Quel est donc cet ours hirsute dont la barbe et la tignasse donnent
un faux air de Jerry Garcia (Grateful Dead) ou Bob Hite (Canned
Heat)? Pas vraiment encore connu dans nos contrées ce Whitey Morgan,
pourtant il s'impose outre Atlantique comme un des plus solides
performers rayon rockin' honky tonk. Atavisme familial car le
grand-père de Whitey arpentait aussi les saloons country et lui a
apprit à jouer, Whitey lui a rendu hommage sur un album acoustique
"Grandpa's guitar". Ce chanteur guitariste fonde son
groupe en 2005 et après 2 albums studio (2008 "Honky tonk &
cheap motels" et 2010 "Whitey Morgan & the 78's")
voici ce live capturé en 2011 à Flint, Michigan, la patrie de
Whitey.
La bande d'outlaws qui l'accompagnait ce soir là comprenait Brett
Robinson (pedal steel guitare), Mike Lynch (piano, orgue), Dan Coburn
(harmonica), BJ Vermeylen (guitare), Tony DiCello (drums) et JD
McKinder (basse), à noter que depuis le line up du groupe a évolué.
Pour un artiste que je ne connaissais pas, la surprise a été
carrément bonne, ce live bien rythmé ne souffre d'aucun temps mort
et propose une immersion au comptoir d'un country bar redneck ,
difficile de ne pas taper le sol de ses santiags comme les truckers
qui font couler la Budweiser à flots, gaffe quand même à ne pas
marcher sur leurs "Blue suede shoes", une bonne baston
démarre vite dans ces bouges...
Cette country énergique doit beaucoup à Waylon Jennings, Charlie
Daniels ou Marshall Tucker et se teinte d'intonations sudistes à la
Allman Brothers Band, de rock carré à la Tom Petty, John
Mellencamp, John Fogerty voire de laid back cher à Tony Joe White.
Tous ces ingrédients donnent un cocktail réjouissant où ressortent
les instruments, le piano honky tonk, la lap steel, l'harmo et des
solos de guitares tranchants sans oublier la voix de Whitey, un peu
râpeuse, bourrue et chaude à la fois.
13 titres au programme dont quelques reprises, le "Cocaïne
train" de Johnny Paycheck avec son piano à la Jerry Lee Lewis ,
"I'am on fire" (Springsteen), "Bad news" de John
Loudermilk dans une version proche de celle de Johnny Cash, "Mind
your own business" (Hank Williams) et "Where do you want
it" de Dale Watson, consacrée à un fait divers impliquant le
légendaire songwriter Billy Joe Shaver*. Mais les compos de Whitley
sont également excellentes, comme les 3 "drinkin' songs":
"Turn up the bottle", "Another round" (une autre
tournée), "I ain' drunk"; la picole un thème de
prédilection de la country avec les femmes et les histoires d'amour
qui finissent mal, dans l'ordre les femmes, puis la tromperie qui
mène à l'alcool...Citons aussi l'enlevé "Buick city" qui
ouvre le concert , "Cheatin again" et "Honky tonk
Queen", une irrésistible ballade country rock à savourer
vitres ouvertes sur la highway.
Ce disque m'a vraiment emballé par son entrain et l’énergie qu'il
dégage, sans temps mort ni ballades mièvres. "It's good to be
back home" déclare Whitey en intro et cela se sent tant sa joie
est communicative. Enjoy!
(*en Avril 2007 Shaver flingue un type à la sortie d'un bar à
Lorena (Texas), il sera acquitté en 2010, au motif de la légitime
défense)
ROCKIN-JL
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