mercredi 12 octobre 2016

Live 90's (volume 2 "le retour") - made by Bruno -



      A mon sens, les années 90 sont un peu le renouveau des enregistrements publics Rock de qualité. Plus précisément, ceux qui peuvent apporter un plus à la discographie d'un groupe, une relecture - certes parfois très relative - intéressante, ainsi qu'une qualité d'enregistrement qui semblait avoir été négligée lors de la décennie précédente.
A nouveau, l'enregistrement en public parvient parfois à offrir la meilleure image du groupe. Et quelques fois, comme dans les années 70, il arrive que ce témoignage s'érige comme le meilleur disque du groupe. Cependant, il semble que beaucoup non pas sut cumuler le professionnalisme - dorénavant de rigueur pour survivre dans le milieu - et l'application avec un esprit de liberté d'expression. Bien plus rares sont ceux qui osent. La magie du live a été atténuée, voire a disparu pour certains.
C'est en partie pour ces raisons que le stock de ces témoignages reste moins fourni que pour l'époque de référence. 
Toutefois, on a de nouveau le plaisir de trouver des live intéressants, méritant une attention particulière.
En voici une bonne poignée qui mérite une attention toute particulière. A mon sens, ils méritent tous d'être présent dans toutes discothèques - Rock / Pop - qui se respectent.



PAGE & PLANT
 "No Quarter" 1994

     Evidemment, on ne peut passer à côté de celui-là. Les retrouvailles de Robert Plant et de Jimmy Page, quatorze années après que Led Zeppelin se soit crashé. Deux des monstres sacrés des années 70 ; et non des moindres.
Certes, ce n'est pas un live à part entière puisque cinq morceaux ont été enregistrés à part. "Nobody's Fault but Mine" et "No Quarter", ainsi que les inédits "Yallah", "Wah Wah" et "City Don't Cry" . Ce qui laisse tout de même neuf pièces captées lors d'un concert donné à Londres, à l'Albion, dans une ambiance assez acoustique, faisant appel EN renfort, suivant les morceaux, au London Metropolitan Orchestra, ainsi qu'à des musiciens marocains, égyptiens, et indiens.
Alors que Page avait, l'année précédente, marqué au fer rouge les terres du Heavy-rock de la décennie avec un très bon "Coverdale - Page" (lien), il surprend un peu son monde ici en revisitant le patrimoine de Led Zeppelin avec des versions franchement plus acoustiques. En imprégnant fortement le propos de sonorités folks, bien entendu, mais aussi en l'orientalisant. Avec un certain penchant pour des sonorités arabes et indiennes.
Le duo fait revivre Led Zeppelin à travers des versions revisitées pour l'occasion. Une prise de risque ? Pas vraiment, car avec des compositions de ce gabarit, il semble que, quelque soit l'adaptation, il en sortira toujours quelque chose de bon. (pour les curieux, voire Dread Zeppelin)
Néanmoins, un regret, et de taille. L'absence de John Paul Jones. (D'où, aussi pour certains, la surprise du choix, pour titre de l'album, d'une pièce lui étant généralement apparentée - bien que composée à trois -).
Connexion : "Kashmir - Let me take you there ..." ; "Celebration Day" (2012)


The INMATES
"In the Heat of the Night" 1998


     "Le meilleur chanteur de rock du monde (Bill Hurley)", dixit Robert Plant. "Et le meilleur groupe de Pub-rock du monde !"
Et pour beaucoup, un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, groupe de Pub-rock.
Produit d'un concert en France, pays où le groupe a longtemps gardé la ferveur d'un public fidèle. Précisément, il s'agit ici d'une prestation donnée au Plan de Ris Orangis. Attention particulière : les noms des spectateurs sont notés dans le livret (à l'entrée, il avait été demandé aux personnes d'écrire leurs nom et prénom).Très populaire en France depuis "First Offence", le pays des fromages qui puent a toujours été une terre d’accueil pour ces vieux briscards au long-cours.

     Comme il a souvent été dit et écrit : du Rock, du Real-Rock, sans subterfuge, sans artifice.
Un Gros bémol : bien que ce soit un live, les chansons ne sont pas liées par les réactions publics. C'est systématiquement coupé entre chaque titre ; comme un mauvais téléchargement. Cela casse l'ambiance. Une incompréhensible erreur.
Dans les années 2000, Bill Hurley, Peter Gunn et Ben Donnelly tournent encore, bien qu'aucun disque n'ait vu le jour depuis ce live. Hélas, Bill Hurley a quelques problèmes de santé. 


