La séance cinoche de la semaine
dernière envoyait du lourd, avec Dheepan [ clic sur l'article ]. Ce vendredi, on va faire dans le
beaucoup plus léger, avec le dernier film de l’iconoclaste Michel Gondry. Ce
réalisateur venu du clip vidéo, travaille des deux côtés de l’Atlantique, sur
des grosses productions (THE GREEN HORNET, 2011) ou des projets plus
expérimentaux (THE WE AND THE I, 2012, entièrement filmé dans un bus scolaire).
MICROBE ET GASOIL est un film
français, à petit budget, et révèle une grosse part autobiographique. L’histoire
est celle de Daniel, dit « Microbe » pour sa petite taille, élève de
quatrième, souvent pris pour une fille à cause de ses cheveux longs. En cours
d’année, on lui colle comme voisin Théo, dit « Gasoil » car ses mains
sentent l’essence. Théo est plus dégourdi, imaginatif, bricoleur. Les deux
gamins ont en commun d’être solitaires, vus comme des originaux, victimes de
quolibets. Ils deviennent copains et se lancent dans la construction d’une
voiture, bricolée avec un sommier, un moteur de tondeuse et quatre roues !
Et d’attendre les prochaines vacances pour se barrer sur les routes de France.
C’est du pur Gondry, lui-même
bricoleur de génie, digne héritier de George Méliès. MICROBE ET GASOIL est une
comédie douce-amère, un conte initiatique, qui par certains aspects rappelle
LES 400 COUPS de Truffaut. Deux personnages un peu marginalisés, qui vont s'assumer comme tel. Les zinzins, les doux-dingues, les rêveurs peuplent les films de Gondry.
La famille de Daniel est
plutôt bourgeois-hippie, avec une maman totalement space ! Jouée
divinement bien par une Audrey Tautou azimutée, qui emmène son gosse à des
conventions quasi sectaires pour élargir son esprit. Daniel est doué en dessin,
il va d’ailleurs exposer ses gouaches (une série sur les punks). Mais il cache sous son
matelas d’autres dessins, pornos, sur lesquels il se branle ! Et quand sa
mère tombe dessus, sa seule réflexion est : « j’ai vu tes dessins, je
les trouve presque plus intéressants que tes peintures… mais dis-moi, ça sort
de ton imagination ou c’est d’après des modèles vivants ?! ».
Théo, lui, à un père
antiquaire, autoritaire, et une mère malade. Il est conscient d’être vu comme
fils de prolo, et s’est forgé une personnalité plus mature. Il tient des
discours plus mûrs, a une opinion sur tout, ne semble pas s’intéresser à son
monde de collégien. Un peu condescendant aussi. Il sait les soucis de Daniel pour se faire respecter, et
tient à lui venir en aide.
Et voilà les deux bricoleurs
qui partent dans leur voiture, habilement camouflée en cabane pour ne pas être
arrêtés par les gendarmes ! Les péripéties s’enchainent, ils se retrouvent
sur la propriété d’un dentiste à moitié psychopathe, dans une fête de village,
poursuivis par des triades chinoises, après que Daniel se soit enfuit d’un
salon de massage-coiffure, sans payer, horrifié par les hôtesses en soutifs
qui lui proposaient un autre style de shampoing aux œufs… Les protagonistes
ayant 14 ans, on tourne pas mal autour de la vie amoureuse et sexuelle de
Daniel, qui en pince pour Laura, une grande brune de sa classe. Théo, lui, semble au dessus de tout ça...
Il y a un petit sentiment nostalgique diffus, à voir des ados d'aujourd'hui se passionner pour une voiture bricolée, délirer sur leur périple, préférer la carte Michelin au GPS. L'I-phone de Daniel (prêté par son frère) finissant sous un étron... je vous laisse découvrir la scène ! Ou cette réplique « je ne peux pas rester ici, y'a un poster de Shakira au dessus de mon lit - Shakira ??! On se tire... » Et sur la fin, on vire un peu surréaliste, les images filent à l'envers, et Daniel pense revenir dans le passé.
Il y a un petit sentiment nostalgique diffus, à voir des ados d'aujourd'hui se passionner pour une voiture bricolée, délirer sur leur périple, préférer la carte Michelin au GPS. L'I-phone de Daniel (prêté par son frère) finissant sous un étron... je vous laisse découvrir la scène ! Ou cette réplique « je ne peux pas rester ici, y'a un poster de Shakira au dessus de mon lit - Shakira ??! On se tire... » Et sur la fin, on vire un peu surréaliste, les images filent à l'envers, et Daniel pense revenir dans le passé.
C’est rondement mené, c’est
malin, à la fois divertissant et bien observé, le ton est juste, les dialogues
sont drôles (Daniel se laissant persuader par Théo qu’il n’est pas influençable,
se rend donc compte, qu’il est influençable !). Michel Gondry évite les
niaiseries, les leçons de morale, les grands sentiments. Il adopte le point de
vue de ces deux héros, qu’il ne prend pas pour des cons. Et donc, le spectateur
non plus. N'hésitez pas à emmener vos enfants (à partir de 9-10 ans ?) cette belle aventure peut se déguster à tout âge.
couleur - 1h40 - format 1:1.66
ooo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire