Extrême d'une certaine façon
Qu'il y en a des choses à dire sur ce quatrième
album des Bostoniens de EXTREME paru en 1995. Quelques 20 après sa parution, Waiting for the Punchline restera l'une
des œuvres du groupe les plus atypique et déroutante qui soit.
Nuno Bettencourt |
Un peu plus tard, quand était apparu le
très ambitieux III Sides to Every Story, le fan transi que j'étais alors, mesurait à quel point le groupe de Gary Cherrone (chant) et de Nuno Bettencourt (guitares) n'était pas un groupe tout à
fait comme les autres. A l'instar d'un groupe tel que le géant Queen, dont le groupe n'avait d'ailleurs
jamais cherché à cacher sa complète admiration.
Encore plus politisé que ne l'était déjà
Pornograffitti, III Sides to Every Story montrait les signes d'un groupe clairement
sensibilisé (heurté) par les problèmes du monde. Qu'ils soient gouvernementaux,
raciaux ou environnementaux. Et si l'espoir d'une lumière (conscience) nouvelle
transparaissait ouvertement sur ce troisième album du groupe, Waiting for the Punchline en serait le
revers. Ou comme si il se faisait l'écho d'un monde courant a son propre
désastre. Au final, l'album y dépeint d'avantage le changement dans la
rupture. Celle qui déstabilise. Celle qui fait mal aussi, parfois.
Le disque est donc un disque amer, acide.
État des lieux d'un suicide annoncé
En premier lieu, lors des premières
écoutes, on se sera de suite interrogé sur le pourquoi d'une telle tonalité. Ce
qui aura instantanément eu pour effet de rebuter beaucoup des fans du groupe
dès la sortie du disque. Beaucoup moins focalisé sur son jeu en
rythmiques, l'un de nos derniers vrais "guitar hero", Nuno Bettencourt réinvente son style,
modifiant son son et son phrasé au point d'avoir bien du mal à le reconnaître.
Nettement plus installé ici dans des influences et un style largement emprunté
aux années 70' (jusque dans ses effets), les fans des 3 albums précédents auront
eu bien du mal à y retrouver leurs petits. A l'instar d'un titre comme "Naked", EXTREME emprunte cette
fois ci bien plus au Blues qu'au Hard Rock typique qui l'avait fait
connaître jusque-là.
L'album, souvent sombre, s'ouvre sur le
titre "There is no God ". Autant dire que le ton est alors donné sans la moindre précaution. Ce qui
me frappe également et immédiatement c'est le son de l'album : brut ! Rien
qu'à travers le son de la batterie, c'est comme si l'auditeur se trouvait dans
la cabine d'enregistrement et devant chaque micro. Tout sonne clair,
naturel et de façon extrêmement distincte.
Tantôt rageuse, tantôt dépressive, à
l'instar de son titre d'ouverture, de l'ultra agressif "No respect" ou de '"Evilangelist", ces titres
résument, mieux que de longs discours, l'état d'esprit qu'était semble-t-il
celui du groupe au moment d'enregistrer ce disque. Il y a clairement de la
colère dans les rangs du groupe. Ou sinon un certain écœurement.
Chacun des morceaux qui officie sur le
disque semble nous dire dans chacun de ses propres notes la chose suivante : Nos
rêves d'hier se sont a jamais envolés et la fête est belle et bien finie.
En atteste aussi le chapiteau démonté illustrant la pochette. De même,
dans son édition double (avec 2 très bons titres en supplément), un
clown fait face au revolver qu'il tient, tout en esquissant un sourire…
Décidément ! L'heure ne semble plus du tout à la fiesta chez EXTREME.
Un disque qui se bonifie avec les années
Nuno Bettencourt (guitares), Mike Mangini (batterie) Gary Cherrone (chant) et Pat Badger (basse) |
Si l'on veut bien faire abstraction
(aussi) du départ du Batteur Paul Geary (remplacé sur ce seul album
par Mike Mangini - Actuel batteur chez Dream Theater), tout comme celui de ne pas céder à la
comparaison avec ce que le groupe nous proposait bien peu de temps auparavant,
alors on parviendra, sans trop de mal, à trouver à ce disque une multitude de
qualités. Pour ma part, "There is no God", "Tell me Something I Don't Know", le remarquable instrumental acoustique "Midnight
Express", ou encore "Leave me Alone", "No Respect" et "Inconditionally" se suffisent
à eux-mêmes. Et puis voilà exactement le genre de disque qui, plus de 20 ans
après sa publication, réussi l'exploit de traverser toutes ces années sans la moindre
ridule. Pas mal dites-moi pour un disque trop et si souvent boudé jusque-là
?