ALBERT COLLINS
 "Live 92-93" 1995


     Comme tous ses live : d'la balle !
Décédé le 24 novembre 1993, quelques mois après son dernier disque "Collins Mix" (des réenregistrements d'une partie de ses classiques), cet album sort à titre posthume. Ce diable d'Albert Collins était un show-man, possédé par sa musique. Comme le dira souvent Gary Moore, son style était inimitable. La technique n'y suffit pas, c'est un feeling particulier qui ne peut s'acquérir qu'avec du cœur, de la sincérité et de l'expérience.
 Ce disque regroupe les meilleurs moments enregistrés entre 1992 et 1993. Disque en demi-teinte, trahissant une fin de carrière grevée par l'âge ? Oh non, que nenni. Ces témoignage sont la preuve que son Blues funky, percutant et cinglant, avait garder toute sa fraîcheur. Et puis, existe t'il un seul mauvais disque d'Albert Collins ?
Collins a été pris par la faucheuse alors qu'il était en pleine ascension, propulsé sous les feux de la rampe par un label entreprenant (pourvu de moyens conséquents).
Son dernier disque (clic/lien) : "Collins Mix" 1993




Eric CLAPTON 
"24 Nights" 1991

   
     On avait cru Eric Clapton fini, cramé par ses excès, détruit par ses drames. Après avoir combattu la drogue, après avoir vaincu son alcoolisme, après avoir divorcé de sa muse, il perd son fils au moment où il reprenait une vie normale. Et puis, inespérément, Clapton revient sur le devant de la scène avec ce double CD, "24 Nights", résultat de divers concerts donnés au Royal Albert Hall en 1990 et 1991. Si malheureusement l'ensemble est relativement mitigé, grévé par quelques titres ampoulés, ce double live n'en est pas moins intéressant. Les ampoulés se sont d'abord ceux issus de l'album "Journeyman", (actualité oblige) à l'exception du surprenant "Hard Times" de Ray Charles, ensuite ceux soutenus par l'Orchestre Philharmonique National dirigé pour l'occasion par Michael Kamen, (sur la fin du second CD). Des chansons généralement rejetée par ceux qui ne jurent que par le Clapton des 70's et le "Clapton Blues" des années à venir. Pourtant, en l'écoutant sans a priori, ou sans se focaliser sur ce que pourrait représenter Clapton (God ?? Slowhand ?), les réorchestrations d'avec l'orchestre symphonique ne manquent ni d'intérêts, ni de charmes. Quoi qu'il en soit, "24 Nights" permet aussi de retrouver un Clapton serein, en pleine possession de ses moyens, (inégalable ?), notamment lorsqu'il renoue avec le Blues et Cream. Là, généralement, tout le monde est d'accord.
Un autre live d'Eric (clic/lien) : "Just One Night" 1980



BB KING
"Live at San Quentin" 1990


     Lors de cette décennie, le King ne se foule pas trop en matière d'enregistrement en studio. Il se contente de quelques duo et de disques en demi-teinte dont l'orchestration frôlent le marasme complet, l'anémie. Reste cette voix incroyable et ses licks de guitares naïfs mais terriblement expressif. Qui depuis, ont fait école et ont été copieusement pillé. Par contre, Riley a toujours le feu sacré en concert. La preuve.
En véritable missionnaire du Blues, B.B. n'oublie pas les condamnés et les laissés pour compte, et n'hésite pas à aller se produire dans les pénitenciers (ce qui a d'ailleurs déjà été le sujet d'un très bon disque live, "Live in Cook County Jail" de 1971, à la suite duquel il fonde une association d'aide pour la réinsertion des prisonniers). C'est fois-ci, c'est à Saint-Quentin (Californie, avec vue sur ... Alcatraz), tristement célèbre pour ses quartiers de haute surveillance (un établissement dont on ne s'évade pas - ou presque -) et sa salle d'exécution.
B.B King en formation relativement plus restreinte (sept musiciens) avec un son plus dur et plus rugueux qu'à l'accoutumé. Un live qui fait oublier les précédentes réalisations à la production un tantinet policée. Ambiance chaude.

