Je
ne prétendrai pas connaître la discographie de Prince sur le bout des ongles, d’ailleurs,
qui pourrait s’en targuer ? On parlait d’un Joe Bonamassa comme d’un
stakhanoviste de studio (cf, l’article récent de Bruno) ben alors, que
dirait-on de Prince, qui a dû accumuler l’équivalent de douze albums par an
durant sa carrière ! Ce n’est plus de la boulimie, à ce niveau, c’est de l’obsession !
Avec André Anderson, à la basse |
Complexé
par sa petite taille, Rogers Nelson donne tout à la musique, et au lycée monte un groupe
de Funk-Rock, avec un copain, André Anderson. C’est chez le père de
ce pote, qui possède un petit studio dans sa cave, que Rogers élabore ses
maquettes. Son groupe d’ados tourne dans la région, et déjà, le guitariste-chanteur,
comprend l’importance de se faire remarquer, en montant sur scène en slip
léopard et cuissardes ! Le groupe s’appelle Champagne, et décolle en 1976,
quand ils sont repérés par un ingénieur du son, Chris Moon. C’est à cette
époque que Rogers Nelson signe ses titres sous le pseudo de Prince.
en 1979 |
PRINCE
sort en 1979, DIRTY MIND en 1980. Les ligues de vertu s’étouffent en entendant
ses textes pornographiques, les radios boycottent. Pas que, la pochette de
LOVESEXY en 1988 où il pose nu, passe mal chez les distributeurs américains. Prince
en rajoute dans les déhanchements obscènes, et les allusions sexuelles (« Head »), joue sur l’ambiguïté et se gagne le public gay. Le but est de faire parler (arffff… les danseuses dans le clip de « Batman »…).
Et ça marche, puisqu’on se presse à ses concerts, où on découvre surtout le
musicien exceptionnel, le virtuose de la guitare. Il joue sur une Télécaster,
revendique son admiration pour Hendrix, dont il reprend les poses, assis sur
les talons, sa guitare sur les cuisses. On sent l'influence des guitar-héro des 70's, avec pédale d'effets à gogo (le jazz-rock de Jeff Beck, de Santana ?). Sa musique est un mélange de Funk pour
les rythmes, les longues transes syncopées, d’Electro (je préfère quand il sort avec une vraie section de cuivres), de Rock ou de Jazz pour les chorus.
Et son chant, tantôt voix de tête (« Kiss »), geignarde, graveleuse, grave,
déchirée à la Little Richard (lui aussi petit et jouant sur le registre grande folle...). Pas une voix surpuissante (c'était un petit gabarit) mais élastique, modulable.
C’est
le début de sa grande décennie, avec le double album 1999 (en 1982), PURPLE
RAIN (1984), SIGN O’ THE TIME (1987), LOVESEXY, son travail avec Tim Burton sur
BATMAN (1989), DIAMONDS AND PEARLS (1991). En 1987, il veut sortir un album
sans nom, sans crédit, ni titre, juste une pochette noire, sans promo aucune.
Warner s’étrangle, vend la mèche. Prince, furieux, retire la galette, qui ressortira
en 1994 sous le titre BLACK ALBUM. Bon, on arrête les frais, y’en a trop !
On
a souvent mis en parallèle Prince et Michael Jackson. Je me marre… Si le second
était, certes, un chanteur-performer de talent, Prince était un authentique musicien.
Un créateur. Il n’avait pas 18 producteurs par chanson, ne restait pas
calfeutré dans ses propriétés, n’évoluait pas au rythme de plans marketing
dictés par les banquiers. Prince était un électron libre, qui tenait à cette liberté. Il s’est heurté à la Warner, qui voulait des
tubes (et y’en a eus, beaucoup) et des disques faciles à vendre, pas des triples albums d’inédits par brouette. Pour
dénoncer la mainmise des majors, il apparait avec un « slave »
inscrit sur la joue, et abandonne son nom. Il ne
sera plus qu’un logo, le Love Symbol, jusqu’en 2000 (date de fin du contrat). Un titre issu de LOVE SYMBOL «Sexy mother fucker » (1992) est une tuerie Funk absolue (le temps fort de la batterie sur le premier temps, une galère...) !!
Au club New Morning de paris, 2010 |
Et
on ne cause pas de cinéma, avec trois films comme auteur/réalisateur à fort inspiration autobiographique (PURPLE RAIN, UNDER THE SHERRY MOON, GRAFITTI BRIDGE)
et de ses délires chez les Témoins de Jéhovah…
Prince
a constitué très tôt autour de lui une équipe de fidèles, de groupes à
géométrie variable, et composés souvent de musiciennes, comme Sheila E.
chanteuse et percussionniste. Il va écrire et réaliser des disques pour ses
collaboratrices, gérer leurs carrières, Wendy & Lisa. En parallèle de son
groupe The New Power Génération, il monte 3rdeyegirl, avec un trio de
musiciennes. Et sort deux albums en 2014, le même jour ! Re belote en
2015, deux albums atterrissent dans les bacs ! En 2009 il sortait 3
disques en un, LOTUS FLOWER dont un était chanté par Bria Valente, sa dernière
découverte !
Avec Sheila E. |
un de ses groupes, 3rdeyegirl, en 2015 |
Prince
avait digéré James Brown, Franck Zappa, Jimi Hendrix, Charlie Parker, Miles Davis,
les pop songs ou expérimentations des Beatles, autant que les compositions lumineuses
de Joni Mitchell ou Steely Dan. Excentrique, égo centrique, caractériel
surement, parano sans doute, son talent et son originalité était inversement
proportionnés à sa taille. Il alliait les expérimentations studios, le travail
des sons, modelage des voix, l’exubérance et la générosité scénique. Dans les
années 2000, je me serai damné pour assister à un de ses concerts.
Il
souffrait des hanches, prenait des antidouleurs puissants proches de la morphine
pour tenir en concert. On suppose qu’il a pris le cachet de trop. Il est mort
le 21 avril dans ses studios de Paisley Park, son Xanadu, qui est devenu son Graceland…
A l'écoute, je ne vous propose que du bon (on est sur le Déblocnot...). Donc, un classique revisité "Motherless Child", un p'tit florilège pour la TV anglaise (public guindé) qui groove du feu de dieu, un "Purple rain" compris, mais surtout un "Let's gho crazy", mettez-le à fond la caisse, et un p'tit blues, le classique encore "Red House" d'Hendrix, avec Macéo Parker au sax...
A l'écoute, je ne vous propose que du bon (on est sur le Déblocnot...). Donc, un classique revisité "Motherless Child", un p'tit florilège pour la TV anglaise (public guindé) qui groove du feu de dieu, un "Purple rain" compris, mais surtout un "Let's gho crazy", mettez-le à fond la caisse, et un p'tit blues, le classique encore "Red House" d'Hendrix, avec Macéo Parker au sax...
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Je n'étais pas un fan de Prince, mais je reconnais le talent du gars, bon musicien et compositeur prolifique. Tu dis "Excentrique,égocentrique..." Peut être un peut mégalo aussi ? Hormis ça la version de "Red House" est superbe !
RépondreSupprimerJ'ai toujours trouvé que toutes ses excentricités (look, gestuelle, attitude, etc) avaient trop souvent pris le pas sur l'immense musicien qu'il était. Un homme absolument capable tout et dans tous les domaines. En grande partie a cause de ça, j'ai clairement snobé Prince (Sheila E aussi du coup) et le gros de sa musique durant toutes ces années. Le premier a m'en avoir remercier est mon porte-feuille.
RépondreSupprimerOn se console comme on peut.
Quoi que l'on en dise, c'était quelqu'un. Un sacré personnage, et un vrai musicien. Sa musique a fait honneur au Funk (même s'il y a pas mal de trucs indigestes - enfin, à mon sens -), au contraire de nombreuses marionnettes qui l'ont réduit à une mélasse gluante et sans saveur.
RépondreSupprimerLoin de faire le béni oui-oui et la carpette devant les majors, il dut se battre contre elles pour tenter de garder son indépendance. Jusqu'à essayer de se passer d'elles, qui, pour le coup, lui mirent des bâtons dans les roues. Perdant alors en médiatisation.
A peine disparu et déjà il me manque.....enfin pas lui , mais ses musiciennes en petite tenue, pour le reste .....Pourquoi tant d'artifices et de cirque pour faire passer son art? Springsteen avec des choristes en porte-jarretelles et topless...je suis sûr qu'il n'y a pas pensé à moins que finalement.....
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