mardi 30 juin 2015

Mick CLARKE "Crazy blues" (2015)


     On ne peut pas dire que Mick Clarke soit une superstar qui squatte les gazettes rock'n'rollesques ou bluesistiques. Pourtant voila près d'un demi siècle que le guitariste anglais arpente scènes et festivals et y a côtoyé les plus grands. En 1968 il fonde le groupe Killing Floor, nom en hommage à Howlin Wolf et son célèbre titre. 1968, presque la préhistoire pour les plus jeunes de nos lecteurs: De Gaulle, Mai 68, la guerre du Vietnam, l’assassinat de Martin Luther King à Memphis, le Printemps de Prague et son écrasement par les chars russes… Mais revenons en à nos moutons : à Londres le "British blues boom" bat son plein et Killing Floor se fait une réputation avec son heavy blues plombé, entre Cream, Savoy Brown, Chicken Shack et le Fleetwood Mac de Peter Green, ouvrant notamment pour Jethro Tull et Ten Years After, ils serviront aussi de backing band au géant Freddie King lors de ses tournées au Royaume Uni. Ils laisseront 2 albums, "Killing Floor" (1970) et "Out of Uranus" (1971), ce dernier demeurant l'un de mes préférés du genre, avec le single "Call for the politicians".

Mais le groupe aura une brève existence et se sépare en 1972 (il se reformera en 2004 avec l'album "Zero tolerance" à la clé). Après Killing Floor, Clarke jouera dans différents groupes (Toe Fat, Daddy Longlegs, SALT) tout en étant un musicien demandé, en studio ou pour des piges en concert. Début des années 80, il se lance en solo. Place donc au Mick Clarke Band qui tourne inlassablement de par le monde depuis, mine de rien ce "Crazy blues" est son 15eme album! Pas mal pour ce second couteau, ce vrai "guitar héro" de l'ombre, ce serviteur passionné de la blue note.
photo Colette Wijkander

     Douze titres au programme de ce "Crazy blues" qui mélange reprises et originaux et se partage entre pur blues, blues rock musclé et même du Rock'n'Roll fifties. Dans ce dernier genre on va ainsi avoir droit au fameux "See you later alligator" de Bill Haley, une cover bien rythmée et un bel exercice de slide. On relèvera aussi 2 splendides versions d'anciens blues : le "Crazy blues" de Mamie Smith, enregistré la première fois en 1920 (là c'est plus la préhistoire mais le jurassique, moins 84 avant Facebook..ou moins 90 avant le Deblocnot !) et "No way to get along" de Robert Wilkins (1922) déjà repris par les Stones (sous le titre "Prodigal son" sur "Beggar's banquet") et par Eric Clapton en 2010. Blues avec "Complicated woman" (avec une belle partie de piano honky tonk) et l'excellent "Smoked ham blues", rocking blues avec "The thing", "Stretch" (très british, à la Cream), "Steady road" (plus texan, un shuffle à la Stevie Ray Vaughan) ou "Fuzz" complètent la palette de Mister Clarke.

     Un guitariste talentueux, sans envolées géniales, mais solide, qui privilégie feeling et finesse à vitesse et décibels et qui montre que le british blues n'est pas une langue morte, la preuve également avec le jeune Lawrence Jones, dont je vous parlerai dans les semaines qui viennent. 

ROCKIN-JL

Chronique parue dans le numéro 41 de la meilleure revue francophone, BCR laRevue


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