"J'ai joué dans 47 établissements, jamais pour de l'argent, pour la seule satisfaction d'émouvoir des âmes ayant besoin de ressentir de l'émotion" B.B. King

Et un autre live, l'incontournable : "Live at the Regal" (1965)


B.B. KING
 "Live At The Apollo" 1991

     Encore un disque de B.B. King !! Et bien oui ! Qui puis-je si cet apôtre infatigable du Blues a sorti deux disques live de qualité dans la même décennie. D'affilié, de surcroît. Et puis, il y a une différence notable entre ces deux disques. Pour ce "Live At The Apollo", B.B. a mis les petits plats dans les grands avec un répertoire survolant toute sa carrière (ou presque), avec notamment le titre écrit par U2, pour être interprété avec lui (album "Rattle and Hum"), "When Loves Comes to Town", et un big band. L'orchestre Philip Morris Super band, une formation de seize personnes, dont le célèbre guitariste Kenny Burrell, conduit par le pianiste Gene Harris. Des cuivres qui claquent, festoient, chantent, mais qui, miraculeusement, n'écrasent pas la musique.

Depuis quelques années, B.B. King n'est plus au sommet de sa forme ; du moins si l'on se focalise sur la qualité de sa production discographique en studio. Même s'il peut encore aisément éblouir par sa voix et ses interventions de guitares, ces disques studio sont généralement grevés par une production ampoulée et sans grand relief. Il faudra attendre 1998 avec "Blues on the Bayou" pour retrouver, en studio, un BB digne de sa réputation. Les trois précédents sont très bons mais se reposent presque uniquement sur les duos. Néanmoins, cette trilogie de collaborations diverses a permis de relancer sa carrière, et peut-être même de lui redonner un surplus de confiance. Lui offrant un second souffle. Toutefois, le meilleur de sa longue carrière reste loin derrière, cloîtré dans les années 60.

Article hommage, suite à son décès le 14 mai 2015(clic/lien)  : "Le bluesman BB KING est mort (1925-2015)"

B.B. King (1925 - 2015)


JASON & The SCORCHERS
"Midnight Roads & Stage Seen" 1998

     Oh putain ! La tuerie (bis)
Country-Punk ? Heavy-country-rock ? Southern-rock sous amphétamines ?Americana survolté et copieusement arrosé de kérosène ? Ou de Southern-Comfort ?  Biin... euuhh... un peu de tout ça.
Un chanteur oscillant entre Country & Punk Anglais et un guitariste explosif au son résolument Hard-Rock pour un brûlot Live.
Telecaster nerveuse et furibarde, chanteur Redneck bi-polaire, bassiste punk psychopathe et renfrogné (Jeff Johnson), batteur monté sur ressort, à l'apparence chétive mais qui déploie pourtant une énergie digne d'une Chevrolet Corvette (Perry Baggs). Attention, évitez de déposer des matières inflammables à proximité de la galette.
Un double live, le meilleur de deux performances données à Nashville (évidemment) les 7 et 8 novembre 1997. Deux soirées qui sentent la ferveur, l'électricité et la sueur. On ressent l'exténuation du groupe sur la fin mais qui, comme pour un dernier barouf d'honneur, se donne à fond jusqu'au bout ; et tant pis si on ne se relève pas. Rock'n'Roll ! Et si les quatre musiciens sont tous d'indéniables et habiles performers, il convient de souligner le jeu de Warren E Hodge qui parvient à enchaîner, dans un maelström létal, rythmiques acrobatiques et soli épileptiques. Comme s'il avait le don d'ubiquité. Et attention, ce n'est pas une représentation de cirque, même pas démonstratif ; les chorus sont d'ailleurs toujours dans le temps et le ton (et en plus, cela ne l'empêchait pas de faire le spectacle).
Et lorsque Jason Rigenberg pose le micro, et/ou sa pelle acoustique, pour se caler nerveusement dans les babines son harmonica, il en jaillit un substrat de pur Lee Brilleaux sous caféine.
Jason & The Scorchers un des meilleurs groupes live de la décennie ? Probablement.
"Si à 50 balais t'as pas un Jason & The Scorchers, t'as raté ta vie." Enfin, tu peux toujours te rattraper (et puis chacun ses goûts, et ses priorités).

