Les
deux frères sont morts à 45 ans d’intervalle. Brutal et inattendu accident pour
Duane, en 1971, inévitable et attendu pour Gregg, atteint d’une hépatite C
depuis des lustres. Il y a une malédiction qui plane sur cette famille Allman. Gregg
et Duane ont perdu leur père, quand ils avaient deux trois ans, tué par un
auto-stoppeur… Puis Duane, donc, qui meurt à 24 ans, en pleine gloire, dans un
accident de moto. Et un an plus tard, même croisement, même moto, même âge : c’est le bassiste du groupe Berry Oakley qui y passe.
Gregg et Duane |
avec Cher |
Au
départ les frères Allman sont guitaristes, leur premier groupe s'appelle HOUSE ROCKERS, une formation multi-raciale, en 1961.
Ils sillonnent la région, puis ce sera THE ALLMAN JOYS, en 1965. Ils tentent l’aventure en Californie, un producteur leur
fait enregistrer deux albums, bof, pas terribles, les frangins reviennent en Georgie,
leur terre natale. Ils préfèrent jouer du Blues que des trucs psychédéliques en vogue, et avec des musiciens Noirs si
possible, ce qui dans le coin n’est pas forcément bien vu. Duane devient
guitariste du studio Muscle Shoals, Gregg repart en terre promise, la Californie.
Qui ne promet rien. Son frère l’appelle pour remonter un groupe, ce sera THE ALLMAN’S
BROTHERS BAND, en 1969. Gregg, qui tâtait aussi du clavier, laisse tomber la
guitare pour s’installer à l’orgue Hammond, et au chant.
La
voix de Gregg Allman est plutôt menue, le timbre est claire, plus granuleux
avec l’âge, mais en tout cas, pas une voix de shooter. Et pourtant. S’il
n’y a pas le coffre, il y a l’émotion. Son chant n’est qu’une longue plainte,
qui vient des tripes, comme s’il retenait des larmes. Ecoutez le bouleversant « Whipping post » ("I feel like i'm dying") et la
manière dont il s’approprie « Stormy Monday ». La version au Fillmore
est une des plus belles choses qu’on puisse entendre ! Son jeu à l’orgue
est fluide aussi, dépouillé, jazzy, loin des expérimentateurs des Keith Emerson,
Rick Wakeman, ou Jon Lord. Ecoutez-le dans le break de « Stormy Monday »
justement, où le tempo se dédouble, le groove vire au swing, cette attaque à la
Jimmy Smith. Si vous rajoutez à ça son physique poupin, plutôt beau gosse, yeux
bleus, longs cheveux blonds, très clair, un visage pur - Joni
Mitchell sans la barbe.
Le
décès de son frère, puis de Berry Oakley va être un coup dur. Il plonge dans la dope,
et c’est le second guitariste Dickey Betts qui reprend les rênes du groupe. Pas
pour longtemps. A partir de 1975, l’ABB ne cesse de se décomposer pour mieux se
reconstruire, au grès des arrivées de Chuck Leavell, Warren Haynes ou Derek
Trucks. Gregg, lui, sombre dans l’alcoolisme et les paillettes hollywoodiennes,
en épousant la chanteuse Cher, une union qui n’a rien à envier à celle de Liz Taylor
et Burton !
avec Chuck Leavell |
Le
groupe renait à la fin des années 80, avec quatre des anciens membres, sort plusieurs
albums, et tourne toujours autant. Gregg n’est pas au mieux, en 1989 il fait
une overdose le soir d’une énième nuit de noce ! Au début des années 2000,
c’est Dickey Betts qui s’en va, il faut attendre 2003 pour entendre un nouvel
album studio. Finalement, Gregg Allman sera resté à bord du vaisseau amiral jusqu’au bout, avec ses deux batteurs fidèles de la première heure,
Butch Trucks et Jaimoe Johanson.
En
2012 il publie son autobiographie, A CROSS TO BEAR littéralement
"une croix à porter". Ce qui résume assez bien la vie du bonhomme. Mais on retiendra le musicien intègre, fidèle à sa conception de sa musique, qui traverse les pans de la musique pop américaine (je vois une connexion avec le travail de John Mayall début '70). Gregg Allman peut être vu comme parrain d'innombrables formations, le DERECK TRUCKS BAND bien sûr, et d'autres qui surfent sur cette vague dite southern, pour l'enrichir, une musique qui ne se conçoit que live, ample, riche, généreuse, et où le temps de compte pas.
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Ouais. Bon. Sacrée gueule sur le DVD Back to Macon, et plus laid back que jamais. Maintenant, c'est le laid back extrême. Restent Betts et Jaimoe. Je ne connaissais pas l'histoire du film arrêté. Après 73, il y a encore de bons trucs.
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