huit en collaboration avec elle.
Du jour au
lendemain elle va rompre la longue relation artistique avec sa musicienne
fétiche et prendra comme compositeur attitré Charles
Dumont. Il commence une collaboration avec le parolier Michel Vaucaire, le premier titre qu’ils vont lui
écrire sera «Les flons flons du bal».
Jeudi
29 décembre 1961, c’est le soir de
la première, la température est froide et il neige sur la capitale, ce qui ne va pas empêcher le tout Paris de se
presser à l’Olympia pour écouter la petite femme en noire. Mais ses performances
aussi magnifique soit elles, se feront dans la souffrance, depuis longtemps,
elle souffre d’une polyarthrite rhumatoïde et ne tient debout que grâce à des perfusions
de morphine (Moi-même atteint de
spondylarthrite ankylosante je comprends sa souffrance), déjà en 1959, elle s’était effondrée sur scène
durant sa tournée à New-York. Elle commencera son tour de chant avec «Les mots d’amour»
suivi des «Les
flons flons du bal», «T’es l’homme qu’il me faut» jusqu’à «Mon Dieu»
sûrement le plus beau morceau de l’album à cause de son intensité dramatique dûe
à son interprétation où la môme Piaf va y mettre tout son chœur.
L’orchestration
de Charles Dumont et les paroles de Michel Vaucaire y sont aussi pour beaucoup. Comment ne
pas penser à Marcel Cerdan en écoutant les
paroles. Entre les classiques comme «Mon vieux Lucien» et des titres moins connus
comme «La
ville inconnue»,
elle va chanter un titre récent qui va rester dans sa carrière «Non, je ne
regrette rien».
Écrit en 1956, il ne sera enregistré
qu’en novembre 1960 et je pense (?)
que l’enregistrement à l’Olympia devait être une des premières représentations
du morceau en public. La soirée se terminera par «La belle histoire d’amour» et «Les blouses
blanches»
chanson plutôt sinistre sur une femme internée écrite par Michel Rivgauche et Marguerite
Monnot. L’Olympia est sauvé !!
Tout
le monde pense que la môme Piaf va arrêter de chanter pour souffler
un peu, mais chanter était sa vie, et le 27 septembre 1962, elle redonnera un récital dans la salle de Bruno Coquatrix, un
album sortira ou sera rajouté «A quoi ça sert l’amour» le titre enregistré
avec son second et dernier mari Théo Sarapo de
vingt ans son aîné.
Les souffrances de toute une vie auront raison d’elle un jour d’octobre 1963.
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