Le quatuor en action en 1998

SNOOKS EAGLIN
 "Live in Japan" 1997


     Il y a parfois des injustices.
 Comment ce guitariste-chanteur peut-il demeurer inconnu en dehors du comté de sa Nouvelle-Orléans natale. Au mieux de la Louisiane.
Ce musicien aveugle joue depuis les années 50, où il joua avec Allen Toussaint au sein des Flamingoes.
Après le split du groupe, il joue autant qu'il peut, n'hésitant pas à se produire dans les rues quand les tournées et le travail de session-man pour divers studio sont insuffisants. Sa capacité à jouer dans divers styles et à reproduire ce qu'il entend à la radio, lui permettant ainsi de jouer des titres à la demande, lui vaut le surnom de juke-box humain. Preuve de sa versatilité. Toutefois, son territoire de prédilection reste le Blues et le Rhythmn'n'Blues de New-Orleans.
Musicien véloce, précis, "swinguant", au timbre nasillard et enjoué, Snooks Eaglin, irradiant de bonne humeur, est capable, à lui seul, de faire danser les plus renfrognés et introvertis. Assez proche du style du confrère Earl King (lien/clic) (avec qui il joua à maintes reprises). Étonnement, il lui faudra attendre les années 80, et être "redécouvert" par les frères Scott, créateurs du label Black top Records  pour être, enfin, enregistré comme il se doit. Résultat : une poignée d'albums incontournables. Pour beaucoup, ce qu'il a fait de mieux. Ce live clôturant la riche (par la qualité, et non par la quantité) avec le label indépendant de la Nouvelle-Orléans (peu de temps avant son rapide déclin).
Avec George Porter Jr. pour un excellent Best Of live.

Connexion : (en travaux)


MOTHER'S FINEST
"Subluxation" 1990


     MOTHER'S FINEST a toujours été avant tout un groupe de scène. Et c'est pour cette raison qu'il fait partie de ces groupes dont on privilégiera la discographie "live" à celle "studio". Il y a bien sûr le live de 1979, "Mother's Finest Live", que les moins jeunes connaissent au moins de réputation, malheureusement par faute de promotion insuffisante, mais peut-être aussi, hélas, parce que ce collectif est majoritairement black. Effectivement, car tout laisse à croire que l'industrie musicale américaine n'apprécie que bien modérément lorsque des gens de la communauté afro-américaine s'aventurent sans permission dans les contrées du Hard-rock et du Heavy-Metal. Comme s'il fallait compartimenter les mentalités, les goûts, les couleurs, les affinités, à certaines communautés. Pourtant s'il y a bien quelque chose qui a pu rallier les peuples, les communautés, les gens, quelque soit leurs origines, c'est la culture, et plus particulièrement la musique. Car son langage n'a pas de frontières. Mais non. Cela doit les faire chier. Même si les choses ont fini par bouger, certes bien lentement, nombreux sont les groupes mixtes à avoir fini crevé, seul, sur la route, ou dans un trou. C'est malheureusement parfois ce qui a pendu au nez de ce groupe, certainement sauvé de l'anéantissement par son excellente réputation scénique. Mais qui connait ce groupe ? Qui a au moins un de ses disques dans sa discothèque ?
Personnellement, même si j'admets bien volontiers que ce disque n'est pas exempt de défauts, une bonne partie me fait tripper. Notamment le couple "Mandela Song" et "Mickey's Monkey".

"Subluxation" est la captation d'un concert donné le 12 juin 1990 au Music Circus d'Oberhausen (en Allemagne). Alors que généralement le seul disque connu de ce groupe fusion de Hard-rock, funk et Soul, soit justement un live, mais celui de 1979, "Mother Finest Live", on occulte carrément les suivants (même si récemment le Rockpalast a fait des émules, ça reste confiné à des connaisseurs).
Une remarque aussi sur la qualité exceptionnelle du son de cet enregistrement en public. 1990 ? On pourrait jurer qu'il est au moins plus jeune d'une dizaine d'années, tant le grain est détaillé et le dynamisme présent. Aucun lien avec la grande majorité des CD produits cette année là, et avant, entachés par un son métallo-synthétique sans relief.
Connexion : ...

