Rebelle est Hardy par Pat Slade
Propulsée idole des jeunes en un seul tube, tous les garçons et les filles de son âge se rappellent d’elle. Françoise Hardy conserve en un demi-siècle son statut d’icône de la pop élégante et mélancolique. Élue naguère «femme idéale » par Mick Jagger, objet d’un poème de Bob Dylan, couverte d’or par Paco Rabanne, Françoise Hardy tient de la référence absolue.
Elle
naît en 1944 à Paris, une époque où
la France est encore sous la coupe de l’envahisseur. Adolescente, elle est introvertie
et complexée physiquement. La chanson sera pour elle une échappatoire, voire une
thérapie. Elle empoche son bac en 1961
à l’âge de 16 ans. Son père lui offrira une guitare, ce qui sera l’un des rares
cadeaux qui lui fera. Elle apprend presque seule ses premiers accords et
commence à écrire et à exorciser ses maux sur le papier. Mais surtout l’envie de
travailler dans le domaine musical se fait plus fort. Elle suivra quand même une
année de cours à la Sorbonne, histoire de dire qu’elle aura fait des études. Puis elle
répondra à l’annonce d’une maison de disque qui recherchait de jeunes chanteuses.
Elle fera choux blanc suite à cette audition, mais elle n’abandonne pas pour
autant et s’inscrit au «Petit
conservatoire de la chanson» de Mireille,
l’émission qui fera connaître beaucoup d’artistes comme Alice Dona, Hervé Christiani, Yves Duteil, Colette Magny ou encore Alain Souchon.
Pour mémoire et pour les plus jeunes, le petit conservatoire dirigé par une
main de fer par la Mireille
compositrice, chanteuse et animatrice de télévision, était une émission ou de
jeunes talents inconnus venaient s’essayer à la chanson sous la coupe de la
musicienne. Elle les appelait «Mes enfants !» alors que les élèves
devaient répondre invariablement «Oui
madame !», la rigueur et la décontraction polies étaient la pierre angulaire de l’émission.
Elle
se présentera en même temps au label Vogue où, après une audition, elle signera
plus tard son premier contrat.
Le public va la découvrir dans une émission «En attendant
leur carrosse» avec les élèves du petit conservatoire. Il en
découlera un 45 tours avec une reprise de Bobby Lee
Trammell de 1958 «Uh Oh» qui
en français deviendra «Oh Oh Chéri», le disque sera aussi accompagné
de trois titres de la composition de Françoise. C’est une réussite, mais la reconnaissance
du public arrivera le soir de l’élection de Charles de
Gaulle. En attendant le résultat définitif du dépouillement, elle
interprète «Tous
les garçons et les filles», le morceau qui va emballer le public et
lancera la machine Françoise Hardy sur les rails du succès
avec plus 1.000.000 d’exemplaires vendus, elle deviendra la figure de proue de
la vague yéyé.
Par la
suite, elle enchaînera les tournées et les galas et fera ses premier pas à
l’Olympia avec Richard Anthony. Le succès de «Tous les garçons
et les filles» va dépasser les frontières. Le titre débarquera en Italie
sous le titre «Quelli
della mia eta». En 1965,
encore une tournée avec Hugues Aufray va
conforter sa réussite. La chanteuse arrivera à se classer dans le top Britannique
avec l’adaptation de plusieurs titres «However Much» (Et Même) et «All Over The World» (Dans le monde entier). Elle enchainera avec un film «Une balle au
cœur».
Elle sortira un album en 1966 «In English»
qui sera très bien accueilli en Angleterre et en Amérique et qui donnera
l’occasion à l'artiste de fréquenter le gratin des pops stars de l’époque. Re-tournée
et re-film «Grand
Prix» de John Frankenheimer avec
Yves Montant.
En 1967, alors qu’il est cinq heures, Paris
s’éveille, elle va s’amouracher d’une jeune canaille qui aime les filles et les
cactus. Françoise
Hardy et Jacques Dutronc, la liaison
la plus durable du show business. Pourtant, ils vivront dans le pêcher pendant 14
ans (Ils se marieront en 1981). La
même année, elle va créer sa propre maison de production : Asparagus. Suite à l’enregistrement de l’album «Ma jeunesse fout
l’camp» elle va se sentir esclave de son travail, des tournées et des enregistrements.
Malgré le succès, elle décide d’annuler les concerts et les évènements de mai
68 n’arrangeront rien, elle s’éloignera de la capitale pour regagner sa maison en Corse avec Jacques
Dutronc.
Retour
sous les projecteurs en 1969 avec un
titre écrit par Serge Gainsbourg «Comment te
dire adieu ?»,
le plus gros succès de l’année, mais sa volonté de ne plus revenir sur les
planches et devant les caméras n’a pas changé. Il faudra attendre 1973 sa signature chez WEA et sa
collaboration avec Michel Berger qui lui écrira «Message
Personnel» pour retrouver une fois de plus le succès. A la fin des
années 70, elle se consacre à l’éducation de son fils (Un certain Thomas !) et n’écrit
plus. Gabriel Yared et Michel
Jonasz veulent lui remettre le pied à l’étrier en lui préparant trois
albums jazzy et funky avec un titre qui la fera remonter dans le top en 1978 «J’écoute de la musique saoule».
Avec Thomas Dutronc |
Il
faut attendre 1982 et l’album «Quelqu’un qui s’en
va» et un nouveau hit «Tirez pas sur l’ambulance» pour la voir réapparaître.
Même si elle ne se voyait plus continuer, elle reprend la plume et sortira deux
quarante cinq tours «Moi vouloir toi» composé par Louis Chedid en 1984 et «V.I.P» trois ans plus tard.
Elle continue à écrire mais pour les autres comme Julien Clerc, Diane Tell, Etienne Daho, Patrick Juvet, Guesch Patti, Jean-Pierre Mader et Viktor Lazlo. Mais elle va s’éloigner de la musique pour l’astrologie. En 1994 sous l’influence d’Etienne Daho, elle signe chez Virgin avec un album à la clé «Le Danger» mais les ventes ne seront pas au rendez-vous. Elle s'éclipse jusqu’en 2000 avec «Clair Obscur» où elle travaille avec son fils Thomas sur quelques titres et un duo avec Jacques Dutronc «Puisque vous partez en voyage».
Elle
fait un come-back en 2004 avec l’album
«Tant de
belle chose» qui lui permettra d’être distinguée meilleure interprète féminine
de l’année aux victoires de la musique 2005.
Pour fêter ses quarante années d’auteur interprète, elle reçoit en 2006 la grande médaille de la chanson
française décernée par l’Académie Française. En 2008, elle sort une autobiographie «Le désespoir des singes». Un
nouvel album en 2010 «La pluie
sans
parapluie» lui vaudra une nomination aux victoires de la musique.
On
apprend en 2014, qu’elle se bat
depuis 10 ans contre un lymphome. En 2015, elle écrira un livre «Avis non
autorisé…» le 22 juillet elle annoncera et confirmera par voix de
presse : «Tiré un trait sur la chanson».
Il faudra attendre février 2016 pour
que Thomas Dutronc
annonce : «Qu’elle s’en est sortie quasi
complètement… Son cancer est en rémission».
Avec
le retour en force du vinyle, la réédition de ses albums fait un retour
fracassant sur le marché national et international.
La
belle est Hardy.
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