mercredi 8 mars 2017

GREEN DOLLAR COLOUR (2005), by Bruno




Extrait d'une réunion au Déblocnot', tard le soir … après quelques bières ...
- Mais qu'est donc devenu Anthony De Lemos ?
- Qui chà ?? Hips ! De l'houmous ?? Arf ! Arf ! Arf !
- Ha ? Un compositeur contemporain que je ne connais pas ? (Malgré mes 3 284 disques)
- Tu, tu, tu veux dire … hips … Anthony De, de ... hips ! Delon ? Hein ?
- Ha ouaaiis ... Il zoue dans zun grûpe de Métôl ? Nan ? T'es zûr ? Avec Mylène alors. Ha... Mylène (sniff) Mylèèènnneee !!!!
- Y'a plus rien à boire ? Z'ais soif !! à boire ! à boire ! [Pan ! Pan ! Pan ! ]
- Mais arrêtes de frapper la table avec ta pinte, tu renverses les canettes ! « soupirs » Naaan … (les réunions ne sont pas toujours de tout repos ...) Anthony De Lemos est un guitariste et compositeur Français. Un Parisien
- Ha ouais ? Il zoue dans un groupe ou ... ou ... tout seeuul ?? Hips ! 'Fait soif !
- Voui ... on boit d'bons coups, ici ... hips ! ... Mais ... mais ils zont rareees ... Si, c'est vrai ! Zuste de quoi se rincer l'gosier. Z'est la crîîiise ... rôôôôô .... pardon

Anthony De Lemos

     Anthony De Lemos est un jeune parisien passionné de musique. Nettement marqué par Aerosmith et AC/DC, il aime aussi revendiquer son attrait pour le Blues-rock des années 60/70, pour Aretha Franklin, James Brown, Sam & Dave, Marvin Gaye, ainsi que pour Red Hot Chili Peppers et Police.
C'est après avoir assisté à un concert d'AC/DC, (en 1996 à Bercy), qu'il décide de se mettre à la guitare. Il bosse assidûment, jusqu'au jour où il est déterminer à tenter la grande aventure. A monter un groupe et à enregistrer un disque. Seulement, au fil des embûches, il conclut que débuter en France serait un obstacle de taille. Il considère qu'il n'y a pas suffisamment de culture anglo-saxonne pour développer correctement une musique dont l'essence même en est intrinsèque. Résolu, son intérêt se porte alors sur des contrées au-delà des frontières de l'hexagone. Là où les terres sont propices pour que la musique qui le fait vibrer puisse s'épanouir librement, sans obstacles. 
Après avoir hésité pour le Canada, il jette son dévolu pour l'Australie, notamment par rapport à sa culture musicale. Il y part une première fois, en janvier 2001, histoire de tâter le terrain, voir s'il pourrait s'intégrer. Après un premier voyage fort concluant, il réitère l'expérience quelques mois plus tard, en novembre 2001, Sa première impression : il est sous le charme de ce continent des antipodes. Il s'y installe en 2002, à Sydney. Un choix qu'il souhaite définitif. Plutôt que de visiter le continent, il fréquente les clubs et les pubs, lieux où il cherche à faire des rencontres.
Cependant, plutôt que d'essayer de s'incruster dans un groupe, de se faire connaître et accepter grâce à son incorporation, lui, sûr de ses capacités, veut monter son propre groupe. Sans rien, sans passé, sans curriculum vitae. Un p'tit Français qui débarque dans un pays qui, en dépit d'une population relativement faible, à un patrimoine musicale Rock à faire pâlir de jalousie les USA et le Royaume-Uni. Culotté.

     De Lemos se montre difficile. Il auditionne des chanteurs mais aucun ne le satisfait. Et puis, suite à une annonce dans la presse, il reçoit une démo qui l'intéresse. Enfin, il n'aime pas la musique, mais la voix et le swing du chanteur l’interpelle. Les deux hommes se rencontrent et sympathisent. Si leurs goûts musicaux se rejoignent sur le Rhythm'n'blues des années 60, et la scène Australienne, le chanteur est plus focalisé sur l'univers du Hard-rock américain des années 80. C'est aussi un fan de Wilson Pickett et de Little Richard. Un chanteur qui aurait été dès son enfance parrainé par John Swan et Jimmy Barnes. Deux des plus grandes icônes du pays. Possible, car son père était lui-même chanteur un groupe de Rock, et parfois il invitait ses garçons pour l'accompagner sur quelques titres. Pour information, Rob Riley des Rose Tattoo et Graham « Buzz » Bidstrup de The Angels sont des amis de la famille. Enfant, il trempe déjà dans le milieu.