Jimmy THACKERY
 "Wild Night Out !" 1995

     Jimmy Thackery est bien meilleur en live où il fait des étincelles avec des reprises magnifiées de "Stumble" (ici, une des meilleures versions), "Red House" et "You Upset my Baby". Apparemment, c'est son élément. Le son de sa Stratocaster customisée est à tomber ; à la fois puissant, imposant et indéniablement bluesy, avec une once, comme un lointain souvenir, d'atmosphère Rock'n'Roll fifties (notamment par cette vaste réverbération). Une forme de son clean boosté, décoiffant, riche en medium et bien consistant. Nombreux sont ceux qui ont dû le traiter de barbare en voyant son authentique Fender Stratocaster série L de 1964 flanquée d'un imposant Floyd-Rose. Une hérésie pour les mordus du vintage ("Assassin ! Irresponsable ! "), mais encore plus pour les amateurs de Blues ("Un Floyd-Rose ?!!? Eurk ! C'est pas cet engin de torture utilisé par ces shredders à la musique sans âme ? Quelle hérésie !"). Et pourtant, quel son, mes aïeux ! (dis-moi Jimmy, c'est quoi tes micros ? Des Joe Barden ?). Étonnant d'ailleurs que l'on ne retrouve pas cette gratte dans les bouquins dédiés aux pelles particulières et personnalisées.
Extrait d'un seul concert, du 12 novembre 1994, au Sullys à Dearborn. Ce n'est pas du réchauffé. Pas de triche, de collage ou du rafistolé. Cela ne doit même pas être dans le vocabulaire de ce gars.
Après le départ fulgurant avec un "Wild Night Out" inébranlable, un "You Upset Me Baby" boby-buildé, et un épatant "The Stumble", il est regrettable que cette galette perde un temps de sa chaleur avec un slow-blues qui s'éternise un peu (plus un problème de timing ; c'est présenté trop tôt). Ça repars doucement mais sûrement, avec des pics frôlant le génie (de quoi laisser sa Strat dans un coin prendre la poussière) pour finir en apothéose avec deux reprises d'Hendrix.


GOV'T MULE
"Live With a Little Help From Our Friends"


     GOV'T MULE n'en est alors qu'à ses débuts, mais rencontre déjà un certain succès. Si les ventes de disques sont relativement modestes, les concerts, eux, attirent du monde depuis un moment. C'est d'ailleurs le succès rencontré sur scène qui les poussa, ou les conforta, à entrer en studio, afin que leur matériel puisse garder une trace. Cet enregistrement a été capté le 31 décembre 1998, à la salle The Roxy d'Atlanta. Un concert pour la fête du nouvel an (tellement mieux que d'aller ce bourrer et s'emmerder grave dans une boîte où les gens en font des tonnes, feignant de s'amuser) pour un public qui n'est pas là par hasard, avec moult invités, tels que Marc Ford, Derek Trucks, Chuck Leavell, Bernie Worell et Jimmy Herring. Gov't Mule est là avant tout pour passer un bon moment ; il n'est pas là dans une optique de plan de carrière. Son but principal est de tout simplement, et sainement, de jouer la musique qu'il aime, sans restriction, sans compromission. C'est pourquoi, il joue autant ses propres compositions que diverses reprises, sans se soucier de savoir si cela collerait à leur image ou pas. Ainsi, on retrouve "War Pigs" du Sabb', "30 days in the Hole" d'Humble Pie (Yes !!), "Mr Big" (notamment pour faire plaisir à Allen Woody, le bassiste, grand fan d'Andy Fraser), "The Hunter" d'Albert King (écrit par S. Cropper et la bande de Booker T), "Cortez the Killer", les blues "32-20 Blues" de Robert Johnson et "Look on Yonder Wall" d'Elmore James (Great !), "Sad and Deep as You" de Dave Manson, "3rd Stone from the Sun", "Spanish Moon" de Little Feat et "Afro Blue" de Mongo Santamaria.
Le disque sort presque un an plus tard en format double avec quatorze pièces, dont un "Afro Blue" de 29 minutes un peu lourd à digérer. Le disque s'écoule si bien, qu'un second volume (en format simple)  vient en complément. Enfin, c'est le concert complet, avec quatre CD. Hélas, seulement en tirage limité (d'où les prix exorbitants actuels).
La première galette (clic/lien) : "Gov't Mule" 1995


Buddy GUY
 "Live - The Real Deal" 1996

     Un des créateurs (inconscient ?) du West Side Sound et une des influences majeures du British Blues jusqu'à Stevie Ray Vaughan. Alors que les gardiens du temple lui reprochaient alors de se fourvoyer dans un Blues nettement plus Rock (en fait, finalement, on retrouvait l'ambiance du live "This is Buddy Guy" retransmise en mode studio avec la qualité technique d'enregistrement actuelle), Buddy Guy revient à ses fondamentaux dans ce live, joué et enregistré dans son propre club de Chicago (le Buddy Guy's Legend), avec l'orchestre du Saturday Night Live et Johnnie Johnson au piano.
Ce disque aurait logiquement dû mettre tout le monde d'accord, cependant, il y a toujours des grincheux.
Certes, là encore, ce disque n'est pas sans défaut. Il s'agit bien d'un enregistrement public, sans overbuds ; Buddy, jouant avec fougue et puissance, à l'instinct, les pains sont présents et n'ont pas été gommés pour autant. Ce qui pourra choquer les plus jeunes, formatés à une muzak aseptisée et lissée.
S'il vaut largement le déplacement, toutefois, c'est à condition d'apprécier les slow-blues, car ici, ce n'est pas moins de cinq qui sont proposés, sur une totalité de neuf pièces. Avec, de surcroît, des étirements allant autour des sept / huit minutes, presque un quart d'heure pour "I've Got News for You". Et on ne peut nier qu'il y ait quelques dérapages qui frôlent l'accident, mais c'est le fruit du 100 % garantie sans retouches. Certes, on attend que Buddy Guy explose, se laisse aller à des accès de hargne, à l'image des concerts qu'il avait pu donner pour son retour sur la scène européenne.

