"Mort ou vif...de préférence mort" est un western italien de 1969 signé de
Duccio Tessari avec en tête d'affiche
Giuliano Gemma.
Avant de parler de ce film je vais profiter de l'occase pour rendre hommage à Monsieur Gemma, qui nous a quitté en Octobre 2013, victime d'un accident de circulation à 75 ans. Fin idiote pour un gars qu'on a vu souvent courir sur le toit d'un train en marche ou sauter d'une diligence en plein galop...
Gemma pour le fan de western spaghetti, c'est vraiment l'acteur emblématique du genre, même si Franco Nero, Thomas Milian, Lee Van Cleef, Terence Hill, Clint Eastwood ou Gianni Garko sont aussi des figures incontournables.
Vu de France on imagine mal la popularité qu'avait l'homme à la cicatrice sur la joue, en Italie mais aussi au delà, en Asie et plus particulièrement au Japon et en Afrique, seuls en France Belmondo et Delon ont joué dans cette cour.
Né en 1938
Giuliano se passionne pour le sport, acrobatie (il travaillera dans un cirque), boxe, athlétisme, tennis, natation, il pratiquera plusieurs petits métiers et commence dans le cinéma en tant que cascadeur sur "Ben Hur" notamment puis trouve quelques petits rôles (dans Messaline 1960, "La planète des hommes perdus" 1961) avant que Tessari le remarque et lui offre la tète d'affiche de l'excellent "Les titans"(1962), péplum divertissant et humoristique où Gemma espiègle et bondissant crève l'écran, gros succès. C'est la grande période du péplum et il apparaît dans 4 ou 5 plus des rôles dans le Guépard de Visconti (1963) et "Angélique Marquise des anges" (1964) ou il incarne le beau Nicolas.
Mais Tessari ne l'a pas oublié et quand le western s'impose à Cinecitta et Alméria il lui donne la vedette dans "Un pistolet pour Ringo " et "Le retour de Ringo", gros succès à nouveau (sous le pseudo américanisé de Montgomery Wood choisi par la production).
On le retrouve en tout dans 17 westerns, les ayant quasi tous vu je conseille
"Le retour de Ringo",
"Arizona Colt",
"le dollar troué",
"Adios gringo" et
"Le dernier jour de la colère". Puis le western tire à sa fin, et avant de mourir définitivement ou presque se vautre dans la parodie, c'est ainsi que l'on retrouve
Gemma dans le moyen "Le blanc le jaune et le noir" pourtant signé Sergio Corbucci. On le retrouve aussi dans le sympathique "Les anges mangent aussi des fayots", parodie de film de gangster ou il fait duo avec Bud Spencer et "les sorciers de l'ile au singe", plus dispensable ... Beaux rôles par contre en "Robin des bois" (1970) et dans" Le désert des tartares"(1976).
Gemma tournera jusqu'en 2007 pour le cinéma et la télévision, au total sa filmo regroupe pas loin de 100 métrages et aura abordé toues les genres, péplums, westerns bien sur, aventures, comédies, guerre, polar, romanesque. Sa présence à l'écran, son coté espiègle, ses acrobaties de cascadeur, son charme et ses choix de films, bons pour la plupart, l'ont inscrit à jamais dans la mémoire du cinéma italien et le coeur des cinéphiles, et bien sur des amateurs de westerns comme myself.
A noter qu'il était aussi un sculpteur renommé, sa vraie passion, et a eu 2 filles magnifiques, Giuliana et Vera, également actrices ; une vie bien remplie donc.... RIP amigo.
Revenons en on à ce
Mort ou vif, sorti en France sous le titre "La chevauchée vers l'Ouest".
1969 voit la sortie de 37 westerns (80 en 1968) et le genre commence à s'essoufler, parmi les meilleurs de cette année là notons "Ciakmull", "Le dernier des salauds", "Django le batard", "Sabata" ou "Et le vent apporta la violence". Les premiers westerns humoristiques apparaissent, avant "On l'appelle Trinita" (1970) et ses suites.
