Longtemps
je me suis souvenu (ouh la, ce départ a de la gueule !) de deux
films vus à la télé, que j’ai mis plus de 30 ans à revoir. Deux films d’anticipation,
avec le même acteur, Charlton Heston : LE SURVIVANT (Boris Sagal, 1971) et SOLEIL VERT (écrit en rouge, donc, sur l'affiche française !).
Que
ceux qui connaissent SOLEIL VERT lèvent le doigt et se taisent. Les autres, je
vous en dirai le moins possible… Car y’a un truc, énorme, et le
dévoiler serait crétin.
L’action
se déroule en 2022, à New York. Décor d’apocalypse, de chaos social, des hordes de
pauvres errent dans les rues, respirent une atmosphère poussiéreuse et verdâtre. Le Monde surpeuplé, souffre de pénurie alimentaire, la population est rationnée.
Seule une caste de notables jouit encore de privilèges. Comme le découvrira le détective Thorn, chargé d’une enquête sur la mort de Simonson, un riche industriel. Crime crapuleux, à première vue, mais Thorn flaire l’assassinat
téléguidé. Simonson était administrateur de la compagnie Soylent, qui fabrique et exporte
pour la moitié du globe le Soleil Vert, un substitut nutritionnel synthétique.
SOLEIL
VERT s’inscrit dans les films d’anticipation qui regardent la société se déliter.
Il y a ces gens partout, qui s’entassent dans les escaliers des immeubles,
que Thorn descend sans même pouvoir toucher les marches, les files d'attente pour le rationnement, et la perte des repères, de souvenirs d’avant le chaos. Des choses toutes simples. Voir Thorn, chez
Simonson, se laver les mains au savon, se rafraichir au robinet. Un luxe. Thorn
vit avec un vieil homme, Sol Roth. Lui se souvient… Quand Thorn lui rapporte du
papier, des crayons, quelle manne ! Et une « vraie » tomate, du bourbon, une simple feuille de salade qui devient un diner gastronomique. Sol
Roth en chiale d’émotion. Une scène rajoutée au dernier moment sur l’intervention
de Charlton Heston, et une des plus belles.
Cette
organisation par castes rappelle d’autres films sur le même sujet, à commencer
par METROPOLIS de Fritz Lang. Si dans les années 50 le cinéma américain avait
peur du communisme, de la bombe atomique, dans les 70’s on craint la fin des
idéaux, les évolutions sociétales - ce que les années Reagan confirmeront - on
se sensibilise à l’écologie, la natalité, la contraception. L’avenir fait peur.
On pense aussi à des films comme LE FILS DE L’HOMME de Cuaròn, sur la pénurie
humaine, le FARHENHEIT 451 de Truffaut, sur la culture (les livres clandestinement
sauvegardés par Sol Roth et une poignée de vieillards) ou BIENVENUE A GATTACA.
Années
70 obligent, la bande son est faite de ce jazz funky, délicieusement
psychédélique, avec flûte traversière, un thème rappelle d’ailleurs celui de
SHAFT. Les femmes portent des peignoirs en soie très courts, échancrés, les seins
sont opulents, les chevelures longues.
Richard
Fleisher diffuse dès le début une angoisse sourde. Le film commence par des images d'actualité, anxiogènes. Il réalise de
belles scènes, dont deux célèbres. Celle des dégageuses, des camions-pelleteuses
qui dispersent les manifestants comme on ramasse les poubelles. Et celle du « Foyer »,
un mouroir où Sol Roth choisit de finir ses jours, dans une cellule baignée de lumière orange, sur fond de
Beethoven, et comme dans une salle IMAX, la projection
360° de films de son choix : champs de fleurs, fonds sous-marins.
Une séquence magnifique. Thorn, qui est présent, découvre enfin ce monde tel qu’il était. Sol lui dit :
« les hommes ont toujours été moches, mais le monde était beau ».
Sol
Roth connait le secret. Il le dit à Thorn, mais le spectateur n’entend pas. Jolie astuce
du scénario : le hautparleur grésille, rend l’âme, Thorn est contraint de prendre des
écouteurs... Richard Fleisher filme la suite du film sans
aucun dialogue. Thorn se rend jusqu’à l’usine du Soleil Vert, une longue séquence où ce qu’il va
découvrir, nous le découvrirons aussi.
Sol
Roth est joué par Edward G. Robinson, immense acteur, c’est son dernier film,
il est réellement mourant dans sa dernière scène, et les larmes d’Heston ne sont
pas feintes… Joseph Cotten est Simonson, et Thorn est joué, donc, par Charlton
Heston. Trois acteurs ayant pour point commun d’avoir joué pour Orson Welles. Et on a toujours plaisir à voir Chuck Connors et sa belle gueule de salaud. Redisons
un mot sur Charlton Heston, controversé à la fin de sa vie pour ses prises de
positions pro-armes, mais un acteur solide, une vraie présence physique, qui a
traversé trois décennies de grands films, de LA SOIF DU MAL, BEN HUR, LA
PLANETE DES SINGES, MAJOR DUNDEE…
SOYLENT GREEN
couleurs - 1h35 - scope 1:2.35
Grand ! Incontournable ; à voir absolument.
RépondreSupprimerTiré du roman de Harry Harrison (écrivain peu connu, à part peut-être pour le "Rat en acier inox")
Ta chronique m'a donné faim....je me comprend !!! :D
RépondreSupprimerVous imaginez si sur les petits beurres verts, il y ait la mention :
RépondreSupprimer"Peut contenir des traces des membres de la famille Le P**n"
Ça me coupe l’appétit...
Vu la première fois, comme toi, à la téloche, il ya longtemps. On devrait être obligé de le voir.
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il passe souvent à la télé... ce doit être pour ça que je l'ai jamais vu ...
RépondreSupprimer