Son dernier disque, toujours fringant à 79 ans (clic/lien) : "Born to Play Guitar" (2015)


THE CULT
"Live - Marquee London MCMXCI"

     Un disque qui fut longtemps difficile à dénicher, jusqu'à sa récente réédition. En théorie, ce serait à l'origine un bootleg qui aurait été récupéré pour bénéficier d'un mixage dans les règles de l'art ;d'un épurage studio. Retravaillé en studio donc, pour un meilleur confort d'écoute, mais pas d'overdubs. Il n'y aurait aucune piste rejouée. Ce serait donc un authentique témoignage de ce qu'était The Cult sur scène. Une prestation captée dans la nuit du 27 novembre 1991, à Londres, au Marquee (lieu mythique). 18 titres pour l'intégralité d'un concert d'une heure trente. C'est du lourd. Une messe païenne dédiée aux divinités d'un gros Hard-blues qui tâche et dégoulinant de Rock-mystico-gothique (un truc du genre). Ian Astubry et Billy Duffy sont habités, ils sont les médiums de cette musique qui a pris naissance au crépuscule des années 60, et qui ressuscite, dans un apparat plus solide que jamais, à l'aube de cette décennie.
Un enregistrement certainement retrouvé et dépoussiéré par le label (ou le management) dans le but de combler le vide laissé par le groupe depuis deux ans, et probablement pour profiter de l'engouement toujours vivant dont bénéficie le groupe, ne sachant pas alors s'il y aurait, un jour, une suite discographique.

The Cult, le disque qui allait les propulser : "Electric" (1987) (clic/lien)


PAUL GILBERT
 "Beehive Live" 1999


     Le collectionneur compulsif d'Ibanez vintage, amateur de japonaiseries,  met le feu avec l'aide de Billy Morris (Kidd Wicked, Warrant, Quiet Riot, Billy Morris Band ) - qui remplace Tony Spinner indisponible pour cause de tournée avec un obscur groupe sans envergure, portant le nom ridicule de Toto -
Du Heavy-rock inventif chargé de chorus et de soli flamboyants piochant aussi bien le Hard 70's que 80's. Certes, ce n'est pas l'album de la décennie, toutefois, on reste subjugué par tant de maîtrise. Ce qui semblait être un travail acharné, méticuleux et peaufiné en studio, intransmissible sur scène sans en perdre toute sa saveur, se révèle ici délivré en toute simplicité (façon de parler), sans omettre le feeling. Paul Gilbert prouve ici - même s'il a déjà fait ses preuves avec Mr Big - qu'il est un authentique guitar-hero, sachant usé de sa technique (fort impressionnante) pour se permettre des improvisations qui restent audibles et plaisantes, même pour ceux qui n'ont jamais touché une six-cordes.
Le terreau de ce live (clic/lien) : "King of the Club" (1998) et "Flying Dog" (1998).
Ouais, deux disques en un an, et pas d'la daube.
N'ayant peur de rien, et avec son humour musical de bon goût, Paulo catapulte une reprise des Osmonds (ce qu'avait déjà fait Dweezil Zappa), "Hold Her Tight" et taquine le classique d'Emerson Lake & Palmer, "Karn Evil 9", sans se ridiculiser.
C'est actuellement le seul live de Paulo, à l'exception de la récréation acoustique, un exercice de style, "Acoustic Samourai".
Connexion : (voir ci-dessus)


CHEAP TRICK
 "Music for Hangovers" 1999





     Encore un album de Cheap-Trick ? Ben oui. Je n'y peux rien s'ils sont bons. Et puis celui-ci est un peu spécial ; en 1998, à la demande d'un promoteur, le quatuor effectue quatre concerts au club The Metro, à Chicago. Pratiquement à côté de la maison, puisque Rockford, la ville d'origine du groupe, n'est qu'à peine plus d'une centaine de kilomètres. Quatre prestations réservées au répertoire des trois premiers disques. Un voyage dans le passé. Histoire de retrouver l'esprit du "Live At Budokan" (le disque qui les a propulsé aux USA) vingt ans plus tard. C'est bien marqué sur la pochette (y'a pas d'surprise) : 1 - "Cheap Trick", 2 - "In Color" et 3 - "Heaven Tonight". Un régal.

