CORPORATE est un premier film,
et voir comment son auteur Nicolas Silhol maîtrise et son écriture, et sa
réalisation, laisse pantois ! Notamment son intelligence à rester proche de son thème, de son idée, sans s’éparpiller, sans s’appesantir sur la psychologie ou la description - exemple, on ne sait pas ce que fait ou vend ESEN, et on s'en fout, on ne sait pas exactement ce que font concrètement ces employés, on s'en fout aussi.
Le thème est dans l’air du temps,
ce n'est pas le premier film sur le sujet, celui des méthodes de management au sein des entreprises, et notamment ce qu’on
appelle la mobilité. La mobilité consiste à faire bouger un salarié de son
poste, géographiquement (dans une succursale), ou dans une autre fonction au
sein de son entreprise. Le but étant de ne rien lui proposer ensuite, qu’il se
lasse, et démissionne.

C’est le boulot d’Emilie
Tesson-Hansen. Responsable RH du département gestion et comptabilité de ESEN. Elle a été engagée pour réduire l’effectif de 10%, sans licenciement. Dès le premier plan, on l’entend à l’œuvre, avec une cadre
de 46 ans (« comment vous voyez-vous dans 10 ans, à faire la même
chose ? »). Le réalisateur choisit de laisser sa
caméra en dehors du bureau, on ne voit que des silhouettes passer, c’est
anonyme et froid. Emilie Tesson est une pro, une "tueuse", mais au sens propre du terme.
Car Didier Dalmat, un cadre lassé de ne pas avoir d’entretien avec Emilie, se suicide
sur son lieu de travail.
Emilie a la confiance de sa
hiérarchie, dont Stéphane Froncart, le DRH du groupe. Gérer, parler, rassurer,
communiquer, embobiner, elle sait faire. Mais elle va tomber sur un os, Marie
Borrel, inspectrice du travail.


On pourra sans doute tiquer sur
le profil de Marie Borrel, une très gironde inspectrice du travail, Calamity Jane toute en bottes et jeans. Les autres sont
parfaitement dessinés, et interprétés, en premier lieu par Céline Sallette, froide,
inquiétante, comme une Charlotte Rampling en son temps, et Lambert Wilson
toujours très bien en salopard de charme.
Une vraie réussite.
*** hasard incroyable, mais au moment de la défenestration, une spectatrice arrivée en retard à la séance, handicapée par une cheville foulée, marchant avec une béquille, se casse la gueule dans les escaliers de la salle ! Résultat, 5 minutes de pause, et rembobinage du film (merci le numérique !!). Donc question : quand interdira-t-on aux gens d'arriver en retard à une projection ? Je suis très tolérant comme garçon, mais dans une salle de cinoche, je peux être un vrai ayatollah...
*** hasard incroyable, mais au moment de la défenestration, une spectatrice arrivée en retard à la séance, handicapée par une cheville foulée, marchant avec une béquille, se casse la gueule dans les escaliers de la salle ! Résultat, 5 minutes de pause, et rembobinage du film (merci le numérique !!). Donc question : quand interdira-t-on aux gens d'arriver en retard à une projection ? Je suis très tolérant comme garçon, mais dans une salle de cinoche, je peux être un vrai ayatollah...
CORPORATE de Nicolas Silhol
couleur - 1h35 - scope 1:2.35
Nouvelle tendance du cinéma français, après La Loi du marché et Merci patron.
RépondreSupprimerRampling/Sallette, bien vu.
Tendance nouvelle, mais bienvenue... Le cinéma "social-politique" (depuis l'époque Boisset) n'était pas notre fort...
RépondreSupprimerSauf que "La loi du Marché", même primée, est une M**de absolue. Un très grand foutage de gueule en tout cas.
RépondreSupprimerMais ce n'est là que mon avis me direz-vous.