     Ensemble, ils ne perdent pas de temps. Ils commencent par travailler sur des morceaux qu'Anthony avait déjà enregistrés en France, puis composent ensemble, récupèrent un titre de Lex, le chanteur, qui est réarrangé.
Anthony ayant des rudiments de batterie, sachant jouer de la basse, et Lex de la guitare, ils n'ont besoin de personne d'autre qu'eux-même pour composer, interpréter et enregistrer leurs chansons.

de G à D : Koritni et De Lemos

     Une fois leurs chansons abouties, le duo s'envole pour Paris pour les enregistrer. (un choix fait pour un problème de budget ?).

Un choix qu'Anthony regrette amèrement à cause des nombreuses et imprévues difficultés qui ont entraîné un enregistrement étalé sur deux mois, alors que tout était prêt. 
     A l'arrivée, plus de producteur disponible ; dos au mur, ils prennent la décision de s'auto-produire. Changeant de studio, et probablement restreint par le budget et le temps, ils tombent sur un studio qui s'avère vétuste, où les plombs sautent à maintes reprises. Pour finir, ils sont en conflit perpétuel avec l'ingé-son. Des enregistrements effectués dans la douleur.
Anthony gère la basse et la guitare, Lex donc le chant, mais aussi quelques plans et soli de guitares. Et c'est le musicien Australien de studio, Gordon Rytmeister (1), qui s’occupe de la batterie. 
     Par contre, de façon assez improbable pour un duo de jeunes garçons sans grande expérience de la scène, sans notoriété, leur manager leur dégote Mike FraserUn homme qui a gagné sa réputation grâce à son travail pour AC/DC et Aerosmith. Deux influences majeures d'AnthonySéduit par leurs démos, il accepte d'effectuer le mixage. Effectivement, l'album le matériel a la particularité d'allier spontanéité, maîtrise et maturité. Et surtout, ne se perd jamais dans une quelconque séquence démonstrative. Et c'est George Marino qui effectue le mastering.

     Le Hard-rock de Green Dollar Colour est groovy, fringuant et appuyé, avec une fraîcheur inhérente aux jeunes optimistes persuadés que le Rock'n'Roll sauvera le monde. Certes, on peut toujours reprocher à leur musique de n'être pas spécialement originale. Elle repose essentiellement sur des riffs mémorisables et assez catchy. Un Hard-rock qui, en dépit de l'origine de son fondateur, se situe en droite ligne des AC/DC, The Angels, Kings of the Sun, Rose Tattoo (derniers opus) et Jimmy Barnes 80's. Le tout mâtiné d'Aerosmith. C'est plutôt brut et sans fioritures, sans chichi. Et les influences Rythmn'n'Blues tant vantées ne sont guère prégnantes, pour ne pas dire inexistantes. Il y a bien quelques ingrédients bluesy, mais dans une proportion moindre que chez les illustres kangourous cités. Il semble y avoir une recherche sur le riff qui tue, le truc évident et imparable. 
 La guitare est bien un ou deux degrés plus saturée. Au lieu de faire saturer naturellement les amplis à lampes (voire à l'aide d'un boost ou d'une timide overdrive, toujours à la manière Made in Australia 70's-80's), on a sorti la disto du type ProCo Rat (très prisée par le Hair-Metal US des années 80).
« Heart Donation » penche même dangereusement vers le Heavy-Metal US.

     Dans l'ensemble, ce serait un peu comme si Kings of the Sun avait émigré en Californie, à Los Angeles, et que son Heavy-rock râpeux s'était laissé imprégner par le Glam-rock US, celui qui fourmillait dans les clubs du Sunset Boulevard. Avec pour conséquence des guitares hérissées et un peu plus saturées. Tout comme le chanteur, qui, bien que chantant comme Jimmy Barnes (avec néanmoins moins de coffre et de Soul), se serait laisser influencer (ou berner) par les poseurs permanentés. Un chanteur à la voix aussi râpeuse que les rythmiques de De Lemos, chantant des refrains accrocheurs et ne délaissant par une facette mélodique à mi-chemin entre les premiers Jimmy Barnes et Aerosmith.
avec le copain Gordon Rystmeister (au milieu)

