Les Casanovas sont les adeptes d'un pur Rock Australien offensif, énergique, tonique, salvateur, que l'on obtient à la sueur de son front ; celui qui a gagné ses lettres de noblesses avec les monstres sacrés, que sont AC/DC, Angels City et Rose Tattoo ; auxquels on peut rajouter les fabuleux, mais oubliés, Kings of the Sun.
Le son est brut, typique d'un son patenté Australien, avec une guitare (Gibson) sans effet autre que celui d'une distorsion générée par des amplis à lampes, au timbre typique du double corps Marshall (il est possible qu'il y ait un petit coup de pouce avec un boîtier d'effet du genre Tube Screamer ou Bluesdriver ; ou Glove d'Electro-Harmonix pour les plus récents). Une fréquente utilisation de la wah-wah en solo ; un chant direct, viscéral, instinctif, à l'arraché, mais restant toujours bien placé ; une basse ronde et franche (Fender Precision), et une batterie naturelle, boisée, sèche.
Le groupe est formé en 1999, à Melbourne, Australie, par les frères Boyce, Tommy et Patrick, et le batteur Jimmy Lewis. Rapidement, dès l'année suivante, le trio sort un premier single qui n'a rien du titre maladroit d'un groupe débutant et hésitant : "10 Outta 10" affiche déjà la personnalité d'un Boogie-Pub-Hard-Rock franc du collier, maîtrisé, et un chouia glam-rock. Pourtant The Casanovas doit galérer - et se roder - quelques années avant de pouvoir enregistrer un premier Ep en 2002. La machine semble lancée avec un second Ep paru en 2003. Et, enfin, en 2004, arrive le premier long-player. La même année, arrive un petit coup de pub avec l'incorporation de leur dernier single, "No Time for Love", à la B.O de Thunderstruck (un film australien sur des fans d'AC/DC qui , suite à une promesse mutuelle, doivent récupérer les cendres d'un comparses décédé prématurément pour les enterrer, ou les disperser près de la tombe de Bon Scott).
Un parcours, pour aboutir à ce premier essai, qui a dû se montrer usant puisque seul Tommy Boyce a pu résister aux vents et marées. Son frère, Patrick, a quitté le navire, remplacé par Jordan Stanley, de même que Jimmy Lewis, remplacé par Damo Campbell. Les efforts n'ont pas été vains car cet album éponyme est une réussite fort sympathique. Cependant, il faudra au trio attendre deux ans pour retourner en studio.
En 2006, The Casanovas confirme, et surenchéri, avec « All night long ». Si le style ne change pas, les morceaux sont nettement plus aboutis. Un disque parvient à parcourir des milliers de kilomètres pour arriver en France grâce au label dénicheur de talents spécialisés dans la musique burnée, avec un gros faible pour tout ce qu'enfantent les terres australiennes, Bad Reputation.
Les titres sont courts (entre 2 minutes 30 et 4 minutes), et quelques compositions privilégient ainsi l'urgence et l'efficacité, dans un format tendant vers un Punk-rock, toujours mâtiné de Hard-Boogie-rock franc-du-collier. Si les mentors des groupes aussies mentionnés plus haut font indéniablement partis de leur cursus musical, Il ne serait pas étonnant que ces lascars aient écouté parallèlement les Radio Birdman, Saints, Ramones, MC5. A ce titre, ils se rapproche parfois des Datsuns (avec qui, justement, ils tournèrent en 2003), de Dollhouse, des Hellacopters et ... pas mal de The Donnas.
Cependant les Casanovas ne se cantonnent pas, tels des élèves appliqués, à régurgiter une recette éculée, en y rajoutant occasionnellement un rythme plus effréné (comme certains de leur récents confrères). Leur musique s'est également imprégné du Classic-rock des années 70. Ce qui est flagrant sur les titres suivants, qui, tout en gardant un enracinement dans leur Rock endémique, ont judicieusement incorporé des influences « extérieures » pour enrichir :
- sur « Shame on You », quelques cuivres typés Aerosmith enrichissent de belle manière ce Hard-Blues débutant comme du pur AC/DC ère Bon Scott.
- « California », évoque le côté « Pop » de Silvertide (relativement car c'est tout de même moins punchy que ce dernier)
- sur « All Night Long » le premier refrain, avant d'être considérablement durci, est calqué sur « Sweet Emotion » des Duponts Volants.