Un peu comme chez Queen, les 4
membres de EXTREME auront très
vite refusé de s'illustrer et de se vendre (à tout prix) sur la seule base de
leur gigantesque et retentissant succès du moment. Privilégiant l'envie
d'offrir des choses très différentes à chaque fois. Grave erreur continueront
d'affirmer certains. Toujours est-il que le groupe, après l'échec commercial
d'un tel disque, ne reprit du service que quelques 13 ans plus tard (en 2008)
pour un ultime album studio intitulé Saudades de
Rock et dont le contenu m'aura été plus
difficile à digérer.
Un groupe que j'avais découvert avec "Pornograffitti" et le titre "Decadence Dance" et Nuno et sa Washburn.
RépondreSupprimerUn très bon groupe, j'ai commencé à vouloir apprendre la gratte sur une N4 car je pensais que j'allais avoir le même son que Nuno, tu parles, j'ai vite abandonné.
RépondreSupprimerJ' adore saudades de rock, je ne le trouve pas plus déstabilisant que les autres albums ???
Pour ma part, c'était "Get Out the Funk Out" (avec Pat Travers quelque part à la gratte) qui m'avait scotché au plafond ("PAF !" - pourtant, j'suis pas un poids plume ; m'enfin).
RépondreSupprimerLe CD (de "Pornograffitti") avait longtemps squatté le mange-CD portatif et brutalisé les oreilles des collègues.
Effectivement, ce Waiting for the Punchline n'a eu le succès qu'il aurait mérité. L'album est certes inégal, mais il comporte tout de même quelques pièces de choix qui devraient faire - logiquement - la joie des métallovores, ou autres amateurs de grosses sensations électriques (même si quelques soli semblent avoir été joués sous l'emprise de substances "psychédéliques").
Il aurait peut-être fallu qu'Extreme ne s’occupe pas de "ce qui ne le regarde pas"... Déjà, rien que les titres "There is no God" et "Evangelist", aux USA, il y a de quoi s'attirer la censure et la disgrâce des "bien-pensants".
On parle de Nuno mais il faudrait pas occulter le passage désastreux de Gary Cherrons Chez Van Halen...
RépondreSupprimerIl s'est fait dépecer le malheureux,
Désastreux, malheureux, poils au yeux !
Bravo pour la chronique Vincent. Et tu sais quoi ? Ca m'a donné envie de réécouter l'album. Aussitôt dit aussitôt fait ! Hé ben y'a quand même du gros bon son là dedans. On a affaire à un groupe mature qui ose se renouveler avec brio. Les masses n'ont pas suivi, peut-être auraient-elles préféré que le groupe enchaîne X fois les mêmes ingrédients et les mêmes recettes (toutes façons, le grand public connait surtout "more than words" mais après...), mais moi je salue la démarche. Et ça n'enlève rien aux multiples qualités de cet album, dont celui en effet de pouvoir s'écouter bien des années après sans avoir à rougir de la production de l'époque.
RépondreSupprimerMerci EXTREME, merci Vincent !
Pardon d'avoir autant tardé pour vous répondre: Plus d'ordi depuis 15 jours ! Grrrr !!!
RépondreSupprimerHeureux que la chronique de cet album vous donné l'envie de le redécouvrir comme moi.
L'après Extreme fut en effet un vrai désastre artistique, que se soit chez son chanteur ou le guitariste. Je crois que pour ce qui concerne l'album III des Van Halen, il s'agit selon moi du plus pitoyable album de Rock qu'il m'ait été donné d'entendre.
Après Saudades de Rock, leur album du retour, les Extreme avaient aussi publié un Live en forme de "Best Of". Son équivalent en DVD mérite que vous vous le procuriez tant ce concert est excellent.
Merci a vous tous de votre passage ici.
Vincent
Haaaa.... pas totalement désastreux si l'on prend le fantastique unique disque de DramaGods : "Love".
SupprimerUne bombe que je kiffe à donf !
Ah oui en effet Bruno, j'en avais entendu parler de ce DramaGods (ou Dogs). L'actuel batteur de Extreme en faisait d'ailleurs partie il me semble.
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