mardi 22 mars 2016

JJ APPLETON / JASON RICCI "Dirty Memory" (2015)



Voilà un duo quelque peu improbable composé de l'harmoniciste Jason Ricci et du guitariste JJ Appleton, également à la production, duo qui se mue parfois en trio avec l'apport d'un bassiste (Tim Lefebvre ou Neal Heidler selon les titres). Appleton fut le guitariste chanteur du groupe pop/rock new-yorkais les Grasshoppers qui connut son heure de gloire dans les années 90. Il a aussi composé pour le cinéma, la télé et la pub, et c'est un musicien de sessions réputé (Gov't mule, Tedeshi Trucks Band, Black Crowes, Lenny Kravitz..) ainsi qu'un producteur et songwriter très demandé, parfois loin du blues (Darius Rucker, Black eyed peas, Farrad..).

Plus connu dans le milieu du blues Jason Ricci (41 ans) est un virtuose qui ne laisse pas indifférent. Il a commencé par chanter dans des groupes punk avant de découvrir le blues et se mettre à l'harmonica, il a ensuite écumé les juke-joints du Mississippi avec les fils Burnside et Kimbrough, connu l'enfer de la drogue, la prison et la désintox et révélé son homosexualité ce qui lui a valu d'autres déboires ("Quand j'ai fait mon coming out, en tant qu'homme blanc issu d'une famille aisé, je me suis exposé non seulement en tant que gay mais également comme un blanc et comme un mec qui aime le punk et qui ne venait pas de la pauvreté totale, et qui n'avait rien en commun avec toutes ces choses associées au blues") . Un parcours pas vraiment facile qui lui a forgé le caractère et inspiré ses textes, depuis 1995 il a sorti une dizaine d'albums et cite comme modèles Paul Butterfield, Alan Wilson (Canned Heat), Sugar Blue, Sonny Boy Williamson, Little Walter, John Popper (Blues Travelers) ou Pat Ramsey.

Cette association entre les deux musiciens n'est pas sans rappeler la fameuse team Sonny Terry/ Brownie McGhee ou le duo John Cephas/ Phil Wiggins. Nous avons affaire à un blues acoustique très roots, dépouillé, dans le style "Piedmont blues", illuminé par l'harmo de Ricci qui n'est pas avare de solos dantesques, comme sur le bien nommé "Jason solo". Plus sobre Appleton place la bonne note quand il faut et quelques envolées nous rappellent qu'il est fan de Stevie Ray Vaughan, Albert King et Johnny Winter. Sur les 11 titres Appleton en signe 5, Ricci 3, les 3 autres sont des reprises: de Blind Willie Johnson d'abord avec "Nobody's fault but mine" (adapté par Led Zeppelin sur "Présence" en 1976), des Stones ensuite avec leur "Black limousine" ("Tattoo you", 1981) et enfin "It ain't no use" chanté la première fois par ZZ Hill (1971, écrit par Jerry Williams, Don Hollinger et Gary US Bonds. 
Fan de blues acoustique dynamique et d'harmonica ayant pactisé avec le devil ce disque est pour vous !

ROCKIN-JL

Article parue également dans BCR la Revue,  meilleure revue de blues in the world

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