jeudi 11 mai 2017

FRANCOISE HARDY - par Pat Slade


Rebelle est Hardy par Pat Slade




Le petit conservatoire





Propulsée idole des jeunes en un seul tube, tous les garçons et les filles de son âge se rappellent d’elle. Françoise Hardy conserve en un demi-siècle son statut d’icône de la pop élégante et mélancolique. Élue naguère «femme idéale » par Mick Jagger, objet d’un poème de Bob Dylan, couverte d’or par Paco Rabanne, Françoise Hardy tient de la référence absolue. 

Elle naît en 1944 à Paris, une époque où la France est encore sous la coupe de l’envahisseur. Adolescente, elle est introvertie et complexée physiquement. La chanson sera pour elle une échappatoire, voire une thérapie. Elle empoche son bac en 1961 à l’âge de 16 ans. Son père lui offrira une guitare, ce qui sera l’un des rares cadeaux qui lui fera. Elle apprend presque seule ses premiers accords et commence à écrire et à exorciser ses maux sur le papier. Mais surtout l’envie de travailler dans le domaine musical se fait plus fort. Elle suivra quand même une année de cours à la Sorbonne, histoire de dire qu’elle aura fait des études. Puis elle répondra à l’annonce d’une maison de disque qui recherchait de jeunes chanteuses. Elle fera choux blanc suite à cette audition, mais elle n’abandonne pas pour autant et s’inscrit  au «Petit conservatoire de la chanson» de Mireille, l’émission qui fera connaître beaucoup d’artistes comme Alice Dona, Hervé Christiani, Yves Duteil, Colette Magny ou encore Alain Souchon. Pour mémoire et pour les plus jeunes, le petit conservatoire dirigé par une main de fer par la  Mireille compositrice, chanteuse et animatrice de télévision, était une émission ou de jeunes talents inconnus venaient s’essayer à la chanson sous la coupe de la musicienne. Elle les appelait «Mes enfants !» alors que les élèves devaient répondre invariablement «Oui madame !», la rigueur et la décontraction polies étaient la pierre angulaire de l’émission.  


Elle se présentera en même temps au label Vogue où, après une audition, elle signera plus tard son premier contrat.
Le public va la découvrir dans une émission «En attendant leur carrosse» avec les élèves du petit conservatoire. Il en découlera un 45 tours avec une reprise de Bobby Lee Trammell de 1958 «Uh Oh» qui en français deviendra «Oh Oh Chéri», le disque sera aussi accompagné de trois titres de la composition de Françoise. C’est une réussite, mais la reconnaissance du public arrivera le soir de l’élection de Charles de Gaulle. En attendant le résultat définitif du dépouillement, elle interprète «Tous les garçons et les filles», le morceau qui va emballer le public et lancera la machine Françoise Hardy sur les rails du succès avec plus 1.000.000 d’exemplaires vendus, elle deviendra la figure de proue de la vague yéyé.


En 1963 Françoise Hardy va représenter Monaco au concours de l’eurovision de la chanson en interprétant «L’Amour s’en va», La France sera représenté par Alain Barrière et le Luxembourg par Nana Mouskouri, le concours est remporté par le Danemark, Françoise Hardy finira à la 5ème place. Cette nouvelle notoriété lui ouvre aussi les portes du cinéma,  Roger Vadim, l’ex mari de Brigitte Bardot, lui propose un rôle dans son film «Château en Suède» d’après un roman de Françoise Sagan avec Jean-Louis Trintignant, Curt Jürgens et Monica Vitti