Le premier essai - attention, c'est brut - (clic/lien) : "Cheap Trick" 1977


LUTHER ALLISON
"Live in Chicago" 1995


     On commence à oublier progressivement Luther Allison. Pas sûr même que ceux qui écoutent le fiston Bernard, connaissent le père. Pourtant, ce n'est pas faute au vieux troubadour d'avoir arpenté les scènes du monde pour prôner la bonne parole du Blues, et à l'encourager de sortir de son ghetto. Il ne comprenait pas que certains veuillent garder le Blues d'après-guerre dans des carcans érigés dans les années 50 et 60. Encore moins que l'on considère que pour qu'il soit jugé comme authentique, il doit être joué par des Afro-américains. D'ailleurs, Luther n'avait aucun préjugé pour jouer avec des blancs, et même des européens. Les deux double live, "Let's it Try Again" et "More from Berlin" en attestent. Pour lui, le Blues, même si le vécu apportait énormément, était avant tout une histoire de cœur et de sincérité.
Le premier CD de ce "Live in Chicago" est la captation de l'intégralité de son set donné lors du Chicago Blues Festival de 1994, où il était accompagné par les Memphis Horns. Pour le final, il est rejoint par Otis Rush et Eddie C. Campbell.
Le second est le fruit du meilleur d'un concert donné au Buddy Guy's Legend (de Chicago) en 1995, complété par des extraits d'une prestation au fameux Zoo Bar (qui a donné lieu à toute une série de CD de Blues), dans le Nebraska.
Les interprétations sont volcaniques, rageuses, regorgeant de vitalité. On sent l'effort de Luther. Il mouille sa chemise. Cela déborde assez souvent dans le Rock (ce que lui reprochèrent souvent les puristes). La seconde galette, prestation dans un espace plus restreint oblige, est moins explosive au profit d'une certaine convivialité, d'une chaleur propre à une proximité avec le public.
Sa simplicité, sa disponibilité et son franc-parler, en avait fait un des chouchou du public européen.

"Leave your ego, play the Music, love the people" Luther Allison


FOGHAT
"Road Cases" 1998


     On les avait cru à jamais perdus. A la retraite, ou repliés dans un trou perdu, dieu sait où, déçus par une scène musicale qui semblait ne plus avoir de place pour eux et leur Heavy-boogie rock gouailleur, sentant bon les pubs et les bagnoles.
Une retraite qu'ils auraient bien méritée car, tous avaient tout de même débuté leur carrière dans les années 60, et avaient parcourus des milliers de kilomètres pour arpenter les scènes d'Europe et du continent Américain. Probablement usés prématurément par une activité incessante pendant plus de dix ans (au moins de 1967 à 1980), et aussi par un cruel déficit en créativité à partir des années 80, Foghat finit pas raccrocher les gants. (Une fois Rod Price parti, il semble que Peverett ait eu beaucoup de difficultés à retrouver un équilibre musical en cherchant, sans trop se renier, à s'adapter dans un milieu musical perverti).
C'était inespéré, mais en 1993, Dave Peverett, soutenu, poussé même, par le producteur Rick Rubin, réunit la formation originale : Rod Price, Tony Stevens, Roger Earl et lui-même. Les Boogie-men sont de retour et renouent avec l'essence même du Foghat original. Un Boogie-blues-rock gras et assez Heavy. L'album qui en découle, le bien nommé "Return of the Boogie-men" est un succès (relatif) et permet au quatuor de reprendre la route, retrouvant ainsi un public qui ne les avait pas oublié.
De l'eau a coulé sous les ponts (près de vingt ans), et Peverett a perdu en puissance. Il est évident qu'il ménage sa voix en évitant de forcer sur ses cordes vocales. On ne retrouve pas ainsi l'atmosphère de folie qui régnait sur le fameux Foghat Live de 1977 ; et leur "I Just Want Make Love to You" revisité a perdu de sa fougue. Certaines parties pourraient même paraître assez conventionnelles. Une impression vraisemblablement dû par le fait que Foghat a inspiré de nombreux groupes, du Hard-rock au Blues-rock, et que son héritage (cumulé avec celui de Savoy-Brown, Chicken Shack et Peter Green's Fleetwood Mac) a marqué de son empreinte une frange de la musique populaire.  Malgré tout, ce live est de qualité. Ce n'est pas sans raison qu'il a été réédité plus tard, en 2001, sous un format double.
Les deux bonus tracks, deux inédits studio, nous font amèrement regretter que la mouture originale de Foghat n'ait plus donné de suite.
Connexion : "Foghat Live" 1977


Le premier chapitre (clic/lien) : LIVE'S 90'S (part. 1 "The Return of the...")

