Georges Brassens… Une légende de la
chanson, l’une des pièces du trio des poètes avec Brel et Ferré. Une tranche de
vie en quelques lignes. Mais à coté de lui… Je
m’suis fait tout petit… !
Je suis un voyou
Une guitare,
une moustache, une pipe, un polo et de la poésie à profusion. Voilà comment résumer
succinctement Georges
Brassens. Un visage qui respire la bonhommie et la sympathie,
impossible de trouver de la méchanceté dans un tel personnage. Jean-Paul Sartre avait
dit de lui : «Il à un beau
regard, on voit de la bonté dans ses yeux».
Qu’est
ce qui n’a pas été dit sur Georges Brassens ? Pratiquement tout.
Il suffit de se rendre sur la page de Wikipédia pour tout savoir (Ou presque).
Il n’est pas évident de trouver des anecdotes ou des pages de l’histoire de sa
vie sans reprendre ce que ses biographes
ont déjà raconté. Je vais tomber dans les banalités, mais je vais essayer de parler du moustachu le plus
sympa de la chanson française vu par mes yeux. Il est possible que j’omette des
choses ou que j’en oublie volontairement ou pas. Quand on veut parler d’un
monument tel que lui c’est comme si on essayait de grimper l’Everest avec pour
seul instrument une fourchette à escargot. Mais on connait surtout le Georges
Brassens chanteur et poète, mais pas trop sa jeunesse,
hormis pour les aficionados de l’homme à la moustache.
Il est
né en 1921 à Cette (La ville prendra l’orthographe de Sète en
1927) d’une mère catholique et dévote, d’origine napolitaine et veuve de
guerre et d’un père entrepreneur et maçon qui lui est un libre penseur et un
anticlérical notoire. Un père tolérant et généreux puisque il acceptera que
son fils soit baptisé (Mais il
n’assistera pas à sa première communion)
puis qu’il fréquente un établissement scolaire religieux. Dans la maison Sétoise,
la musique ne manque pas de raisonner et, de par ses origines, sa mère joue des
mélodies napolitaine à la mandoline qui amèneront Georges à en apprendre les rudiments
techniques qu’il développera plus tard à la guitare. En classe, il est un élève
moyen, aucune matière ne l’intéresse, à part le français. Il est la plupart du
temps dans la rue plutôt que sur les bancs de l’école avec ses copains (Parmi lesquelles se trouve Roger Thérond
l’ancien patron de Paris-Match maintenant tenu par Olivier Royan, un imb**il avec qui j’ai été en
classe ! Désolé ! Je ne
pouvais pas garder ça pour moi !) Des potes qui l’appellent tous «Jo»,
orthographié par Brassens «Géo».
Il se
passionne très tôt pour la poésie et cela grâce a son professeur de français et
ami de Jean-Paul Sartre : Alphonse Bonnafé. Il ouvrira à ses élèves de troisième
les portes de la poésie de Rimbaud à Paul Valéry et de Mallarmé à Charles Baudelaire. Bonnafé
sera plus tard en 1963 le premier
biographe Du chanteur. Georges Brassens commence à écrire quelques
textes de chansons qu’il adapte à des airs du moment. Il ira jusqu’à créer
un petit orchestre nommé «jazz» où
il y tiendra… la batterie !
Il
abandonne définitivement ses études en 1939.
Entrainé par une bande de petit voleurs, il se retrouve impliqué dans une
affaire de vol de bijoux, plus pour la frime auprès des filles que pour
l’intérêt pécunier (Les temps ont bien
changé !). Arrêté au mois de juin, le juge de Montpellier, bon prince,
réclamera de la prison avec sursis. Il écopera donc de quelques mois avec sursis
! Son père vraiment très libéral, passera rapidement l’éponge sur
cette erreur de jeunesse. Mais l’effet «Boule
ne neige» aura des répercutions sur son avenir, l’exclusion du collège, les
qualificatifs auquel il sera affublé comme «Racaille»,
«Petite pègre étudiante» ou encore «Bourgeois
désœuvré». La blessure la plus importante dans cette histoire, sera la
peine infligée à sa mère.
Il
songe à quitter Sète pour Paris. En attendant il travaille avec son père. En
février 1940, il prend le train pour
la capitale quatre mois avant l’arrivée des allemands. Durant les premiers mois,
il vivra chez sa tante rue d’Alésia dans le XIVème arrondissement. Il assure quelques petits boulots et se retrouve ouvrier chez Renault.
Il
découvre Ray Ventura et Charles
Trenet et écrit des poèmes qu’il publiera en deux recueils à compte
d’auteur en 1942 «A la Venvole» et «Des
coups d’épée dans l’eau». En 1943,
il reçoit un ordre de réquisition et un bon de transport pour l’Allemagne,
quand on a 22 ans en temps de guerre, la seule chose qui peut vous arriver,
c’est le S.T.O (Service du Travail Obligatoire). Il prend le train à la
gare de l’Est pour Basdorf comme beaucoup de ses compatriotes. Il travaillera
dans un atelier des usines BMW, Il aura comme pote de chambré Pierre Onteniente qui deviendra plus tard son
secrétaire et homme de confiance. Le chanteur le surnommera «Gibraltar».