Par la suite, elle enchaînera les tournées et les galas et fera ses premier pas à l’Olympia avec Richard Anthony. Le succès de «Tous les garçons et les filles» va dépasser les frontières. Le titre débarquera en Italie sous le titre «Quelli della mia eta». En 1965, encore une tournée avec Hugues Aufray va conforter sa réussite. La chanteuse arrivera à se classer dans le top Britannique avec l’adaptation de plusieurs titres «However Much» (Et Même) et «All Over The World» (Dans le monde entier). Elle enchainera avec un film «Une balle au cœur». Elle sortira un album en 1966 «In English» qui sera très bien accueilli en Angleterre et en Amérique et qui donnera l’occasion à l'artiste de fréquenter le gratin des pops stars de l’époque. Re-tournée et re-film «Grand Prix» de John Frankenheimer avec Yves Montant.
En 1967, alors qu’il est cinq heures, Paris s’éveille, elle va s’amouracher d’une jeune canaille qui aime les filles et les cactus. Françoise Hardy et Jacques Dutronc, la liaison la plus durable du show business. Pourtant, ils vivront dans le pêcher pendant 14 ans (Ils se marieront en 1981). La même année, elle va créer sa propre maison de production : Asparagus. Suite à l’enregistrement de l’album «Ma jeunesse fout l’camp» elle va se sentir esclave de son  travail, des tournées et des enregistrements. Malgré le succès, elle décide d’annuler les concerts et les évènements de mai 68 n’arrangeront rien, elle s’éloignera de la capitale pour regagner sa maison en Corse avec Jacques Dutronc.

Retour sous les projecteurs en 1969 avec un titre écrit par Serge Gainsbourg «Comment te dire adieu ?», le plus gros succès de l’année, mais sa volonté de ne plus revenir sur les planches et devant les caméras n’a pas changé. Il faudra attendre 1973 sa signature chez WEA et sa collaboration avec Michel Berger qui lui écrira «Message Personnel» pour retrouver une fois de plus le succès. A la fin des années 70, elle se consacre à l’éducation de son fils (Un certain Thomas !) et n’écrit plus. Gabriel Yared et Michel Jonasz veulent lui remettre le pied à l’étrier en lui préparant trois albums jazzy et funky avec un titre qui la fera remonter dans le top en 1978 «J’écoute de la musique saoule».

Avec Thomas Dutronc
Il faut attendre 1982 et l’album «Quelqu’un qui s’en va» et un nouveau hit «Tirez pas sur l’ambulance» pour la voir réapparaître. Même si elle ne se voyait plus continuer, elle reprend la plume et sortira deux quarante cinq tours «Moi vouloir toi» composé par Louis Chedid en 1984 et «V.I.P» trois ans plus tard.

Elle continue à écrire mais pour les autres comme Julien Clerc, Diane Tell, Etienne Daho, Patrick Juvet, Guesch Patti, Jean-Pierre Mader et Viktor Lazlo. Mais elle va s’éloigner de la musique pour l’astrologie. En 1994 sous l’influence d’Etienne Daho, elle signe chez Virgin avec un album à la clé «Le Danger» mais les ventes ne seront pas au rendez-vous. Elle s'éclipse jusqu’en 2000 avec «Clair Obscur» où elle travaille avec son fils Thomas sur quelques titres et un duo avec Jacques Dutronc «Puisque vous partez en voyage».

Elle fait un come-back en 2004 avec l’album «Tant de belle chose» qui lui permettra d’être distinguée meilleure interprète féminine de l’année aux victoires de la musique 2005. Pour fêter ses quarante années d’auteur interprète, elle reçoit en 2006 la grande médaille de la chanson française décernée par l’Académie Française. En 2008, elle sort une autobiographie «Le désespoir des singes». Un nouvel album en 2010 «La pluie sans parapluie» lui vaudra une nomination aux victoires de la musique.

On apprend en 2014, qu’elle se bat depuis 10 ans contre un lymphome. En 2015, elle écrira un livre «Avis non autorisé…» le 22 juillet elle annoncera et confirmera par voix de presse : «Tiré un trait sur la chanson». Il faudra attendre février 2016 pour que Thomas Dutronc annonce : «Qu’elle s’en est sortie quasi complètement… Son cancer est en rémission».

Avec le retour en force du vinyle, la réédition de ses albums fait un retour fracassant sur le marché national et international.
Françoise Hardy : une vie bien remplie et qui restera une figure de la vague yéyé, à 73 ans, elle restera Mademoiselle Hardy du petit conservatoire de Mireille.  

La belle est Hardy.       




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