Le film qui nous intéresse aujourd'hui est signé
Duccio Tessari (1926-1994) qui laissera une quarantaine de films, en commençant comme il se doit par les péplums, il sera scénariste et assistant sur une quinzaine ("Les derniers jours de Pompéei", "La vengeance d'Hercule", "La reine des amazones""Le colosse de Rhodes" de Sergio Léone...), avant de signer lui même le trés réussi "Les titans" qui marque sa première collaboration avec Gemma, puis il aborde le western ( les 2 "Ringo", "Et viva la revolucion!"..), le giallo ("Un papillon aux ailes ensanglantées"), l'aventure et le polar ("Kiss kiss bang bang", "Big guns" avec Delon ("les grands fusils"), "L'homme sans mémoire", "Les durs" (avec Lino Ventura), "Zorro"(avec Delon). De lui également le très dispensable et farfelu "Les sorciers de l'ile aux singes" (ou "Safari express") avec Gemma et la sublime Ursula Andress dont les courbes sauvent le film..
LE FILM
Monty Mulligan (Gemma) est un joueur invétéré, dandy , espiègle, poursuivis par ses créanciers dont un gang de 4 barbus, les frères McIntosch. Par miracle il hérite d'un riche oncle, mais la condition pour toucher le pactole est qu'il doit retrouver son frère Ted et vivre 6 mois avec lui. Le Ted (Nino Benvenuti) en question est un fermier bourru et colérique et la cohabitation avec son explosif frangin va être détonante. D'autant que Ted a des ennuis lui aussi, avec une bande d'outlaws menés par Jim (l'acteur portugais Chris Huerta, colosse barbu que l'on retrouve dans plein de westerns avec des roles à la Bud Spencer ou Fernado Sancho). Pour trouver de l'argent, les 2 frangins associés à un 3eme larron (l'espagnol Antonio Cassas) vont s'essayer au cambriolage mais s’avèrent aussi doués que les pieds nickelés...Attaque de banque, de diligence, d'un train convoyant de l'or, bastons dantesques dont une dans un Hotel littéralement mis à sac (une scène à la Laurel & Hardy), pas le temps de s'ennuyer une seconde. Nos compères enlèvent également Scarlett, une riche héritière espérant une rançon mais c'est une telle peste que son père ne veut pas payer, trop content de s'en débarrasser. Et de fait c'est vrai qu'elle est chiante, mais sublime, jouée par la jeune actrice américaine Sidne Rome, comme dit Gemma "Scarlett, pff, autant en emporte le vent"...
A noter la BO qui renforce l'aspect comique, avec une musique qui évoque parfois celle des Tex Avery, Tom & Jerry ou Benny Hill et des passages folk/country festifs.
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| Benvenuti, Gemma , & Sidne Rome |
Ce qui fait l’intérêt de ce western, c’est le tandem que forme Gemma avec
Nino Benvenuti, son ami de longue date.
Benvenuti ce n'est pas un acteur mais une légende, un des plus populaires boxeurs italiens, champion olympique en 1960, maintes fois champion du monde, ce sera une de ses rares apparitions devant les caméras. La complicité entre les 2 lascars est omniprésente ainsi que leur souplesse et leur capacité à distribuer des bourre-pifs...
Détail amusant aussi, la modernité qui arrive dans l'Ouest, puisque nos héros ont une voiture (qui fume beaucoup) , on croise également dans la rue un vélocipède (comme dans "El Magnifico" avec Terence Hill) et même le cinématographe naissant...
L'ambiance de ce film est bon enfant, très BD (Lucky Luke, Astérix..), les gags s’enchaînent, parfois un peu tarte à la crème mais pas vulgaires, il n'a rien d'un chef d'oeuvre mais c'est un bon divertissement.
Une réédition Artus vidéos, éditeur dont je salue encore le travail (
artusfilms.com), avec dans les bonus, comme dans tous les westerns qu'ils éditent, un long entretien avec
Curd Ridel, dessinateurs de BD et passionné de westerns. Merci à lui pour ses infos et anecdotes passionnantes, c'est un régal!
ROCKIN-JL
Mort ou vif... ...de préférence mort - extrait par apparitor
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