Albert COLLINS (1932 - 1993)
Dave PEVERETT (1943 - 2000) & Rod PRICE (1947 - 2005)
Snook EAGLIN (1936 - 2009)
Luther ALLISON (1939 - 1997)
Allen WOODY (1955 - 2000)






Bonus ...

Bon ... Comme il n'y a pas trop de matière pour ce second épisode, j'ai cédé au plaisir de vous délivrer les petits secrets de collaborateurs. Mais .... chuuuttt ... ce n'est pas moi qui vous l'ait dit.

Le disque de chevet de Rockin' ... un grand fan. Toutefois, il m'a avoué très largement préférer les DVD de la ... la dem... la dam... la quoi d'ailleurs ?


A la demande, insistante, de Luc.
La pochette se passe de commentaires... apparemment, il lui faut bien ça pour attirer du monde...


6 commentaires:

  1. Pas beaucoup de francophone dans cet inventaire, tu as eu "Higelin le Rex" en 1992 qui était bon, l'excellent "Sheller en solitaire" en 1991, Arno "En concert" en 1997 et le grand "Confessions publiques" du non moins grand Bashung en 1995

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mea culpa. Je suis tombé petit dans une marmite pleine de disques de musique anglo-saxonne (il devais bien y avoir un Triangle et Daydé dans le lot) et cela m'a définitivement imprégné.
      J'ai donc une carence en matière de "Rock" français ; mais pas totalement inculte non plus.

      J'ai pourtant beaucoup écouté Higelin (mais ai décroché après "Caviar"). Quant à Sheller, voilà des années que l'on me tanne pour que je m'y attarde, cependant son "Rock'n'Roll dollars m'a traumatisé. "Fier et fou de vous" n'ayant rien arrangé. Par contre, je me souviens avoir écouté un album étonnant. "Albion", il me semble.

      Supprimer
  2. Bravo pour l'article (j'imagine le temps que ça prend...). Entièrement d'accord pour The Inmates, Thackery, Albert Collins et Luther Allison, tous en bonne place chez moi. J'ai toujours eu un peu de mal avec BB King, c'est pas le King que je préfère. Moi, Monsieur, j'ai deux Mother's Finest en vinyle (depuis assez longtemps) et un en CD. Qui dit mieux? Je ne connais pas le live de Jason and the Scorchers. Je vais écouter si c'est possible.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Shuffle. Et content de voir qu'il existe encore des amateurs de The Inmates et Thackery (même si, pour ce dernier, je ne connais pas sa récente production).
      Pour B.B. King, il faut avant tout se focaliser sur sa discographie des années 60, et peut-être plus particulièrement "Blues on Top of Blues" (un must have). "My Kind of Blues" aussi, mais un degré en-dessous.
      Pour Jason & The Scorchers - c'est subjectif - je conseillerai "Lost a Found" et "Clear Impetuous Morning" (en plus du live, mais un qui est plus brut). D'autres diront plutôt "Thunder and Fire". "A Blazing Grace" n'est pas à négliger, en dépit de 2 ou 3 morceaux moyens.

      (6 + 1 pour M.F.)

      Supprimer
  3. Ah oui alors beau boulot Monsieur Bruno! De Jason and the Scorchers je possède "Lost and found" et le superbe EP "Fervor" seulement 7 titres mais quel claque! Il va sans dire que je considère le live de Gov't Mule dans la version collector comme un MONUMENT , je l'écoute régulièrement, n'en déplaise à ....à qui au fait?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Fervor", longtemps mentionné par la presse comme un must-have des Scorchers, mais un peu trop country à mon goût. Cependant, il y a la meilleure version d' "Absolutely Sweet Marie".

      Ce serait sympa que l'on réédite cette version collector du second live de Gov't Mule ; plutôt que les premières bandes - le Tel-Star Sessions - trop proches de celles présentes sur le 1er opus pour être vraiment intéressantes.

      Supprimer