- « Too Much » possède un fort parfum Rolling Stones, voire d'un Dan Baird, de Georgia Satellite.
- « Doghouse Blues » lorgne vers un Ted Nugent, (certains instants préfigurent Eagle Of Death Metal ). Le trio avait d'ailleurs précédemment repris fort honorablement le fameux "Just What The Doctor Ordered" du Motor City Madman.
- « Ain't coming down » dévoile une facette sleaze façon Zodiac Mindwarp & The Love Reaction.(Ha, oui, là, on n'est plus dans les 70's)
- l'honnête reprise du « I Thank You » du ZZ-Top démontre que leur intérêt pour les rythmes Boogie ne vient pas que de leur terre natale.
On remarque par contre que Boyce bute sur le solo de Billy Gibbons. Il essaye de contourner la difficulté en le rehaussant de wah-wah (un effet qu'il prise), sans parvenir à éviter la dure comparaison avec l'original. (n'est pas Gibbons qui veut, et son feeling, parfois même sur des phrases d'apparence simples, peut se montrer difficile d'accès).
En effet, si Boyce est indéniablement un sacré rythmicien, un élève sérieux forgé à l'école des frères Brewster et Young, Keith Richards, Jeffrey Hoad, Micks Cocks, et Dave Limzi, en matière de solo, il y a rien de transcendant. C'est bien joué, bien en place, Rock'n'Roll ou Bluesy assez goûteux, cependant rien de particulièrement lumineux. Lors des tempo les plus élevés, c'est souvent l'énergie et l'urgence, qui prime à l'application. Mais qu'importe ! Le trio se concentre sur la cohésion plutôt qu'une quelconque performance solitaire. La qualité et la consistance des morceaux écartent toutes sensations d'inachevé. Souvent les soli se fondent dans l'ensemble, permettant à la pièce de garder tout son punch. Et ce n'est pas plus mal. Rock'n'Roll !!
P.S. : le tonitruant titre d'ouverture, « Born to Run », qui déboule comme une vague dévastatrice, fut utilisé pour un jeu vidéo, Rugby 2006 de EA Sport, ainsi que pour un jeu Playstation uniquement développé pour le marché Australien, AFL Premier Ship 2006 (sur le football Australien, sport très proche du Rugby, en plus dur). "Shake It", lui, single de 2003, a été récupéré pour WRC 4 (World Rally Championship), "This is Football 2005" et "F1 2011".
Malheureusement, par suite de problèmes de santé de Tommy Boyce, le trio a été mis en sommeil pour une durée indéterminée. Un silence qui leur a porté préjudice car une déferlante de combos australiens, plus déterminés les uns que les autres, a rapidement surgit, s'attaquant sans complexe à l'Europe. La verve et la décharge électrique des Electric Mary, Airburne, Koritini et Ooh La La a fini par occulter ce chaleureux "All Night Long".
Plus de nouvelles des trois garçons de Melbourne, jusqu'en 2011, année où sort dans l'indifférence un single : "The Most Hated Man in Melbourne". Et enfin, cette année, où est apparu dans les bacs leur troisième album studio "Terra Casanovas".
The clips (mais pas les meilleures pièces)
California, c'est du Smithereen pur jus. Nom de groupe particulièrement mal choisi, à mon avis. Les Dupont Volants....
RépondreSupprimerLe patronyme aurait inspiré par le label du groupe Kiss, "Casablanca" (?). Mais aussi par dérision, puisque les membres du trio d'alors étaient tous puceaux.
SupprimerHeureusement que le fameux groupe Airburne, cité dans l'article, ne s'est pas nommé Cassbourne.
RépondreSupprimerOuaip, c'est comme pour Jason ... (oui, je sais, il se fait tard).
SupprimerL’orthographe de "Airburne" n'est pas une coquille ; c'est un peu mon sentiment sur ce groupe à mon sens racoleur et tapageur (rien dans les burnes ou, voui, un peu casse-burnes). Enfin, pas mauvais, non mais surestimé. D'autant plus que l'Australie a mieux à proposer.
Et bien je suis d'accord avec toi, cet orthographe leur va bien, je les ai d'ailleurs vu en concert il y a 3-4 ans j'ai pas pu tenir jusqu'au bout.
Supprimer