Brassens
aimait donner des surnoms à ses proches. Ses camarades de chambrée acceptent
qu’il laisse la lumière la nuit pour lui permettre d’écrire, en contrepartie,
il fait la corvée de café du matin. Il reviendra en France en 1944 pour une permission sans retour. Il
se cachera chez un couple qui occupera une place de choix dans sa vie, Jeanne le Bonniec et Marcel
Planche pour qui il consacrera deux chansons «La Cane de Jeanne» et «Chanson pour
l’Auvergnat» pour Marcel. Il restera
chez eux jusqu’en 1966.
Jeanne et Marcel |
Avec Püppchen |
Après
la guerre, pour gagner sa vie, il écrit des articles pour la revue anarchiste «Le Libertaire».
Même s'il est sensible à ce genre d’idée, il n’exprimera jamais ses idées au
grand jour à la différence de Léo Ferré. En
1945, il achète sa première guitare et peaufine sa technique sur les premiers
titres de son répertoire. Ses chansons seront son combat contre l’hypocrisie de
la société. En 1947, il sort son
premier roman «La
Lune Ecoute aux Portes» et commence à écrire ses premières chansons.
« Brave
Margot», «La Mauvaise Réputation» et «Le Gorille»
seront ses balbutiements dans le domaine. «Le Gorille» sera interdit d’antenne pendant
des années, Brassens y évoquait son désaccord avec le principe de
la peine de mort. Ce sera aussi à la même époque qu’il rencontre la femme de sa
vie : Joha Heiman
d’origine estonienne que Brassens surnommera Püppchen.
Le couple ne partagera jamais le même toit.
Avec Patachou |
Les
premiers concerts seront un succès
critique et public. Jacques Canetti le patron de
chez Polydor l’engage dans cabaret «Les Trois Baudet». Pour se préparer au public
parisien, il fait des tournées d’été. Il fait la première partie d’Henri Salvador et un premier scandale avec «Le Gorille».
Jacques Canetti lui fait enregistrer ses
premiers disques. En octobre 1953, Georges
Brassens fera son premier Bobino (Il y passera 13 fois) et puis l’Olympia. Trois ans plus tard il s’essaye
au cinéma dans un film de René Clair «Porte des
Lilas»
tiré d’une adaptation du livre «La grande ceinture» de son pote René Fallet. En 1964,
il va écrire l’emblématique «Les Copains d’abord» pour le film «Les Copains»
d’Yves Robert qui fait aussi partis du cercle de
ses intimes. En 1970 ce sera la chanson
«Heureux
qui comme
Ulysse» un film de son copain Sétois Henri
Colpi avec Fernandel et puis la musique
du film de Michel Audiard «Le Drapeau Noir Flotte sur la Marmite».
Les
reconnaissances pleuvent : grand prix du disque Charles Cros en 1954, grand prix de la poésie de l’Académie
Française en 1967, grand prix de la
ville de Paris en 1975, Prix du
disque en 1976 pour ne citer que cela,
sans oublier les monnaies qui ont été frappées à son effigie. Mais l’imperturbable
Brassens
n’est pas en fer, depuis quarante ans il souffre de coliques néphrétiques qui l’empêche
de poursuivre le rythme effréné des tournées. Il enregistrera deux derniers
albums en 1976 «Trompe la mort» et en 1980 «Georges Brassens chante les chansons de sa
jeunesse» ou il reprend Jean Nohain, Charles Trenet aux profits du Comité Perce-Neige de Lino Ventura.
Le 29
octobre 1981, le journal Libération
va titrer «Brassens
casse sa pipe». Un méchant cancer de l’intestin aura raison de celui
qui chantait «Les
funérailles d’antan». Il ne sera pas enterrer sur la plage de Sète
comme il l’avait chanté, ni dans le cimetière marin où est Paul Valery qu’il avait su si bien interprété. Brassens
l’anticlérical, l’antimilitariste qui lira Proudhon,
Bakounine et Kropotkine
qui s’impliquera dans la fédération anarchiste qui ne se définit pas comme un
poète : «Je ne
pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi…
Je ne suis pas poète. J’aurais aimé l’être comme Verlaine ou Tristan Corbière» sera quand même reconnu dans son
pays où des lieux divers comme des parcs et des salles des fêtes porteront son
nom. Des thèses lui seront consacrées, il est traduit et chanté dans le monde
entier et bon nombre de chanteurs hexagonaux vont reprendre ses titres
comme Maxime le Forestier qui sera un des
premiers à faire un album avant la mort de celui-ci en 1979, 6 autres disques suivront par la suite.
Le moustachu débonnaire est rentré au Panthéon de la
musique et jamais personne ne pourra l’en déloger. Pour sa discographie, pas de choix à faire, c’est tout
ou rien !!
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