- Coucou
M'sieur Claude… vous avez vu mon joli maillot de bain flashy ????
- Mais Heuuu
??? Oui oui, il est bien votre bikini avec string assorti multicolore, mais ce
n'est pas une tenue dans un service de rédaction mon petit, enfin !?
- hihi, je
pars au Brésil cet été, me faire dorer sur la page de Copacabana… j'ai adopté le
style local, je profite d'être jeunette…
- Assurément,
et si je puis me permettre, vous partez avec un petit ami ?
- Heuu oui, mais
je préfère ne pas trop en parler…
- Ah ah
petite coquine, gardez vos secrets, cela ne me concerne pas… passez de bonnes
vacances… et attention aux UV !
Sonia sort
dans le couloir en sautillant… et hurle :
- M'sieur Rockiiiin', M'sieur Claude l'a
trouvé super mon maillot, on a bien choisi…
Ottorino Respighi (à gauche) et son élève Carlo Alberto Pizzini |
C'est par son triptyque romain (Les pins
de Rome, Fontaines de Rome
et fêtes romaines) que le compositeur
postromantique italien Ottorino
Respighi reste le plus connu. Quel chef d'orchestre n'a pas un jour
ou l'autre désiré s'éclater en dirigeant ces trois suites symphoniques
brillantes et à l'orchestration luxuriante, placé à la tête d'un orchestre de
prestige répondant au doigt et à l'œil ?
Il y a trois ans, nous avions visité Rome en compagnie
de Respighi et du chef italien Guiseppe Sinopoli qui avait su conjuguer
dans son enregistrement la grandeur parfois exacerbée des partitions et la
poésie des évocations de la ville éternelle, de sa douceur nocturne à son prestige
antique (Clic).
Cela dit, la production de Ottorino
Respighi ne se limite pas cette trilogie archi rabâchée et sur-engistrée
depuis les gravures de Toscanini.
Ainsi, nous avions découvert un Respighi
amateur de musique orientalisante (genre très à la mode à l'époque) dans le Poème automnale pour violon et orchestre,
une œuvre faisant partie d'un récital de la jeune Julia Fischer (Clic).
Même si Ottorino
Respighi fut l'élève du rigoureux Rimski-Korsakov,
l'article de 2012 mettait l'accent sur la modernité de l'écriture du
compositeur italien. Ce dernier n'a pourtant jamais appartenu à une courant
précis, comme l'école de Vienne ou adopté les recherches tonales de Bartók. Il va plutôt subir les influences
expressionnistes d'un Debussy
et le sens de l'orchestration expansive d'un Richard
Strauss. Et puis, comment ne pas penser à Stravinsky
en écoutant la dernière fête romaine et son instrumentation exaltée, une bacchanale
passionnée ? Respighi est un peintre, un
coloriste de la musique par sonorités instrumentales rutilantes interposées.
Les impressions brésiliennes,
petite suite en trois tableaux, en sont une nouvelle preuve.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Geoffrey Simon |
La jaquette présentée en titre est celle d'une
compilation parue en 2013, des enregistrements
réalisés de 1984 à 1991 par Yan Pascal Tortelier (Clic) et Geoffrey Simon : un double album
vraiment intéressant dans le sens où il réunit les œuvres les plus passionnantes
de Respighi (manque juste la suite "les oiseaux", mais… il n'y avait pas
la place). L'illustration sans rapport avec le Brésil a été suggérée au graphiste par la suite "vitraux d'église". Bien entendu, on
peut entendre le triptyque romain dans une interprétation de belle facture avec
une prise de son de grande qualité… Il existe d'autres gravures dédiées à Respighi sous la baguette de Geoffrey Simon mais en albums séparés à la durée plutôt chiche, toujours pour le label CHANDOS.
XXXX |
1 – Nuit
tropicale (vidéo 1) : Ah la belle nuit étoilée dans la torpeur tropicale.
Quelques bruissements de cordes, des arpèges de harpes, et puis des notes de
vibraphones qui scintillent. Un italien dans la force de l'âge, plongé dans les
chaudes nuits brésiliennes, ne peut-être insensible aux charmes des belles métisses
couleur café comme chantait Gainsbourg. Quelle lascivité dans ses glissandi
(oui Rockin ! il y avait déjà des jolies et voluptueuses danseuses en ces années
là).
Respighi
construit ce bel adagio à partir de thèmes locaux entendus à Rio. Plus avant
dans cette introduction, de lointains échos de samba ou d'autres danses folks
se font entendre… Une musique qui s'étire, se love, et fait penser à l'impressionnisme
du Debussy de la Mer
ou des Nocturnes. On pense à Milhaud aussi. Une orchestration
chatoyante et un flot érotisant et moite que met en valeur avec délice Geoffrey Simon et son orchestre au
phrasé si délié. Les mélodies ensorcelantes du hautbois peuvent symboliser un
noctambule qui s'attarde dans la tiédeur nocturne… Une page aux mille feux et finement exotique.
2 – Butantan : (vidéo 2)
(Butantan
est un centre d'étude des reptiles près de São Paulo). Il fallait y penser
! M. et Mme Respighi rendent visite aux serpents amazoniens : les gros flegmatiques
comme l'anaconda où les plus petits aux couleurs attrayantes mais qui vous
tue en 5 secondes… Requiem Aeternam ! Brrr, quelques accords des cordes aiguës font froid dans le
dos surtout quand s'invite le contrebasson qui intervient pour accentuer le climat flippant de la visite.
Respighi s'amuse, Mme ? Je ne sais pas… Le compositeur
montre son habilité par nombre de métaphores musicales : sifflements des cordes
simulant les crachouillis des reptiles dérangés dans leur sommeil, cliquetis du tambourin
accroché à la queue d'un crotale… Respighi
sort la carte de l'humour noir en intégrant de le Dis Irae du final de la Symphonie Fantastique de Berlioz : le thème glaçant et funèbre qui annonce le
sabbat de sorcières. Celles-ci n'utilisent-elles pas dans leurs potions le venin de ces créatures
diaboliques condamnées à la reptation par le Très Haut ? Geoffrey Simon dirige un orchestre ondulant et inquiétant, contorsionne
avec satanisme bon enfant les enroulements des mélodies serpentines. Aucun
exotisme de pacotille. Respighi
est un farceur… et un génie de l'orchestration. Oui, je me répète...
3 – Chant et
danse (vidéo 2 - [4:50]) : Après
les affres face aux serpents, retour aux joies de la danse et de la chaude
musique latino. Geoffrey Simon dirige
avec retenue ces thèmes populaires, une direction poétique en opposition avec les
possibles déferlements frénétiques du célèbre carnaval de Rio. L'écriture fantasque et
bariolée déjà présente dans les deux premières parties conduit cette œuvre pleine
de vie, d'ombres et de lumières, à sa conclusion.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Comme tu l'écris si bien, il est vrai que la première partie fait penser a Debussy matinée Darius Milhaud (Je découvre l'oeuvre !) , mais dans la deuxième partie, je n' entend pas des serpents, mais des oiseaux (1:30) avec ce son de flûte traversière et de clarinette qui s'entrecroise. Le final ? un mélange du boeuf sur le toit de Milhaud et de l'ouverture du Corsaire de Berlioz, voila comment j'entend Respighi dans les Impressions Brésiliennes alors que je ne connaissais que le Pins de Rome, les Fontaines de Rome et les Fêtes Romaines, cela n'empêche pas que j'aime beaucoup cette oeuvres.
RépondreSupprimer