Dominik
Moll (avec un k, il est d’origine allemande) nous avait épatés avec son premier
long métrage, HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN (2000), thriller
psychologique, qui reposait sur l’emprise d’un homme maléfique sur un jeune
couple, à l’issue sanglante. Ca foutait les jetons. Ce thème, Domonik Moll n’a
cessé de le développer ensuite, dans LEMMING (2005) aux lisières du
fantastique, et LE MOINE (2011) imbroglio gothico-satanique. Sans renouveler la réussite de son premier film.
DES
NOUVELLES DE LA PLANETE MARS tient du même principe, mais sur le versant
comédie. Mars, c’est Philippe, Philippe Mars, divorcé, deux enfants,
développeur informatique. Qui rêve de ballade dans l’espace. Le générique nous
le montre arrivant des confins de l’univers, puis survolant Paris. Philippe est
un homme bon. Une première scène résume bien le personnage (un bon point pour
le scénariste…). Philippe demande à un voisin de ramasser la crotte que son
clébard vient de lâcher sur le trottoir « où passent des enfants, qui
pourraient glisser et se faire mal ». Le mec l’envoie chier : « j’ai
mes propres problèmes, les autres je m’en tape ». Philippe lui dit : « si
chacun mettait du sien, ça réglerait les problèmes des uns, et des autres, non ? ».
Ahuri, l’autre lui demande : « Vous croyez vraiment à ce que vous
dites ?! ». Bah, euh… oui… Rire sarcastique du voisin.
Philippe
Mars est gentil, serviable, au point de recueillir chez lui Jérôme, un collègue
névrotique qui a failli le tuer à coup de hachoir (il lui a juste coupé l’oreille,
ce qui vaut à Philippe de se faire surnommer Van Gogh !), échappé de l’hôpital
psychiatrique. L’intrus. Celui qui s’immisce dans votre vie, la dérègle, la
bouscule, la fait éclater. Jérôme, sangsue gentille comme tout, morbak sous prozac ahuri, mais
parfois inquiétant, invite Chloé, elle-même échappée de l’asile, à emménager
chez Philippe. Chloé est une activiste végétarienne, phobique, elle ne supporte
aucun contact physique et mord les gens…
Philippe
Mars essaie de maintenir à flot sa maisonnée, gérer son fils de 12 ans qui vire
aussi végétarien (« Gandhi était végétarien, il a réalisé de grandes
choses »… « Hitler aussi… »), sa fille de 17 ans, thèseuse compulsive
pour ne pas finir en looser, tel qu’elle définit son gentil papa.
Il
y a plein de personnages loufoques dans ce film, comme le vieux voisin, ancien
chauffeur de Giscard, qui roule encore en SM. Jérôme et Chloé, couple
improbable, enfermés dans leurs névroses respectives, le chef de Philippe, tout
en écoute mais qui vire rapidement parano, les parents décédés de Philippe qui
reviennent le voir, profitant d’une faille spatio-temporelle, mais faut faire
gaffe à pas se faire piquer en rentrant, normalement les morts n’ont pas le
droit ! Y’a aussi l’ex-femme de Philippe,
journaliste, qui doit placer à l’antenne le mot « concombre » dans
ses commentaires politiques, et la sœur, peintre déjantée, et son chien…
La
progression du film est intéressante, le crescendo est lent, les couches d’emmerdes
se superposent imperceptiblement. Notamment le fiston, en cinquième, qui
échange des textos porno avec Roxane, de sa classe, juste une copine, comme ça,
qui le suce aux toilettes et serait bien tentée la prochaine fois par une
sodomie ! La scène où Philippe essaie d’expliquer ça au proviseur est hilarante !
Autre bon moment, l’exposé du fils sur un abattoir de poulets, qu’il rédige
avec Chloé, osant le parallèle avec le camp de Treblinka, que la père trouve un peu osé...
Evidemment,
Philippe explose, veut remettre de l’ordre dans cette chienlit, mais c’est sans
compter le projet d’attentat à l’explosif contre un nouvel abattoir à Sedan… Ce
film est vraiment bien écrit, il est surtout très bien joué, François Damiens
est excellent, et chose rare, les deux gamins aussi. Vincent Maccaigne rappelle
le Depardieu d’antan, par sa masse physique et sa sensibilité. Le film emprunte
au fantastique poétique, des petites notes délirantes, les dialogues sont
drôles, les personnages bien dessinés. Il manque sans doute un rythme plus
soutenu (la comédie est affaire de tempo, bon sang, depuis le temps qu’on le
dit !) un réel engagement dans la comédie, plus franche, on sent Dominik
Moll moins à l’aise dans ce registre, il peint par petites touches, reste un
peu sage, ne parvient pas à lâcher les chevaux.
Mais
voilà un petit film sans prétention, joliment écrit, qui dénote par son ton, un
peu barré, loufoque, attachant, plutôt rafraichissant.
couleur - 1h40 - format scope
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François Damiens est toujours excellent.
RépondreSupprimerMa parole Luc, c'est une véritable frénésie de ciné en ce moment !!! Mais tu bosses quand alors ?
RépondreSupprimerFrançois Damiens toujours excellent dis-tu Shuffle ? Mouais; je veux bien. Sa participation au premier OSS 117 n'était quand même pas a tomber de sa chaise. Et pour l'avoir vu dans cette sinistre farce qu'est "Dieu habite Bruxelles" (ou un truc dans le genre), aux côté de Benoit Pool-machin, et voilà que je me dis avant tout que le gaillard choisi plutôt mal ses rôles. Et puis on commence a le voir un peu trop souvent ces derniers temps. Un peu comme Kad Merad a une certaine époque.
@+
Je l'ai vu que dans les bons, alors...
RépondreSupprimerT'es vache Vincent, F. Damiens dans OSS il avait un troisième rôle ! Il peut faire des films moins bons (la faute à qui, à l'acteur ?), mais lui je le trouve rarement décevant. Il fait partie de ces acteurs complets, à la fois déconnant et tout en retenu, qui font du populaire ("la famille bélier") du plus pointu comme ce "Mars" ou "Tip Top", du drame dans "les Cowboys"... (ses caméras cachées sur la télé belge sont excellentes !)
SupprimerPour OSS 117 c'est vrai. Mais je déplore qu'il s'affiche dans autant de films, dont une pléiade de navets et/ou de daubes (la famille Belier en tête).
RépondreSupprimerJe n'ai rien contre la personne, mais j'ai le sentiment que Damiens s'illustre trop souvent dans des personnages "forcément" décalés.
Il n'est pas interdit de me (nous) guider sur une sélection de ses films qui mériteraient selon vous (toi et Shuffle) vraiment le détour.
Je suis tout ouïe. Hi hi ! :-)
Ah oui "Cowboys" c'est vrai. Un film sortie dans des conditions pour le moins particulière compte tenu des attentats. Tu nous en parleras sans doute un jour.
RépondreSupprimerIl y a aussi un aspect à prendre en compte, je crois, pour ces acteurs dits de "second rôles" qui rament pendant 20 ans avant d’accéder aux premiers rôles. Du coup, ils prennent tout ce qu'on leur propose. C'est très concurrentiel ce métier, si tu laisses passer un rôle ou deux, tu risques de te retrouver sur le carreau, ou finir dans une série pour TF1 ! Ils ont attendu longtemps avant d'être reconnus, et dans les métiers artistiques, tu as toujours peur que le public t'oublie. Même des stars comme Deneuve, peuvent sur une période aligner deux ou trois tournages par an, et puis ça se calme, ça revient... Sauf si tu fais du théâtre en plus. Dans ce cas, la télé sert à cachetonner.
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