     Cependant, en dépit de l’accueil chaleureux du disque, de critiques élogieuses, et le soutien de Francis Zégut, il n'y a pas eu de suite. Alors, que c'est-il passé ?
D'après le chanteur, alors qu'ils auditionnait divers musiciens pour constituer un groupe solide qui devait leur permettre de jouer en Europe, en Australie et même au Japon,  Anthony n'était jamais pleinement satisfait des musiciens. Il recherchait la perle rare, et personne ne semblait être assez bon pour jouer dans son groupe (excepté le chanteur). En conséquence, alors que le disque commence à faire parler d'eux, ils ne se produisent toujours pas sur scène. Des dissensions commencent à grever leur amitié. 
 Lex, impatient d'effectuer des concerts, lui qui était déjà monté sur scène alors qu'il n'avait pas dix ans, commence sincèrement à douter d'Anthony. Il se demande s'il n'est pas trop exigeant, trop pointilleux, ou s'il ne cherche pas des excuses par crainte de devoir affronter un public exigeant.
Pourtant, ils ont rencontré à Paris le guitariste Eddy Santacreu qu'ils prient de les rejoindre. Ils l'harcèlent pour qu'il rapplique à Sydney, mais, à ce moment là, il a d'autres obligations. Lors de quelques rares interviews, Anthony parle d'un certain Chris Brown, un ami de Lex ; un batteur qu'il aimerait bien voir intégrer le groupe.

      Et puis finalement, n'y tenant plus, Lex finit, au bout d'un an, par monter un groupe. De son côté, sans Anthony. Le Français Eddy Santacreu , finit par s'expatrier en Australie, et Chris Brown le rejoignent pour des concerts où des titres de Green Dollar Colour côtoient des reprises (dont d'AC/DC et de Guns n'Roses). Le groupe est baptisé du nom de Lex : Koritni. Finalement, seule formation qui donnera vie à ce répertoire sur scène.
L'année suivante, il enregistre un premier disque (avec encore Mike Fraser pour le mixage), plutôt bien accueilli, même s'il ne parvient pas à égaler cet unique opus de l'éphémère Green Dollar Colour.
Cependant, Koritni, tant le groupe que le chanteur, ne cessera de convaincre un auditoire croissant. Grâce à ses prestations scéniques et grâce aussi à ses disques généralement jugés comme chaque fois meilleur que le précédent. Nombreux sont ceux qui considèrent Koritni comme un des fers de lance du renouveau du Hard-Rock, puissant mais bluesy. Et même du Hard-rock australien, au même titre que Airbourne(même si Eddy Santacreu est le principal compositeur).

     De son côté, le jeune De Lemos qui avait décidé de partir seul en Australie, à 19 ans, juste après son baccalauréat, pour entamer une aventure musicale, disparaît totalement des médias.
     Mais qu'est donc devenu Anthony De Lemos ? Il ne souhaitait pas revenir en France (du moins y vivre), alors peut-être qu'il partit pour le Canada (son premier vœu) - à Vancouver ? - et qu'il ait lâché la musique pour être conseillé. Qui sait ?

TRACKS : 
01. Dirty Letter - 4:20 ; 02. Emotional Audit - 3:10 ; 03. Let It Go - 3:38 ; 04. Foot To The Floor - 3:26 ; 05. Heart Donation - 3:13 ; 06. I Wanna Know - 4:11 ; 07. No Regrets - 3:07 ; 08. Expectations - 3:10 ;  09. Top Of The World - 3:41 ; 10. Mess With Love - 3:33 ;  11. You Fed Me Lies - 3:36






(1) Initialement formé aux sons de Deep-Purple et de Led Zeppelin, il aborde tous les styles (Rock, Blues, Pop, Country), mais le Jazz deviendra sa spécialité.



🎶

2 commentaires:

  1. A l'époque de sa publication, les Hard Rock Magazines et consorts s'en étaient fait leur "album du mois". Bien des années plus tard, j'ai pu voir Lex et son Koritni dans un Club de quelques 250 personnes. L'ambiance y était franchement Rock. Lex, très a son aise, s'était fendu d'une poignée de titres des Guns'n'Roses qui avait emballé toute l'assistance. Pour autant, je ne suis toujours pas en possession d'aucun album du groupe. Vas savoir pourquoi ?

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    1. Je ne savais pas que ses mag avaient fait l'éloge de ce disque. Le regretté Xroads avait également un papier sur le groupe (disque et interview)
      Oui, Lex est un fan des Guns. Toutes périodes et donc "Chinese Democracy" compris. Il aime bien d'ailleurs faire des reprises (notamment, outre les Guns, AC/DC et The Angels. Evidemment)
      J'avais été déçu par "Lady Luck" le premier cd de Koritni, n'y retrouvant pas le groove ni la pertinence de Green Dollar Colour. Plus tard, d'autres trucs m'avaient paru trop Métôl. Cependant, j'ai écouté il y a peu quelques morceaux bien sympas, dont "Welcome to the Crossroad" qui, à mon sens, à un p'tit goût de Foghat. Je vais donc me pencher sur le cas Koritni.

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